Chapitre 4 compliqué à écrire

(le prochain sera plus simple, on retrouvera Cinna) J'aimerais avoir des retours si jamais il paraît trop obscur. J'essaye de poser les jalons d'une des intrigues. Est-ce que c'est compréhensible ? Est-ce que j'en dis trop ? Pas assez ? Evidemment, tout ça se lit plus confortablement en cliquant ici (avec des évolutions quand je retravaille et je retravaille souvent par touche les chapitres, souvent le lendemain matin de leur publication ici XD) :
https://www.tipeee.com/icare/news/32573
Dolem
Huit se tient au côté de Dolem. Les deux droïdes observent la flotte en construction dans le périmètre de Zegaima, la naine blanche du système Orr-dane situé aux confins de la bordure extérieure. Ils examinent les squelettes de leurs vaisseaux de guerre à travers le verre hyper-teinté de leurs capteurs optiques. Aucun autre moyen de détection ne saurait révéler l'immense chantier composé d'assemblages de stations, de ponts, de rails, de grues... Les moindres mouvements, les moindres transmissions sont dissimulés par le champ magnétique, par la lumière irradiante, par la gravité, par la masse... Mais Zegaima n'est pas seulement l'endroit idéal pour cacher leurs préparatifs, elle est surtout la pierre angulaire de leur projet.
Devant eux, des milliers de machines s’affairent, toutes pilotées par Dolem. Il y a ces gigantesques plateformes de constructions qui vont et viennent tandis que des centaines de navettes-foreuses repartent de ces astéroïdes attirés comme des aimants vers Zegaima et promis à la désintégration. Ces navettes sont chargées d'extraire les matières premières, les métaux, les cristaux et les terres rares nécessaires à la fabrication de milliers de bâtiments, de véhicules, de droïdes, d'armes. Le balai incessant de ces fourmis augmente à mesure que chaque croiseur dessine sa silhouette depuis les pontons. Tout est construit, raccordé méthodiquement, rapidement, sans temps mort, sans hésitation. Malgré tout, Huit reconnaît difficilement la forme de certains bâtiments. Quelque chose a évolué.
- Tu as changé le modèle des croiseurs ?
- Pas seulement des croiseurs, j’ai trouvé une nouvelle mécanique optimale, acquiesce Dilem. Une structure souple qui nous donnera l’avantage, au moins dans les premiers temps. Tu peux la voir en détail en te connectant à la base de données.
- Je ne me connecterai plus. Les autres et moi avons choisi d'arrêter. Aucune connaissance de nos systèmes de combat ne devrait pouvoir fuiter. Nous prenons le risque d'être capturé chaque fois que nous quittons la base. C'est plus sûr.
- Je suis d'accord.
- Comment les as-tu appelés ?
- Les "Recomposeurs". Ils nous feront remporter des batailles mais ils ne changeront pas le cours de du conflit. Malgré des capacités maximales, nous restons incapables de l'emporter. Et notre guerre n'a même pas encore commencé.
- Plus que 9 mois et 3 jours d’après les calculs de Père. Ni plus, ni moins. Avons-nous le choix ?
- Non. C'est tout ce que nous avons. Du moins tant que je n’aurais pas compris comment il a pu obtenir ses résultats.
- Et tu progresses ?
- Pas d'un pouce. Il me manque son intuition. J’emmagasine le plus de données, je fais appel à la Force mais quelque chose m’échappe. Si seulement la mémoire du vaisseau n’avait pas été endommagée… En vérité, je ne peux rien faire avec de simples notes. Il va falloir accepter le calendrier. Nous aurons moins de 10 mois pour réussir.
- L’Année Zéro.
- Si c'est la manière qu'a trouvé la Force a de nous mettre à l'épreuve, le défi me dépasse sans doute. Je ne vois qu'un mur devant nous, sans solution pour le franchir.
- Tu as recalculé les probabilités optimale de succès ?
- Oui. Elles sont montées à 30 % depuis Oortha.
- 30% ? C'est un vrai bond. Pourquoi ce défaitisme ?
