Après un Magna Carta un peu décevant vu ce qu’il représentait, c’est au tour du très kawaï Atelier Iris : Eternal Mana de pointer le bout de son nez en Europe. Ou quand l’old school parvient à nous offrir une véritable bouffée d’air frais.
Annoncé il y a deux ans, le dernier rejeton de la série des Atelier Iris ne laissait aucunement planer le doute : encore un jeu qui n’est pas pour nous, dommage. Non pas que le genre RPG nous est parfaitement inconnu ou inaccessible, mais avec une telle représentation (en 2D) et l’absence de quelconque éditeur souhaitant se risquer à sortir chez nous un titre ayant fait un score très moyen dans son pays d’origine (moins de 100.000 exemplaires en tout et pour tout), le manque d’espoir se faisait légèrement sentir. Et pourtant, et pourtant… Voilà que
Koei nous annonce l’intention de nous faire parvenir le jeu, véritable surprise s’il en est, qui en a fait halluciner plus d’un. Atelier Iris en France ! Traduit ? Malheureusement non, et c’est d’autant plus fâcheux que le titre se destinait sans mal à tout genre de public. Passons ce malencontreux détail pour nous attarder sur un jeu qui a heureusement plus d’une corde à son arc.
Plus belle la vie
Le monde d’Atelier Iris pourrait très bien être en proie à une guerre effroyable où les mots ‘mort’ et ‘désespoir’ seraient devenus plus que courants. Il pourrait également abriter en son cœur un démon oublié qui s’apprête à réapparaître afin de plonger la planète dans un chaos certain, où jeunes filles innocentes seraient torturées pendant des heures en attendant la venue d’un probable héros. Mais non. Rien de tout cela. Pas de démon aussi méchant que laid qui cherche à régner sur les humains, ni d’androgyne pseudo charismatique aux cheveux long (et blancs si possible) portant une épée de dix mètres de long qui n’ouvre la bouche que pour vomir un monologue lourd et torturé. Car dans Atelier Iris, les humains sont heureux, le ciel est bleu, l’herbe est verte et les héros ont des têtes de Playmobiles toujours souriants. Pire, alors que certains prônent la tuerie pour mettre fin à la tyrannie, le monde dans lequel vous allez pénétrer à atteint un point utopique inaccessible pour beaucoup : il est en paix ! Certes, tout cela n’exclut pas la présence de certains monstres de-ci de-là, mais il semble que ce « détail » est sur le point d’être réglé. En effet, le cœur du problème lui même vient de la présence des Growloons, des espèces de ballons violets et blancs tout mignon en apparence qui sont pourtant responsables de la présence des créatures ennemies (ils les créent tout simplement). La milice des Galgazit a donc été créée, composée d’aventuriers plus ou moins puissants chargés de détruire les Growloons alentour et qui seront payés via des dons faits par les citadins. Super…..
C’est dans ce contexte fort sympathique que débute notre histoire dont le principal sujet sera bien entendu l’alchimie, une technique permettant de modeler et de fusionner les différentes Mana qui se trouvent partout sur la planète. Klein, le héros de cette aventure, est d’ailleurs un alchimiste bien spécial vu qu’il parvient sans mal à manipuler toutes sortes de Mana, là où ses congénères n’en utilisent qu’une seule à la fois. A noter que comme tout alchimiste qui se respecte, il est accompagné depuis son plus jeune âge par un petit elfe de Mana. En plein pèlerinage jusqu’à la cité d’Avenberry, il croisera le chemin de Lita, une jeune Galgazit dont le passé semble plus que trouble et chargé de mystères et qui vous obligera à rejoindre son mouvement durant un très long moment (tout le jeu en fait). Viendra ensuite Delsus qui constitue en quelques sortes le cerveau et le côté dragueur du groupe puis Norn, une fille moitié chatte (typiquement japonais) élevée par une ancienne alchimiste. Les deux derniers larrons sont un peu plus spéciaux avec Arlin, l’habituel personnage ultra charismatique (cheveux très longs, parle rarement, etc.) qui ne dira pas le moindre mot sur ses réels objectifs si ce n’est qu’il est en réel conflit avec Mull, le méchant de service. Nous ne révélerons pas la dernière personne pour éviter de trop spoiler et nous terminerons par une note sur le général des soldats d’Alkavana, Beggur de son nom, toujours accompagné de ses cinq sbires (Ein, Zwein, Drei, Vier et Neun) qui vous pourchasseront sans relâche même si leurs interventions prêtent plus à l’humour qu’autre chose.
Secret of Mana
Comme révélé plus haut, l’alchimie occupe une place prépondérante dans l’aventure. La série s’est toujours targuée de proposer un
gameplay diversifié dans la forge des armes, création d’objets et autres fusions de mana, mais
Atelier Iris : Eternal Mana est le premier épisode à proposer une avancée typée RPG, probablement pour toucher un public plus large. Car, à première vue, rien ne différencie le jeu d’un autre du genre : un groupe d’aventuriers courageux, un but précis à atteindre, une progression assez classique dans le sens où la carte du monde, bien qu’un peu restreinte dans les mouvements, se débloque au fur et à mesure pour accéder à de nouveaux donjons et villages. Bref, on est en territoire connu, mais dès vos premiers pas, vous remarquerez que les éléments du décor n’ont pour la plupart pas été placés innocemment devant vos yeux, car si vous pourrez vous en servir pour atteindre des endroits inaccessibles à première vue, leur principale utilité sera de se faire absorber par votre bâton afin d’en tirer l’essence pour la conserver dans des fioles appropriées. Si les Mana de base sont trouvables très facilement, et ce, dès le début de l’aventure (eau, feu, bois…), il vous faudra chercher sérieusement par la suite pour remplir la douzaine de fioles qui constituent votre inventaire. A noter que comme tout bon RPG, chaque ennemi fait partie d’un ou plusieurs éléments et il suffira de lui porter le coup final avec votre bâton pour gagner quelques points de Mana supplémentaires.
