Tout démarrera dans un futur proche, en mars 2006 à l'ambassade américaine du Timor oriental, où le dénommé Suhadi Sadono, nouveau Che Guevara des temps modernes, décidera de mener sa première action contre le grand impérialisme. Naturellement, c'est bel et bien le plus poseur des agents du réseau Echelon 3 qui sera envoyé sur place pour débloquer la situation à grands renforts de night googles et de gadgets dernier cri. Ces événements serviront alors de prologue à un nouveau complot politico-bactériologique que le père Fisher devra absolument déjouer pour préserver la sécurité nationale et qui ne manqueront pas de le mener aux quatre coins du globe. Rien que ça. Ainsi, outre ses pérégrinations dans la moiteur indonésienne, Sam devra traquer du mercenaire dans les bas-fonds parisiens, espionner du conspirateur dans le Paris-Nice lancé à pleine vitesse au cœur de l'Hexagone, tromper la vigilance des policiers israéliens dans les sombres ruelles de Jérusalem, pour terminer en apothéose par une chasse aux terroristes en plein aéroport de Los Angeles. Vive les indemnités de déplacement.
Pandora Tomorrow never dies...
Trêve de palabres et entrons dans le vif du sujet. Techniquement, ce nouvel épisode ne souffre aucune attaque directe, un peu comme si vous vous acharniez avec vos petits poings fragiles sur les abdos de Sam Fisher. Les décors sont magnifiques (même si on passe beaucoup de temps en vision nocturne ou thermique), les animations des protagonistes sont nombreuses et détaillées (mention spéciale pour celles du personnage principal, évidemment), l'ambiance sonore est excellente et favorise à merveille l'immersion, que dis-je, l'infiltration au sein même du jeu (casque stéréo vissé sur les oreilles quasi-obligatoire pour en profiter un maximum), bref Ubi Soft ne s'est pas moqué de nous, loin s'en faut. Ajoutez à tout cela une intelligence artificielle de bonne facture (mais pas parfaite, loin de là) et un frame-rate constant (excepté lorsque vous pataugez un peu trop dans la flotte), et vous tutoyez alors le nirvana de la réalisation. Chapeau bas.
Quoi de neuf Fisher ?
Les joueurs aguerris du premier volet retrouveront rapidement leurs marques mais auront également le plaisir, tout comme les bleusailles, de découvrir quelques nouvelles subtilités de gameplay particulièrement utiles. De nouveaux mouvements d'abord, comme le Swat Turn pour passer furtivement une ouverture sans être repéré, la possibilité de balancer des grenades en étant plaqué à un mur ou encore la classe de se suspendre par les pieds et de viser un adversaire dans le plus pur style roi de la jungle. Autre nouveauté, notre agent spécial peut désormais siffler pour attirer ses victimes dans l'ombre afin de les neutraliser dans les règles de l'art. Côté gadgets, citons l'apparition de nouvelles grenades et d'une visée laser pour marquer d'un point rouge le front d'un ennemi qui est déjà mort mais qui ne le sait pas encore. D'autres petites subtilités sont également apparues mais nous vous laissons naturellement le soin de les découvrir par vous-même. Concernant les mécaniques de jeu, rien n'a foncièrement changé, la discrétion sera toujours de mise dans la majorité des missions, avec obligation de rester dans les ténèbres pour ne pas vous faire repérer, tandis que d'autres vous placeront en situation de Cinquième Liberté, dans lesquelles vous pourrez enfin donner toute la mesure de l'armement high-tech en votre possession en balançant du headshot à tout va. A noter quelques moments extrêmement forts, comme la traque d'un agent double dans un train, la filature de Sadono dans un camp d'entraînement en pleine jungle, ou la chasse aux terroristes en plein aéroport de Los Angeles. Inoubliables. Terminons enfin ce chapitre des nouveautés par le fantastique mode multijoueur férocement novateur qui justifie presque à lui seul l'achat du jeu pour tous les amateurs de joutes en LAN ou par le biais du Xbox Live. 2 cyber-ninjas maîtres de la furtivité devront infiltrer des complexes et remplir moult objectifs, tandis que 2 mercenaires suréquipés devront les en empêcher. Il faudrait presque consacrer un test entier à ce mode tellement il s'avère réussi, mais la place nous fait défaut ici. Un simple avis : l'essayer, c'est l'adopter, même si l'assimilation de toutes les subtilités requiert un temps d'adaptation. Soit encore une excuse pour y jouer toujours plus tard dans la nuit...
Fisher, qu'est ce que vous foutez, la mission est terminée !
Malheureusement, tout n'est pas aussi parfait dans le meilleur des mondes. D'abord, les missions ont gardé cet aspect terriblement linéaire si caractéristique du premier opus. Il n'y a la plupart du temps qu'un seul passage viable pour réussir vos objectifs, à de trop rares exceptions près. Ensuite, la nature même du gameplay de Splinter Cell a toujours quelque chose de terriblement frustrant dans la mesure où vous devez souvent perdre et recommencer pour déceler les pièges et réussir à traverser certains passages. Enfin, la durée de vie et la replay value en solo sont assez limitées, de l'ordre d'une douzaine d'heures pour la première si vous n'avez pas rangé le jeu d'exaspération après vos déconvenues sur un passage trop corsé, et quasi-nulle pour la seconde (une seule mission dispose d'une fin légèrement différente en fonction de votre décision, à vous de trouver laquelle !). Bref, malgré les nouveaux environnements et les nouvelles possibilités de gameplay, le joueur aguerri risque de plier le jeu en une après-midi tandis que le néophyte, découragé, rangera le jeu dans un tiroir après 456 Game Over consécutifs. Frustrant. Terminons enfin le chapitre des griefs avec la relative inutilité de certains gadgets, parce qu'après tout, l'infiltration à la grenade, ça va bien 5 minutes pour rire mais pas plus. Ces remarques peuvent paraître sévères, mais qui aime bien châtie bien, c'est un axiome inébranlable. Et puis il faut bien pousser les développeurs à faire encore mieux la prochaine fois, surtout lorsqu'on connaît leur potentiel.
9/10