Après avoir excellé pendant de longues années dans le domaine du jeu de plates-formes avec les premiers Spyro sur PS One, puis la série Ratchet & Clank sur PlayStation 2, les développeurs de Insomniac Games s'attaquent désormais à la PlayStation 3, dans un genre bien lointain de la plate-forme, à savoir le First Person Shooter. Resistance : Fall of Man est sous les projecteurs. Saura-t-il justifier l'achat de la console de Sony dès son lancement ?
Dans
Resistance : Fall of Man, le joueur incarne Nathan Hale, un soldat américain fraîchement débarqué sur le sol britannique pour contrer la menace chimérienne. Les Chimères, ce sont des créatures extra-terrestres qui ont déjà envahi toute la Russie, l'Asie et la majeure partie de l'Europe, rien que ça. L'Angleterre est le dernier point stratégique de leur offensive, et notre héros, accompagné de nombreux soldats, est prêt à tout pour défier ces satanées bestioles. Pire encore, les Chimères sont en fait des humains qui ont été contaminés, parasités en réalité, avant d'être transformés en soldat de guerre par des machines futuristes tout droit sorties de Matrix. En parlant de références, l'action de
Resistance : Fall of Man se situe dans les années 1950, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. En d'autres termes, on découvre au début du jeu des décors de l'Angleterre du milieu du XXe siècle, assez proches de ceux de
Call of Duty finalement, mais avec l'originalité d'avoir des monstres extra-terrestres comme ennemis au lieu de soldats de l'Axe. Très rapidement, Nathan Hale se retrouvera au cœur du complexe de développement chimérien, et le champ de bataille passera donc des ruelles anglaises assez pâles à des bâtiments high-tech futuristes des Chimères, beaucoup plus sombres.
Goûtez à mon arsenal de guerre, Chimères !
Resistance : Fall of Man ne regorge pas d'innovations, que ce soit dans son gameplay ou sur le plan technique : il se contente de reprendre ce qu'il y a de meilleur dans de nombreux jeux du genre pour en faire un savant mélange. Au niveau des commandes, Nathan peut sauter avec la croix, s'accroupir avec L2, zoomer avec R3, lancer des grenades avec la touche rond, tirer avec R1 pour le tir normal et L1 pour le tir secondaire, mettre un coup de crosse avec carré et se diriger avec les deux sticks analogiques ou avec le duo clavier/souris branché en USB pour ceux qui préfèrent. De plus, le jeu propose une petite utilisation des fonctionnalités du Sixaxis, puisqu'il faudra secouer la manette lorsque certains ennemis viendront s'agripper à Nathan, ou encore lorsque ce dernier sera attaqué par des flammes. Bref, rien de très spécial concernant les commandes ; c'est du classique, mais c'est hautement efficace. Concernant les armes,
Insomniac Games a opté pour la possibilité d'en porter autant qu'on le souhaite, renvoyant le réalisme aux vestiaires. Nathan pourra donc se balader à travers les niveaux avec une dizaine de fusils et autres jouets avec lui, pour des fusillades d'anthologie face à des hordes d'ennemis très nombreux. Au menu des armes, on a, pour ne citer qu'eux, le fusil mitrailleur classique, mais aussi le nettoyeur, son équivalent chimérien (qui a la caractéristique de pouvoir coller un capteur sur une cible pour que tous les tirs suivants se dirigent ensuite sur cette dernière), le fusil à pompe, le fusil de sniper ou le lance-roquette, mais il existe également de nombreuses autres armes originales dotées de la technologie chimérienne. Certains ennemis assez forts vous attaquent avec une arme qui peut tirer à travers les murs et autres objets, et qui peut aussi créer un champ magnétique faisant office de bouclier quelques secondes. Cette arme a un potentiel destructeur assez énorme, mais ses munitions se font très rares. L'un des fusils de base permet aussi de lancer des gros missiles explosifs via sa deuxième utilisation, ce qui pourra vous sortir de situations périlleuses lorsque les ennemis attaquent en groupe et qu'il ne vous reste plus de grenades pour en venir à bout.
Pour résumer, les armes sont réellement diversifiées et elles ont chacune leur particularité qui permet de les utiliser à des moments différents. Nathan peut aussi lancer des grenades, et sans rentrer dans les détails, on peut simplement parler de la grenade hérisson, qui, une fois lancée, monte dans les airs et envoie des dizaines d'épines à 360 degrés dans un petit périmètre. Vraiment efficace ! En outre, le héros pourra monter à bord d'un tank, d'une jeep ou d'un stalker ennemi, mais ces passages à bord de véhicules sont en fait des missions très courtes et assez faciles qui ne représentent qu'une infime partie du jeu. Dommage, on aurait aimé en jouer plus souvent, même si elles permettent ainsi de couper le rythme du jeu.