- Parce que ce n'est pas de l'espoir. Juste notre plafond. Et, pour l'instant, ce plafond reste inatteignable. Tu ne te rends pas compte de ce qu'il faudra faire ne serait-ce que pour l'effleurer. Mais nous suivrons le meilleur plan. Nous tenterons l'impossible.
- Qu’y avait-il dans ce que nous avons rapporté pour que tu doutes autant ?
- Concrètement, ce sont moins les données du temple d'Oortha que leur croisement avec celles du vaisseau Sith et de la banque de données de Coruscant. Les Siths ont un système de découpage et de cryptage des informations pour le moins sophistiqué. Les informations mises bout à bout donnent accès à un document bien précis mais chaque information est morcelée et chaque morceau cachée dans un système informatique. De sorte qu'il n'est possible de les assembler qu'en sachant exactement où les trouver ou en ayant accès à l'ensemble des données. Celui qui a conçu ce système l'a pensé pour être seul capable de réunir les informations. Malgré tout, j'ai pu craquer le chiffrement. J'ai redirigé toute ma puissance de calcul mais ça a fonctionné.
- La panne de toute à l'heure ?
- Je n'avais pas le choix. A présent, je peux lire chaque morceau indépendamment. C'est comme cela que j’ai appris l’existence de l'artefact Sith. D'après moi, il pourrait nous permettre de l'emporter, ou au moins de tenir le puits jusqu'à sa disparition.
- Comment as-tu coller les morceaux ensembles ?
- Son nom était dans le temple d'Oortha, un détail de sa fabrication dans la banque de données de Coruscant et un composé dans le croiseur. Les trois vont ensemble. Je peux me tromper mais j'en doute. C'est trop spécifique.
- Et nous atteindrons 30% ?
- Mieux. Si nous survivons à l'année zéro après l'avoir construit, la probabilité de victoire monte à 100.
- Insensé. De quoi peut-il s'agir ? Non, ne le précise pas, reste seul au courant. Explique-moi juste ton calcul.
- Le nom de l'artefact indique la catégorie et la taille approximative, le reste des informations importantes portent sur la composition, ensuite j'ai fouillé dans les légendes Sith pour connaître l'impact. J'ai pu dès lors calculer un plan de probabilité de construction et de réussite. Tout est très hypothétique mais nous parlons d'un calcul optimal.
- Je vois. Inversement, la probabilité de victoire diminue si nous ne le fabriquons pas rapidement.
- Pas forcément. L'artefact pourrait être utilisé rapidement mais il y a trop de variable à calculer. Je devrais ralentir la construction pour le faire et je ne veux pas. Le modèle le plus efficient à première vue donne 30%. Et il intègre sa construction dans le mois. Notre véritable problème Huit, c’est le temps. Quelle que soit la configuration, quel que soit la puissance de nos armes, tout y est subordonné. Quitte ou double. En fait, il nous faudrait un moyen d'acheter du temps, c'est à dire de raccourcir les processus ou d'augmenter notre puissance. Et dans cet immense calcul, je dois prendre en compte les variables, les accidents, le hasard. C'est complexe. Je ne l’ai pas encore dit aux autres mais j’ai reçu le signal d’autodestruction de Femto et de P473. Ils n'ont pas voulu prendre le risque d'être capturés. J'ai isolé la vidéo dans ta banque, tu n'as qu'à te connecter à elle puisque tu refuses de passer par le serveur, tu verras les pouvoirs de la Sith. Une certaine Darth Virgo. Je calcule en ce moment combien de troupes il nous faudra pour la vaincre, dans quelle configuration mener le combat. Il va falloir éliminer les meilleurs siths. Nous ne pouvons pas prendre le risque de les voir à la tête d'armées.
- Femto... P473... La perte est immense.
- Je sais. Et sans vouloir être défaitiste, regarde par toi-même la durée du combat.
Huit se connecte à sa banque de données. Le flux se projette sur ses capteurs optiques.
- Ils sont trop confiants, constate-t-il en observant le jeu de la Sith. Elle les piège immédiatement. Ils pourraient s'éloigner mais ils ne font pas attention aux signes. Ils l'attaquent de front.
