C'était peut-être l'une des adaptations les plus attendues à son annonce. Berserk à la sauce Muso, cela tenait presque de l'utopie mais comme dit l'adage, les fantasmes doivent parfois rester ce qu'ils sont, la réalité n'étant pas toujours à la hauteur de nos envies.
Le directeur de projet avait déclaré dans une interview que notre intéressé était « basé » sur du Muso mais se montrait différent dans les faits. Rien du tout. C'est du Muso qui se joue de la même façon qu'un Muso et où l'on fait exactement la même chose qu'un Muso (sauf capturer des bases). Après bien sûr, si la Guerre des Trois Royaumes et ses dizaines de protagonistes vous passe par au dessus, il y a des chances que vous adhériez davantage à l'oeuvre de Kentaro Miura qui est ni plus ni moins qu'une des plus grandes réussites de l'histoire du manga, dont notre avis définitif pourra être lâché qu'une fois l'histoire terminée (c'est à dire dans 30 ans vu le rythme de parution). Et d'ailleurs, on peut dire que le scénario est plutôt bien mis en avant et suffisamment expliqué pour que le non-connaisseur s'y retrouve et comprenne les enjeux, à condition d'être anglophone, le titre n'étant pas traduit en français (mais possède les voix japonaises).
Il est juste dommage que le meilleur des scènes se retrouve dans l'Âge d'Or puisque Koei Tecmo a carrément repris des extraits des films, tandis qu'il faudra au-delà se contenter d'une 3D moche. Et dans les deux cas, difficile de ne pas être déçu de la censure générale. Certes, il y a un peu plus de démembrements sur le terrain par rapport à la version japonaise (mais vu la vitesse de l'action, on le remarque à peine) mais dans les cinématiques, c'est quand même très faiblard et l'on ressent encore une fois toute la foutue différence de traitement entre un manga « déconseillé aux moins de 18 ans » et son équivalent JV. Dans le manga, c'est du sang et des démembrements à en faire pâlir un Kenshiro, c'est du sexe montré crûment et à deux doigts du hentai, et c'est toutes les horreurs de la guerre, entre massacre d'innocents et viols, en rajoutant accessoirement des choses beaucoup plus tabous comme la pédophilie et l'inceste. Dans le jeu eh bien… C'est pas ça. Des gerbes de sang, quelques rares sous-entendus et on oublie le reste.
Donc voilà, c'est exactement la même chose qu'un Muso avec un rendu toujours aussi dégueulasse. Les persos sont ceux qui s'en sortent le mieux, en étant dans la moyenne basse, et tout le reste est simplement indigne d'une PS4 avec tout ce qu'il y a de pire, que ce soit les textures, le level-design, la gestion des effets, les cadavres qui disparaissent en deux secondes… Et pas le moindre effort pour fournir une miette afin de compenser : c'est du 30FPS, et aucune option PS4 Pro à signaler. La campagne a le mérite d'être assez longue pour le genre et là où de nombreux malins se seraient contentés de fournir l'Age d'Or, on va ici beaucoup plus loin avec les nouvelles recrues pour accompagner Guts dans sa quête de vengeance. Guts qui reste évidemment le morceau principal de l'aventure puisque ce sera le seul personnage accessible tout au long du jeu, même s'il sera possible une fois chaque mission terminée de la recommencer en mode libre (pour la plupart) avec n'importe lequel des autres personnages pour atteindre à peine une quinzaine de combattants, ce qui fait légèrement pitié pour un Muso. Et en comptant les transformations et diverses formes ! Même Hyrule Warriors faisait mieux hors DLC, alors que le titre était déjà critiqué sur ce point.
Il y avait pourtant matière à tartiner un peu pour les plus fans. En allant par exemple piocher un peu du coté de la troupe de faucon et même de certains boss comme l'Apotre Rosine qui… ah mais nan, cet arc a été totalement zappé pour des raisons qu'on ignore. On se contentera donc d'éponger les talents de Guts qui reste le plus agréable de tous à jouer avec une palette de coups qui se complète assez rapidement mais dont le style et la nervosité procure toujours autant de plaisir. Le jeu sait de plus livrer ses ajouts par pincée, notamment au niveau des objets de soutien qui auront une importance assez relative selon le mode de difficulté : on a fini la campagne directement en difficile sans rencontrer trop de challenge, hormis contre les boss où là il faut user de potions pour combler le manque de possibilité défensive : on est presque obligé de se faire démonter la tronche car vos attaques ne coupent pas l'animation de l'ennemi (alors qu'inversement oui). Un style archaïque qui fait mal aux fesses après être passé par des modèles de gameplay en 1V1 comme NiOh et For Honor.
Le titre garde donc son coté hypnotique à ravager des tonnes de rangs ennemis et on peut au moins dire que l'on ressent bien la montée en puissance grâce à une jauge de furie qui va de plus en plus loin (et monte de plus en plus vite), ainsi qu'un système d'accessoires demandant toute l'attention du monde puisque pouvant augmenter drastiquement vos specs en les améliorant et fusionnant. La campagne se laisse vivre tranquillement sans être mémorable faute d'originalité (là où Hyrule Warriors et Attack on Titan avait chacun de petites features), et pour les plus crevards qui souhaitent retourner le jeu en long/en large, il restera toujours la difficulté ultime, le besoin de pousser tous vos avatars au niveau max dans le mode libre (et toujours en lâchant un peu de pécule pour aller plus vite) et enfin un mode survie dont le seul nom évite d'entrer dans les détails. Aucun mode coopération dans un mode comme dans l'autre, histoire de bien comprendre que l'on fait face à l'un des Muso les moins complets.
Les plus
Les moins
+ Brutalité & nervosité
+ Scénario bien mis en avant
+ La grosse montée en puissance
+ Campagne assez longue
- C'est moche
- Trop édulcoré face au manga
- Pas assez de persos
- Pas de coop
- Répétitif et trop classique
- Quelques lourdeurs
- En anglais
Conclusion : On en attendait beaucoup devant l'ampleur d'une telle licence mais Omega Force livre ce qui est peut-être l'une de ses plus mauvaises copies, entre la fainéantise et l'opportunisme pour vite lancer le titre dans les bacs et amener quelques piécettes pour poursuivre sa saga principale. Le titre garde une belle nervosité et est servi avec une campagne qui permettra de découvrir les grandes lignes du scénario avant de passer aux choses sérieuses (le manga) mais avec autant de défauts, Berserk Muso ne fait rien d'autres que du Muso, en plus brutal mais en beaucoup moins complet.
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