Premier épisode de la trilogie SNES, et non des moindres, Final Fantasy IV s'offre une dernière croisade sur la petite GBA et démontre que même avec une quinzaine d'années derrière lui, il compte toujours parmi les plus grands.
Square Enix l'avait annoncé, la dernière ligne droite avant le repos bien mérité de la GBA sera marquée par le portage de la trilogie Final Fantasy issue de la SNES, portant à 5 le nombre d'épisodes de la série de base sur cette même machine. A l'instar de
Final Fantasy I & II : Dawn of Souls, ce quatrième opus a été intégralement traduit en français pour une accessibilité totale au grand public qui n'a maintenant plus la moindre raison de ne pas prendre part à l'aventure du chevalier Cecil.
Black & White
Préalablement installés lors du deuxième opus, les scénarios à consonance tragique ont véritablement démarré sur
Final Fantasy IV qui proposa une aventure où haine, mort et doute étaient maîtres mots durant de nombreuses heures. Forcement amoindrie avec le temps qui a vu ce genre de synopsis accueillir de véritables monstres (
Xenogears parmi eux), l'histoire garde encore aujourd'hui une certaine magie grâce à un
background travaillé et des rebondissements incroyablement nombreux : dans un temps où se mêlent allégrement magie et technologie de pointe, un jeune chevalier noir nommé Cecil verra ses idéologies remises en question lorsqu'il s'apercevra que l'empire pour lequel il a juré fidélité n'hésite pas à tuer à tour de bras pour mettre la main sur les quatre cristaux élémentaires. Apprenant un tel revirement d'esprit parmi ses troupes, le roi tentera de se débarrasser de Cecil de la pire façon qui soit, mais… le destin en a évidemment décidé autrement.
Mettant définitivement de côté le principe des personnages sans expression propre comme dans Final Fantasy 1 et 3, le jeu propose de découvrir un panel de 12 personnages jouables qui permettront d'entretenir un rythme scénaristique constant. Cecil tout d'abord, qui est sans conteste un des héros les plus intéressants de la série par ses réflexions intérieures et sa dualité d'esprit qui nous surprendra jusque dans les dernières minutes du jeu. Kain, son alter ego, sera pour beaucoup le meilleur personnage de cet épisode pour ses actions, sa psychologie torturée et son humanisme. Viennent ensuite les autres membres qui rejoindront l'équipe à tour de rôle (jusqu'à ce qu'un choix vous sera imposé pour les combats) : Rydia, seule survivante d'un village d'invoqueur ; Tella, un sage décidé à maîtriser l'art du Meteor pour retrouver sa fille ; Rosa, la promise de Cecil ; Edge, le dragueur de service ; Cid, l'architecte spécialiste dans la création de vaisseaux de guerre ; Yang, une force à l'état pur ; Edward, prince ayant fui sa contrée par lâcheté ; les jumeaux Palom et Porom, deux jeunes mages de 10 ans complémentaires et enfin Fusoya, dont l'importance vous sera révélée en temps voulu. Une équipe de choc qui aura pourtant fort à faire face au général Golbeze, personnage haut en armure aux allures de Dark Vador, dont l'identité même vous est inconnue. Il a à sa botte les quatre empereurs élémentaires qui n'hésiteront pas à se placer souvent au travers de votre route.
Et le temps passe…
Comme tout bon RPG old school qui se respecte,
Final Fantasy IV Advance suit une mécanique d'un classicisme palpable, mais d'une plaisance qui l'est tout autant. Si au départ, l'aventure propose une linéarité logique entre villes, carte du monde et donjons, l'étendue de la planète s'offrira rapidement à vous grâce à la pléthore de moyens de transport tels que le canoë, le bateau ou un de ses
airship chers à la série. A ce niveau, on accueillera avec plaisir les chocobos qui, même s'ils ne disposent d'aucune quête secondaire dédiée, vous proposeront, selon leur couleur, de vous transporter via terre, mer ou ciel. A noter que le gros chocobo fait ici son apparition et qu'il vous servira à stocker vos objets de trop, une option particulièrement facultative tant votre inventaire recèle de place. Pour en revenir au rythme de jeu lui-même, il s'avère plus soutenu que son homologue d'origine grâce à une difficulté légèrement en deçà, mais ne rêvez pas, les séances d'entraînement resteront toujours aussi longues et obligatoires pour ne pas mourir bêtement face à un boss un peu trop sur les nerfs. Heureusement (ou malheureusement, c'est selon), les donjons sont bien moins longs que ceux des premiers épisodes et une mort brutale vers la fin sera inéluctablement moins pénalisante moralement.
Le joueur lambda actuel ne sera aucunement dérouté par le système de combat de
Final Fantasy IV Advance, mais pour l'époque, la révolution fut de taille et se nommait en trois simples lettres : ATB. L'
Active Time Battle donc, se représente à l'écran par une jauge se remplissant plus ou moins vite selon la statistique « vitesse » de votre personnage et lui permet, une fois pleine, de lancer son action parmi un certain choix. Les personnages rapides attaqueront donc non seulement en premier, mais également plus souvent que leurs partenaires et adversaires, ces derniers fonctionnant sur le même système. Chaque personnage a donc un choix d'attaque dont certaines sont spécifiques à sa classe (qui ne peut être changée, hormis détail scénaristique). On retrouve donc l'attaque de base, la défense ou l'utilisation d'un objet, mais un paladin pourra en outre couvrir ses équipiers et utiliser les bases de la magie blanche, un chevalier dragon pourra quant à lui sauter en dehors de l'écran et préparer une attaque en toute sécurité, les mages noirs et blancs disposent pour leur part d'un nombre conséquent de sorts, mais d'une attaque relativement faible, etc… A vous d'utiliser consciencieusement les caractéristiques de chacun pour former la
dream-team. Un mot tout de même sur l'invoqueur qui, comme son nom l'indique, vous permettra d'invoquer de puissantes entités telles que Ifrit ou Shiva qui dévasteront l'équipe adverse. Evidemment, la route sera longue avant de pouvoir faire appel à Odin ou Bahamut qui ne s'obtiendront qu'au bout des plus difficiles quêtes secondaires.
Bien qu'ayant plus ou moins amélioré graphiquement la version d'origine avec des détails dans les décors ou des avatars dans les dialogues, on ne peut dire réellement que la GBA est poussée dans ses derniers retranchements comme avaient pu le faire les deux volets de
Golden Sun, sortis il y a quelques années. Mais s'il est évident que les bébés de
Camelot sont loin devant, l'esthétique joue beaucoup sur l'ambiance et le plaisir de jeu et sur ce point,
Final Fantasy IV Advance l'emporte haut la main, que ce soit dans le design des personnages, leurs mimiques et même le
background général qui nous fait oublier la niaiserie de ses concurrents. Pour terminer et à l'instar de
Final Fantasy I & II : Dawn of Souls, ce quatrième opus a droit à quelques bonus bien plus intéressants que les pauvres cinématiques laides de la Psone (bien loin de rendre justice au travail d'Amano d'ailleurs) : hormis un habituel bestiaire pas forcement utile, sauf pour les fans de l'achèvement à 100%, on accueillera une bande-son toujours agréable, mais aussi, et surtout, un donjon inédit et incroyablement difficile puisque accessible uniquement une fois le jeu achevé. Bon courage.