Voici un court passage du livre que je sors cette année. J'espère que ça vous plaira
Bonne écoute et n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez. Au passage, j'ai utilisé la musique de la bande annonce de "300, la naissance d'un empire" :
Frustré par ce dernier Star Wars, je me suis permis de lister tout ce qui m'avait profondément gêné : les paradoxes, les contradictions, la superficialité. Il suffit de cliquer sur ce lien : https://www.tipeee.com/projects/icare/news/16096
Dans un an, en décembre 2016, sortira le roman Thrènes dont je parlais page 152 du numéro Spec Ops. Je suis d'ailleurs en train de boucler le récit avant d’entamer la phase finale. Elle consistera à peaufiner, à enrichir, à styliser, puis à procéder aux corrections d'usage. J’utilise la même méthode que pour le magazine Icare.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, le roman pose un univers complémentaire à celui du magazine, tout en lui faisant écho. Ainsi, les nouvelles des 2ème et 3ème numéros en font partie. Elles nuancent le livre, précisent des points importants, intègrent sa mythologie. Pour l'instant, je suis très content de l'évolution du projet, de la manière dont il se combine avec la revue. Personne ne pourra plus l'apprécier que les lecteurs d'Icare.
A ce titre, si vous voulez en savoir davantage, sachez que je publie des extraits régulièrement sur ma chaine youtube. Le dernier en date :
La playlist est accessible ici. Il y a actuellement 6 extraits dont un qui me permet de revenir sur la signification du mythe d'Icare qui relie directement, à la fois par le fond et la symbolique, le roman et le magazine : https://www.youtube.com/playlist?list=PLPOGan3-KKd-tEAuBbr5uAUyQQCw3iues
Merci à vous d'avoir lu le magazine et n'hésitez pas à me faire votre retour.
Suite à une discussion avec l'un d'entre vous, je me suis rendu compte que certains n'avaient pas forcément vu ce que je voulais dire, dans l'édito du numéro Deus Ex (148 pages / disponible uniquement sur le site [url]www.icaremag.fr[/url] ), lorsque j'évoquais des articles qui se répondent et font écho. Voici l'explication.
En effet, le numéro a été construit pour que les idées voyagent, avec des oppositions, des exemples, des approfondissements. L'objectif a toujours été de fournir une réflexion assez large sur le futur qui se dessine :
- Le premier article, l'autoportrait d'Alex D., traite ainsi de l'aspect négatif de la science ("science sans conscience n'était que ruine de l'âme, aujourd'hui elle est la ruine de l'homme") et de la vision très sombre (sociale et politique) du futur présenté dans la saga Deus Ex.
Or le discours d'Alex D. (premier article / autoportrait) trouve une réponse opposée avec le discours en faveur de l'évolution scientifique et du transhumanisme dans la fausse conférence scientifique ("La science déconnectée de l'homme") qui présente les différents enjeux ("L'enfer est pavé de bonnes inventions"). Sans oublier la nouvelle qui développe l'impact des nanotechnologies sur la vie d'un homme (la fausse conférence introduit la nouvelle, on y retrouve les mêmes personnages) ou la transformation de la société (cf l'article sur les "assurances des personnels militaires" que lit le héros -page 97-).
- Si la question de la nature humaine, et ses interrogations, sont également soulevées par ces articles, le test de DX:HR revient sur la dimension existentielle absente de la personnalité de Jensen pour être ensuite traité, par l'exemple, dans la nouvelle "Au troisième jour". Le héros "Gaël Siélain" réfléchit ainsi sur ses transformations, sa dénaturation, sa place, sa réalité, ses angoisses, comme aurait dû le faire Adam Jensen pour avoir une dimension psychologique forte. Bien sûr, il ne s'agissait pas de le reproduire (la nouvelle a été écrite avant la réception du jeu) mais de montrer ce que Gaël ressentait ("il se sentait étranger à lui-même") et pensait de son évolution. Une réflexion que n'aborde jamais Jensen qui se contentera d'un "i never asked for this".
- La liberté est un autre thème traité dans le magazine à travers le mythe d'icare (qui revient très souvent dans les articles) ou sa définition (le début du test de Deus Ex par exemple). C'est d'ailleurs pourquoi on retrouve la citation de Jean-Paul Sartre "nous sommes condamnées à la liberté" aussi bien en ouverture du test que dans la nouvelle. Nouvelle qui par ailleurs faisait référence à la lecture du magazine par le héros :
Il repensait alors à cette citation de Sartre qu'il avait lu dans un vieux magazine : "nous sommes condamnés à la liberté". Mais Sartre se trompait. Il en était convaincu. L'humanité était condamnée à l'esclavage. L'homme produisait la science, la science produisait l'aliénation. Personne ne pouvait échapper aux technologies. La seule évasion possible était la mort.
Cette question de l'évasion dans la mort est à voir ironiquement (dans la nouvelle) puisqu'elle est en rapport avec le projet Eternit-ae, au coeur du récit (au passage, le roman sur lequel je travaille se passe dans le même univers, 400 ans plus tard environ, je n'ai pas encore bouclé la chronologie).