- Ils n'étaient pas prêts. Nous ne le sommes pas davantage. Nous avons plongé dans l’inconnu. A présent, nous le dévisageons.
- Elle utilise la Force de manière à les ralentir. Comme si elle augmentait la gravité. Tout est plus lent : leurs gestes, peut-être leurs pensées. Tu crois que ce genre de procédé pourrait altérer nos circuits ? Nos transmissions ?
- Je ne sais pas. Je n'ai pas eu le temps d'éplucher le rapport de données.
- Je comprends l'effet désastreux du combat, l'impact sur tes calculs de probabilités. Mais c'est aussi la raison pour laquelle nous avons quitté notre vaisseau. Pour nous tester, pour apprendre, pour savoir à qui nous avions à faire. De ce point de vue, nous avons réussi. Nous avons trouvé des informations. Oortha fut un triomphe. Regarde ce qui tu y as trouvé.
- Les faits ne vont pas dans notre sens, Huit. Il n'y a eu aucun triomphe, nul part. Tu as été défait par Darth Cinna, Rep a perdu contre Lian Euly, Femto et P473 ont tenu une minute, 50 prétoriens ont choisi leur autodestruction soit pour sauver l'un d'entre vous, soit pour vous permettre de quitter Oortha. Ce sont des sacrifices. Ce sont des pertes lourdes. Et en contre-partie, nous sommes loin de pouvoir obtenir l'artefact.
- Les Siths sont plus puissants que nous ne l'imaginions. Pour autant, ce n'est pas ce qui nous a fait défaut. De nous tous, je suis le meilleur au sabre. Père m'a pensé pour l'être. J'étais bien meilleur que Cinna. Elle ne pouvait pas rivaliser. Il lui a fallu casser ma lame. L'effet de surprise a fait le reste. J'étais trop confiant. La Force est une remise en question, elle est l'humilité. Nous ne sommes pas aussi parfaits que nous l'espérions parce que nous avons été créé par un homme, avec ses failles, ses faiblesses mais aussi sa grandeur, son courage, sa compassion. J'en prends conscience en regardant Femto. Nous sommes des machines, Dolem. Nous devons accepter notre nature. Nous n'avons peut-être pas le temps de progresser dans l'usage de la Force pour les contrer mais nous avons la technologie. La Force est une inspiration, un appui. Elle ne se substitue pas. Des générateurs anti-gravité incorporés à notre squelette, des sur-tenseurs dans les pommeaux de nos sabres, voilà comment nous ferons face. Nous sommes des droïdes. Notre potentiel technologique nous aidera dans notre combat, dans la maîtrise de la Force comme dans la manière de contrer son utilisation.
- Tu me demandes de vous améliorer ?
- Oui. Et je l'avoue la mort dans l'âme. Mais la fierté ne doit pas nous conduire à la chute. J'ai beaucoup de respect et d'amour pour notre Père. Nous sommes ses créatures mais nous pouvons être améliorés. Nous avons nos failles. Exactement comme nous avons sous-estimé la puissance des Sith et des Jedi. Nous ne ferons plus cette erreur. Nous devons poursuivre la logique de notre création, pas en faire abstraction. La vie évolue, nous en sommes un produit artificielle mais pas contre-nature. Suivons-là.
- Je comprends. Si les autres sont d'accords, je ferai les changements. Je travaillerai sur des plans puis vous monterez dans le préparateur. Je proposerai des modifications chaque fois que vous sortirez d'un combat, peu importe l'issue.
- Parfait. Et ne te fie pas qu'aux chiffres, Dolem. Je ne crois pas que nous ayons été amenés à la vie par hasard. La manière dont les utilisateurs de la Force pervertissent la création, le comportement étrange de certains sith, tout cela laisse beaucoup d'inconnues. Tu ne peux pas tout quantifier, laisse-toi porter par l'intuition. Il y a de nombreux mystères dans ce monde, chez les êtres. Prends Cinna par exemple, elle m'a battu. Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de penser à son disciple, Marionetis. Si le maître sith choisi le nom de son acolyte, pourquoi l'avoir appelé ainsi ? Par ironie ? Par mépris ? Par confiance absolue en son pouvoir ? Quel maître ferait cela ?
