C’était le 10 décembre de l’année 1993, les disquettes 3,5 " montraient discrètement leur nez sur notre territoire, lorsqu’ un jeu nommé Doom sorti dans les bacs des vendeurs de softs de l’époque. Ce dernier doté d’un gameplay novateur et d’une technologie graphique hors norme pour l’époque, permettait à un joueur de s’immerger dans la peau d’un Marine blastant du démon à tour de bras, dans une vue subjective et un monde en Full 3D. Il y eu un tel engouement, que le terme FPS (First Person Shooter) désignant ce genre de jeu, se transformera en « doom-like» pendant une demi-douzaine d’années dans la bouche des gamers. La légende était née.
S’en suivit quelques années plus tard la sortie d’un
Doom 2, utilisant le même moteur graphique et proposant surtout un monde plus vaste, une durée de vie plus longue et une flopée de nouveaux amas de pixels nerveux à corriger : le bonheur à l’état pur. Mais c’était sans savoir que l’on ne verrait pas l’épisode 3 avant 6 ans… Une attente paraissant interminable, mais ponctuée depuis 2001, de publications multiples de vidéos ou de screens tirés du jeu afin de faire saliver/patienter le joueur. L’heure de vérité a sonné, maintenant que ce
Doom 3 (qui parait toujours être plus une légende qu’une réalité) peut reposer au premier plan de votre ludothèque. Echauffez-vous les doigts, éteignez la lumière, respirez à fond et c’est parti.
Monstrueux
Après une belle introduction du logo de nos amis de chez Id Software, et une fois passé le menu à l’interface étonnamment simple de ce
Doom 3, place au jeu. La courte introduction narrant votre arrivée sur la Base de Recherches Marsiennes (appartenant à la Corporation de l’Union Aérospatial) terminée, les commandes vous sont immédiatement attribuées ; et là, graphiquement aucune surprise : qu’on se le dise, on a affaire au plus beau jeu de tous les temps, toutes plates-formes confondues (au placard
Far Cry). Beaucoup viendraient donc argumenter que « monsieur tout le monde » ne possède pas forcément un PC équipé pour faire décoller Ariane 6…Et ce serait se tromper, mais nous reviendrons sur le point
Hardware du jeu en fin de test. En effet, les textures sont d’une telle qualité que même rendues à un niveau de détails peu élevé, le tout restera superbe et d’un esthétisme très réussi (l’
aliasing pouvant néanmoins être frustrant pendant les
cut-scènes en basse résolution). Et ce n’est pas l’arrivée des premiers démons mal léchés (suite à l’ouverture accidentelle d’une brèche d’espace-temps vers l’enfer) qui pourra vous prouver le contraire. Les détails sont ahurissants, la luminosité des boules de feu éclairant les couloirs à la pénombre permanente, permet de créer une ambiance unique, monstrueusement magnifique. On pourrait cependant aisément reprocher une certaine redondance graphique en ce qui concerne le décor, tellement l’impression d’être déjà passé dans « ce coin sombre à côté de la baie vitrée » se fait ressentir (mais heureusement, une indication en bas à gauche de l’écran, indique bien que l’on ne connaît pas ce couloir semblant pourtant si commun).
« Tu auras peur »
Les habitués des
Doom ne seront pas dépaysés, et découvriront avec ravissement tout ce qui a pu faire leur bonheur lors des précédents opus. Ainsi, de nombreux ennemis ayant fait cauchemarder plus d’un joueur seront de retour avec un nouveau design, et un lifting haut de gamme qui ferait fantasmer plus d’une actrice. (Re)découvrez donc les Imps, les Archviles en masse et des Barons de l’Enfer plus puissants que jamais. S’ajoutent bien sûr à cette liste peu exhaustive de nouveaux venus comme les
Zombies ou encore ces créatures diaboliquement malsaines, difficilement descriptibles, semblant être une fusion entre un bébé et un insecte. Tous ces ennemis sont dotés d’une rapidité et d’une violence encore jamais vues, qui vous obligera à sauvegarder toutes les dix secondes, tant la possibilité de se retrouver disséqué vivant à la première inattention est grande. Bien évidemment, vous disposerez d’armes équivalentes afin de rayer cette menace bestiale de la surface de Mars. Et, ho surprise ! Le bon vieux fusil à pompe, la mitrailleuse (de base ou à plasma), la gatling, la tronçonneuse ou bien encore le fameux BFG 9000 seront de la partie ; de quoi faire un beau carnage quoi… Mais la réjouissance s’arrête ici, car les munitions s’épuisent très vite et qu’elles vous sont livrées habilement au compte-goutte, donc pas question de se balader la fleur au fusil dans cette ambiance infernale… Ce serait sous-estimer la vicissitude du soft. Comprenez bien que chaque couloir ou pièce est forcément propice à une embuscade, et qu’il vous faudra réagir au quart de tour si vous voulez survivre. En effet, contrairement aux
FPS habituels dans lesquels une zone nettoyée équivaut à une zone de non-vie, ici les attaques traîtresses seront légions et la principale cause de la chute de vos points de vie.
Mais toute cette ambiance oppressante ne serait rien sans la magnifique bande-son, glauque à souhait. Des bruits de pas, de rage, de cris, de rires sadiques, de pleurs, d’une personne se faisant déguster les viscères, qui hantent chacune de vos foulées dans ce monde dans lequel vous voudrez avancer tout en hésitant au premier embranchement de couloirs venu, car vous savez qu’« ils » sont là… Mais vous ne savez pas où et quand « ils » se manifesteront. Tout cela est de plus, magistralement orchestré par un très bon scénario et une mise en scène originale, qui vous tiendront en haleine pendant un minimum d’une vingtaine d’heures, en traversant pas moins de 28 niveaux différents. Une durée de vie plus que respectable pour ce type de jeu, pouvant rivaliser avec celle de
Half-Life (la frustration des phases de plateformes ingérables en moins).