- Il y a également la question de l'accessibilité qui revient dans plusieurs papiers. Il y a une première idée avec l'interview/lettre de Warren Spector qui montre à quel point l'objectif des développeurs n'a jamais été autre chose que de proposer un gameplay en accord avec leur discours sur la liberté. Un gameplay que reniera Deus Ex : Invisible War au nom de cette accessibilité. Une notion envisagée également dans l'article sur l'avenir de la presse spécialisée jeu vidéo. (Au passage, le magazine est lui-même accessible, sans souci de compréhension, cf traitement "romanesque")
Voilà, je passe la problématique de la conspiration qui est traitée dans l'autoportrait, dans requiem pour un dactylo (qui est la preuve, par l'exemple là encore, de l'article sur la stratégie de l'isolement), dans la stratégie de l'isolement et dans la nouvelle (cf la dernière page avec une référence à Olivier Delamarche et Nicolas Doze). C'est certainement le plus visible (avec le thème du Progrès et la critique du progressisme). Quoiqu'il en soit, le magazine a été construit de telle sorte qu'il nourrisse la réflexion et propose des pistes. Il y aurait beaucoup de choses à dire sur les différents renvois, les nombreux clins d'oeil (Nadine Morano et Frédéric Lefebvre), mais je voulais simplement détailler ce que j'avais annoncé dans l'édito. Surtout, je vous enjoins à le lire complètement pour avoir une bonne expérience de lecture. Ne sautez pas la nouvelle ou Requiem pour un dactylo, cela modifiera votre perception du numéro.
Au passage, à l'origine (et par manque de sous), la partie conspiration devait se terminer sur un article traitant des différentes sociétés secrètes ce qui aurait permis d'instaurer un climat paranoïaque. Je ne l'ai pas fait mais j'ai publié dans le numéro Spec Ops une lettre du scénariste de Deus Ex, un peu dans l'esprit.
Sinon, petit bonus, j'ai été ravi de voir que le magazine avait été cité dans plusieurs mémoires et thèses. Notamment la stratégie de l'isolement (la partie conspiration fut la plus longue à écrire même si le test de Deus Ex et l'autofiction sur le trailer E3 furent les plus compliqués à mener).
Enfin, pour tous les critiques qui adorent évoquer les mises en abime, il y a dans ce numéro des mises en abime de mises en abime. Je ne dis pas forcément que ce spécial Deus Ex vous plaira (chacun en pense ce qu'il veut) mais il a été réfléchi et construit. Et cela n'a pas toujours été vu.
Pour terminer, les deux audios.
1) Teaser du numéro Deus Ex :
2) Teaser de l'autoportrait :
-- sauvegarde du billet publié sur gamekult fin 2012.
J'ai pu finir Castlevania Lords of Shadow. J'y ai joué une quarantaine d'heures (terminé en dur -incluant les DLCs- puis j'ai fait des épreuves ainsi qu'un bon tiers en paladin). Malheureusement, ça n'a pas grand chose du GOTY dont tout le monde parlait. Le test ici : https://www.tipeee.com/projects/icare/news/15627
Et n'hésitez pas à me soutenir sur Tipeee. Ça me permet de faire des tests, je prépare des papiers de fond et surtout des enregistrements :
Bonjour à tous, je publierai un roman l'année prochaine. A ce titre, on peut déjà lire des nouvelles publiées dans les précédents numéros d'Icare et qui se rapportent à son univers.
Surtout, je propose régulièrement des extraits que je lis. Voici le dernier en date avec une illustration signée Xavier Thomas (aka SeedSeven), l'artiste qui fait les couvertures de la plupart des gros jeux Ubi (AC en tête) et dont vous retrouviez l'icareview dans le numéro God of War.
J'espère que ça vous plaira. N'hésitez pas à liker la vidéo sur youtube et à la partager
Depuis quelques années, j'attends de tomber sur une promo steam pour pouvoir faire Castlevania : Lords of Shadow. Comme je les rate assez systématiquement, je me suis mis à imaginer un début un peu castlevaniesque d'un homme qui rentre dans le château du comte Dracula :
Si vous voulez plus d'explications sur l'histoire qui pourrait se développer à partir de cette base ou écouter l'audio avec un accent slave, c'est ici : https://www.tipeee.com/projects/icare/news/15074
Il y a quelque chose d’assez étrange dans le débat actuel sur la presse jeu vidéo où tout le monde espère une révolution sans se rendre compte que celle-ci est impossible et qu’en même temps, elle a déjà eu lieu.
Pas de grand soir.
Oubliez les photos Doritos du Paris Games Week, les soirées, les cadeaux, les tests bidonnés, les news indécentes, tout ceci n’est qu’un cache sexe. Le modèle économique du "clic", c'est ça le vrai problème. Outre la course à l'échalote "putassière" qu'il produit, la gratuité du modèle place d'office n’importe quel site ou magazine en situation de dépendance face aux annonceurs. C’est un fait. Et le problème du manque de diversité de ces dits annonceurs augmente encore la dépendance. Quand vos revenus proviennent quasi-exclusivement des éditeurs de jeu, le soupçon est inévitable.
La précarité des pigistes/journalistes est un autre versant du problème. Il faut se souvenir de la jurisprudence outreau : "si vous payez un expert au prix d'une femme de ménage, vous avez une expertise de femme de ménage". Les niveaux de rémunération (et d’exploitation) contribuent non seulement au nivellement par le bas mais rendent plus sensible aux "petits" gestes des éditeurs. En outre, peut-on en vouloir au testeur de ne pas finir un jeu alors qu’il lui faut rendre sa copie le lendemain ? Et parlera-t-on de ces pigistes qui revendent les dossiers de presse pour améliorer leur salaire ?
Factornews a fait état du lancement d’une charte américaine qui me laisse dubitatif. Car le problème du conflit d’intérêt tient de la quadrature du cercle. En effet, vous ne pouvez pas avoir une presse jeu vidéo qui soit irréprochable. Et il est impossible de sortir du système actuel. Gameblog, par exemple, a vécu un conflit d'intérêt majeur en ayant Ankama (un éditeur de jeu vidéo) au capital. Mais sans Ankama, Gameblog aurait disparu. La contradiction est insurmontable et on peut l'étendre à la plupart des sites (jeuxactu, jeuvideo.fr, jeuxvideo.com, ...) qui ont ou ont eu pour actionnaires des annonceurs, des régies, des éditeurs, etc...
