« En même temps... » Ces quelques mots nous viennent à l’esprit après l’excellente introduction de
Far Cry 5. Peut-être la meilleure de la franchise. L’ambiance y est, la mise en scène est au rendez-vous, le charisme du bad guy principal commence déjà à exploser derrière l’écran. Mais en même temps. Comment cette bande de flics & co a pu un seul moment penser que « tout allait se passer comme prévu » en débarquant comme une fleur sur le territoire de Joseph Seed, sorte de gourou bien fringué à la tête d’une immense secte qui aime punir ceux qu’il juge être les pêcheurs, et ce afin de se préparer comme il se doit à une prétendue fin du monde, comme d’habitude très proche.
Sur le thème principal, quelques craintes furent soulevées pendant la campagne de communication mais Ubisoft a tenu promesse en esquivant plus ou moins soigneusement l’essentiel des liens avec la situation actuelle aux USA (donc depuis l’élection de Trump). Pas d’aspect façon suprémacistes blancs, vu qu’il y a d’ailleurs des gens de couleurs chez les Joseph-addict, et bien qu’évidemment religieuse, la secte reste une secte comme il en existe tant. Le clin d’œil évident, dans la forme globale comme l’introduction, reste envers le Temple du Peuple des années 60 et notre Joseph Seed est donc la version Ubisoft de Jim Jones, mais en plus classe et avec infiniment plus d’armes sur le terrain. Ça reste un jeu
Far Cry.
D’ailleurs, de
Far Cry, on en retrouve vite les marques une fois passée l’introduction au point de craindre au préalable une redite supplémentaire. Il faut déjà dire qu’en terme de narration, on retourne dans la constante de cette franchise avec certes un méchant qui a de la gueule et quelques lieutenants à la personnalité certaine, mais disons qu’on n’en verra la couleur que rarement au point de pouvoir passer une après-midi sans voir la tronche de l’un ou l’autre. Ce n’est pas vraiment un reproche car personne n’a encore trouvé la formule magique pour proposer une mise en scène constamment soutenue dans un monde ouvert mais disons simplement qu’en dépit de multiples trailers qui savent comment vendre un produit, n’oubliez pas que l’essentiel du temps, vous allez le passer à dégommer des ennemis randoms par douzaine, exploser plein de choses et vous éclater en véhicules de toutes sortes.
Pourtant il faut le dire,
Far Cry 5 a le mérite de faire enfin évoluer la formule. Ce n’est pas une révolution, mais on n’est pas non plus dans la suite fainéante que fut
Far Cry 4. L’équipe a bien évidemment gardé les solides bases mises en place avec le troisième épisode mais s’est attardé sur des détails qui font plaisir à voir. Déjà les points d’expérience disparaissent. Pouf. A la place, une simple liste de défis qui pourrait paraître hautement rébarbatifs à première vue jusqu’à se rendre compte qu’il y a tellement d’objectifs différents qu’il suffit de jouer normalement pour automatiquement remplir une masse de conditions, nous octroyant à chaque palier un ou plusieurs points de compétences à répartir dans un solide menu bien complet.
Un changement bienvenu puisque, au lieu de grinder bêtement passé une certaine étape, il suffit d’aller jeter un œil à la liste pour voir les choses sur lesquelles on ne s’est que trop peu attardé jusqu’à présent. Vous avez passé 5 heures à vous contenter du gun, d’une mitraillette et de l’arc pour nettoyer la plèbe locale ? Alors tentez un peu le pompe, le sniper et les explosifs pour acquérir rapidement de nouveaux points. Même la chasse, devenue ultra usante au fil des épisodes, est maintenant devenue totalement secondaire. Il y a bien quelques quêtes associées mais concrètement, tuer du loup, de la biche ou x fauve, on le fait maintenant sur le chemin en se rendant à un point B, pour juste gratter quelques points supplémentaires et vendre la peau quand l’occasion se présentera.
L’autre changement vient de la progression encore plus libre que d’habitude, et nous renvoyant sur quelques aspects à du
Ghost Recon Wildlands. Car chacun le sait, quand une bonne idée est trouvée dans un jeu Ubisoft, vous avez de grandes chances qu’elle soit ensuite transférée dans d’autres productions. Une fois passé la mini-zone de prologue qui sert un peu d’entraînement, trois immenses territoires s’ouvrent à vous, à raison d’un par lieutenant, et libre à vous de vous rendre où vous souhaitez, de passer de l’un à l’autre à loisir sans aucune barrière. Le but est simple : en enchaînant quêtes principales et secondaires (en plus de petites activités lambdas), vous diminuez la puissance des forces en place pour la remplacer par la peuplasse qui en a un peu plein le derche de Joseph et ses délires.
Et cette liberté a également un impact sur le rythme du jeu. Terminé notamment les « tours » en surnombre pour débloquer missions & co (d’ailleurs, le jeu a le bon goût d’ironiser sur ce point) car cette fois, les développeurs ont souhaité une évolution plus souple et naturelle. Vous vous promenez, un mec est en danger, vous le sauvez et une mission associée apparaît. Sur le chemin, vous pourrez croiser d’autres personnes à aider, des éléments à détruire, ou des forts à vider qui serviront ensuite de base alliée (pour les magasins notamment). Donc concrètement, si la plupart des points d’importance sont montrés dès le départ sur votre map, ce qu’il y a au milieu, ce sera à vous de le découvrir en « explorant ». Un terme finalement peu commun chez Ubisoft où même pour le récent
Assassin’s Creed Origins, tout ou presque était livré sur un plateau.
