Le flamboyant et kitchissime Viewtiful Joe est de retour, et ce, dans une étonnante aventure exclusive à la console à double écran de Nintendo. Impressions et verdict, à chaud, de cette nouvelle mouture intitulée, pour l’occasion, Viewtiful Joe : Double Trouble, sur Nintendo DS.
Décidément,
Capcom ne semble pas vouloir délaisser une seule seconde sa nouvelle mascotte au nom évocateur de
Viewtiful Joe. Et pourtant, en dépit du vif succès engendré par deux épisodes épiques sur GameCube et PlayStation 2, la prochaine sortie d’un énième opus estampillé « Red Hot Rumble » exprime déjà une certaine lassitude des développeurs. Jeu de combat haut en couleur, bientôt disponible sur GameCube et Sony PSP, le titre semble en effet se fourvoyer dans l’exploitation de licence, pour un résultat mitigé. C’est donc, avec une certaine appréhension, que l’on se penche sur l’exclusivité « Déesse » de cette série. Fort heureusement orienté action, ce soft d’un nouveau genre s’immunise, d’ores et déjà, de toute bavure... Dans un premier temps, tout du moins.
« Henshin à gogo, Baby !! »
Movieland. Lieu de tournage du long-métrage relatant la légende du retraité Capitaine Blue, se voit envahi par des entités du groupe Madow. Fiers de leur vilenie, ils subtilisent par la même occasion, la bande du film en cours. Mais ce serait sans compter sur l’apparition du héros le plus déjanté de tous les temps :
Viewtiful Joe. Ce dernier, assisté de sa sœur Jasmine, met un point d’honneur à retourner la pellicule dérobée. Seulement voilà, le monde réel ne permettant pas à Joe de devenir Viewtiful, c’est filmé par sa petite amie, Sylvia, à l’aide de la
V-camera, que ses supers pouvoirs seront mis en éveil dans cette nouvelle grande aventure. Le ton est donné, et autant le dire tout de suite, ce n’est pas dans l’apanage de son scénario que se cache l’intérêt de ce
Viewtiful Joe.
En effet, fier de s’exhiber sur
Nintendo DS, le
gameplay du soft a été revu et corrigé, afin de s’adapter aux possibilités tactiles de la portable au stylet. Ainsi, bien que notre valeureux héros possède toujours une gamme de coups de base (poings/pieds), c’est dans l’usage de ses pouvoirs que vient se loger la subtilité du
« touch&play ». S’ajoute donc, au phénoménal
Slow motion, une palette exhaustive de pouvoirs divers et variés, assurément interactifs. Le
Scratch par exemple, permet au joueur, de faire trembler le décor, telle la main de Dieu, d’une simple pichenette sur l’écran tactile. Les ennemis ne s’en verront que plus chamboulés par quelques éboulis, tandis que vous pourrez, par la même, vous faire un chemin en usant de ces retombés de scène. Dans la même idée, le décor pourra se voir littéralement coupé en deux, d’un vif coup de stylet (horizontal), histoire de frayer un passage à l’ami Joe. Une sorte de puzzle très bien pensé, aux possibilités étonnantes, allant de l’éventration d’un réservoir d’eau pour éteindre un incendie, à la chute d’un contenu suite au déplacement de son contenant. Une autre option consiste aussi à faire « glisser » l’image de l’écran supérieur sur celui du bas, dans une optique de coups encore plus spéciaux. Car, si l’écran inférieur relate l’action dans sa généralité, celui du haut s’attache aux détails. Zoomant à loisir sur des ennemis insensibles aux attaques conventionnelles, ou sur d’autres leviers à actionner, le passage de ce dernier sur votre écran tactile restera votre seul salut en ces cas. Ce mode, appelé
« VFX Slide » est, comme précisé ci-dessus, la porte ouverte à toute une palette de nouveaux pouvoirs (que je vous laisse le soin de découvrir), déblocables, pour la plupart, au fur et à mesure de votre progression.
Mais attention, il faudra vous en montrer digne, car à l’instar des précédents opus, ces mouvements ne seront accessibles qu’après achat, lors des phases de transition. Pour ce faire, des Points-V devront être collectés, et ce, bien sûr, en parcourant au mieux les nombreux stages qui peuplent chaque monde. Ces petits bonus sont nombreux et diversifiés (vies, cœurs, coups spéciaux) et il ne tiendra qu’à vous de customiser le petit Joe comme bon vous semble, dans la limite de votre Viewtiful budget. A noter, que les amateurs de la série verseront une petite larme en découvrant que le Turbo Effect s’est vu sucré dans cette version DS. Ce choix, certes effectué dans un souci novateur, n’en reste pas moins déplorable, d’autant que ce
Viewtiful Joe : Double Trouble propose une action bien moins soutenue que ces prédécesseurs. Et pour cause, cette maniabilité disparate entraîne indubitablement une cassure dans le flot de l’aventure, au même titre que lors de ces
cut-scenes « interactives », dans lesquelles le joueur se voit malmené de bout en bout.
Viewtiful World
Ceci étant dit, force est de constater que le titre de
Clover Studio est une belle réussite technique. Ce qui s’avère d’autant plus remarquable, lorsque l’on connaît la réputation du support de
Nintendo sur ce point. L’utilisation du
cel shading est bien évidemment toujours de mise, dans une charte graphique pétaradante et colorée. Cependant, puissance oblige, le
level design s’avère bien restreint, et le nombre d’ennemis simultanés à l’écran, réduit à deux seulement… On est très loin de la horde d’adversaires des versions « salon », mais ne boudons pas notre plaisir, la performance est réelle. A noter, toutefois, côté animation, une baisse de
framerate, qui passe désormais à 30 images/sec, contre 60 pour ses aînés. Côté son, les thèmes sont, pour la plupart électroniques, mais respectent tout de même parfaitement l’ambiance délurée de la série. Les amateurs de
Capcom reconnaîtront, par ailleurs, certains petits clins d’œil à d’autres productions, à l’instar du fabuleux thème principal, au piano, de
Resident Evil 2. En outre, on aurait apprécié plus de digits vocaux, aussi bien dans les combats que lors des
cut-scenes. Ces dernières se voyant, d’ailleurs, affligées d’un asynchronisme rédhibitoire dans l’action. Le
gameplay, comme nous l’avons déjà vu plus haut, s’est étoffé, et notre petit Joe se contrôle majoritairement sans difficulté, à l’exception de quelques soubresauts tactiles par endroits. En effet, il faudrait idéalement au joueur, une troisième main pour contrôler son héros, pad en main, et stylet sur l’écran. Le compromis reste donc de jouer des doigts pour remplacer notre stylo fétiche, même si la perte de précision, importante, se fait très rapidement sentir. Enfin, il ne faudra pas compter sur plus de quatre à cinq petites heures, pour venir à bout du boss final, en mode Adult. La difficulté a en effet été revue nettement à la baisse, faisant de cette aventure, un parcours de santé vidéoludique. Rappelons tout de même, que ce fait est d’autant plus regrettable, que l’incroyable difficulté du premier opus fut un des éléments déclencheurs du succès de la série. Et comme si cela n’était pas assez, les bonus, relatifs à la fin du jeu, sont aussi passés à la trappe dans cette version DS; entraînant une rapide lassitude dans son après vie. Quoi qu’il en soit, et malgré son indubitable qualité, vous n’y reviendrez pas aisément.