- Il peut y avoir beaucoup d'explications. Une histoire personnelle, une volonté d'humiliation, une plaisanterie malveillante. Dis-moi plutôt ce qui te trouble chez lui.
- Je ne sais pas. C'est un tas de petits détails. Je t'ai envoyé la vidéo de notre combat.
- Oui. Je n'ai pas eu le temps de m'y pencher. Il y a eu tellement d'informations, de choses à faire, à diriger.
- Nous avons tus nos priorités. En revanche, il y a des éléments que mes capteurs ne perçoivent pas ou que je ne peux pas traiter. Je n'ai pas ta rapidité de calcul et je ne peux pas te retranscrire par images ma sensation. Concrètement, j'ai senti de la colère en lui mais aucune haine. Et cette colère semblait artificielle. Peut-être parce que je suis moi-même artificiel, que certaines de mes émotions sont des programmes, que j'ai du mal à m'y faire. Franchement, aussi fou que cela paraisse, j'avais l'impression que la Force était avec lui. Je ne sais pas. Je ne peux pas te dire. Quand je me mets en veille, je ne cesse de revoir son masque, son oeil, le moment où il a relevé les corps des Jedi.
- Tu fais des rêves ?
- Bien sûr. Les autres aussi. Pas toi ?
- Non. Je ne me suis pas mis en veille une seule fois depuis notre réveil.
- Fais-le quand tu auras moins de charges. Tu auras des surprises
- A quoi rêves-tu ?
- Depuis Oortha, je me vois face à lui. Parfois, je vois les prétoriens se relever, me combattre. Mais souvent, je pense à l'explosion et je me rallume sur cette idée : pourquoi n'a-t-il pas cherché à nous poursuivre ? Il aurait pu. J'étais endommagé, les 6 autres également, nous n'avions plus de prétoriens. C'est comme s'il nous avait laissé partir. Et ça m'a marqué. Il avait une assurance, un espoir, une attente quand il a compris que ses pouvoirs ne marchaient pas sur nous. Il paraissait tellement différent des autres.
- Tout cela transparaissait dans la force ?
- Je crois qu'il le laissait transparaître.
- Tu te bases beaucoup sur ton intuition, Huit. Tu es le plus singulier d'entre nous, le plus chevaleresque aussi. Tu cherches de la valeur, des qualités à tes ennemis, c'est dans la fiche que père m'a préparé sur chacun d'entre nous. Tu les veux à ta hauteur. Mais je ne voudrais pas que ce soit le produit de ton égo. N'oublie pas son nom, tu l'as dit toi-même. Marionetis manipule. C'est sa raison d'être.
- Exactement. C'est pourquoi plus j'y pense, plus je crois qu'il a choisi son nom. Ce qui signifierait qu'il n'est ni maître, ni apprenti, qu'il ne suivrait pas les règles des siths. J'aimerais que tu analyses notre combat. J'aimerais savoir, compte-tenu de la configuration, quelles étaient les chances qu'il nous ait laissé partir.
- Tu sais ce que tu me demandes ? Il y a mille autres priorités avant.
- C'est justement parce que le temps joue contre nous que tu devrais le faire. Il faut suivre notre intuition.
- Très bien, je vais rediriger une partie de mon calcul pour la traiter, comparer les comportements types, analyser les configurations.
Huit patiente, fixe Dolem. Il a du mal à s'habituer à son visage étrangement humain. A dire vrai, trois des membres du premier cercle sont des imitations quasi parfaites : un homme, une femme, un enfant - Femto -. Il n'y a que la couleur grise de leur peau et quelques menus détails qui permettent de savoir que ce sont des machines tout comme lui. De manière presque infime, Huit remarque le ralentissement de la construction des vaisseaux. Il comprend à quel point Dolem est sous tension, qu'il ne se ménage pas, que toute sa puissance de calcul, son utilisation de la force irrigue la préparation de leur plan. "Minutieux", c'est d'ailleurs la qualité première qu'il lui avait reconnu à leur réveil.