Vous avez donc un système basé sur le clic (cercle vicieux) avec des éditeurs comme ressources quasi-exclusives de revenus et parfois au capital.
La révolution a déjà eu lieu.
Si vous ne pouvez pas changer de système, en revanche vous pouvez l'infléchir et l’équilibrer. Au-delà de ceux qui essayent, à l'intérieur même de ce système, de changer les choses (ou de ne pas les aggraver), il existe déjà une presse indépendante et éthique. Ce que vous reprochez aux sites et aux magazines, d'autres y échappent. Soutenez les indépendants. Le succès aidant, cela modifiera les équilibres. La critique est importante mais elle ne façonne pas le réel. C'est la presse indé qu'il faut lire et populariser : Sanqua, Canardpc, Nofrag, Factornews, Merlanfrit, Gamesidestory et les autres. Sanqua, c'est un véritable exemple. Comment est-il possible qu'avec un travail de cette qualité, ce webzine n'apparaisse jamais dans les débats ? D'ailleurs, le fondateur a voulu lancer son livre, nous n’avons été qu'une vingtaine de souscripteur sur kisskissbanbank.
Du reste, je pose cette question après avoir parcouru plusieurs forums : comment peut-on réfléchir sur l'indépendance de la presse sans jamais évoquer la presse indépendante ? La lisez-vous ? Alors pourquoi ne pas vous en servir comme contre-exemple ? La populariser, c'est promouvoir l'éthique et montrer qu'on peut faire les choses différemment. Préserver la richesse de l'offre, c'est en soit améliorer le système.
Surtout, l’indépendance ne signifie pas l'alpha et l'oméga de la profession. Prenez les tests publiés sur les différents sites (indé ou non). Ce sont peu ou prou les mêmes opinions. La presse jeu vidéo est formatée. Allez sur allociné pour voir la diversité de la critique ciné. Les notes de The Dark Knight oscillent de 1 à 10. Regardez celles des AAA jv, elles se tiennent toutes à un point (deux les jours de fête). Regardez celles de Dishonored ou de Dead Space, elles oscillent de 8 à 9 (sur 10). Moi-même, je n’ai pas mis de notes dans Icare pour éviter des accusations mesquines, une vision scolaire ou les polémiques stériles. Avec un 4/10 à God of War 3 , un 6,5/10 à Deus Ex : Human Revolution, quel sort m'aurait-on réservé ? Et pourtant, ce devrait être la norme. Il est inquiétant de voir une telle doxa (je parle même pas des testeurs placés par les rédacs sur leurs licences favorites ... histoire de parler aux fans -cf vision "guide d'achat" de la critique-).
Regardez la réalité en face
Voici ma petite expérience. Elle vaut ce qu’elle vaut mais c’est ainsi. Depuis le numéro God of War, ma communication s'est dégradée vers le spam et la provoc. L'évolution, ou plutôt l'involution, est nette. Le processus ne touche pas le rédactionnel, nous sommes là en aval. Mais comment en suis-je arrivé là ? Petit résumé :
- J'ai contacté à peu près tous les sites pro, j'ai dû appeler Gamekult 2 fois. Résultat ? Seul jv.com et Play3-live ont newsé pour annoncer la sortie du numéro Deus Ex.
- Il y a des exclus mondiales dans chaque numéro. J'ai enquêté pour avoir les infos sur Deus Ex 3, finalement annulé (je ne les ai pas eues via Eidos). Qui a newsé ? Personne. Le refus de remaker DX ? Seul Jv.com en a parlé. Les scènes et niveaux coupés de GoW II ? Personne. Les icareviews ? Personne. Les visuels inédits ? Niet ! On m'a demandé parfois des exemplaires, j'en ai envoyé. Et quoi ? Zéro critique. Du mag à l'oeil... Mais par contre pour newser sur le porno et la réalité virtuelle, on trouve toujours du monde. Évidemment, je n’évoque pas ce journaliste qui m’explique que les news « bouquins / mags » sont réservés aux copains de la rédaction. Ou l'autre qui m'annonce qu'Icare ne sera jamais cité parce que je lui déplais (il faut donc plaire, et entrer dans un jeu de séduction, dans un domaine -l'information- ou ce genre de choses devrait être exclu : nice !).
- Les blogueurs ? Deus Ex est une licence pc, ils sont consoleux. Du coup, ils ont été peu à parler du numéro 2. Spec Ops n'en parlons. De toute façon, les blogs sont passés de mode.
- Les forums presse jv ? C'est l'encéphalogramme plat. Il n’y a personne pour répondre et s'intéresser à la presse jeu vidéo. Sauf, bien sûr, lorsqu’il s’agit d’éthique (ou plutôt du manque d'éthique). Là, il y’a foule. Donc, je vais sur les forums, ça n'intéresse pas.
- Twitter ? Là les résultats sont meilleurs. Pour 100 tweets, je dois vendre 3 à 5 mags.
Clou de mon petit témoignage, quand je participe calmement aux discussions sur les forums, cela n'engendre ni clics, ni achats. Mais quand je débarque avec mes gros sabots sur canard pc par exemples, c'est plus d'une trentaine commandes, plus de 500 euros de chiffres d'affaire. Ça c'est la réalité.
Cependant, le pari est celui-ci : je mise sur votre intelligence, votre capacité, justement, à dépasser les gesticulations de forum. Lorsque vous vous rendez sur mon blog gk, que vous regardez la vidéo de présentation du mag (voir la vidéo à la fin de l'article), que vous vous intéressez à l’opinion des lecteurs, vous voyez bien qu’il y a un fossé entre cette agitation et le processus rédactionnel. Seulement, on ne peut pas exister d'une autre manière. C'est le grand paradoxe. Et malheureusement, je ne peux ne pas agir différemment en raison de la charge financière que représente le magazine.