Un mélange efficace
Au niveau du gameplay, là aussi le jeu explore des chemins déjà connus de tous, en piochant à droite à gauche des bonnes idées pour se les approprier. La campagne solo se divise en fait en huit grandes parties, dans différentes villes anglaises, elles-mêmes divisées en un certain nombre de missions entrecoupées par des checkpoints pour sauvegarder. Dans la seconde partie du jeu, les checkpoints se font assez rares et il faudra souvent affronter la mort à plusieurs reprises avant de comprendre la meilleure -et parfois l'unique- façon de se sortir d'une situation périlleuse. Mais les combats sont tellement prenants et immersifs que les recommencer est généralement source de plaisir. Le level-design est plutôt réussi, et l'alternance entre grosses fusillades et moments de répit est généralement bien pensée. Les missions, si elles ne sont pas vraiment variées au niveau de leur objectif, qui reste toujours le même, à savoir tuer tous les ennemis de la carte en avançant dans des niveaux à chemin unique ou presque, sont cependant suffisamment animées et immersives pour qu'on y prenne du plaisir jusqu'à la dernière minute. L'IA des ennemis est plutôt bonne. Ils se cachent, bougent beaucoup et lancent des grenades, ce qui est suffisant. Mais c'est finalement leur nombre, très souvent élevé, qui vous posera le plus de souci. Le seul véritable problème, si c'en est un, c'est que parmi les ennemis rencontrés, la variété n'est pas de mise : on retrouve presque toujours les mêmes soldats chimériens qui utilisent le nettoyeur en guise d'arme de prédilection. Mais heureusement, il existe d'autres ennemis qui sauront venir surprendre aux moments où on les attend le moins.
Finalement, les missions sont un ensemble d'événements scriptés, à la manière d'un
Call of Duty, ce qui comporte les avantages et les inconvénients habituels. En d'autres termes,
Resistance : Fall of Man est un jeu d'action, et ne comporte aucune phase de recherche, aucun aspect d'amélioration du personnage ou des armes, et suit un rythme de progression assez linéaire avec un seul chemin à suivre, ce qui privilégie largement l'immersion et l'action à tout le reste. A propos de la barre de vie,
Insomniac Games nous offre ici ce qui est sûrement la seule petite nouveauté du jeu, avec un système vraiment intéressant : la barre de vie de Nathan est découpée en quatre petites barres jaunes, et s'il se fait toucher par un ennemi, il suffit de se mettre en retrait quelques secondes pour que la barre de vie remonte jusqu'au quart supérieur. Dans les niveaux sont disséminés des objets de vie qui restaurent soit un quart, soit la moitié de la barre de vie lorsque l'on passe dessus, mais autant dire qu'il faudra les utiliser avec intelligence au moment opportun.
Organisons la résistance !
Là où
Resistance : Fall of Man est encore meilleur, c'est au niveau du multijoueur. Tout d'abord, le mode coopération, qui permet de faire la campagne à deux joueurs en écran splitté, permet d'allonger la durée de vie du jeu. Dommage que cette option ne soit pas disponible en ligne. Toujours hors ligne, il est possible de jouer jusqu'à quatre joueurs en écran splitté pour s'affronter sur des matchs à mort seul ou en équipe, de la capture de drapeau et d'autres modes pas très originaux, mais toujours très complets et bien réalisés comme le mode Fusion dans lequel il faut contrôler des points sur la map, ou encore le mode Brèche, où il faut détruire la base ennemie. En ligne, on peut jouer dans ces modes jusqu'à 40 joueurs, et pour les nombreuses parties que l'on a pu tester, cela marche vraiment bien et sans lag. De plus, il y a toujours des parties de disponibles dans « partie personnalisée », ce qui permet de jouer à toute heure. Des systèmes d'amis, de messagerie et de statistiques sont évidemment présents pour rendre l'expérience en ligne plus conviviale.
Pour finir sur le plan technique, que dire de
Resistance : Fall of Man ? D'un côté, il est clair que pour un titre de lancement réalisé assez rapidement et qui plus est par des développeurs spécialisés dans le jeu de plates-formes, il s'agit d'une véritable prouesse que tout joueur se doit de saluer.
Insomniac Games a su réutiliser de nombreux aspects de jeux déjà existants pour les incorporer dans leur soft, quitte à délaisser quelque peu l'identité visuelle du jeu. D'un autre côté, certains diront qu'ils en attendaient plus de la PlayStation 3, que les textures manquent de détails et que les décors deviennent des pâtés lorsqu'on s'en approche de très près. Certes, mais à côté de cela, un champ de vision d'une profondeur incroyable et des tas d'effets de toutes sortes lors des fusillades permettent d'équilibrer la balance. On pense notamment à la fumée, vraiment bien réalisée, et aux décors destructibles. De plus, le nombre d'ennemis et d'éléments graphiques affichés à l'écran sans faire titiller le frame rate s'avère être un autre aspect technique assez surprenant. Dans l'ensemble, le jeu est très beau, mais on ne peut pas aller jusqu'à parler de claque graphique. Pour conclure ce test sur l'aspect sonore, le jeu nous propose textes et voix d'une bonne qualité et intégralement en français. Les musiques sont très peu nombreuses, mais sont bien dans le ton de l'action. Quant aux bruitages, ils participent à l'immersion d'une très belle façon. Un bilan plutôt positif, duquel on peut à nouveau tirer la conclusion suivante :
Resistance : Fall of Man n'innove pas, mais tout ce qu'il fait, il le fait très bien. C'est déjà pas mal.