Alors que la bande dessinée de Jean Van Hamme a atteint l’année dernière la deuxième place des ventes d’albums en France, on attend toujours la vérité sur la véritable identité de XIII. Ubi Soft s’est aussi lancé dans l’aventure, nous offrant enfin une véritable adaptation la société française apporte sa petite pierre à l’édifice. Alors, que donne vraiment XIII ? L’âme de la bande dessinée a-t-elle vraiment été respectée ? Tant de questions que nous n’avons pas manqué de nous poser en recevant le jeu à la rédac. Nous allons tenter de vous fournir quelques réponses, oubliez tout ce que vous avez vécu…
Pour tous ceux qui ne sauraient encore rien sur la BD de Van Hamme, voici un bref résumé des épisodes précédents. Tout à commencé le fameux jour du soleil noir, le président Sheridan, alors qu’il circulait en plein milieu de la foule fut assassiné d’une balle dans la tête par un certain Steve Rowland. Voila le point de départ de l’histoire, qui est ce Steve Rowland, vous ? Qui est ce mystérieux vieil homme au regard vicieux, comment se fait-il que sur votre clavicule soit tatoué le chiffre XIII et surtout qu’est-ce que vous foutez dans tout ce méli-mélo ? Le jeu débute alors que vous êtes inanimé sur une plage ensoleillée. Pamela Anderson, en plein tour de garde vous découvre allongé sur la plage. Attiré par cet immonde maillot rouge, vous vous réveillez et essayez tant bien que mal de rejoindre un endroit un peu plus confortable. C’est alors que tout part en vrille, un hélicoptère se lance à votre poursuite, et des hommes cherchent à vous tuer. Votre première mission sera donc de survivre et de retrouver quelques bribes de votre passé afin de reconstruire ce puzzle informe qu’est désormais votre mémoire.
Quelle idée aussi, de choisir un chiffre qui porte malheur…
Imaginez vous un petit peu la situation, vous vous réveillez sans le moindre souvenir de votre passé, et des hommes en armes se jettent sur vous pour vous assassiner. Autant dire que le scénario de XIII démarre littéralement sur les chapeaux de roues. Vous vous retrouvez complètement seul armé de votre canif et d’un mystérieux sens du combat. C’est quand même bien pratique lorsqu’on se retrouve confronté à pareille situation. Les informations qui vous parviennent – au compte goutte, c’est évident – se présentent comme dans une bonne BD, sous la forme de cases animées. Au fur et à mesure que vous obtenez des informations sur vos ennemis ou sur vous-même, vous découvrez une nouvelle mission à réaliser. Entrer dans une banque pour récupérer le contenu du coffre fort à votre nom, vous échapper de cette même banque parce que des malades commencent à mitrailler les gardes, voila les quelques unes des péripéties qui jalonneront les débuts de l’aventure.
Au niveau du système de jeu, XIII est un bon petit FPS des familles. Tout fonctionne comme dans les plus grands classiques. Tir primaire, tir secondaire, strafe et même headshots, beaucoup de headshots. Vous vous baladez dans des niveaux à la limite du simpliste et retrouvez les plus grands moments du minimalisme cher à Barnett Newman. En effet, les pièces sont un peu vides et on s’étonne assez souvent que dans des lieux qui sont censés être publics – comme la banque des premiers niveaux – on ne retrouve que les PnJ jouant un rôle dans l’action (c'est-à-dire deux ou trois péons). C’est certainement un bon moyen de la part d’Ubi Soft pour alléger le moteur graphique et donc optimiser les performances mais cela n’améliore pas vraiment le sentiment d’immersion.
