Si vous en avez ras la cafetière du tsunami de super-héros, de beaux gosses aux déguisement multicolores qui se tapent sur la gueule et aux réponses que se filent Marvel et DC depuis dix ans maintenant, je ne saurais que trop vous conseiller Spawn. Aujourd'hui plus que jamais, le comics américain a besoin de faire savoir qu'il existe bien d'autres choses que Batman et ses atermoiements d'orphelin milliardaire ou les rivalités de pseudo mâle alpha de Captain America et Iron Man qui jouent sans arrêt à qui qui c'est qui a la plus grande. Dans cette époque où tout ce qui n'est pas rattaché de près ou de loin à Spiderman et ses potes ou à l'autre con qui a son slip rouge par dessus son pantalon semble voué à l'échec commercial, Spawn fait office de véritable bouffé d'air frais. Quand bien même le bonhomme traine ses guêtres dans le milieux depuis 1992.
Au départ, la création de la maison d'édition Image Comics n'était qu'une tentative de se sortir des pressions liberticides que commençait à opérer de plus en plus Marvel sur certains de ses créateurs vedettes. De son propre aveux, Todd McFarlane, celui à qui ont doit Spawn n'avait pas grand chose de préétabli en lançant son héros démoniaque. Mais très vite, il fait appel à quatre scénaristes de renom. Alan Moore (à qui l'ont doit la création du désormais célèbre Violator, il a créé le très subversif V for Vendetta et le très innovant Watchmen dans le genre super-héros avant de se fâcher avec DC pour rejoindre des éditeurs indépendants), Neil Gaiman (de nombreuses œuvres remarquables comme Sandman mais aussi American Gods, dont une série est actuellement en train de faire le buzz sur le service de VOD de Amazon), le très critique envers l'industrie du comics des années 80 Dave Sim et enfin la légende Frank Miller à qui l'ont doit quelques une des plus intéressantes et ténébreuses aventures de Batman dans The Dark Knight. Brutal, noir, doté d'une galerie de personnage parfois aussi classes qu'horribles et détestables, Spawn donne une grosse gifle dans le milieux des comics américains encore trop gentillets et qui hormis quelques parutions manque encore d'abrasif. Le succès ne se fait pas prier pour rendre visite à McFarlane qui, ambitieux, désire très vite porter son héros bien au-delà des sphères du comics. Entreprenant, il va lui-même de l'avant pour mettre sur pied un projet de film Spawn (qui aboutira en 1997 sur un film raté), une série animée est même dans les cartons, et dans ce grand chambardement, le jeu vidéo n'est évidemment pas épargné
Pour être franc, j'adore Spawn mais je ne connais pas son univers par cœur. Je me suis toujours dit qu'un jour viendrait le moment où je m'offrirais l'intégrale de ses meilleures aventures. Mais il y a toujours quelques choses de nouveau qui sort, ou qui est réédité. J'ai déjà fort à faire avec les comics de Batman et X-Men qui paraissent régulièrement, les collections complètes de manga (parfois par lot de presque cent bouquins ! ) et autres jeux vidéo que finalement, Spawn reste un héros que j'adore, mais que j'ignore.
Si bien qu'au début, j'ai cru que le scénario était profondément con avant que notre cher Spawnini ne m'explique quelque subtilité de la personnalité de Spawn, ainsi que de son vécu. Voyez plutôt : Cyan, ainsi qu'une bande d'enfants ont été kidnappés par Overkill, à la solde de l'armée des ténèbres, certainement pour obliger Spawn à rejoindre la cause des démons et à servir son maître Malebolgia. Ce même Malebolgia qui auparavant lui a offert ses pouvoirs démoniaques au moment de sa mort en échange de son âme, et de cinq années de sa vie. Cinq années pendant lesquelles son entourage vont le croire mort et enterré. Sa femme changeant de vie, ses supérieurs qu'on soupçonnent être la cause de son assassinat (une opération clandestine de la CIA qui a mal tournée) ont tôt fait de boucler le dossier classé ''Al Simmons'' … Au départ, si on ne sait rien de Spawn, on se dit que c'est quand même vachement débile d'envoyer un tel personnage, doué de pouvoirs un brin cheaté (immortel, capable de créer des dimensions parallèles, à la force physique de soulever l'équivalent d'un building tout entier...) pour simplement sauver un paquet de mioches. Genre quoi, ce pignouf de Daredevil était pas disponible dans les parages ? Spawn, c'est un démon, un démon surpuissant même, il défie les armées démoniaques au grand complet et botte même le cul des anges ! Mais quand on sait que le-dit Spawn est émotionnellement encore très attaché à son ex-femme malgré son état de démon (ce qui en fait un héros tourmenté, au caractère bien plus profond et travaillé que la plupart des héros de comics d'époque, d'où son succès et son originalité), et que Cyan est la petite fille de son ex-femme qu'elle a eu après s'être remarié... oué, c'est un sacré bordel, mais de ce fait, ça lui donne une occasion, à notre vaillant démon en cape rouge d'aller tataner du cul de criminel pour récupérer celle qu'il considère pour ainsi dire comme sa propre enfant.
