Après un reboot qui a totalement loupé le coche, Need for Speed s'est offert une deuxième pause pour revenir avec cette fois la ferme intention de briller autant qu'à la belle époque 128 bits. Comment ? En utilisant une photocopieuse à idées.
Car effectivement, Electronic Arts s'est aperçu avec beaucoup de retard que chaque génération de machines voyait un certain renouvellement dans de nombreux genres, obligés d'évoluer pour répondre aux nouvelles attentes du public. En lâchant un reboot qui n'était finalement qu'un épisode de plus, l'équipe de Ghost Games a dû revoir sa copie de fond en comble et il y a néanmoins une bonne nouvelle à signaler : la majorité des critiques de 2015 n'ont plus lieu d'être puisque tout a été corrigé. La difficulté est un poil mieux calibré pour éviter la promenade avant un soudain pic dans la dernière ligne droite, les flics ne sont plus largués dans le rétro une fois que l'on a passé la troisième, on peut faire la campagne solo sans connexion obligatoire, le multijoueur est mieux implémenté, on peut enfin jouer de jour avec d'ailleurs un cycle périodique et on évite cette fois le coté Silent Hill vu que l'on a cette fois un semblant de circulation et (un peu) de vie par l'apport de quelques rares habitants évidemment planqués derrière leurs barrières.
Donc c'est plutôt cool, mais c'est loin d'être suffisant car le mal est ailleurs. Need for Speed est passé de statut de référence arcade dans une époque reculée à celui de la licence bêtement annualisée qui n'avait plus rien à offrir avec le temps, au point de se faire doubler à pleine vitesse par de nouveaux cadors de la discipline. Au lieu de chercher à proposer sa propre révolution, EA a donc misé sur la simple copie d'idées en allant regarder à droite/à gauche, tel le dernier de la course qui regarde ce qui se passe devant lui pour mieux aborder les courbes mais qui finira dans les tréfonds du classement quoi qu'il arrive.
Et on se rend donc compte que ce Need for Speed Payback a déjà une sérieuse odeur de Forza Horizon mais sans le génie de Playground Games. La carte par exemple semble immense mais n'est qu'un ensemble de bêtes tracés qui n'offrent quasiment jamais de liberté (à quelques zones près), le joueur étant constamment bloqué par des barrières ou de petits rochers l'obligeant à filer droit. On se répète avec les années mais si c'est pour faire ça aujourd'hui, autant proposer un jeu sur circuits plutôt qu'un monde pseudo-ouvert. Le constat est d'autant plus perturbant que malgré son moteur réputé, le titre est bien plus terne visuellement que Forza Horizon 2 (oui, le 2, celui de 2014), et est incapable par son design de nous offrir le moindre panorama à cause de multiples astuces pour nous bloquer la vue. On reprend également le système de réputation avec une jauge qui refile constamment des points même durant nos promenades (contre-sens, frôlement, etc.) mais en moins bien foutue et qui surtout ne rapporte quasiment rien. Diable.
Niveau copie, on s'amuse également à reprendre les multiples missions annexes (drift, chrono, radar…) mais pas non plus le gameplay puisque Need for Speed reste dans le 100 % arcade avec un résultat qui fait plutôt le taf, gardant cette règle d'or que dans un jeu du genre, on peut finir n'importe quel tracé le pied au plancher, jouant des courbes uniquement avec le dérapage. Quelques bonnes sensations donc, mais aussi l'envie de pousser les différentes catégories avec des bolides dédiés à la course, au drag ou au drift, nous laissant passer de l'un à l'autre en fonction du type de « missions ».
Se maintenir dans une progression classique aurait déjà été une erreur à notre époque mais les développeurs ont réussi à faire pire en exploitant de nouveau la carte de la copie sans comprendre où ils mettaient les pieds. Et c'est là que l'on se tourne vers The Crew et son système de leveling à coups d'éléments de custom, ce qui n'était pas déjà du goût de tous mais qui parvient ici à faire encore plus chiant. Dans le titre d'Ubisoft, il suffisait de sélectionner une course pour savoir à l'avance la récompense, et augmenter la difficulté en conséquence pour garantir un bon loot. Là, non. Quelle que soit la difficulté, la récompense sera « au hasard » sans toujours plaire, et surtout ne s'adaptera qu'au niveau de votre véhicule. On explique.
