Sortez épées, boucliers et autres baguettes de mages. La chasse aux trolls est désormais ouverte pour le bonheur des fans de hack’n slash, et seulement pour eux. Explications.
Assez méconnue du grand public, qui a cédé aux sirènes des superbes
Baldur’s Gate Dark Alliance, la série des
Gauntlet peut au moins se targuer de faire partie des instigateurs du
hack’n slash depuis sa sortie en arcade au milieu des années 80. Si la série a connu son moment de gloire, transcendé par deux portages sur Nes, la critique n’a pas hésité à descendre les épisodes suivants jusqu’à enfoncer le tout dernier,
Gauntlet Dark Legacy, véritable honte dans le fond, comme dans la forme. C’est donc cinq petites années plus tard que
Midway et son équipe (sans Romero qui a quitté le navire entre temps) nous offre une petite tentative de rattrapage avant de passer au
Next Gen.
Un gros chagrin
Rares sont les jeux du genre à proposer un scénario de qualité soutenu par une mise en scène époustouflante. Aucun pour ainsi dire, quel dommage d’ailleurs. Narrée sous forme d’images fixes, l’histoire prend place dans un monde en proie au chaos absolu, et pour rétablir paix et amour, un ancien dieu sauve quatre puissants guerriers de la crucifixion afin qu’ils puissent combattre sept démons difformes représentant chacun un des chagrins de Dieu. Armes en main, le groupe pénètre dans les terres maudites jonchées de créatures assoiffées de sang… C’est dans ce
background fort accueillant que nous découvrons nos valeureux combattants qui, oh surprise, sont exactement les mêmes que dans la version d’origine : un guerrier aux allures de
Conan le Barbare, une valkyrie très mignonne, un Elf noir qui fait peur et un mage qui tire plus dans la nécromancie que dans la magie blanche. Aucune possibilité de changement que ce soit pour le sexe, les habits ou le physique… On notera un relatif manque de charisme de la part de ces quelques protagonistes et surtout l’absence d’attachement de la part du joueur vu que vos personnages ne sortiront pas le moindre mot durant l’aventure. On tue et on avance. Une psychologie intéressante…
Ne cherchez aucune relation entre les différents stages : il n’y en a pas. Chaque chapitre est découpé en plusieurs niveaux ayant un thème précis : village en destruction dans le pur style Seigneurs des Anneaux, ruines anciennes, Grèce antique, volcan aux allures d’enfer… Du déjà vu, mais l’on prend tout de même un certain plaisir à arpenter les différents décors malgré l’incroyable linéarité de l’ensemble qui n’offrira que trop rarement deux chemins différents pour arriver au même but. Graphiquement, il faut avouer que les premières minutes ne font ni chaud ni froid avec un jeu dans la norme qui n’offre aucun artifice trop important, que ce soit dans les effets d’ombres, de textures ou même les effets spéciaux. Il est tout de même agréable de constater que les décors s’améliorent au fur et à mesure de notre avancée, sans aller malheureusement jusqu’à atteindre la perfection. Modélisation basique, animation plus ou moins bonne, interaction très limitée avec les décors… Non,
Gauntlet Seven Sorrows ne se place pas dans le panthéon technique de la machine, mais il propose tout de même un peu plus que le minimum syndical, ce qui est déjà une bonne chose en soi quand on repense à la bouillie de pixels de
Gauntlet Dark Legacy.
Un bon coup d’épée sur le coin de la g… !
Très
old school dans son principe,
Gauntlet n’a jamais joué la carte de l’immersion ou encore fait la part belle aux énigmes. Vous pouvez d’ores et déjà poser votre cerveau à l’entrée puisqu’il suffit simplement d’avancer et de tuer les ennemis qui se jettent contre vous en récolant une clé de temps à autre, sans oublier les leviers souvent placés à dix mètres de la grille fermée. Les combos sont peu nombreux et on se surprendra à enchaîner toujours le même (le plus puissant si possible) en restant dans un état mental de Berzerk. Très rapidement, un problème se pose : à la manière des
beat’em all tirés de la licence Seigneur des Anneaux, le manque de tonus des bruitages fait que vos personnages semblent souvent frapper dans le vide et cela vaut malheureusement également dans le sens contraire si bien que dans le cœur de l’action, vous serez surpris de voir la barre d’énergie de votre combattant presque vide alors que vous pensiez être au top de la forme. En l’absence totale de potions, vous vous devrez de vous jeter sur la nourriture (très visible) éparpillée ça de là. A noter que dans la plupart des cas, les ennemis réapparaîtront indéfiniment dans un secteur, et ce, jusqu’à ce que vous réussissiez à détruire les différents piliers représentant une sorte de source mère. Enfin, comme tout bon jeu du genre qui se respecte, les pièges seront nombreux bien que trop faciles à éviter (sauf dans les endroits exigus où la maniabilité parfois « glissante » vous joue des tours) : jets de flamme ou de gaz empoissonné, coup classique des pics qui surgissent aléatoirement sous vos pieds, sans parler des coffres maudits faisant apparaître la mort qui vous puisera votre énergie si vous ne la tuez pas avant.
A chaque fin de niveau, vous pourrez améliorer votre personnage : les points d’expérience acquis serviront à booster une de vos caractéristiques (vitesse, attaque, magie, énergie) et l’argent, à l’achat de nouvelles attaques. Pour autant, il est dommage de constater que les personnages ne semblent pas évoluer énormément, surtout qu’il suffit de la moitié du jeu pour réussir à acheter l’ensemble des quelques pauvres attaques supplémentaires qui ne servent pas à grand-chose, l’argent récolté par la suite ne servant strictement à rien. Finalement, seules les évolutions d’armes et d’armures présentes dans de très rares coffres offriront un peu de plaisir visuel au joueur. Pas vraiment difficile en solo (même en mode normal) la faute aux cinq vies allouées et de nombreux
checkpoints par niveaux, le jeu prendra bien pus d’intérêt en jouant dans la difficulté la plus élevée, et en mode 4 joueurs. On retrouve alors les sensations du jeu d’origine pour un peu moins de dix heures, temps qu’il faudra pour boucler le jeu et le ranger dans sa boîte tant l’absence de
replay value se fait incroyablement sentir (un comble pour un jeu du genre !), que ce soit en multi comme en online.