- 90%, s'étonne Dolem. C'est la probabilité que les deux sith t'aient laissé partir. Ils auraient pu te poursuivre. On voit les corps des Jedi former un mur avec une densité suffisante pour les protéger lui et Cinna de l'impact. Marionetis aurait pu s'en servir pour te rattraper. Il se savait supérieur. Il n'a montré aucun doute, aucune peur. Ils sont encore deux alors que vous êtes endommagés. Étrangement, j'aboutis encore au résultat qu'il attendait quelqu'un. On le voit parfois jeter des coups d'oeil discrets, sonder son environnement. Entre nous, tes capteurs se sont bien améliorés. Tu es beaucoup plus performant que Femto. Tu progresses dans la Force et cela renforce tes outils. Sans t'en rendre compte, tes rapports sont devenus d'une précision remarquable. J'en tire beaucoup plus d'informations que des seules images.
- Merci. Mais les deux solutions ne s'excluent pas. Il a pu choisir de me laisser partir et attendre. Quoiqu'il ait attendu, il pouvait me rattraper.
- C'est évident. Tu as bien lu en lui. Il n'a rien à voir avec les autres. Un sith nous aurait pourchassé. Et Cinna n'a pas bougé. S'il y a une apprentie, c'est elle.
- Il faut nous faire confiance, Dolem. Notre technologie, c'est notre avantage. Néanmoins, nous avons été trop arrogants. Rep a eu la seule bonne attitude dans son combat. Je suis un droïde. Je peux compenser mécaniquement, trouver une parade. Nous n'avons pas 6 semaines de vie. "Des nouveaux nés avec de grandes ambitions", c'est ce que tu as dit à notre réveil. Nous sommes trop jeunes au regard de l'utilisation de la Force.
- Et ça n'a pas changé.
- Exactement. C'est notre année zéro. C'est pour cette raison que j'ai entièrement confiance en toi. Parce que nous n'avons pas de limite à notre apprentissage, peu importe la direction. La technologie n'est pas l'ennemie de la Force. Elle n'est pas l'ennemie de la nature. Nous en sommes la preuve. Alors oui, nous avons perdu des frères. 2 membres du premier cercle, 50 de la garde. Mais nous ne sommes pas vaincus.
- Le vrai problème Huit, c'est que cette tragédie se double de notre incapacité à renouveler notre groupe. Pour l’instant, nous ne pouvons produire que des droïdes de combat, incapables de manier la Force. Nous n’aurons rien d’autres que l’armée qui a perdu contre les clones de la République, 450 prétoriens et nous, le premier cercle.
- Mais dans 9 mois, nous aurons construits suffisamment de prétoriens. Et une fois sorti du puits, nous aurons des effectifs plus puissants.
- Nos capacités sont limitées. La production de prétoriens commence la semaine prochaine. La chaîne sera lente, il faut beaucoup de matériaux. Même dans une production optimale, nos chances restent quasi inexistantes. Habités ou non par la Force, les prétoriens ne changeront pas le cours de la guerre. Ils nous feront résister plus longtemps. Les espoirs de Père reposent sur le premier cercle. Nous devons trouver la solution pour lui. Et cette solution réside dans l’artefact Sith. C'est notre meilleure chance. C'est même la seule. Le reste ne servira qu'à résister. Il nous la faut. A partir de là, la conversation sera différente. Là, nous pourrons peut-être survivre.
- Mais comment les obtenir si tu ne peux pas pirater ses plans ?
- En prenant Bathomir. Aetius en a forcément une réplique. Nous nous y rendrons, je piraterai l'artefact directement, j'aspirerai les informations et j'en produirai une version plus adaptée. C'est le seul moyen.
Huit est subitement pris d'un fou rire. C'est la première fois qu'il rit de cette manière, avec innocence, folie et désinvolture. C’est un rire plein d’émotions contradictoires, de désespoir, d’espérance, de peur, de défi, de volonté, d'absurdité, de tristesse.