Et puis on se dit que dans le fond, ça n'a pas grande importance, Spawn sur Super Nintendo est un jeu d'action, et on est en 1995 sur 16-bits, alors l'histoire importe peu. Même si l'époque commence à faire mentir cet adage de plus en plus. Concentrons-nous sur le jeu. Le premier niveau débute sur les toits gris et ternes d'un New-York battu par la pluie et chassé par le halo lumineux de la torche d'un hélicoptère, probablement à la traque de Spawn. Spawn est là, impérial, sa cape couleur de sang planant majestueusement derrière lui, ses biceps et ses pectoraux massifs se gonflant à mesure que le démon prend de profonde inspiration. On sent la bête au fond de lui, sa puissance hors du commun ne demande qu'à exploser. Cela tombe bien, on voit débouler de la droite de l'écran un trio de lourdauds à l'allure peu commode. Des punks, comme en ont fait coutume les illustres aïeuls Double Dragon et Streets of Rage. On va pouvoir casser des dents et utiliser nos super-pouvoirs démoniaques sur eux ! Attention, ils approchent, on se tient prêt. Ils bondissent, et... ils tombent. Oué, ils tombent comme des merde dans le trou juste en face de nous, le trou qui sépare les deux bâtiments de ce quartier malfamé de New-York.
Bah, une maladresse de l'IA, sans doute, ils ont l'air con mais qu'importe, voyons voir si d'autres arrivent. Et c'est le cas, un nouveau trio d'individus armés de couteaux pénètre dans le tableau et rebelote, ils se jettent comme de véritable flan sur patte dans le vide. C'est un détail, mais commencer les premières secondes du premier niveau d'un jeu comme ça, ça peut être déterminant...
Le personnage est lent. Spawn est une brouette surchargée. Heureusement, son animation est de qualité et les nombreux coups dont il est capable sont bien rendus. Car oui, Spawn est un véritable artiste martial. Coup de pied lunaire (un peu comme le Flash Kick de Guile dans Street Fighter II), balayette, uppercut (là encore rappelant Street Fighter II et le Shoryuken de Ryu), mais aussi boule d'énergie à la Dragon Ball, vague d'énergie et même possibilité d'étourdir ses ennemis ! Spawn dispose d'une palette de coup vaste, du plus simple coup de poing (un faible et un fort, idem pour les coups de pied) à l'explosion d'énergie démoniaque semblable à une smartbomb dans les shmup pour éradiquer toute présence ennemie à l'écran sans s'embêter.
Le seul soucis, c'est que ça ne sert pas à grand chose pour deux raisons : les techniques les plus simples à exécuter vont devenir vos coups de prédilection car de toute façon, ça fonctionne déjà très bien sur la majorité des ennemis du jeu. Il n'y a guère que contre les boss qu'on tentera les super attaques. Et aussi parce que c'est parfois pas évident à sortir, toutes ces techniques ! Le personnage répond un peu mal aux commandes qu'on lui envoi, et encore une fois, il est lent. C'est déjà pas si simple de jongler avec toutes les techniques d'art-martiaux d'un combattant dans un jeu de combat un contre un, mais dans un beat them all où on se retrouve régulièrement avec deux loubards devant, et deux loubards derrière (dont un armé d'un fusil, pour bien vous casser les noix à distance), ça devient vite ingérable. On se contente alors de spammer grossièrement la touche des coups de pied forts afin d'élimer un peu le contingent adverse. Et seulement ensuite, quand il ne reste plus qu'un clampin au fond de la ruelle, on peut essayer de sortir un Kaméhaméha démoniaque ou un coup de chaine magique.