Pour résumer, je fais le magazine seul sur des licences jamais traitées (sous forme de hors série). La revue est originale, sérieuse, éthique, exigeante, transparente avec de l’exclu mondiale. Et je dois faire quoi ? Le spammeur pour stimuler les commandes. Et heureusement que ça marche. Sinon, je fermerais. Reste que tout ceci est absurde. Et c'est le système que vous dénoncez tout en l'entretenant (je parle à la majorité des joueurs et de la profession, me concernant une minorité de pro m'ont soutenu.
Conclusion
Voilà, le regard que je pouvais porter sur le sujet. Il y aurait d’autres choses à dire (le manque de curiosité du lectorat) sans oublier qu'il faudrait revenir sur la question du soupçon (le conflit d'intérêt n'est pas la collusion et la collusion n'est pas la corruption) mais le sujet ne sera pas traité en si peu de lignes.
Ps : si vous parcourez ce blog, vous verrez plusieurs critiques de lecteurs. Mais je n’avais encore jamais vu celle-ci, en réponse dans les commentaires d'une review :
Bonjour à tous. Je suis un fan inconditionnel de la saga Deus Ex (même si les deux derniers opus ne m'ont pas laissé le goût indélébile du premier) et joueur avide de JdR sur table.
Je suis tombé par hasard sur le Icare n°2 et que dire, sinon que ce magazine est tout simplement ingénieux. Je pense que les auteurs ont compris ce que certains attendent d'un jeu video : immersion, monde crédible, analyse critique, etc.
Le mag est très bien écrit, avec une vraie pointe philosophique. Tout pour me plaire.
C'est bien simple, actuellement en train de finaliser un système de jeu de rôle papier se déroulant dans l'univers de Deus Ex (pour jouer entre potes), j'ai eu la nette impression de lire dans Icare tout ce que je voulais voir dans mon jeu.
Pas étonnant donc que Icare se limite à des numéros "spéciaux" basés sur un jeu unique. Car le choix de Deus Ex implique en lui-même un numéro dense et complet. Un univers si riche ne pouvait se contenter de quelques pages seulement. Et je pense que les auteurs ont pris le bon parti.
Toujours est-il que grâce à eux, j'ai eu enfin la possibilité de m'évader dans l'univers de Deus Ex et d'accéder à une analyse très complète de cet univers magnifique.
De plus, grâce à Icare, l'écriture de mon JdR sur table a fait un bon en avant !
Merci à eux, joli travail... et qu'ils continuent à le faire sur papier si les moyens sont là... car ce numéro va désormais trôner dans mes étagère de JdR et autres magazines À NE JETER SOUS AUCUN PRÉTEXTE !
Voilà, je pense qu’un lecteur qui a ce genre de réactions permet de comprendre qu’il y a tout de même un système qui pousse à la radicalité. J’essaye de faire quelque chose d’intelligent mais pour attirer l'attention, l'intelligence ne fonctionne pas.
- sauvegarde et actualisation de l'article daté du 03/11/2012 et copié/collé de mon blog sur gamekult puisque la plateforme blog va fermer
Si le procès de la presse spécialisée est omniprésent, il serait dommage (pour la défense) de ne pas rappeler les manquements de son propre lectorat. Ainsi la forfaiture (présumée) du journalisme vidéo-ludique répond, sans aucun doute, à celle de ses lecteurs. Logique ? Absolument ! Paradoxal ? Évidemment !
Car, après tout, que souhaite le lectorat ? Une information de qualité, cela va sans dire. On n’a encore jamais entendu quelqu’un entonner l'air du « Moi ? Je veux de la merde ! ». Mais le lecteur oublie qu’il désire également lire l’information le plus rapidement possible. Et pour cause, la vitesse de publication lui donne l’illusion de la connaissance. Savoir quelque chose en premier, c’est déjà être plus informé que celui qui ne sait pas encore.
Malheureusement, l’impératif d’immédiateté ne répond pas à l’exigence de qualité. On ne citera plus ces news basées sur des informations approximatives, voire démenties quelques heures plus tard, et qui contreviennent à l’exigence de vérité (j’entends par là « vérité scientifique » et non « ontologique »). On pourrait sans doute rappeler comment certains forumeurs ont réussi à bidonner des informations pour les faire reprendre par des sites professionnels. Ou même s'étonner de voir que les sites s’ouvrent aux rumeurs en leur accordant la même place qu’à celle réservée aux informations, pourtant réputées factuelles. Qui, parmi vous, attend encore la Wii Hi-fi ?
Lorsque les lecteurs parlent de la chute de la presse papier (on y revient toujours), ils expliquent notamment sa déroute par son incapacité à concurrencer internet sur son coeur de métier : l'actualité (il y a aussi la gratuité). Ils abandonnent donc les magazines, ceux-ci ne répondant plus à leur besoin d’information. Car ce qui compte, ce n’est pas le traitement mais la disponibilité. Et forcément, son corollaire, l'immédiateté.
Plus globalement, quelle place laisse-t-on au questionnement, si nécessaire au traitement de l’information ? Car avant de livrer une actualité, il faut la vérifier. Et pour la vérifier, il faut la réfléchir. De sorte que plus la réflexion est courte, plus l’information est limitée. Mais quelle importance puisque les articles les plus lus sont ceux qui paraissent les premiers. Et que les sites qui font le travail de vérification pointent aux dernières places des classements (s'ils existent encore) ... De sorte qu'on pourrait presque ajouter un présent à la trinité saint augustienne. S'il y avait le présent du passé, le présent du présent et le présent du futur, il faudrait peut-être ajouter le présent de l'instant par opposition au présent de la durée.
