Troisième et dernière arlésienne de l'ère PS3 (si on met de coté un certain Agent), NiOh débarque enfin sur nos PlayStation 4 après sa période de reboot, poussé par l'envie pour l'éditeur d'approfondir un peu son catalogue.
Incarnant quelque part une nouvelle démocratisation de l'exigence dans le jeu d'action, Demon's Souls et ceux qui ont suivi ont ré-ouvert une porte dans laquelle d'autres souhaitent s'engouffrer aujourd'hui. On pourrait citer notammentLords of the Fallen, dont les développeurs pondront également The Surge d'ici quelques semaines, et aujourd'hui donc NiOh qui représente davantage cette envie de prendre une grosse part du gâteau quand on sait qu'il s'agissait à l'origine d'une sorte de Musô développé par les spécialistes du genre, à savoir Omega Force. Apparemment mécontent du résultat et les choses traînant un peu trop, Koei Tecmo a donc opté pour une nouvelle approche en rebootant son projet via la Team Ninja qui se cherchait une rédemption, et avec succès tant les qualités sont au rendez-vous. Reste la question : alors, meilleur ou pas qu'un Souls ?
Bon déjà c'est pas extraordinairement beau. Ouais ça tacle d'entrée et on ne va pas non plus se mentir : que vous mettiez votre galette dans une PS4 ou sa version Pro, le titre fait ressortir de l'aliasing et des textures d'un autre âge. On ne sait pas quand le reboot a été amorcé, mais il semble probable que Koei Tecmo a estimé au moins un temps qu'il s'agirait d'un titre cross-gen tant l'on voit les stigmates d'un autre temps. Ce n'est pas non plus moche grâce à suffisamment d'effets, une modélisation satisfaisante du bestiaire et surtout un bon goût de l'esthétique à divers moments. Par exemple, c'est connu : un niveau de nuit et sous la pluie rendra toujours mieux qu'en plein jour par un beau soleil. De toute façon, l'adepte continuera de dire et non sans raison que les détails techniques ne sont pas l'essentiel dans le genre tant l'on passe l'essentiel du temps à analyser des pattern plutôt que de voir si la texture d'un rocher fait suffisamment réaliste. Et puis ça tourne en 60FPS, ce qui est presque le plus important dans ce premier constat.
Donc NiOh nous permet d'incarner William, dont les traits occidentaux laissent clairement entendre le souhait pour Koei Tecmo de ratisser large pour cette nouvelle licence. Pas de création de perso cette fois, même si l'on pourra par la suite changer un peu ses cheveux et sa barbe, et l'on notera une plus grosse mise en avant du scénario par rapport à la franchise de From Software, même si l'intérêt ne résidera pas là et qu'on reste dans le minima syndical. Les historiens en herbe seront tout de même content de rencontrer quelques têtes connues pour bien montrer que Omega Force a travaillé sur le chantier un temps. On part ensuite à l'aventure non sans un tutorial bien utile pour appréhender le système de jeu et l'on constate donc, sans surprise si vous touché à la bêta ou l'alpha (ou la dernière démo), que contrairement à ses rivaux, NiOh fait le pari de délaisser le monde ouvert pour des niveaux à l'ancienne. Un point qui lui permet de se démarquer clairement et si l'on perd du coup les beaux panoramas, le gigantisme du level-design et cet appel à la progression en voyant au loin une attirante batisse que vous rejoindrez 2/3 heures plus tard, on y gagne une plus grande variété des décors, et une certaine accessibilité pour ceux qui n'ont aucun sens de l'orientation.
Bien sûr, on n'est pas non plus dans la linéarité d'un Ninja Gaiden et on n'échappe pas à l'exploration, aux multiples chemins pouvant vous mener à l'objectif, aux raccourcis qui se débloquent en allant. Plus confiné donc mais tout aussi travaillé, ce qui est déjà une belle satisfaction pour ceux qui aiment fouiner, surtout que chaque niveau pousse à la recherche avec les habituels coffres et ces petites bestioles à récolter pour grappiller du bonus. De quoi prendre son temps pour essentiellement leveler en conséquence car bien évidemment, le jeu se montre impardonnable pour les manchots du pad. Même un habitué Soulsien peut se faire dégommer facilement face à un bestiaire d'une voracité extrême et des boss qui vont feront envoyer la manette contre un mur. Le besoin d'analyser le pattern, encore et toujours, et ne jamais hésiter à gratter quelques niveaux et ramasser les nombreuses choses à looter pour vous constituer un build à la hauteur, avec notamment des effets d'armes qui peuvent tout changer sans parler des bonus dans les associations d'éléments d'armure.