Après, la belle marche reste entachée de quelques gros cailloux sur le chemin. Alors ça ne tuera aucunement le jeu qui reste un peu seul dans une catégorie bien précise et sans même jusqu’à fantasmer en le comparant avec l’inexistant, on peut tout de même pointer quelques défauts qui restent à corriger après tant d’années. L’IA déjà. Certains parlent avec ironie d’une IA Ubisoft-esque mais c’est un peu ça finalement. C’est du genre à paniquer deux secondes après avoir vu son pote s’écrouler comme une merde après avoir mangé une flèche depuis le cerveau, il fait le tour de la zone et puis il retourne à son emplacement ou oubliant le cadavre. C’était peut-être le vent après tout. Ou le châtiment de dieu, ce qui quelque part resterait cohérent ici.
Bon et parlons des quêtes où là on ne sait plus sur quel pied danser. C’est en gros du fedex, on ne va pas le cacher, ce qui fait un retour en arrière après
Assassin’s Creed Origins, pour revenir vers du
Ghost Recon Wildlands pour encore le citer. Il y a au moins des lignes de textes contrairement à ce dernier et un casting plus à la hauteur, mais les bases resteront les mêmes. C’est critiquable, on ne le cache pas, mais ça le saurait encore plus si
Far Cry 5 était un jeu solo. Mais c’est maintenant coop à deux. Vous pouvez toujours la jouer solitaire (en vous contentant d’un système d’allié plutôt cool pour les compétences bonus apportées) mais l’expérience reste forcément meilleur à deux et dans ce genre de principe, difficile ici de reprocher totalement un certain manque de narration.
Car depuis la nuit des temps, quand on est plusieurs sur un jeu coop, c’est rarement pour passer deux heures à lire des dialogues, à enquêter sur une scène de crime ou se la jouer
Kingdom Come en fouillant une bibliothèque à la recherche d’un livre. A plusieurs et quand y a marqué « jeu d’action » sur la fiche, tu t’attends à de l’action et tu as tendance à ne demander que ça. Donc si vous la jouez solo, la critique est légitime. Si vous voulez vous éclater avec un pote (ou autre) à vous la jouer infiltration ou démolir des bases pour amasser des bonus, où vos seuls allers-retours dans les menus seront pour changer de matos, mettre vos compétences et vous reconstituer une garde-robe avec un très large choix, alors la narration vous passera par au-dessus de la tête, allant même jusqu’à pester du fait qu’il faut attendre qu’un mec a fini de parler pour que la quête soit validée. On aurait par contre pu éviter quelques redites, notamment nous refourguer encore le coup des plantes psychotropes, à croire que c’est un élément aussi obligatoire dans cette licence qu’un carton dans
MGS.
Deux camps s’opposeront donc entre les solitaires qui prendront conscience que c’est terminé pour eux (sauf si c’est leur premier épisode), tandis que les joueurs coop loueront cette initiative pour s’amuser sans se prendre la tête (en optant ou non pour le mode difficile). Encore une fois, il ne révolutionne rien mais parvient à reprendre le meilleur de la franchise tout en essayant d’aborder une autre direction en se désolidarisant de quelques lourdeurs du passé. Ça donne quelques bonnes dizaines d’heures pour poncer l’aventure dans une bonne partie de ses aspects (plus de 20h en ligne à peu près droite), et on félicitera également le mode « Far Cry Arcade » qui lui pour le coup est peut-être une nouvelle étape dans la carrière d’Ubisoft.
Car conscient qu’un bête mode multi n’attirerait aucunement ceux qui sont trop occupés sur
COD/Battlefield/PUBG/Fortine, l’équipe a eu la bonne idée de de nous dire : « Hé ben démerdez vous alors ». Alors ce n’est pas fainéant car il fallait que l’éditeur soit bien foutu (et il l’est) et qu’il y ait suffisamment d’élément (et c’est le cas). A vous donc de concevoir votre propre map en exploitant quelques assets tirés du jeu mais également d’anciens épisodes (avec même un peu de
Watch Dogs et d’
Assassin’s Creed) pour proposer au choix de la Horde, de la fuite, du simple défi ou du PVP en chacun pour soi ou par équipe, avec bien sûr vos propres règles.
Il y a déjà un très large choix, incluant des créations d’Ubisoft pour montrer l’exemple et des trucs déjà assez cool de la part de la communauté. Bon, y a aussi de la merde dans le lot, on ne va pas se mentir (et on sent que beaucoup ont joué à du
PUBG avant ça) mais je ne me ferais jamais grand juge des créations des autres, étant moi-même incapable de pondre un truc correct. Le potentiel reste en tout cas présent, et on sent que Ubisoft garde des éléments en stock pour maintenir l’affaire sur la longueur, et même ceux qui veulent s’attarder sur le campagne ont des raisons d’aller jeter un œil puisque vous pourrez y débloquer des points de compétences et de pognon avant de retourner faire sa fête à Joseph. Donc définitivement une bonne idée, qu’on espère revoir dans d’autres jeux de l’éditeur.
Un peu comme Borderlands si tu le fait en Solo c'est de la merde mais en coop c'est fun?
Du coup je préfère large le solo mais pour moi Farcry devrait opérer un retour aux sources avec l'instinct féral et d'autres skills de fou surtout avec la technique actuelle mais bon Ubi puis les dev en général sont pas des lumiére en terme d'imagination.
La mission sur la pee-tape m'a bien fait rire
J'ai fait les deux et à aucun moment j'en avais marre ou autre. Après oui la co-op c'est mieux.
Tu arrives à bien le faire tourner en 4K ? En 3440x1440 avec tout à fond j'ai entre 80 et 120fps sur une 1080Ti, je considère ça bien par rapport à ce que j'ai à l'écran.
Tu n'a pas ete lassé en solo ?