En outre, les lecteurs veulent une information utile. Elle doit leur servir, alimenter leur centre d’intérêt. Seulement, l’utilitarisme entraîne une rédaction primaire, sans référence culturelle. Car la culture est un chemin détourné mais nécessaire. Ce peut être un simple rappel historique ou une démarche de contextualisation mais qui nécessite une réflexion dont il se moque éperdument. Par exemple, si vous lisez les sites de jeu vidéo, ceux-ci évoquent régulièrement des fuites sur le prix des consoles. Ces fuites proviennent souvent d’un tarif aperçu sur le site d’un distributeur (on se souvient du prix de la NGP soit disant divulguée par Pixmania). Mais savez-vous comment fonctionne le référencement dans la grande distribution ? Non. Et pourtant, il y a deux prix. Le premier correspond à une estimation totalement approximative, destiné à préparer la base de données. Il n’a pas vocation à être révélé au public. Sauf erreur de manipulation, c'est de la pure cuisine interne. En revanche, le second prix, lui, sera transmis par l’éditeur avant d'être rendu public.
Avec l'affaire du prix de la NGP, vous avez donc la caricature de ce qu'il y a de pire où le lecteur (comme le journaliste) n'a rien vérifié. Chacun s'abandonnant à sa pulsion. Les sites essayent ainsi de répondre à la soif d'informations du lectorat tout en la stimulant (on ne reviendra pas sur le modèle du clic, ni sur la concurrence qu'il entraîne). Et, de l'autre côté du spectre, le lectorat nourrit les sites tout en les stimulant. Le cercle vicieux est total.
En approfondissant, on pourrait longuement parler des raisons qui poussent les lecteurs à entretenir ce système. Ou à refuser de le changer. Personnellement, je défends l’éthique de la curiosité. « Ça ne m’intéresse pas » ne devrait jamais être une excuse. Et je pourrais sans doute faire le lien avec l’article consacré, dans le numéro Deus Ex, à la stratégie de l’isolement. Car se contenter de soi, de ses intérêts nous aliène toujours plus. Il faut accepter la stimulation, élargir ses horizons. A l’inverse, il ne s’agit pas non plus de s’abandonner à sa curiosité, de céder à ses pulsions. Lorsque celle-ci entretient un système aliénant, il faut la refuser.
Plus généralement, on peut se demander si l’information a pour fonction d'alimenter la névrose consumériste du lectorat. Y’a-t-il une nourriture pour l’esprit en dehors de tout utilitarisme ? Le fait que la plupart des tests répondent à des considérations mercantiles, que les lecteurs désirent des guides d’achat, n’a rien de satisfaisant. Parlera-t-on de ces forumeurs qui hurlent parce que la note n’est pas assez haute ? Ou trop basse ? Et qui n’attendent, en réalité, que la confirmation de leur vision ? Voire un déclenchement de leur pulsion d'achat ? Hé quoi ? Il faudrait en plus que le critique valide leurs fantasmes, en mode autopersuasion ? Enfin, évoquera-t-on la médiocrité de beaucoup de commentaires ? D'une majorité de blogs ? Pourtant, ce sont bien les joueurs et les lecteurs qui s'expriment.
Alors oui, pour éviter d’alimenter ces névroses, il faudrait certainement ne plus mettre de note. C’est pourquoi, il n'y en a pas dans Icare. Cela dit, soyons honnête, en arrêtant la notation, n’importe quel site majeur ferait faillite dans le mois. J’en prends le pari. Et pourtant, il le faudrait. Cela stérilise la critique. Tout comme l'espèce d'organisation débile où chaque secteur est passé en revue, en strates successives, depuis le scénar jusqu'aux graphismes.
Enfin, si on rencontre le lectorat sur internet, et que le jugement peut parfois être sévère, je dois bien reconnaître que les commentaires ne volent pas beaucoup plus bas que ceux des journalistes sur la page facebook consacrée aux professionnels du milieu (n'hésitez pas à vous inscrire, un blog suffit). Aussi quand je vous dis que la forfaiture des lecteurs répond à celles des journalistes (ou l’inverse), c’est peut être parce que ceux qui font la presse sont tout simplement d’anciens lecteurs ? (je ne fais volontairement pas de distinction, tout le monde sait qu'il y a des nuances).
Petite anecdote, je me souviens d’un confrère qui m’expliquait qu’il ne lisait pas le magazine parce que l’information était « froide » (chaud=actu, froid=périmé). Il était alors dans la position du lecteur. Et le magazine ne l’intéressait pas puisqu'il avait eu le malheur de sortir 8 mois après Human Revolution. Pourtant, la qualité de l’information était-elle moindre ? Non. Au contraire, sortir le magazine plus tôt aurait eu un effet négatif. Certes, je ne doute pas qu’il aurait mieux marché mais il n'aurait pas été de qualité. L'exemple est donc cruel. Et le journal, comme ses ventes, a fini au rayon surgelé.
En conclusion, comment un public qui recherche, majoritairement, des informations simples, utiles, immédiates et, disons-le, faciles, pourrait initier un journalisme de qualité ? Or cette problématique est au moins aussi importante que celle de l'éthique. Ne faut-il pas inviter le lectorat à bouleverser ses habitudes plutôt que de les conforter ? Évidemment oui. Car, après tout, la presse ne doit pas seulement s'affranchir des éditeurs mais aussi de ses lecteurs.
