Annualisé dès le deuxième épisode jusqu'en 2015, la franchise Assassin's Creed a eu le bon goût de marquer une petite pause de deux ans après un Syndicate jugé trop sage, et qui a surtout fait les plus mauvaises ventes de la série. Pour autant, pas de table renversée et on restera plus dans une très grosse évolution qu'une véritable révolution.
Nous voilà donc plongé au cœur de l'Égypte Antique (-49 avant J.-C.) à une période évidemment trouble devant les difficulté des souverains face à la perte de confiance du peuple, et le début d'une guerre familiale pour la conquête du trône. Avec des rumeurs qui attestent que cette préquelle serait en fait répartie en trois épisodes (Egypte-Rome-Grèce), il suffit d'un peu de connaissance historique pour comprendre que la toile de fond de cette trilogie sera la destinée de Cléopâtre VII avec ici comme point de départ son conflit face à son mari et frère Ptolémée XIII. Pour autant, Assassin's Creed reste Assassin's Creed avec un contexte qui restera parfois difficile à appréhender pour les moins connaisseurs, avec certains personnages d'importance qui semble parfois débarquer tel un cheveu sur la soupe, même si l'ensemble reste un peu plus équilibré que pour un Unity par exemple.
Deux ans auront au moins servi à laisser les développeurs revoir leurs ambitions à la hausse : l'open-world d'Assassin's Creed Origins est non seulement le plus grand de la série mais également l'un des plus vastes jamais vus dans le JV. Les contrées désertiques, ça aide, mais cela n'empêchera pas un travail titanesque sur les décors et une certaine variété où l'ambiance peut changer du tout au tour entre les ruelles d'Alexandrie, les villages appauvries, les champs majestueux et bien entendu les no-man's-land recelant de moult trésors. Avoir pris son temps aura également permis de peaufiner ce joli tableau car si Unity était déjà techniquement superbe il y a trois ans, Origins va évidemment plus loin et sait surprendre sur le travail des textures. Plus important encore, même s'il reste quelques bugs (se corrigeant au fur et à mesure des patchs), on reste devant un travail bien plus fignolé que la moyenne.
C'est donc dans ce vaste univers que Bayek va entreprendre sa vengeance contre un mystérieux ordre agissant dans l'ombre de Ptolémée XIII, vous offrant vu l'intérêt commun de devenir le bras droit de Cléopâtre. La progression reste sensiblement identique à ce que l'on avait vu avant avec sa masse de quête principale qui tenteront un peu de variété dans les services rendus jusqu'aux missions qui demanderont d'éliminer vos plus importantes cibles. De ce coté, on garde le retour à la liberté imposée depuis le début de la génération avec des structures permettant des approches libres et donc la possibilité si vous vous en sortez bien de pouvoir assassiner la cible sans trop toucher au reste.
La liberté d'approche n'est pas la seule ressemblance avec Unity puisque tout le game-design repose sur ces bases, avec la volonté déjà en 2014 de transformer le simple jeu « action-aventure » en un RPG, chose que l'on retrouve avec Origins de manière encore plus poussée. Chaque mission, chaque annexe et chaque ennemi affiche le niveau requis pour s'en sortir un minimum et il suffit de tomber sur des adversaires ne serait-ce que trois niveaux au dessus du votre pour la sentir passer tant ils peuvent être dangereux, particulièrement les archers qui visent diablement bien. Et bien entendu, on a depuis longtemps mis à la poubelle le système qui nous laissait affronter les mecs un par un pendant que le reste attendait tranquillement en retrait. Maintenant, tout le monde vous fonce dessus en même temps, cavaliers inclus.
De quoi pousser l'infiltration en privilégiant les approches furtives sans que rien ne manque cette fois (on peut siffler ET cacher les corps), tenter quelques percées lointaines avec votre arc, et ne pas oublier en cours de route de piéger les zones permettant de donner l'alerte (conseil : faîtes tout ça de nuit). Que vous vous fassiez repérer ou non, le but reste d'éponger au mieux la zone avant le début d'une éventuel joute où vous devrez plus que jamais faire preuve de mobilité. Vous possédez certes un bouclier, mais beaucoup d'attaques ennemis feront office de brise-garde et la meilleure façon de s'en sortir sera cette fois l'esquive. Car oui : terminé le bouton magique qui permettait de contrer la quasi-totalité des attaques. On a tendance à se répéter mais une certaine franchise Souls-esque aura décidément marquer son emprunte dans le média, du Japon à l'occident.