Heureusement, Spawn est increvable ou presque. Il a une barre de vie relativement bonne, mais ses adversaires, pour la plupart ne lui font pas plus mal qu'une mouche qui frôlerait le cul d'une vache en Normandie. C'est qu'il vous faudra au moins ça pour affronter les boss, car eux, sont coriaces. P'tet un peu trop même, en plus de donner lieux à des affrontements souvent bas du front. Contre Overkill par exemple, le schéma est identique du début à la fin, son pattern est idiot de simplicité. On se protège derrière Agonie, la cape démoniaque de Spawn lorsque Overkill nous fonce dessus tel un bélier. Puis on donne un coup, un seul, car de toute façon si on tente de lui assener un enchainement on se fait punir immédiatement car après chaque coup, le boss clignote et est durant ce laps de temps invulnérable. Et ça continue, jusqu'à temps qu'on lui ai grignoté toute sa barre de vie. Ouép, c'est relou.
Un autre boss, prenant la forme d'une flamme géante qui nous vomit mollement mais inlassablement des boules de feu à la tronche est tout aussi apathique. La technique : éteindre en les frappant les quatre braseros situés dans les coins de l'arène pour lui causer des dégâts. Vers la fin du combat, le boss aura tendance à accélérer le mouvement, sûrement pris de panique à la vue de sa jauge de vie qui fond irrésistiblement, et vous enverra des boules de feu de façon un peu plus agressive. Mais sans plus. Violator n'est pas non plus un grand combattant, il vous suffit de le cogner, de garder un peu vos distances et de se protéger au bon moment car le moindre de ses coups occasionne de gros dégâts.
Seul le légendaire alter égo angélique de Spawn, nommé Redeemer, vous demandera de réfléchir un peu plus que trois secondes sur la façon de le vaincre. Entre esquive, saut pour se sauver du rayon laser destructeur du boss, coups normaux et attaques à distance, car il est très mobile contrairement aux autres, Redeemer représente un vrai challenge autrement que par ses coups abusivement douloureux pour cacher une IA complètement débile.
Les jeux d'action et de plate-forme aimaient, déjà dans les années 90, faire varier les plaisirs histoire d'éviter de lasser le joueur trop vite. Jurassic Park nous proposait quelques courts passages d'exploration en vue FPS, Tintin et le Temple du Soleil lui, avait opté pour une séquence de pilotage où il n'était guère aisé d'esquiver les chauffards qui nous arrivait de face. Super Star Wars, évidemment, nous servait son superbe niveau de shoot them up spatial bluffant d'immersion. Même des J-RPG comme Chrono Trigger avait leur séquence de course en moto futuriste. C'est ce que Spawn tente de faire mais étant donné la lourdeur du personnage et la relative mal-aisance qu'on éprouve pad en main, on ne peut s'empêcher de déplorer que le jeu d'Acclaim a le cul entre deux chaise. Hybride, prenant le plus mauvais des jeux de plate-forme pour l'associer à... pas tout à fait ce qu'il y a de mieux dans le beat them all, Spawn finit par ne rien faire de bien ou presque. Cette séquence de plate-forme où il faut rebondir entre deux murs afin de grimper au sommet d'un immeuble pendant qu'un groupe de mercenaire nous tire dessus au fusil à lunette est une des pires que j'ai jamais vu dans ce genre de jeu. Déjà que Spawn est lourd (encore une fois), si en plus les ennemis ne nous lâchent pas d'une semelle et nous balance trente boulette à la minute, de quoi nous déséquilibrer et nous faire chuter tooooout en bas de l'édifice à gravir... vous imaginez le calvaire que cela peut donner. Et pourtant, l'épreuve n'est pas très longue, il n'y a que quelques plate-formes, tout au plus, à escalader. Mais rien n'y fait, ce n'est pas évident du tout car c'est mal branlé. C'est comme essayer de remplir un niveau de Mario Sunshine aux commandes d'un bulldozer. Spawn aurait put se contenter de n'être qu'un beat them all, après tout, y insérer de force quelques passages de plate-forme aussi frustrants ne fait que le desservir.