Malgré tout, à propos d’indépendance, il faut bien avouer que le lectorat a pris ses libertés. En effet, soit il ne nous lit plus (pour la presse papier), soit pas vraiment (pour les sites internet - il faut voir le temps passé sur une page ainsi que les habitudes de lecture -). Bref, le lecteur s'est envolé : pour la grande joie des éditeurs qui peuvent les tirer à vue. Quelque chose comme le balltrap du marketing !!
- sauvegarde de l'article daté du 23/11/2012 et copié/collé de mon blog sur gamekult puisque la plateforme blog va fermer.
Ps : la problématique du traitement ne date pas d’hier. Souvenez-vous :
Les principales solutions [au sexisme] sont l'identification du problème (ne pas faire l'autruche), l'intervention systématique en cas d'agressions caractérisées, témoigner du soutien aux femmes agressées, avoir des règles strictes dans les communautés (forums, etc.) et ne pas hésiter à utiliser les outils mis à disposition (signalement, etc.).
En effet, je suis étonné par un tel mélange des genres. Ainsi l’auteur semble oublier que la presse n’est ni un tribunal, ni un commissariat, ni une école. Son rôle consiste à informer dans les meilleures conditions. Ni plus, ni moins. Elle n'est pas sommée d’intervenir systématiquement en cas "d’agression caractérisée". Dans ce genre d'affaires, elle doit informer du caractère de l’agression lorsque celle-ci cadre avec la ligne éditoriale. Surtout, quel site de jv pourrait s'imposer une rubrique "faits divers" au nom de la lutte contre le sexisme ?
Enfin, j’aimerais rappeler l’emploi du conditionnel. Je ne voudrais pas qu'on oublie que les journalistes sont faillibles et les apparences, trompeuses. Quant à la pertinence d'inciter ses lecteurs au signalement, je reste dubitatif.
Plus généralement, le journalisme compassionnel n’a jamais été de grande qualité. C'est oublier que la réalité est complexe, qu'elle ne se confond pas forcément avec des cas particuliers, que le rôle du média n’a jamais été de "soutenir les victimes". Ainsi, le seul soutien me paraît venir de la justice (reconnaissance et réparation du préjudice), des associations, des proches et, bien sûr, de soi-même (la capacité à surmonter son épreuve). En outre, je rappelle encore une fois que la précaution est de rigueur en matière d’information. De même quant aux exemples choisis :
Dans cette optique, Gameblog, visé par le billet (comme la plupart des médias de jeux vidéo), a immédiatement réagi. Grégory Szriftgiser (RaHaN), l'un des fondateurs du site, a ainsi fait la judicieuse remarque via son compte Twitter : « 1e étape, donc : reconnaître qu'on fait partie du problème. »
Je trouve en effet la déclaration particulièrement hypocrite. Gameblog s'est toujours positionné dans le cadre d'un journalisme sensationnel : http://www.gameblog.fr/actualite/sexe-jeu-video/ Et ça peut se comprendre. Car la presse est une économie. Il y a des actionnaires, des investissements, souvent des impératifs de profitabilité. Le fait est que tout ce qui a trait au « sexe » fait cliquer, pour des raisons certes culturelles mais aussi biologiques (cf neuro-marketing et fonctionnement du cerveau). C'est donc un moyen pour la presse de gagner facilement de l'argent dans un contexte éminemment difficile.
Enfin, histoire de terminer sur une note un peu réaliste, voici ce qu’on pouvait trouver sur le site 5 jours après cette prise de conscience :
Malgré tout, et pour élargir le débat, y’a-t-il lieu de cacher les babes ? De ne pas en parler ? Le journalisme, c’est une vision, un traitement, une ligne. Il n’y a pas de sujets tabous par principe, ou alors c’est la négation du métier. Sans même parler de son plus grand risque : l'autocensure. Par ailleurs, je trouve étonnant le mépris affiché pour ces fameuses « babes » (rien que le terme). Voilà donc un excellent témoignage recueilli par jeuxvideo.com et qui apporte quelques nuances : http://www.jeuxvideo.com/reportages-videos-jeux/0000/00000000/les-babes-qui-sont-elles-vraiment-00108045.htm.
Enfin, quel est le problème, très exactement ? Est-ce la présence de modèles féminins, dégradant par nature ? Ou, au contraire, le peu d’esthétisme de la présentation qui tient plus de l’étalage que de l’élégance ? Et si les modèles tiennent du sexisme "patriarcal", faudrait-il boycotter le stylisme, les magazines (presse féminine et masculine), la photographie, la peinture (cf "nus artistiques"), les catalogues (que deviendrait La Redoute ?) jusqu'à la formule 1 ... Au-delà de cette problématique, la question sociale est plutôt bien résumée par le reportage de jv.com : payer ses études en faisant du mannequinat est-il moins gratifiant que de servir des frites au MacDonald ?
Je laisse la question en suspens, je ne prétends pas y répondre et je reprends les citations :
« Si les médias high-tech ne peuvent pousser les femmes à se rendre en masse sur leurs sites ou leurs magazines, ils peuvent au moins déjà s'attacher à ne pas les faire fuir et à ne pas les forcer à se cacher comme si elles étaient dans des zones de guerre. Plusieurs solutions pourraient être mises en place : »
Donc les femmes se sentent en milieu hostile dans le jeu vidéo ? Ce serait la guerre ? Bien. Mais comment se fait-il que le public ne cesse de se féminiser ? N’est-ce pas un signe positif ? Le marqueur d'une évolution ? On peut tout à fait voir le verre à moitié plein et considérer les explosions sexistes comme le signe d'une résistance devant une mutation profonde. Et conclure qu'il faut toujours un temps d'adaptation (y compris pour ces vendeurs qui tentent de vous refourguer Alexandra Lederman alors que vous êtes là pour acheter God of War).
