Un jour, un homme probablement saint d’esprit a dit « On ne juge pas un jeu sur ses graphismes ». Véritable messie dans ce monde vidéoludique, Atari s’est chargé de nous montrer à quel point cette phrase a tout d’un rite prophétique. Bienvenue en enfer, bienvenue dans DRIV3R.
Véritable étron de cette génération, la version console de salon prouvait à quel point se méfier des grosses licences était le quotidien du joueur lambda. Il faut le dire, à l’époque, nous avions été abreuvés d’images flatteuses et les fans y voyaient déjà la résurrection de leur série fétiche. Aveugle nous étions donc de ne pas regarder la réalité en face : celle où les pauvres journalistes n’ont qu’à vous offrir de pauvres renders passés dix fois sous photoshop. La chute fut douloureuse : au-delà de graphismes assez bons couplés à un moteur physique de qualité, le jeu n’avait rien pour lui si ce n’est un scénario moyen, une absence réelle de profondeur, un
gameplay mou et des bugs par dizaines. Telle une amère preuve de la destinée, l’histoire se répète inlassablement.
Car oui, cette mouture, comme le montrent les divers screens, possède des graphismes assez incroyables pour une petite GBA et a le culot de se placer au sommet du podium des plus beaux jeux 3D de la machine, devançant par ailleurs l’excellent
V-Rally 3. Bref, un bon point donc, qui conclut la liste fort courte des qualités issues de ce soft et permet ainsi de passer à la véritable tornade de tares qui font de ce soft une immondice sous forme de cartouche. Injouable, le soft l’est assurément. Ne possédant pas vraiment une palette de coup affriolante, Tanner, lorsqu’il est à pied, pourra uniquement exécuter quelques petits sauts nous laissant admirer une animation déconcertante. Tout cela n’est rien à côté des
gunfights soporifiques où vous passerez votre temps à straffer, en attendant qu’un ennemi veuille bien se placer devant votre cible (il est impossible de bouger cette dernière autrement). Bien entendu, lorsque vous en aurez assez de voir votre personnage marcher, bien que le mot « glisser » soit plus approprié, vous aurez le loisir d’emprunter un véhicule indestructible et cloué au sol, dont la conduite relève plus du patinage qu’autre chose, montrant peut-être que l’intégralité du jeu se déroule en hiver. Ajoutons à cela des collisions qui vous font passer du 130km/h au 0 en l’espace d’une demi-seconde, rendant les courses poursuites au-delà du crispant et donnant quelque peu envie de tout balancer contre un mur. Que rajouter de plus ? La durée de vie artificielle liée à la difficulté ? Les bugs à foison faisant passer Driver 2 pour un jeu parfait techniquement ? Les musiques risibles, dignes d’un midi bas de gamme ? Les bruitages qui nous feraient confondre moteur d’un bolide avec une grosse mouche ? Arrêtons le massacre voulez-vous…