Interactif : oui mais…
L’une des nouveautés de ce
Doom 3 est d’avoir intégré un système de PDA (Personal Digital Assistant) ingénieux et surtout indispensable pour avancer. En effet, hormis le fait de pouvoir avoir accès à certains ordinateurs comme si vous y étiez, vous serez équipé d’un PDA. Ce dernier vous permettant de recevoir des emails, des fichiers vidéo ou audio, ainsi que de télécharger le contenu des PDA de nombreuses personnes mortes dont vous croiserez le chemin. Car vous êtes un pur bleu sur Mars, et n’avez donc aucun statut, code d’accès, ou niveau de sécurité attribué. Il vous faudra donc vous aider de ces PDA afin d’acquérir les niveaux de sécurité nécessaires, ainsi que les codes de certaines portes ou de coffres contenant des rationnements médicaux et militaires. Pour accéder à ces codes, le seul moyen est de trouver le PDA de la personne la plus proche de ce niveau et d’examiner ses mails, ainsi qu’écouter ses mémos vocaux… Ce passage obligé peut paraître rébarbatif, mais il permet une immersion totale dans le jeu ainsi qu’une proposition de
gameplay inédit, vous faisant oublier le temps d’une seconde que vous jouez comme un barbare.
Bien que le jeu soit sombre, il semblerait que certaines zones d’ombre soient venues s’afficher dans le soft lui-même. En effet, malgré l’interactivité informatique dont vous pourrez jouir (via le PDA ou les ordinateurs présents), aucune autre ne sera possible. Ainsi, les impacts de balles (par exemple) sont les mêmes quelque soit l’endroit ou le matériau visé, et comble du comble, elles n’apparaissent même pas sur les vitres que vous auriez pris plaisir à exploser en temps normal. Cette règle s’applique malheureusement aussi pour les ennemis. Par conséquent, ne vous attendez à découper ou charcuter du monstre membre par membre, que vous ayez en main la tronçonneuse ou le fusil à pompe, le résultat sera le même : désintégration. Tout cela peut paraître comme du chipotage, mais dans un jeu aussi recherché graphiquement et techniquement, ce manque d’interactivité presque total avec l’environnement, apparaît comme une grosse erreur de calcul (surtout lorsque l’on voit les futures productions comme
Half-Life 2 et
Unreal 3).
Un autre point noir pour ce
Doom 3 est le mode
Online du jeu, vraiment dépourvu d’un quelconque intérêt. Certes, des modes de jeu récurrents à tous les FPS de ces six dernières années sont de la partie ; à savoir
Capture the flag,
Deathmatch et
Team Deathmatch avec tout au plus quatre maps de base… Mais rien de plus à l’horizon dans ce mode qui fait plus tache d’encre sur un Picasso, que concurrent direct à une vieille tête de liste dans le domaine (qui a dit
Counter-Strike ?). Dans un monde où Internet surplombe tout le reste, la déception d’un mode multijoueur qui ne ferait pas de l’ombre à un Medal of Honor un jour de pluie battante, est d’autant plus grande. Espérons que des patchs, voir même des
Add-on soient dans la liste prioritaire des développeurs de chez ID Software, afin de nous offrir un vrai plaisir de jeu multijoueur à la hauteur de son mode solo. Tout cela dans leur intérêt, s’ils ne veulent pas que leur soft se fasse oublier plus vite qu’il n’est apparu, ou frise le ridicule face à un futur
Counter-Strike 2.
Bête de course
Nous voici donc à la partie
Hardware du jeu. La configuration minimum requise selon Activison est un Pentium IV 1.5 Ghz ou AMD Athlon 1.7 Ghz XP, 384 Mo de RAM, carte graphique 64 Mo compatible DirectX 9.0b. Effectivement avec cette configuration, le jeu tournera au plus bas régime…Et pourtant il n’en faut pas énormément plus pour le faire tourner sans grande chute de
framerate (à vrai dire cela dépend des niveaux) en
high quality :
Pentium IV 1.9 Ghz ou AMD Athlon 2 Ghz XP, 512 Mo de RAM, carte graphique 128 Mo compatible DirectX 9.0b. Quant à ceux qui voudraient y jouer en
Very High Quality, c’est déjà une autre histoire. Activison a communiqué une configuration assez amusante à ce propos, jugez plutôt :
Pentium IV 3.4 Ghz ou AMD équivalent, 2 Gb de RAM, GeForce 6800 Ultra ou Radeon X800 XT PE, en gros ils nous proposent une configuration qui n’est encore même pas commercialisée. Mais bon, les choses peuvent être modifiées dans le raisonnable, à savoir :
Pentium IV 3.2 Ghz ou AMD équivalent, 1Gb de RAM, carte graphique 500 Mo compatible DirectX 9.0.b. Au final beaucoup de configurations différentes peuvent être effectives, bien que certains chiffres puissent paraître énormes, dans un registre ressources demandées/qualité, il surpasse un
Far Cry haut la main.
En définitive, même si
Doom 3 ne pourra pas être abordé par tout le monde de par sa gourmandise en ressources informatiques, il n’en reste pas moi le
hit tant attendu. Le manque d’interactivité reste un point faible indéniable, mais que l’on oublie vite le temps du jeu. Quant au mode
Online, ce dernier permet souvent aux jeux de perdurer dans le temps, mais peut être que celui-ci n’a pas besoin d’en posséder un exceptionnel tant la quête solo est prenante.
9/10