L’arsenal proposé au fil de l’aventure est lui très honnête. En plus du basique pistolet semi automatique de base, le mystérieux XIII obtiendra très vite de nouvelles et puissantes armes à feu. Le fusil à lunette, élément incontournable de tout bon FPS, est plutôt bien réalisé. Il est lourd à porter et lorsque vous commencez à zoomer une jauge située à droite de l’écran vous indique votre degré de tremblement. Il faut en fait attendre une seconde ou deux pour que cette barre se vide complètement. L’arbalète elle, possède des caractéristiques bien particulières. Silencieuse, elle possède tout de même un gros défaut du fait de la lenteur de son projectile. Le carreau met en effet une ou deux secondes pour atteindre un ennemi placé à 200 mètres, cela oblige très souvent à anticiper les mouvements des gardes pour ne pas juste leur chatouiller l’oreille. Le reste des armes est globalement très bourrin, du fusil à pompe en passant par le fusil d’assaut on se rapproche bien plus de l’arsenal d’un Schwarzy que de celui d’un Sam Fisher et c’est d’autant mieux…
En plus de ces armes très classiques au demeurant, XIII pourra utiliser tout un tas d’éléments du décors. Des chaises pour assommer les gardes dans la banque, des morceaux de verre brisés pour découper des ennemis un peu trop récalcitrants, mais aussi des pelles, des barres de fer et autres petits joujoux pleins de finesse et de poésie. C’est assez original et comme en plus les développeurs n’ont pas lourdement insisté dessus (utilisation quasi systématique et obligatoire pour bien qu’on ne le rate pas) on peut vraiment louer la performance et l’idée ingénieuse.
De la BD à la 3D
Assez agréable à regarder au premier coup d’oeil, XIII reste quand même assez limité sur le plan graphique. On pourrait résumer l’identité visuelle du titre à quelques éléments prédominants. Des traits crayonnés, des lignes grasses, du cel-shading et ces cases astucieuses placées ça et là pour vous aider dans votre aventure. Tous ces éléments ont vite fait de vous plonger presque totalement dans une BD. Je dis presque parce que quelques détails ont un peu tendance à freiner le sentiment d’immersion. La quasi absence de PnJ à l’écran par exemple. Comme je vous l’ai déjà dit, certains niveaux sont vraiment vides à en pleurer. C’est bien pour la fluidité du jeu mais ça a tout de même une légère tendance à ennuyer un peu. Et comme en plus le placement des ennemis et les actions sont totalement scriptées, l’ennui se répète à l’infini pour peu que l’on arrive pas à boucler telle ou telle scène.
Au niveau animations, le résultat obtenu par les petits gars d’Ubi Soft est assez bluffant. Tout tourne à la perfection, le jeu est limpide et les principales informations apparaissent sur l’écran à vitesse grand V. Tout ceci a été rendu possible grâce à deux éléments. Les cases apparaissant en haut de l’écran et aussi les différentes onomatopées qui vous informent sur les éléments de votre décor. Pour les cases, elles servent principalement à animer le résultat d’un headshot mais aussi à montrer des discussions hors de votre champs de vision ou encore à vous indiquer ce qui apparaît sur l’écran de telle ou telle caméra de surveillance. C’est très pratique et on peut dire que cela accélère d’autant plus le rythme du jeu. Les onomatopées elles, servent principalement à vous informer des mouvements de votre entourage proche ou alors d’animer le son produit par telle ou telle arme. Souvenez vous, c’est un peu le même résultat que dans le Batman de notre enfance, les Woosshh, les Bannng et autres Wiizzzz, c’est ça des onomatopées. On peut ainsi voir derrière une paroi les pas d’un garde qui fait sa ronde et attendre que celui-ci s’éloigne suffisamment pour le prendre par surprise.
Intelligence un peu trop artificielle
L’IA est définitivement le gros point noir du jeu d’Ubi Soft. Les ennemis sont pour la plupart complètement ahuris de vous voir débarquer devant eux. Ces quelques dixièmes de secondes de latence n’ont en général qu’un seul et unique résultat, une bonne balle dans la tête, un suppositoire et au dodo. Et comme en plus, vous disposez pratiquement toujours d’une arme à lunette, je vous laisse imaginer le résultat. (headshots sur headshots) Lorsqu’il s’agit de pénétrer dans une enceinte de manière furtive, comme par exemple dans la montagne juste avant de libérer le général, vous avez deux solutions. La première consiste à vous faufiler en évitant les rondes des gardes et atteindre vos objectifs sans avoir à tirer le moindre coup de feu. La deuxième option (qui me convient nettement plus) consiste elle à shooter systématiquement tous les gardes par surprise d’un carreau d’arbalète dans la tête, c’est moins propre mais plus rapide et plus efficace.
8/10