Surtout, je doute très fortement que la bêtise de certains puisse décourager massivement les joueuses. Le milieu du jeu vidéo est si vaste, les communautés si nombreuses, les héroïnes si diverses qu'il y en a pour tous les goûts. Sans oublier la virtualité, l'éloignement des rapports : un commentaire sexiste ne reste qu'un commentaire. Il faut savoir se blinder. Nous vivons dans une société hostile, qui propose son lot d'environnements toxiques. Il suffit de voir les commentaires dans les forums ou sous les vidéos youtube : on ne pardonne rien. A personne. Femme ou non. Il faut donc une part de fatalisme et accepter la bêtise de certains comme un mal incurable. Également la fuir pour s'en préserver.
Mais passons aux solutions proposées :
Arrêter de relayer tous les contenus rabaissant de façon explicite les femmes, des publicités (photos) aux slogans douteux, en passant par les babes des salons et les jeux vidéo volontairement sexistes. Cela aura aussi pour impact de forcer les publicitaires, les organisateurs de salons et les éditeurs de jeux vidéo à revoir leurs politiques vis-à-vis des femmes, mais aussi des hommes. Cela leur fera ainsi peut-être prendre conscience que leur cible (les hommes généralement) ne pense pas qu'avec son sexe, et qu'elle a donc aussi un cerveau accessoirement.
Heureusement, c'est encore le rédacteur en chef et le lecteur qui décident. Le premier en fixant les principes de sa rédaction, le second en choisissant de lire ou d'arrêter.
Par ailleurs, l'économie est implacable. Les éditeurs ne reverront leur politique que lorsqu'ils feront face à une baisse des profits. Et puisqu'ils ne le font pas, c'est que le système actuel maximise leurs gains. Il faut bien comprendre qu'il n'y a pas de sexisme en économie (au contraire, les femmes sont des consommateurs comme les autres). La capitalisme, c'est la rationalisation de l'individu. L'homo economicus. Et, dans le cadre spécifique du jeu vidéo, j'ajouterai que les femmes jouent à tout, qu'elles consomment des jeux gamers comme d'autres plus ciblés. Il n'y a donc pas lieu de bouleverser les codes puisque l'offre satisfait la demande. En fait, seuls la proportion, l'âge et le milieu social varient. Ainsi les femmes comme les hommes sont divisés en une multitude de cibles auxquels on vend tout ce qu'on peut. Et si les solutions féministes permettaient de gagner plus d'argent, nul doute que les éditeurs s'en seraient déjà emparés. Car ils éditent pour faire des profits. Et ce depuis 40 ans. Dans un département marketing, ce sont les chiffres qui décident : que ce soit une femme ou un homme à sa tête. Je crois que ça répond à la question de savoir si l'offre fait la demande ou l'inverse.
Enfin, il y a une proposition plus commune :
Avoir une modération des commentaires plus dure sur tout ce qui porte aux insultes sexistes (contre les femmes, contre les homosexuels, etc.), même quand ces insultes peuvent paraître anodines et ne suscitent aucune réaction. Le but ici est de lutter contre une banalisation des commentaires.
Deux cas de figure : soit ces commentaires sont insultants alors il est normal de les supprimer (l’injure relève du délit ou de la contravention). Soit ces commentaires ne le sont pas et ils ont toutes leur place dans le cadre de la loi. La presse n’a pas à choisir les bonnes et les mauvaises idées, opérer la promotion de certaines et la censure d'autres. Elle doit respecter la législation, certainement pas l'outrepasser.
En conclusion (et je passe sur d'autres points plus que discutables de l'édito de pc inpact, comme le propos pas vraiment assumé sur la discrimination positive), oui il y a besoin d'une prise de conscience (et l'article de Mar Lard est intéressant sur ce point). Comme il y a besoin de pédagogie pour tenter de résoudre des problèmes bien réels (par le dialogue et non la censure). Il y a aussi besoin d'informer sur la réalité de la problématique sans tomber dans la collection de faits divers et les comparaisons douteuses. Il y a encore besoin de trouver d'autres sources de financement pour la presse (le modèle du clic est un cancer). Enfin, il y a besoin de sanctions. La sanction sert d'exemple. Et ce n'est pas à la presse d'y procéder. C'est aux organisateurs (lorsqu'il y a des débordements dans les salons) et à la justice (lorsqu'il y a des agressions). Au-delà, on ne va pas surveiller chaque joueur pour savoir s'il sort des horreurs ni chaque journaliste pour vérifier s'il éduque correctement. Surtout, on ne va pas rentrer dans cette insupportable concurrence victimaire qui voudrait qu'on oppose les hommes aux femmes.
Cela dit, et quoiqu'il advienne, aucune solution (si solution il y a) ne devra entraver ni la liberté d'expression, ni la liberté de la presse. Même dans un secteur aussi déconsidéré.
- sauvegarde de l'article daté du 25/03/2013 et copié/collé de mon blog sur gamekult puisque la plateforme blog va fermer.
Dans le numéro Spec Ops, j'ai écrit un long papier pour expliquer la relation étroite entre Spec Ops : The Line, Apocalypse Now, le psychédélique et les années 60. A cette occasion je citais un monologue, celui du colonel Kurtz interprété par Marlon Brando.
Pour m'amuser et marquer le coup avant de faire le bilan de la publication, je suis allé enregistrer ce monologue avec The End des Doors en fond sonore. Bonne écoute !
