Début 2017 sera marqué par l'arrivée de Resident Evil 7 et Outlast 2 mais en attendant, Frictionnal propose une petite cure de rappel aux consoleux avec sa compilation Amnesia, disponible sur PlayStation 4.
La génération PS360 aurait pu voir la mort d'un genre pourtant assez populaire pendant la décennie qui l'a directement précédée, à savoir le survival-horror. Resident Evil était devenu un jeu d'action, Silent Hill errait sans âme dans la pénombre, Project Zero commençait à tourner en rond et d'autres moins connues comme Clock Tower étaient enterrés au cimetière des licences d'un autre temps. Et c'est au moment où le Japon s'apprêtait à tourner la page que l'occident, et plus précisément la Suède, est arrivé en renfort avec Frictionnal Games, studio qui a d'abord pondu sa série Penumbra avant d'exploser en terme de reconnaissance grâce à Amnesia, qui va parvenir à poser des fondamentaux (dont la vue à la première personne) repris par la suite par Outlast, et même prochainement par Resident Evil 7.
Amnesia Collection propose donc trois titres, ou plutôt les deux épisodes de la franchise ainsi que l'extension du premier, chacun reposant sur les mêmes codes, à savoir une ambiance horrifique ultra prenante, clairement flippante, et laissant le joueur évoluer dans des décors sans le moindre indice ni carte. Amnesia : The Dark Descent, le premier donc, va s'avérer être le plus marquant du lot, mais également le moins accessible autant dans son scénario expressément évasif (mais néanmoins attirant), que dans ses contraintes voulues en terme de gameplay. Pour ceux qui n'ont jamais touché à la série, le titre fait fi de toute forme de mises en scènes (les éléments scénaristiques se résumant à des documents et des « souvenirs » sonores) et on s'attarde uniquement sur la progression à devoir fouiner les zones pour essayer de ne pas louper l'élément d'importance qui fait tout, du genre un foutu levier caché dans l'ombre. Les énigmes ? Il y en a, assez simple dans les faits mais compliqués là encore par le manque d'explications, surtout pour les joueurs de notre époque habitué à être pris par la main.
Pire encore, le jeu se montre sans la moindre pitié. Déjà constamment mal à l'aise, le joueur devra composer avec les ténèbres qui envahissent les lieux, marchant toujours dans le noir avec trop peu de ressources pour pouvoir allumer chaque torche accrochée au mur, et incapable d'user sa lanterne trop longtemps vu que notre réserve d'huile s'épuise à une vitesse pas permise. On comprend donc très vite que l'on aura pas le choix de souvent avancer dans l'ombre la plus opaque, mais cela se fait au détriment de la santé mentale du personnage qui peut rapidement être affectée, détériorant autant sa vision que son ouïe… et pire encore. Car l'ambiance ne peut tenir s'il n'y a pas un vrai danger qui se pointe de temps à autres, et c'est le cas avec d'étranges formes démoniaques capables de vous one-shot ou presque (vous n'avez pas d'arme), prenant aux tripes aussi bien le joueur que l'avatar puisque regarder simplement ces « trucs » vous dégomme psychologiquement, obligeant à aller vous cacher en détournant le regard, n'usant que vos oreilles pour écouter ses bruits de pas en espérant qu'il s'en aille au plus vite. Sensations garantis.
Et même une fois que l'on sait comment bien se cacher pour échapper à chaque fois à ces créatures, le jeu a le vice de vous retourner l'estomac dans des séquences mémorables. Dans les premières heures, l'aventure sait découper soigneusement sa progression en alternant les séquences d'exploration, les énigmes et les face-à-face mais une fois passé les deux-tiers de l'aventure, tout est mixé, renforçant l'envie d'éteindre la console pour aller pleurer dans un coin. Surtout après une course-poursuite avortée dans la dernière ligne droite parce qu'on avait mal refermé une des portes pendant notre fuite.
Malheureusement, ce coté viscéral est grandement atténué dans les deux autres jeux. On passera rapidement le cas de l'extension Justine qui peut se boucler en une petite heure (mais qui implique un système de choix et surtout l'absence de sauvegarde) pour passer au deuxième épisode, d'ailleurs développé par The Chinese Room, les mecs derrière Dear Ester et Everybody's Gone to the Rapture. Et ça se voit. Cette suite n'est pas mauvaise mais fut critiquée à raison par les fans pour son coté beaucoup plus grand public. On accueille certes avec plaisir un scénario beaucoup plus compréhensible et une mise en scène bien plus soignée, avec cette fois pour cadre un manoir plus moderne et ses sous-terrains, mais à coté, la jauge d'état mental passe à la trappe, tout comme l'inventaire, et donc le besoin d'allumer des torches, surtout que l'on bénéficie maintenant d'une lampe torche à usage illimitée. Cela n'empêchera pas d'avoir de sales frayeurs, toujours grâce à l'ambiance visuelle et sonore, mais le stress « entre deux apparitions » en prendra irrémédiablement un sacré coup.
Les plus
Les moins
+ Ambiance terrifiante
+ Sound-design parfait
+ La narration bien amenée
+ Du « vrai » survival-horror
- Joli coup de vieux
- Une suite trop facile
- Déconseillé aux fragiles
- 20€ aurait été le juste prix
Conclusion : On l'attendait depuis longtemps… et peut-être depuis trop longtemps. Référence d'un temps, Amnesia Collection fait aujourd'hui vieillot dans ses mécaniques comme sa technique, même par rapport au premier Outlast alors que ce dernier accueillera une suite dans les mois à venir. Heureusement, le trip reste au rendez-vous et on souhaite un bon courage à ceux qui voudront s'aventurer dans cette terreur vidéoludique (seul, la nuit, avec un casque sur les oreilles), mais on n'oubliera pas qu'il aurait été sage d'adoucir un peu le prix vu qu'il ne s'agit que d'une simple compilation de portages (dont l'un date de 2010 tout de même), dénuée qui plus est d'une des plus grosses forces de la version Steam : les nombreuses extensions amateurs sous formes de mods.
7/10
add a review
We allow you to add your own review of a game you have played. Moderators are allowed to delete your review if you do not respect the following rules :
- Your review don't have to be too short or too long (around 4 to 20 sentences).
- Your review need to be understandable. Avoid text errors.
- Like for the boards, flooding, racist content, pornographic links or image links, or warez content is forbidden.