Lorsqu’en 1999, les joueurs éberlués ont vu débarquer le premier opus de la saga Driver, on peut dire que la communauté a ressenti un bref frémissement dans son épine dorsale. Le titre développé alors par Reflections allait devenir en très peu de temps l’un des plus grands succès de l’histoire des jeux de caisses. Un an plus tard, surfant sur ce succès sans précédent, Reflections et Infogrames réitérèrent l’opération en apportant à une foule de fans déchaînés une suite que l’on attendait tous comme la bombe du siècle. Quelques tours de volant et une centaine de ralentissements ultra aliasés plus tard, le verdict était clair, Driver 2 était un vrai pétard mouillé. Quatre ans après cet échec retentissant, Atari tente enfin de relever le défi et nous propose dès ce beau mardi de juin un troisième volet plein de promesses et de panache, qu’en est-il vraiment, voyons voir…
Dès le lancement de la précieuse galette dans la console,
DRIV3R démarre sur les chapeaux de roues. L’action débute dans une ruelle de la porte de l’orient, j’ai nommé l’inquiétante Istanbul. Un visage familier apparaît sur l’écran, l’inspecteur Tanner prend part à une terrible fusillade entre vilains bandits et gentils policiers. De son coté, Jericho, un autre visage familier, avance avec son charisme naturel vers ce capharnaüm sans précédent, un joli fusil à pompe dans la main droite. Il atteint enfin la scène de crime et c’est le face à face, le résultat je vous laisse le découvrir. En tout cas, il est clair que cette scène prévoit la confrontation finale, un peu à la manière d’un film de Tarentino. Et comme Beatrix Kido, votre mission apparaîtra simple et claire au fur et à mesure de l’histoire, éliminer Bill….euh pardon, Jericho. Pour cela, vous - le détective Tanner - devrez infiltrer un gang de voleurs de voitures et remonter jusqu’à la tête du monstre pour démanteler l’organisation toute entière. C’est assez simple mais surtout très efficace et bien pratique pour un jeu de caisses….
Un justici3r dans la vill3
DRIV3R est un titre assez paradoxal. Très loin d’un
GTA, il reprend tout de même quelques uns des éléments qui en ont fait le succès. Par rapport au premier opus, par contre, cette nouvelle enquête de l’inspecteur Tanner nous permet de quitter la voiture pour mener à bien quelques missions diverses et variées à pieds, ou bien dans l’eau (Tanner a en effet récemment appris à nager). Mais ne l’oublions pas, le but principal du titre d’
Atari reste quand même les poursuites de voitures, voila pourquoi vous passerez quand même les trois quarts du temps derrière un volant, un guidon ou toute autre gouvernail d’engin à moteur. Le titre s’organise en grands chapitres divisés eux-mêmes en sous niveaux. A noter tout de même, la sauvegarde automatique ne s’effectue qu’après chaque grand chapitre (c'est-à-dire toutes les trois ou quatre missions). Si vous jouez les niveaux d’un bloc, cela ne vous posera pas de problèmes puisque lorsque vous mourrez, c’est seulement la dernière mission qu’il vous faudra refaire. Par contre si vous éteignez la console en plein milieu d’une grosse mission, il vous faudra recommencer le chapitre depuis le début. C’est assez frustrant le première fois mais lorsqu’on est au courant, on prend toujours le temps de terminer le niveau avant d’éteindre sa
PS2.
Les missions sont assez diversifiées, les scénaristes ont eu sur ce point précis assez d’imagination pour nous fournir une grande majorité de mission inédites. On pourra ainsi successivement détruire un complexe en construction, voler tout un tas de voitures pour les charger dans un camion lancé à toute berzingue, poursuivre un camion qui perd nonchalamment des bidons explosifs, s’évader le long des toits d’un bâtiment contrôlé par la pègre locale ou encore poursuivre un train pour rattraper le sombre Jericho. Toutes ces missions sont plutôt bien distillées et cela nous permet d’entrer dans le scénario assez rapidement, même si parfois les rebondissements paraissent tout de même un peu entendus.
Coté véhicules, on est assez bien servi, chaque ville nous offre son lot de bolides divers et variés. En gros, vous trouverez à Miami, Nice et Istanbul quelques trois ou quatre voitures, deux bateaux, deux motos et quelques gros cubes avec ou sans remorque. Ceci nous amène en bref à un nombre total de 50 véhicules tous différents les uns des autres. Et même si aucune licence n’a pu être obtenue à cause du système de déformations très évolué, on reconnaît tout de même quelques uns des bolides qui ont fait l’histoire de l’industrie automobile mondiale. Chaque engin à moteur possède un comportement différent et il sera indispensable de se familiariser avec tout le parc proposé pour trouver la voiture adaptée à chaque mission.
