Non sans quelques couacs de lancement dû aux étranges choix marketing de Bethesda, le reboot de la saga Doom est enfin disponible pour les joueurs PC, PlayStation 4 et Xbox One. Retour réussi ou erreur de parcours ?
On ne va pas présenter la série car tout le monde se doit de connaître le monument du FPS qui a démocratisé un genre sans en être la première représentante, et encore moins la plus active du marché. Et pour cause : en oubliant la tonne de portages dans tous les sens, la licence Doom ne compte véritablement que quatre épisodes sortis en l'espace de 23 ans. On n'est pas trop dans le rythme de Call of Duty, vous l'aurez remarqué. Ainsi, après deux premières tueries lancées coup sur coup, iD Software place une première « pause » (hors extensions, blabla) de 10 longues années pour ne revenir qu'en 2004, aka l'une des plus belles années dans l'histoire du FPS PC : Half Life 2, Far Cry et, donc, Doom 3. Et pourtant, ce dernier a divisé par son envie de changer la formule, loin des tueries orgasmiques pour quelque chose étrangement assez proche du survival-horror, mais pas mauvais pour autant. Nouvelle pause, déboires des développeurs, accouchement difficile de Rage et un premier prototype de Doom 4 qui n'a heureusement jamais vu le jour : une sorte de Call of Duty-like. Si, si.
Oui, cette chose devait être Doom 4
Bonheur pour les fans : les équipes décident de laisser cette horreur à la poubelle pour revenir aux sources, rebootant aussi bien le projet que la série elle-même. Un an après la première présentation, deux après les premières informations leakées, le titre est enfin dans les bacs et dès les premières minutes, ça pue bien fort leDoom comme on l'aime. Pas de longue séquences de blabla comme Doom 3 mais dix secondes de cinématiques pour récupérer un gun et commencer à tirer sur tout ce qui bouge. Le scénario est bien présent, mais on s'en fout un peu, surtout qu'il n'a rien de mémorable autant dans la mise en scène que le casting et les dialogues. D'ailleurs, on peut en zapper une partie, représentées par des hologrammes, car de toute façon on n'est pas là pour ça et probable que 95 % des joueurs récupéreront les « journaux de données » juste pour la course aux succès/trophées.
Le coeur du jeu, c'est avant tout l'action. Terminé les affrontements contre trois mobs maximums dans Doom 3 (on le critique même s'il était pas mal). Cette fois, c'est le retour à l'ancienne avec de gros affrontements dans de vastes arènes et si on reste loin de la viscérale folie de Brutal Doom, l'un des meilleurs mods qui soit, il y aura largement de quoi y perdre la tête et le reste, le bestiaire étant suffisamment varié pour obliger à s'adapter aux situations, entre les plus petits qui peuvent être en surnombre, les mitrailleurs, les crânes (assez rares en passant), les « grosses têtes », les colosses et autres joyeusetés, dont celui qui agit en mode taureau pour nous décalquer la face et qu'il faut impérativement viser dans le dos pour le dégommer plus vite.
Et Doom est difficile. Pas non plus insurmontable dès lors qu'on évite l'abusé mode cauchemar mais déjà plus que la majorité des FPS du marché qui aiment user de la technique moderne de l'auto-regen. Ici, c'est à l'ancienne. Il faut ramasser des points de vie, des points d'armure, des balles… et le tout en se dépêchant car les coups adverses peuvent faire très mal et le titre motive de fait à de constants déplacements pour sans cesse checker la zone en cas de danger. Car outre le coté fast-FPS bien éloigné des standards de notre époque, obligeant à exploiter sans cesse l'architecture plutôt que de camper dans son coin en attendant que le troufion sorte la tronche de sa caisse, Doom met en place des mécaniques originales, comme les « glory kills » qui permettent (non sans une animation préalable) d'achever son adversaire brutalement et grappiller derrière des PV qui pop comme par magies. La tronçonneuse joue sur le même style car ne peut-être cette fois utilisé qu'un nombre de fois limité pour achever n'importe quel streum d'un seul coup pour faire exploser l'apparition de munitions. Un équilibre à tenir en affrontement, surtout qu'on a constamment besoin de changer d'armes en fonction des ennemis et des chargeurs qui se vident à grande vitesse. Certains puristes râleront tout de même devant tout cela, mais l'effet n'est finalement pas trop invasif, et il y a également des perks pour compenser (on va y revenir).