Gamekult a récemment publié un billet d’humeur qui dénonce le rôle des médias dans le manque de visibilité des développeurs :
Oubliés par son public et ses médias, les créateurs devraient pourtant avoir droit à une reconnaissance équivalente à celle des univers et des personnages qu'ils ont inventés ou sublimés
Que les médias ne mettent pas suffisamment en lumière les acteurs du milieu, soit. Tout est affaire de curseur, d’appréciation. Néanmoins, je voudrais signaler le rôle de la presse spécialisée dans la reconnaissance desdits acteurs. Le magazine Games a basé une partie de sa ligne éditoriale sur l’interview. Jeux Vidéo Magazine organise depuis plus d’un an des master class avec l’intervention de créateurs majeurs. Pix’n Love a publié un nombre conséquent de biographies, d’autobiographies. L’éditeur Geeks Line propose celle de Yu Suzuki. Feu le magazine IG consacrait des pans entiers de son mook à des entretiens. Mentionnons également l'ancien podcast Late Late Boudoir Gambetta. Au-delà, la plupart des sites proposent des interviews, longues ou courtes, avec des angles précis : http://joypad.fr/interview-dun-producteur-de-jeux-les-minorites-dans-le-jeu-video-un-probleme/
Pour ma part, en 3 numéros, j’ai mis en avant Xavier Thomas, Gary Jamroz, Alessandro Taini, Mathias Wiese, Sheldon Pacotti, Jordy Rodriguez, Emmanuel Gorin, André vu et d’autres encore.
Bref, accuser les médias de ne pas mettre en avant les développeurs revient à ignorer le travail de la presse spécialisée. Au lieu d’encourager ce mouvement de fond (on a jamais autant entendu parler des développeurs), l'argumentaire sans intérêt préfère le passer sous silence. Bref, il m’apparaît que l'auteur de ce billet d'humeur ne lit pas ses confrères. Ce qui me permet de rebondir sur un point. Il manque à la presse jeu vidéo le respect d’elle-même, c’est-à-dire le goût de ce qu'elle fait de bien autant que la dénonciation des impostures. Il est anormal, par exemple, de ne pas trouver de compte-rendus des master class de Jeux Vidéo Magazine sur d'autres sites. Comme il est anormal de ne jamais trouver de revues de presse alors que des journalistes publient des articles méritoires.
En vérité, l’émulation et le respect du travail bien fait devraient supplanter les petits calculs éditoriaux. Pourquoi ne pas consacrer un peu d’espace pour faire circuler les bons papiers, critiquer les mauvais, dans un format libre ? Il faut du relief, du débat, de la contradiction, de la solidarité. Comme il faut reconnaître le travail de la presse, de l'édition, et le mettre en lumière. C’est dans cette optique que j’ai essayé de me montrer le plus confraternel possible. J’ai mis en avant Pix’n Love, Games History, SANQUA (très grosse injustice d’avoir vu ce magazine laissé dans l’anonymat par la presse spé), Benjamin Berget. Mes éditos citent toujours des confrères soit parce qu'ils m'ont inspiré, stimulé, soit pour saluer leur arrivée. De même, je participe à l'OMGB parce que Gameblog incarne un modèle terrifiant. Réciproquement, le magazine continue d'exister grâce à la solidarité de confrères (de joueurs, de développeurs également, même du plus grand MJ depuis Michael Jackson). En vérité, je dois beaucoup, à beaucoup de gens, sans doute autant qu'au principe de ne rien lâcher. A ce propos, j'aimerais évoquer Jeuxvideo.com (actuellement dans l'oeil du cyclone) parce qu'il faut reconnaître qu'il m'a sauvé la mise. Ne serait-ce que le numéro Spec Ops... Il faut voir la manière dont le site a pu me soutenir ou rebondir sur des sujets introduits dans le mag, le tout avec pas moins de 6 news/billets/papiers : 1, 2, 3, 4, 5, 6 Merci à eux. Merci à Kaaraj.
Hemingway reprenait un vers du poète anglais John Donne en ouverture de son roman « Pour qui sonne le glas » dont il lui empruntait, d'ailleurs, son titre : "Aucun homme n'est une île". Aucun site ni aucune revue non plus. Sans confraternité, il n’y a pas de salut, peu importe les succès isolés. Les médias ont besoin des médias pour exister. Voilà qui force à constater que la presse jeu vidéo meure en partie de ses égoïsmes, de ses vanités, de sa vision court-termiste. Il ne faudra pas qu'elle s'étonne : "n’envoie jamais demander pour qui sonne le glas : il sonne pour toi."
ps: au passage, je vous conseille de regarder la conférence ci-dessous qui montre une presse ciné à la recherche de nouveaux modèles. L'autre point intéressant porte sur la question de l'évolution de la critique qui n'a pas l'air de frapper le petit monde de la presse jv. Pourquoi se satisfaire de tests scolaires structurés sur la base de scénario/technique/gameplay ?
ps2 : j'ai sorti récemment le test de Call of Juarez : Gunslinger sur Tipeee : https://www.tipeee.com/projects/icare/news/14475 La longue itw du producteur associé suivra dans quelques jours. N'hésitez pas à vous abonner/tiper. Pour le coup, ça va me permettre de faire pas mal de choses.
Kaaraj, le journaliste, utilise l'expression de "couverture chrétienne" et j'ai vu que certains avaient pu s'en étonner. Je précise néanmoins qu'il s'agit bien d'une couverture chrétienne : à la fois pour la représentation de la vierge Marie, pour son message de miséricorde mais aussi parce que c'était mon intention de faire passer un message religieux explicite.
Pour l'anecdote, je me suis intéressé à ce jeu pour différentes raisons, notamment son traitement de l'héroïsme (puis il était pas cher ). En tout cas, c'est un jeu que je conseille.
Pour le reste, je publierai bientôt une longue interview du producteur associé. Vous aurez l'occasion de découvrir les difficultés rencontrées par l'équipe, les choix qui se sont imposés et surtout d'apprendre pas mal de choses sur le fonctionnement entre Ubisoft et le studio polonais Techland.