On parle de From Software mais difficile également de ne pas ressentir une pointe de The Witcher 3 dans la progression. Avec la demande constante d'avoir tel ou tel niveau, il va donc falloir éviter la simple ligne droite pour ne pas se retrouver bêtement dépecer à chaque face-à-face contre un gros soldat. On évite heureusement le grinding imposé (tuer ne rapporte pas grand-chose en xp) ou l'exploration obligatoire (même raison) puisque ce seront bien les quêtes annexes qui rapporteront le plus, la plupart étant plus travaillée qu'une simple chasse aux oiseaux avant de ramener trois crottes de dromadaire. Évitez juste d'en lancer plusieurs en même temps (même si ça fait gagner du temps) car c'est toujours comme ça qu'on perd le fil narratif de chacune et qu'on tombe dans le piège de l'enchaînement sans trop réfléchir. C'est d'ailleurs à cause de cela qu'il faudra un jour que certains comprennent qu'à notre époque et dans une expérience solo, il serait plus sage d'avoir (beaucoup) moins de quêtes annexes, mais que chacune soit (beaucoup) plus longues.
A chaque niveau gagné, Bayek bénéficiera de davantage de PV et de force mais c'est loin d'être l'unique manière de grimper en puissance. Des tonnes d'armes de corps-à-corps, d'arcs et de boucliers passeront entre vos mains avec le principe « normal, rare, légendaire » sans que ça ait la même incidence que dans un jeu multi où l'on cherche à diversifier une team. Ici, dès que vous obtenez un équipement de catégorie légendaire (et ça peut vite arriver) avec un bon bonus, il vous suffira de les booster de temps à autre au forgeront du coin sans avoir à changer jusqu'à la fin du jeu. On conseillera juste de très rapidement débloquer la possibilité de s'équiper de deux arcs à la fois : un pour les attaques lointaines, l'autre genre tir rapide ou triple flèche pour nettoyer une foule compacte.
Et il y a enfin l'équipement plus lambda qui lui ne peut être changé, offrant pour chacun un bonus (santé, nombre de flèches, puissance…) et dont le boost se fera avec des matériaux type roches et peau de bête, ce qui est loin d'être la quête la plus motivante mais néanmoins essentielle. On remerciera de ce coté l'intérêt des deux animaux qui nous tiendront compagnie avec non seulement un cheval qui peut vous emmener vers un objectif sans que vous ayez besoin de toucher à la manette, mais également un aigle que l'on peut du coup « incarner » pendant ce temps pour repérer du ciel les meilleurs spots de bestiaux à éviscérer sur le chemin. Aigle qui nous permettra de repérer ennemis et points d'intérêt d'une zone avant de s'y atteler, ce qui sera obligatoire vu qu'il n'y a plus de petite map dans un coin de l'écran pour nous refiler quelques indications.
Il faudra donc une quarantaine d'heures pour achever le jeu dans la ligne relativement droite (encore une fois par obligation de faire des annexes) et forcément beaucoup plus pour poncer la totalité du jeu, avec une réelle motivation pour certains secrets propres au contexte égyptien. Seule grosse déception dans tout cela : les fameuses séquences dans le monde moderne. On nous promettait le grand retour et s'il y a effectivement du mieux après l'ère Black Flag et qu'on a toujours notre petite dose de clins d'œil, on s'attendait à un peu mieux que quelque chose qui semble avoir été rajouté durant le développement pour plaire aux fans.
Note :
Il va sans dire que l'indéniable grand défaut du jeu reste l'absence de codex pour se faire une culture au fur et à mesure de la progression mais difficile de taper le jeu sur ce point puisque cela reste un choix délibéré par Ubisoft qui, début 2018, sortira un mode gratuit qui transformera le jeu en gigantesque musée interactif.
+ Un des plus grands open-world
+ Et l'un des plus beaux
+ Des panoramas qui claquent
+ Infiltration plus poussée
+ L'IA bien moins aveugle
+ Combats mieux menés
+ Toujours une liberté d'approche
+ La scénarisation des annexes
+ Le cheval et l'aigle très utiles
+ Très bonne durée de vie
- Le début un peu lent
- Les séquences d'enquête
- La base scénaristique sans surprise
- Monde moderne encore en retrait
- Trop d'équipement pour pas grand-chose
- Toujours quelques bugs
Conclusion : Après avoir pris le risque de se faire foudroyer à jamais avec Syndicate, la franchise Assassin's Creed revient en grande forme avec ce qui est indéniablement l'un des meilleurs opus de la franchise, allant plus loin que jamais dans son gameplay, son exploration, la taille de son open-world et tout simplement son coté RPG. Reste pour autant quelques faiblesses dans le rythme et un scénario finalement simpliste aussi bien dans la trame principale que dans son monde moderne, préférant miser sur sa toile de fond et l'époque qui va avec. En somme, le retour en grâce pour les fans, et un simple épisode de plus pour les autres.
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