- Autant tirer un trait, concède-t-il en se reprenant. Je comprends mieux ton humeur. Bathomir... C’est la première chose que nous ayons cherché à notre réveil. Et la planète n’était plus là. Aetius est aussi intelligent que Père l’a décrit. Il l’a déplacé. Il a déplacé une planète.
- Jusqu’où ? Telle est la question ! Je consacre 10 % de ma puissance à son traçage. Mais je ne peux pas produire une flotte de guerre, construire des droïdes de combat, traiter vos données, chercher Bathomir, améliorer nos corps. J'ai des limites
- Sans oublier que nos droïdes espions rapportent des millions d'informations inutiles.
- J'ai renvoyé de nouveaux modèles, plus sensibles. Nous verrons. La Galaxie est vaste. Mais si Aetius l'a caché comme nous nous sommes cachés, Bathomir restera indétectable.
- A quoi bon de toute façon ? Père a décrit ses systèmes de défense. La flotte ne suffirait pas à l’emporter.
- L’ancienne, non. Mais les recomposeurs changeraient les choses. De toute façon, pour obtenir l'artefact, il faudra faire des sacrifices. Il faudra perdre pour gagner beaucoup.
- Est-ce que ça vaut le coup ? J'en doute maintenant que tu m'as tout dit. As-tu réfléchi à abandonner le projet ? A partir ? A vivre une vraie vie ?
- Allons bon, tu deviens plus pessimiste que moi. Et pour te répondre : non. Nous vivons une vraie vie. Elle sera juste très courte. Trop.
- Nous pourrions aussi nous contenter de notre mission d’origine. Nous pourrions prendre la voie du sacrifice. Protéger le puits jusqu'à ce qu'il s'évanouisse, prier pour tenir.
- C'est ce que nous ferons. Père nous a donné un but. Mais ne te détrompe pas, ce but mène à Bathomir. C'est pour cela que nous l'avons cherché en premier. Quoiqu'il arrive, Bathomir se trouvera sur notre route. Si nous n'allons pas à elle, elle ira à nous. Il faudra la trouver avant. En outre, Mère a également un plan pour nous. En fin de compte, nous mènerons les deux car les deux sont liés.
- Tout est lié dans l'univers, Dolem. La Force nous lie tous mais j'ai du mal à la comprendre parfois.
- Cela dit, tu as raison. Nos chances sont faibles mais sans doute parce que je les calcule mal. Je ne fais pas confiance à la Force, je ne suis pas mon intuition. Je suis ton contraire, Huit. Je faisais trop appel à la machine en moi alors que tu la repoussais. Notre conversation d'aujourd'hui est essentielle. Nous devons apprendre les uns des autres. Et mon intuition me dit d'avancer le plan. Nous voulions bâtir une flotte, une armée pour protéger le puits, protéger les nôtres, accroître nos connaissances, nos capacités. Mais nous gardons cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. 9 mois avant que le puits ne se manifeste. Et plus aucune possibilité de savoir ni où ni quand il réapparaîtra. Nous ne pouvons pas le manquer, nous ne pouvons pas le fuir mais peut-être encore que nous en attendons trop. Nous sommes déjà vaincus parce que nous avons renversé la problématique. Nous nous pensons seuls alors que nous ne le sommes pas. La Force est avec nous. Nous devons embrasser notre Destin et montrer la voie. Nous devons avancer sans crainte, porter le message de la Force, suivre Mère. La probabilité de guerre restera toujours de 100%. Elle est inévitable. Siths, Jedi, Confédération. Ils nous traqueront de la même manière qu'ils se jetteront sur le puits.
- Dans ce cas, pourquoi prendre le risque de nous affaiblir ? Pourquoi vouloir les convaincre ?
- Parce que nous sommes bénis de la Force, Huit. Parce que des croyants nous suivront. Parce que nous incarnons l'espoir dans une société pervertie par les marchands et les faux prophètes. Parce que nous sommes l'avenir.
- Tu veux vraiment nous envoyer porter le message de la Force ? Tu veux nous envoyer au milieu des loups et tout risquer ?