L’ambiance globale du titre d’
Atari est à proprement parler hallucinante, les musiques sont très originales et l’ambiance de chaque ville est très clairement perceptible, avec une mention spéciale pour Istanbul. En effet, la dernière ville de
DRIV3R nous offre une ambiance très spéciale, on ressent à la perfection la chaleur étouffante qui peut régner dans les petites ruelles pleines de cartons à défoncer. La musique qui ouvre la première mission d’Istanbul m’a d’ailleurs fait tomber sur le fondement, savant mélange de musique locale et de techno pesante, ce titre reste à mes yeux la meilleure réussite du titre d’
Atari, quel dommage que le reste soit si tristement mal réalisé.
Le radeau de la méduse
Si les cinématiques qui ouvrent chaque mission sont réellement somptueuses, il n’en est pourtant pas de même du visage que nous offre ce
DRIV3R tant les graphismes sont tristounets et d’une pauvreté à faire pâlir le plus vieux des vampires. Notre personnage se résume à une espèce d’amoncellement d’allumettes complètement raide et surtout sans vie, les décors sont plats et complètement vides, les ennemis enfin, sont quant à eux toujours les mêmes, changeant toutefois de costume en fonction de l’environnement dans lequel ils se trouvent. Il est en effet bien triste de voir en 2004, c'est-à-dire quatre ans après la sortie du deuxième opus, que les erreurs du passé n’ont pas été corrigées, elles sont même dans certains cas proportionnellement plus graves que dans le premier ou le second opus. Ainsi, les ralentissements sont terribles lorsqu’il y a plus de trois ou quatre véhicules autour du votre et ne parlons même pas des carambolages en mode survie qui tournent à peu près à 10 ou 15 FPS. Mais ne vous inquiétez pas trop, les rues sont tellement vides que vous n’aurez pas tant de ralentissements que ça…
Comme dans l’œuvre du peintre Géricault, (je sais je suis allé la chercher très loin celle là) qui évoque le naufrage du bateau la Méduse, coulé le 2 juillet 1816,
DRIV3R tombe bien bas malgré des promesse hallucinantes. Parlons tout d’abord de cette formidable option qu’
Atari nous annonçait comme la révolution du genre, la
Thrill Camera. Ce nouvel angle devait logiquement nous permettre, une fois le bouton adéquat pressé de ralentir l’action et de passer à un angle nettement plus cinématographique. Un peu comme l’angle inutilisable de
GTA3. Mais cette fois, si tant est que l’on ait eu le temps de suffisamment anticiper la cascade, il nous aurait été possible de passer en « ralentis temps réel ». Pour être plus clair, cette nouvelle caméra devait, selon l’éditeur, permettre de ralentir l’action pour réaliser de surprenantes cascades et surtout favoriser le conducteur. Dans les faits, on est très loin de ce qui nous était promis. Comme dans
GTA 3, cette caméra ralentie est en fait une grosse arnaque qui frustrera les uns et fera exploser de rire les autres. D’une part, pour la déclencher, il faut presser ensemble les deux gâchettes (L1 et R1) mais cela implique de ne plus pouvoir tirer lorsque vous êtes en bateau par exemple. Mais ce qui est le pire dans cette vue abracadabrantesque, c’est que comme dans le titre de
Rockstar, la vue s’avère complètement injouable puisque vous ne voyez tout simplement plus ce qui se passe devant vous, on oublie donc très rapidement cette option si géniale.
Coté
gameplay, de gros problèmes se posent également. Si la conduite ressemble à s’y méprendre au tout premier
DR1VER, on déplorera tout de même les dérapages presque toujours incontrôlés même avec les bolides les plus perfectionnés. Que certains véhicules américains des années 70 ou encore les R5 françaises partent en vrille si l’on entre dans une courbe un peu trop rapidement, rien de choquant sur ce point, mais qu’un véhicule ressemblant à une Ferrari parte en tête à queue lors d’une courbe à 100 Km/h là ça devient véritablement risible. Ne parlons même pas des motos qui ne peuvent pas monter sur les trottoirs sans vous éjecter si vous n’arrivez pas assez vite et des voitures de police qui s’adaptent systématiquement à votre vitesse pour vous coller aux fesses que vous soyez au volant d’une camionnette ou d’un monstre de 300 chevaux.
6/10