Sorti discrètement il y a un mois en Europe, Drakengard (connu aussi sous le nom de Drag-On Dragoon) est l’un des premiers jeux, ne découlant pas d’une série, de la firme fraîchement fusionnée qu’est Square-Enix. Mélangeant un scénario dérangeant, différents types de jeux en un seul, ainsi que de superbes cinématiques, ce jeu était attendu comme un hit en puissance. Cependant, point d’ovation lors de sa sortie, certains l’avaient sûrement carrément oublié. Revenons donc avec ce test, sur cet ovni plus déroutant que subjuguant.
Un début difficile…
Dès le lancement du jeu, une superbe introduction en cinématique se dévoile : nous narrant les péripéties d’un monde, dans lequel deux grandes nations se font la guerre. Sous ce fond banal vient s’ajouter la possibilité d’une fin apocalyptique, suite à une éminente destruction des sceaux de l’apocalypse, que vous devrez bien sûr éviter. Tout cela est très bien fait et bien narré : il s’agit tout de même d’une intro-synthèse Square-Enix (néanmoins elle ne rivalise pas avec les productions du type Final Fantasy). Cela étant passé, on s’empresse assez vite de débuter cette histoire palpitante. Et, Ô surprise, une nouvelle superbe cinématique s’offre à nous, montrant les personnages principaux de l’histoire que sont Caim et Furiae… ces deux derniers étant frère et sœur. Caim est un guerrier pur et dur qui aime le sang et la violence (il pourrait d’ailleurs faire penser à un certain Gatsu du manga Berserk), et Furiae n’est ni plus ni moins qu’un des quatre sceaux de l’apocalypse. C’est avec cet entrain que l’on se lance dans le jeu et que l’on se retrouve très vite déçu. En effet, graphiquement le jeu en tant que tel n’assure pas une cacahuète : les décors sont vides et quasi-inexistants, les ennemis sont peu variés, l’animation est un peu trop raide, les bugs de collisions sont légion et enfin le clipping fait partie intégrante du jeu. En ce qui concerne le clipping, cela permet de faire apparaître un nombre limité à une trentaine d’ennemis à l’écran sans qu’il n’y ait de ralentissement ou d’aliasing ; car vous en aurez du monde à blaster. Ces phases de jeu qui ressemblent étrangement à du Dynastie Warrior, n’essaient et ne peuvent en aucun cas rivaliser avec ce dernier. Il en est de même pour les phases à dos de dragon qui, bien que mieux réalisées, ne peuvent se frotter avec un Panzer Dragoon Orta. Pour combler le tout, en dehors des deux musiques d’introduction, les autres sont presque inaudibles. Sans parler des doublages anglais qui, en dehors des cinématiques, ne sont absolument pas synchronisés avec le mouvement des lèvres lors des phases de dialogue. Mais attention, ce serait un crime que d’arrêter de jouer suite à ce premier jugement.
Ames sans cible, s’abstenir…
Les premières impressions ne sont pas toujours les bonnes, et ce jeu en est la preuve. En dehors de ces défauts techniques que l’on finit aisément par oublier, Drakengard, c’est surtout de l’éclatage de masse mijoté sur un fond scénaristique aux petits oignons. A ne pas oublier donc que ce jeu n’est pas à mettre entre toutes les mains. Le scénario étant l'un des plus malsain jamais conçu… le joueur se retrouve plongé dans un Beat Them All Horror unique en son genre. Tout au long du jeu vous incarnerez Caim qui, suite à un pacte, est maintenant lié avec un dragon. De la survie de l’un dépend celle de l’autre, et tout le jeu tourne autour de ce système de pacte. Car vous rencontrerez par la suite d’autres personnes ayant effectués des pactes avec des êtres appartenants à d’autres espèces telles une fée, un golem, ou bien des élémentaires. Chacun de ces personnages possédant sa propre personnalité, par exemple, Arioch, une ancienne mère devenue psychopathe, adore les enfants… au dîner surtout (cet exemple donne peut-être un peu mieux le ton du jeu). Une fois ces protagonistes rencontrés, vous pourrez faire appel à l’un d’eux à trois reprises pendant une partie, ces derniers n’apparaissant que pendant un temps minuté, évidemment. L'un des autres aspects intéressants du jeu est le système de niveau. A l’instar des RPG, votre héros gagnera de l’expérience à chaque bataille, et pourra évoluer en augmentant de niveau dès la partie terminée, il en est de même pour le dragon qui possède plusieurs transformations, ainsi que pour vos armes. En effet, voici un autre point novateur pour ce type de jeu : vos armes aussi peuvent augmenter en puissance et se transformer le moment venu. De plus, à chaque arme est attribuée une magie qui évoluera aussi en fonction du niveau de l’arme. A savoir qu’il existe plus de soixante ustensiles barbares à découvrir, cela peut vous donner une petite idée quant à la durée du jeu.
C’est long…
Le gros problème de tous les Beat Them All est qu’ils sont en général plutôt répétitifs, et malheureusement celui-ci ne déroge pas à cette règle implacable. Même si le fait d’avoir inclus différents gameplays le rend moins redondant, il n’en reste pas moins un jeu pour bourrins du pad, avides de sang et de victimes. Si ce type de jeu possède globalement une durée de vie plutôt courte, et bien ici, nous avons l’exception qui confirme la règle. En effet ce jeu est long, et même très long pour ceux qui voudraient le terminer à 100%. Car il ne vous suffira en fait que d’une dizaine d’heures pour terminer le jeu une première fois, mais c’est sans savoir qu’il existe 4 autres fins. Le fait de finir le jeu une première fois vous débloquera des possibilités menant à des fins différentes, mais pas forcément plus heureuses…à ajouter que pour accéder à la dernière fin officielle, il vous faudra trouver toutes les armes du jeu, ce qui ne s’annonce pas comme une mince affaire, soyez en sûr.
Pour conclure, Drakengard ne peut être le hit annoncé, de par ces défauts techniques et le faible public qu’il finira par viser. Il n’en reste pas moins un soft jouissif pour les amateurs du genre. Car tuer plus d’un millier de guerriers sous votre lame réveillera le côté obscur qui sommeille en chacun de nous, et vous ne pourrez pas lâcher la manette avant de connaître le dénouement final de ce scénario glauque au possible.
8/10