Et bien entendu, l'un des maîtres mots sera le skill et l'apprivoisement du système de jeu. Pour le coup, NiOh fait dans le Dark Souls sans rendre non plus un bête copié/collé, se reposant davantage sur l'esquive que la parade, sur trois styles de poses par type d'arme mais aussi la gestion constante d'une jauge de fatigue dont il faut rapidement maîtriser l'impulsion tel un automatisme pour la faire remonter rapidement. L'inverse est également valable vu que streums et boss sont soumis à cette mécanique qui pousse parfois à prendre du recul et à le laisser taper dans le vide avant d'enclencher une contre-attaque. Petit à petit, on prend ses marques, on progresse doucement et chaque victoire est un événement, même si l'on reprochera que quelques acquis interviennent plus rapidement que de coutume à cause d'un bestiaire qui aurait pu se montrer un poil plus varié.
Ceux qui auront suffisamment de courage pour braver tous les dangers de cet enfer auront de quoi faire en terme de contenu mais cela ne cachera pas une légère problématique, et désolé de faire encore le comparatif avec From Software. Erreur de jeunesse probablement mais impossible de cacher les problèmes liés à la replay-value, se situant ici entre un Bloodborne et un bon Dark Souls, et ce à cause du build. Ce n'est pas le loot très (trop ?) généreux qui pose problème mais peut-être le choix d'avoir voulu proposer un combattant un peu trop polyvalent pour motiver à recommencer le jeu plusieurs fois dans un style différent. Il y a bien les différentes spécialités liées aux rouleaux dont quelques compétences qui se débloqueront via des dojos mais rien que le fait de pouvoir s'équiper de n'importe quelle arme sans trop de restriction fait que l'on perd cette motivation du nouveau rush capable de modifier totalement votre partie précédente.
Une orientation qui se ressent également avec les invocations et objets spéciaux, garantissant que chacun peut utiliser les arcanes, mais ne donnant aucune vraie voie dans la magie. Pour autant, il y a tout de même de quoi faire coté durée de vie avec une estimation (tout dépend des talents de chacun) de plus de trente heures, qui pourra donc varier selon votre skill, votre envie de fouiner et surtout le mode coopération à deux qui facilite évidemment la progression, mais pas trop non plus. Invoquer quelqu'un (aléatoirement ou avec un système de mot de passe pour se retrouver entre potes) demande l'utilisation d'un objet et l'invité s'efface ensuite une fois le boss vaincu. En revanche, vous pouvez tout aussi bien pratiquer autant de zones que vous voulez avec la même personne sans restriction… mais uniquement sur des stages déjà terminés une première fois. En rajoutant les missions spéciales, les versions Crépuscule et le PVP à venir prochainement via une MAJ, les plus courageux auront de quoi s'occuper un moment jusqu'à dérocher la sacro-sainte Platine.
Les plus
Les moins
+ Haut niveau de challenge
+ Nerveux et brutal
+ Des niveaux variés
+ Quelques boss qui claquent
+ Le level-design
+ L'ambiance
+ La durée de vie
+ Une masse de loot
+ Le 60FPS
+ Un personnage polyvalent...
- … et peut-être trop d'ailleurs
- Limitant un peu la replay-value
- Aliasing et textures bof
- Scénario un peu osef
- Aucune raison d'avoir supprimé la fonction Pause cette fois
Conclusion : Koei Tecmo et la Team Ninja auront réussi leur coup avec NiOh, qui reprend certes une copie existante mais qui parvient à s'en démarquer davantage qu'un Lords of the Fallen, autant dans son gameplay que dans son choix de progression. Quelques erreurs de jeunesse restent à signaler, empêchant au challenger de devenir soudainement roi, mais pour un premier jet, on tient du très lourd pour ceux qui estiment qu'atteindre les crédits de fin doit se faire avec du mérite et de la sueur.
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