Si Fire Emblem If incarne sans conteste l'un des futurs poids lourds de la 3DS, le groupe Intelligent Systems tente en attendant le pari de la nouvelle licence avec CodeName Steam, dont voici notre verdict.

Une nouvelle série donc, qui dans la forme n'a pas les arguments du siècle pour s'imposer dans le cœur de tous. Car ne tournons pas autour du pot en évoquant de suite l'un des principaux problèmes du jeu, à savoir son chara-design exécrable dont les renders laisseraient presque envisager une production lambda sur smartphone. Choquant lorsqu'on connaît la qualité esthétique d'un Fire Emblem et si le background a le mérite d'être original avec cette période pseudo victorienne où se mélange des personnages réels et fictifs, le scénario lui ne se montre pas très percutant et même chose pour les différents personnages principaux dont les attitudes semblent plus tirer d'un blockbuster action US que de ce qu'on est habitué de voir avec le développeur. Dommage.



Mais heureusement, l'aventure se montre tout de même de qualité grâce à un système de jeu suffisamment travaillé pour satisfaire les amateurs. Contrairement à la série précitée qui mise sur le tactical brut avec ses déplacements en case par case, CodeName Steam opte lui sur de la stratégie avec des unités que l'on déplace sur un terrain en 3D à la façon d'un Valkyria Chronicles ou encore XCOM Enemy Unknow. Concrètement, pendant votre tour, vous pouvez bouger vos différentes unités (jusqu'à quatre) en utilisant votre jauge de vapeur qui sert aussi bien pour la distance que vous pourrez parcourir que de munitions. Autant dire qu'il ne faudra pas se presser et réfléchir constamment entre l'attaque ou la fuite avec toujours le besoin d'avoir un bon placement à la fin du tour pour éviter d'être mal au point pendant la partie adverse (que l'on peut accélérer grâce à la mise à jour). Point particulier : si vous maintenez au moins une portion suffisante de votre jauge à la fin du tour, l'ennemi qui passera ensuite dans votre champ de vue subira directement une attaque. Salvateur, surtout qu'il y a un petit pourcentage de chance d'étourdir l'adversaire. Mais attention : l'inverse est tout à fait valable car si vous vous amusez à avancer à la bourrin, vous mangerez directement chaque attaque d'un ou plusieurs ennemis au détour d'un couloir.

C'est là toute l'originalité du jeu : son besoin constant à chaque tour d'analyser l'architecture du niveau. Car le titre ne propose expressément pas de carte et c'est donc à vous de regarder les alentours pour tenter de repérer l'adversaire et les bons chemins à adopter pour éviter les attaques frontales. A ce propos, si l'on est au préalable tenté de détruire toutes les caisses & autres sur le chemin pour glaner quelques pièces d'or, on se rend ensuite compte que la richesse ne fait pas tout et que l'on n'a du coup plus la moindre cachette pour tenter une embuscade face à quelques ennemis plus retors que la moyenne. Et si l'on rajoute à cela la possibilité de se déplacer à loisir sans user la jauge (tant qu'on n'a pas ramassé un objet particulier ou effectué une action), que l'on peut remettre la jauge à neuf avec quelques items ou en lisant des panneaux d'aide, et que les rares points de sauvegarde peuvent permettre de remettre le groupe à neuf moyennant de nombreuses pièces, le potentiel stratégique du titre se fait ressentir et il n'y aura d'ailleurs aucun moyen d'user une autre carte que la méticulosité car voilà : le titre propose un certain challenge.



C'est presque surprenant après Fire Emblem Awakening qui avait tenté de s'ouvrir à un plus large public en proposant plusieurs modes de difficulté. Dans CodeName Steam, c'est le mode unique, et il est programmé sur difficile. Les amateurs s'en sortiront mais le moindre faux pas peut conduire à l'échec, surtout qu'il suffit qu'un allié tombe au sol pour qu'il se retrouve out du combat en attendant la réussite de la mission ou au mieux une grosse dépense d'argent à un point de sauvegarde. Et c'est rageant de perdre après 30 minutes de joutes dans un jeu où le rythme est indéniablement très lent. Ce genre de chose arrivera dans tous les cas vu que, malgré un bestiaire limité, les pièges se font plus nombreux au fur et à mesure de l'avancée et il faudra impérativement savoir user de nos bonnes capacités en sachant que chaque personnage peut porter deux armes, une compétence particulière et un pack de vapeur octroyant bonus/malus.

Et à ce propos, un mot sur l'aspect gestion, clairement décevant. Alors que Fire Emblem (oui, on y revient encore) pousse toujours plus loin les possibilités, on sent que CodeName Steam est un premier essai tant on se contente ici du minimum syndical. Pas d'expérience, pas de niveaux, pas de système d'affiliation… Les seules points à même d'évoluer seront vos réserves d'armes et de packs de vapeur, que l'on grattera avec les pièces ramassées dans chaque niveau ainsi qu'en récoltant les trois pièces rouages éparpillées à chaque zone, d'ailleurs parfois bien cachées et quand on sait qu'à trop gâcher de tours en fouinant, les ennemis sont susceptibles de respawner, il faudra parfois faire le choix de boucler la mission rapidement pour la refaire plus tard avec un meilleur équipement. Un certain manque de profondeur en somme, mais tout de même de quoi faire avec le rajout de classement via le Street Pass et la présence d'un multi en ligne pour l'affrontement (simple ou en mécha) ou la chasse aux pièces, genre de choses qui ne marquera pas esprits vu le concept forcément plus adapté au solo mais ça a le mérite d'être présent.

Les plus	Les moins
+ Très bon système de jeu + Suffisamment stratégique + Du vrai challenge + La chasse aux pièces + Bonne durée de vie + Le patch salvateur	- Manque de gestion pour les habitués - Trop difficile pour les amateurs - Chara-design en carton - Univers mal exploité - Bestiaire limité - Devoir acheter des Amiibos pour débloquer les persos de Fire Emblem

Conclusion : Intelligent Systems s'en sort avec les honneurs pour cette nouvelle licence non dénuée d'originalité et surtout portée par un système complet qui ne laissera aucune place à l'erreur. Idéal pour les amateurs du genre, le titre aurait tout de même mérité un peu plus de travail autant dans sa gestion que dans l'univers proposé, original à défaut d'être véritablement intéressant.