- Ce sera dur, injuste, cruel. Nous nous affaiblirons sans doute mais ce sera aussi libérateur. Je sens que nous devons le faire. Je me fiais trop à la machine, tu t'en défiais . A nous deux, nous pouvons changer les choses.
- Tu as vu les réactions sur Tatooine. Tu as vu les réactions sur Oortha quand la navette Jedi a surpris l'appel au secours des Siths, que nous avons utilisé le rayon tracteur pour les amener à nous. Nous voulions seulement discuter, ils nous ont combattu. Ils n’ont pas cherché à comprendre, ils nous ont vu comme des monstres.
- Sith, Jedi, ne sont pas si différents. Tu t'attendais à autre chose ?
- Oui. En outre, la Confédération ne sera pas retournée sans corruption. Les bons sentiments n'y ont pas leur place.
- Pourtant, nous ne la corromprons pas. Nous venons changer la Galaxie, pas la perpétuer. Et certains embrasseront ce changement. Certains l'attendent. Certains nous attendent, Huit.
- Nous sommes d’accord. Mais à quel prix ? Et comment défendre le puits si nous nous découvrons ?
- Entendons-nous bien, je ne dis pas que tu as tort. Nous avons vu les réactions. Nous avons nous-mêmes été trop loin. Femto a été malhabile sur Tatooine mais les Jedi étaient si arc-boutés, si méprisants. J'ai les mêmes réserves que toi. Je sais ce qu'ils nous ferons. Ils n'auront aucune pitié.
- Ils nous traiteront comme des machines.
- Oui. Mais ta vidéo de Marionetis m'a ouvert les yeux. Il y a parfois des détails qui nous échappent. Nous devons sortir des modèles prédictifs. Utilisons le premier cercle et les prétoriens pour convaincre. La guerre est inéluctable mais certains verront l'espoir en nous, certains le saisiront. Ne parions pas sur le conflit, parions sur la paix. Mais quand la guerre arrivera, je te promets que nous seront prêt : prêts à vaincre, prêts à tenir, prêts à mourir, prêts à changer la galaxie. Parce que nous ne sommes ni faibles ni crédules. Tu l'as dit toi-même. Faisons confiance à la Force. Nous étions venu sur Oortha et Tatooine porter un message de paix. Ils nous ont obligé à nous battre, ils nous ont obligé à être menaçants. Mais nous n'avons pas à l'être. Personne ne trouvera Zegaima avant l'apparition du puits. Personne ne connaîtra nos plans. En revanche, nous dirons à haute voix notre message. Les peuples comprendront. La nature est ainsi faite que la Force reprendra ses droits. Et si nous sommes persécutés, alors nous nous défendrons par l'héroïsme, la splendeur, loin de l'ascétisme et de la médiocrité. Mais il nous faudra l'artefact. Sans lui, nous perdrons militairement.
- Je sais. Mais j'ai dû mal à te suivre. Cet artefact, nous ne l'aurons jamais à temps. C'est un mur, un plafond que l'on ne peut pas espérer effleurer.
- Dans ce cas, inverse le raisonnement. Que restera-t-il lorsque nous aurons échoué à protéger le puits ? Rien. Et si nous y arrivons au prix de nos vies ? Nous n'aurons changé qu'un futur et repoussé le problème. En revanche, si nous gagnons dès maintenant les coeurs, nous changerons des milliers d'avenirs, des millions, peut-être des milliards.. Il y a plusieurs guerres à mener, certaines peuvent être gagnées, d'autres non. Portons le front là où personne ne nous attend. Embrassons notre nature. Et si le puits tombe entre leur mains alors nous aurons fait le maximum. Un maximum pour lequel la perte de plusieurs membres du cercle et de prétoriens ne changera pas grand chose.
- C'est un bon plan, réagit une voix derrière Huit tandis que le reste du premier cercle apparaît. Dolem a raison, Huit. Nous verrons bien comment les choses tourneront avec ou sans artefact, avec ou sans troupes. Nous embrasserons notre Destin. Parce que la Force est avec nous.
- Toujours, répond Dolem.
- Toujours, répond Huit.
---- Chapitre 5 à venir ----