Spawn n'a clairement pas les capacités (ou en tout cas les développeurs ne lui ont pas donné ce qu'il faut) pour se l'a jouer Ryu Hayabusa entre les murs ou par delà une série de plate-forme. Heureusement, ces passages sont autant rares qu'ils sont incroyablement énervants. Et même avec sa large palette de technique, le jeu n'est finalement qu'un beat them all qui devient assez ennuyeux car les ennemis n'offrent que peu de résistance, les boss frappent comme des idiots sans s'arrêter, et rien d'autre n'est fait pour nous soutirer une expression de surprise. Heureusement, le Spawn est fichtrement cool. Son animation est détaillée et le nombre de coup disponible donne lieux à des poses et un semblant de chorégraphie digne de la prestance du bonhomme.
Cerise sur le gâteau, c'est fluide et quelques effets spéciaux accompagnent le tout (distorsion, transparence, notamment lorsque Spawn utilise sa super explosion d'énergie démoniaque). On regrettera néanmoins que le soin apporté aux animations du héros ne soit pas le même pour les ennemis. Ceux de base sont mollassonnes et les boss ne semblent fonctionner que sur deux frames malgré la taille de leur sprite honorable. Certains décors comme l'enfer peuvent éventuellement être intéressant, mais la majorité du jeu se déroule dans des endroits urbains assez ternes. Le choix des couleurs est même carrément hasardeux, pour ne pas dire pire, dans certain niveau (les murs roses fluo dans l'asile de Bedlam, vraiment ? ). On notera pour finir de jolie plans narratifs façon pages de comics, généreuses, montrant parfois les boss et démons en entier et nous faisant profiter au mieux du design de caractère dont dispose l’œuvre de Todd McFarlane.
Spawn est un jeu honnête, surtout pour une adaptation. Quand on regarde ailleurs, on se dit qu'on a évité le pire et qu'on ferait mieux de s'estimer heureux. Il a diverses bonnes idées, comme cette éventail de coups qui offre variété, allure au personnage et challenge pour ceux qui adorent triturer leur manette. Mais à chaque idée vient s'opposer un problème directement inhérent à l'idée précitée. Spawn est capable de prouesse d'art-martiaux, certes, mais sortir une combinaison de coup comme dans un Street Fighter II, alors qu'on est confronté à trois types qui vous cognent devant et derrière, c'est pas simple. On perd patience, et on préfère rester sur les fondamentaux : gros coup de latte dans la gueule, simple, efficace. Ajoutez à cela la lourdeur de Spawn qui rend les rares phases de plate-forme - censées nous donner un bol d'air frais entre deux castagnes - injouables. La maniabilité offre donc un bilan mitigée. Les graphismes rattrapent le tout même si un peu plus de finition était largement possible, surtout en 1995 où la Super Nintendo continue d'aligner les véritables œuvres d'art visuelles. Hormis cela, Spawn reste un jeu tiède en terme de sensation et d'amusement, dommage quand on sait qu'on incarne un personnage haut en couleur ultra charismatique. Oui, Spawn est un peu ennuyeux, il reprend même la traditionnelle séquence d'ascenseur chère aux beat them all mais en version bigrement mou du cul.
Bref, un jeu pas si infâme que ça, loin de là, mais tout de même à cent kilomètres des ténors du genre.
Dommage que Spawn n'ait jamais briller dans ses adaptations en film et JV ... j’espère qu'un jour on pourra dire le contraire anakaris super test sinon comme d'hab
gantzeur j'ai grand espoir pour le nouveau film Spawn en préparation, l'auteur a l'air diablement motivé depuis des années pour faire un film pas trop dégueux. Et au moins, d'après ses interview, il a l'air de respecter son propre personnage et veut en faire un film sombre, violent avec une vrai ambiance dark. Ça promet
spawninidarksly eh oué il était chiant, je tabassais les mob sans vraiment aucune difficulté, les boss sont con au possible même s'ils frappent archi fort comme des putain de cheateur, hormis ça tu prie juste pour pas te retaper une phase de plate-forme pourri tout au long du jeu mais sinon y'a rien, c'est emmerdant, je préfère mille fois le punch et l'ambiance d'un Street of Rage
spawnini remboursé la merguez !
anakaris ça fait plaisir ce test, vivement le Test de l'épisode sortie sur Ps1
T as eut du courage pour aller jusqu'au bout
Et tac dans ta face
Merci pour a découverte.