Comme dirait l’autre : « sans maîtrise, la puissance n’est rien ». Une phrase qui aura son importance ici, car vous aurez beau avoir de la Mana, si vous n’avez pas l’elfe correspondant, ça ne servira proprement à rien. Celui qui accompagne Klein (Popo) est un elfe de bois qui, forcement, ne sait se servir que de cet élément, mais pas d’inquiétude, votre pèlerinage vous permettra bien entendu de rencontrer toutes sortes d’elfes qui n’hésiteront pas pour la plupart à vous rejoindre. Il suffit juste de prendre son mal en patience. Détail amusant : il vous est possible de nourrir vos elfes afin que ceux-ci soient plus opérationnels lors des phases d’alchimie : plus il vous aimera, moins il demandera de Mana pour créer un objet. La conception de ce dernier n’a d’ailleurs rien de compliqué et en règle générale, il suffit de trouver la formule adéquate dans un coffre, d’avoir le nombre d’éléments suffisants, ainsi que l’elfe approprié (voir parfois « les elfes » puisque certains objets demandent plusieurs sortes de Manas) et le tour est joué. Potions de soins, bombes, élément d’attaque… le nombre de possibilités augmentera proportionnellement avec le nombre d’endroits visités jusqu’à atteindre un constat amusant : inutile d’acheter quelque chose en magasin, il suffit de le créer soi-même. Ce genre de procédé peut être appliqué en plein combat, idéal si vous manquez de potions, et ce sera d’ailleurs là le seul point intéressant à ce niveau, les batailles étant souvent assez monotones par leurs longueurs et leurs manques de possibilités. Fort heureusement, le fait que chaque arme ait une portée plus ou moins importante (horizontale comme verticale) ajoute un minimum de stratégie.
Atelier Iris : Eternal Mana fait partie de ces jeux dont il est impossible d’indiquer la totalité des choses à faire au risque de demander un trop grand nombre de pages (et de gâcher par ailleurs quelques surprises). Néanmoins, deux points méritent d’être abordés : le système de forge et la cuisine. L’un comme l’autre sont inaccessibles au départ et demanderont par la suite une fouille minutieuse des différents décors pour y trouver le moindre objet. Pour forger une arme, vous devrez d’abord trouver des sources de Mana ressemblant physiquement à des sortes de noix et une fois celles-ci entre vos mains, vous pourrez choisir de les synthétiser avec l’elfe de votre choix : une source de feu avec un elfe des bois, une source de glace avec un elfe du temps, une source d’eau avec un elfe des ténèbres, etc.… Un vaste choix s’offre alors à vous sachant que chacun offrira un résultat différent sous forme de cartes (Défense + 2, Attaque + 1, Attaque Poison…). Les cartes en poche, il vous suffit maintenant de les placer sur vos armes pour obtenir les effets désirés. Facile non ? La cuisine quant à elle vous prendra sans mal un très grand nombre d’heures pour peu que vous accrochiez au système également très simple (et très proche de Dark Chronicle) : chaque magasin, qu’il soit d’alimentation ou de magies, possède une liste de recettes qui ne demandent qu’à être exploitées (tout le monde n’est pas alchimiste en ce monde). Si vous avez les objets adéquats en poche, rien ne vous empêche de faire votre travail et d’offrir alors au magasin le plat ou l’objet souhaité, ce qui augmentera alors sa popularité. Mais là où la chose devient intéressante, c’est qu’il vous est parfaitement possible d’apporter votre grain de sel à la recette ! Changez les poivrons verts par des piments et vous pourrez peut-être obtenir un met bien plus appréciable qui attirera encore plus de personnes, le but étant, vous l’aurez compris, de rendre célèbre le plus de magasins possible afin d’empocher un maximum de récompenses. Une excellente idée.
LOL
Combien de jeu ont perdu de leur superbe lors d’un passage douloureux à la 3D ?
Worms…
Arc The Lad…
Tales of…
Suikoden… Non pas que leurs qualités intrinsèques soient à remettre en question, du moins pas tous, mais lorsqu’on voit ce que nous offre aujourd’hui Eternal Mana : Atelier Iris, on se dit qu’il n’y a vraiment pas matière à tergiverser : la 2D n’est pas morte, loin de là. Rappelant les couleurs pastel de
Legend of Mana, chaque tableau est une merveille pour les yeux avec pour seul point noir l’incrustation assez moyenne du personnage principal qui semble d’ailleurs glisser lorsqu’il se déplace. On s’y habitue avec le temps. Pour terminer, un petit mot sur l’humour omniprésent dans le jeu, que ce soit dans les relations entre les personnages ou dans les situations parfois cocasses. Chaque personnage a son propre caractère bien trempé et dispose d’un charisme à toute épreuve, du héros à la jeune marchande de Kavoc qui semble au premier abord dénuée d’expression. Prenant, très beau, amusant et plutôt long : voici une des bonnes surprises de ce premier trimestre.