Si votre voiture n'est customisé qu'avec des éléments de niveau 3, il y a de grandes chances pour que les magasins (qui renouvellent leur stock toutes les 10 minutes) et les récompenses soient de niveau 4, même si parfois un peu plus. Pas un grand problème dans la première partie du jeu mais dès la seconde moitié, des épreuves vous demanderont un niveau bien plus élevé pour ne pas être largué dès le départ, vous obligeant du coup à recommencer les mêmes missions pour farmer petit à petit afin d'atteindre le niveau requis. Et comme dit plus haut, ça ne concerne pas qu'un seul véhicule mais plusieurs, chacun étant dédié à un type de défi.
La mécanique devient vite usante pour ne pas dire énervante, et surtout davantage que dans The Crew puisque le jeu était conçu pour le farm qui se couplait au système social et coopération en ligne afin d'atténuer le coté répétitif. Chose qui n'existe pas dans Need for Speed Payback et on se demande encore comment EA a pu faire une erreur aussi grosse, digne d'un jeu de baston qui ne proposerait que des combats contre l'IA. La lassitude se fait d'ailleurs de plus en plus forte si vous avez le malheur de vouloir changer de véhicule en cours de jeu (via achat ou récolte d'épave… comme dans Forza Horizon) puisque là où n'importe quel autre titre mettrait naturellement en place un système pour pouvoir accélérer la mise à niveau (avec notamment possibilité d'acheter directement des pièces avancées), cette fois non : il faut tout recommencer à zéro et pas à pas. Bon, on est mauvaise langue, il y a bien un système pour aller plus vite : les lootboxes. Avec de l'argent réel. Heureux ?
Vous avez donc compris que la déception est plus amère que jamais, le titre étant incapable de se démarquer jusqu'au multi qui, ENCORE, pompe allégrement Forza Horizon avec ses playlists, mais sans le système d'event et de clan (et avec huit joueurs maximum, en 2017). Les deux seuls et uniques points où le titre essaye de jouer un peu la différence restent le tuning, toujours aussi bien fichu il faut l'avouer, et son scénario qui fait dans le Fast & Furious, sans les stars, sans la mise en scène, mais avec infiniment plus de lourdeurs dans les dialogues qui nous poursuivent même durant les courses.
+ Un bon feeling arcade
+ Bonne sélection de véhicules
+ Les sessions de drift
+ Tuning bien fichu
+ Toujours mieux que le reboot
- Pâle copie de Forza Horizon
- Pâle copie de The Crew
- Progression basée sur le farm
- Mais sans le coop qui va avec
- Scénario sans intérêt
- Dialogues d'une lourdeur...
- Visuellement bien terne
Conclusion : Catastrophe absolue pour ce nouvel épisode qui a le potentiel de signer la mise à mort d'une licence qui a tellement pris de retard sur la concurrence qu'elle tente en urgence de copier tout ce qui est possible sans jamais atteindre la qualité de ses modèles. Moins libre et profond qu'un Forza Horizon 2 (ne parlons même pas du 3), moins beau que le reboot de 2015 (si, si), ce Payback ose en plus reprendre les bases d'un The Crew en oubliant totalement que c'est le coop qui permettait à la formule de fonctionner. Reste un bête jeu de courses sans âme que personne n'aurait remarqué s'il ne s'appelait pas Need for Speed.
Graphiquement à la ramasse, un gameplay des plus étranges pour un NFS basé sur des drift improbables à la ridge racer, un scénario à faire rage quit, des scripts de partout terriblement visible, tellement risible. Bref qui a osé valider ce jeu en tant que NFS?
Ah oui y'a EA derrière.
4/10
add a review
We allow you to add your own review of a game you have played. Moderators are allowed to delete your review if you do not respect the following rules :
- Your review don't have to be too short or too long (around 4 to 20 sentences).
- Your review need to be understandable. Avoid text errors.
- Like for the boards, flooding, racist content, pornographic links or image links, or warez content is forbidden.