On attendait également d'un bon reboot un arsenal digne de ce nom. Le bilan est très bon, le titre offrant la majorité des pétoires de l'époque, jusqu'au BFG à utilisation très limité pour compenser son incroyable puissance, et on peut d'ailleurs améliorer toutes les armes classiques. C'est d'ailleurs là qu'on entre dans la seconde phase du jeu : l'exploration (mais pas trop non plus). Chaque niveau est vaste et s'il faut généralement suivre une zone plus ou moins balisée pour arriver à ses fins, on a constamment l'occasion de fouiner à droite à gauche pour trouver de multiples secrets, que ce soit des poupées (pour débloquer des skins en multi), des niveaux complet des deux premiers Doom (sans grand intérêt hormis la nostalgie), des points d'amélioration (vie/armure/chargeur), d'autres points d'amélioration cette fois pour l'armure afin de bénéficier par exemple d'une carte plus détaillée (vite obligatoire) ou de glory kills plus rapide, ou encore des runes en accomplissant des défis annexes, qui elles-mêmes peuvent ensuite être améliorées sous condition. Les builds ne sont pas nombreux mais en étant malin, ou en allant checker google, il est possible de bénéficier de munitions infinies une bonne partie du temps. Dernier point, le simple fait de tuer des ennemis ou d'accomplir des objectifs annexes dans chaque niveau (tuer 5 ennemis de telle façon, etc.) débloquera ENCORE des points d'amélioration, cette fois pour vous armes sachant que la plupart peuvent aborder deux styles d'attaques secondaires, comme par exemple un tir chargé avec le snipe/laser ou de multiples roquettes à guidage auto. En bref, il y a de quoi motiver à fouiner et là encore, on est loin des FPS d'aujourd'hui qui se limite pour la plupart à quelques fichiers dont tout le monde se contrefout.
On tiendrait presque le solo ultime attendu si la formule ne pêchait pas par ses problèmes de rythme. Il est certes difficile de renouveler constamment l'expérience et la variété dans ce type de FPS qui pourra vous prendre facilement plus d'une douzaine d'heures (en mode normal) si vous souhaitez fouiller un maximum. De fait, passé la première moitié du jeu, on est un poil moins dans le trip, pas aidé par certaines zones clairement en dessous du lot (le premier level de l'Enfer est une vraie purge) et quitte à choquer, il aurait peut-être fallu tenter un autre type de décors que l'habituel duo Complexe/Enfer. Tout n'est pas à jeter et même vers la fin, certaines sessions sont à la hauteur, mais on aurait peut-être voulu un peu plus de variété plutôt que de se reposer sur la formule de base certes très cool mais ne misant au final que sur l'augmentation constante de l'armement et du bestiaire. Car pas de bol : bien avant la fin, on a vu toutes les armes et tous les ennemis. Pour compenser un peu cela, les vrais boss n'interviennent que très tardivement : aucun dans la première moitié et trois dans la seconde. Plutôt balaises d'ailleurs.
Reste un bon trip et la nette sensation que Doom est enfin revenu sur la bonne voie. Pour garantir un peu le contenu, les développeurs ont fourni le mode multi que chacun a pu essayer en bêta et qui n'a pas vraiment évolué depuis : simple, relativement complet (12 maps, 8 modes), facile à prendre en main, mais peut-être trop classique pour tenir sur la longueur en plus de manquer de punch et d'être touché par la mauvaise idée des transformations en démon. Constat inverse pour le fameux mode SnapMap qui lui pour le coup demandera un certain temps d'adaptation mais qui s'avère hautement réussi. Dans les faits, il s'agit simplement d'un éditeur de niveaux/missions aux options bien plus nombreuses que de coutume et s'il manque encore quelques petites choses pour satisfaire les puristes (comme des textures maisons), il y aura largement de quoi faire en pouvant même créer des scripts pour les apparitions et les cinématiques, en rajoutant la possibilité (contrairement au solo) de s'y adonner ensuite en coopération jusqu'à quatre, et même d'augmenter la vitesse de déplacement. Un Hub relativement bien foutu se charge de recenser toutes les créations, où certains font déjà preuve d'originalité (mais rarement bien foutu pour le moment) quand d'autres n'ont pas pu s'empêcher de commencer à recréer les niveaux du premier Doom. A voir si cela maintiendra les joueurs, car si on n'a pas trop de doute coté PC, il faut avouer que le trip partage/création n'est plus vraiment à la fête sur consoles depuis quelques années.
Les plus
Les moins
+ Du gore
+ De la nervosité
+ Du challenge
+ De l'exploration
+ Du 60FPS quasi-constant
+ Des points de vie
+ Du FOV sur consoles
+ Des grosses armes
+ Plein de trucs à débloquer
+ Un VRAI Doom quoi
- Gros problèmes de rythme
- Des textures parfois à vomir
- Temps de chargement odieux
- Le mode multi sans plus
Conclusion : Pendant un moment, on commençait à craindre le pire pour Doom mais finalement, le titre s'en sort avec les honneurs, remettant en place l'essentiel des débuts de la licence jusqu'aux orbes bonus, tout en ajoutant des nouveautés appréciables, à défaut de pouvoir plaire à tous. Son véritable problème vient d'un rythme en dents de scie, notamment parce que la campagne joue la plupart de ses cartes dans la première moitié du jeu.
Certains diront, légitimement, que c'était déjà le cas à l'époque des deux premiers mais nous ne sommes plus dans les années 90 et il est difficile aujourd'hui de ne pas pointer de simples enchaînements de stages très proches visuellement où l'on fait souvent la même chose mais avec plus d'ennemis que dans l'heure précédente. Même si ça défoule bien comme il faut. Gageons que cela vient du redémarrage de la licence et qu'en cas de suite, iD Software fera un peu plus dans la prise de risque pour varier les situations.
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