Après un accouchement des plus difficiles, Devil's Third est enfin né. Une exclusivité Wii U qui ne risque pas de renverser le milieu contrairement aux dires de son créateur, sans être pour autant la daube de la décennie.
Le départ de Tomonobu Itagaki de la Team Ninja a directement conduit à quelques fâcheux problèmes, entre un Ninja Gaiden 3 raté (mais qui s'est assez bien rattrapé ensuite) et un Dead or Alive 5 très correct mais plombé par une politique de multiples versions, sans parler du sketch permanent des DLC. Pendant ce temps, le producteur -qui porte même ses lunettes de soleil en boîte de nuit- préparait sa vengeance. Avec difficulté. Le projet Devil's Third suscitait l'attente à son annonce chez THQ et si visuellement, le jeu n'impressionnait pas vraiment, impossible de se poser la question suivante : « Et si le jeu était mauvais ? » C'était Itagaki quoi ! Seulement, le temps a passé, entraînant avec lui la mort de THQ pour voir Nintendo s'offrir ensuite le projet qui a réussi à changer trois fois de moteur (l'équipe optant au final pour l'Unreal Engine 3), jusqu'au design du héros. Pire encore, la sortie approchant doucement, les mauvais retours s'enchaînaient, beaucoup allant même jusqu'à qualifier le titre d'étron en puissance. Mais devant les promesses d'un développeur reconnu, l'unique question qui tournait restait : « Y a t-il une chance qu'il soit bon ? »
Porté par un design générique et n'ayant plus le moindre rapport avec la patte japonaise apposée dans un Ninja Gaiden, cette nouvelle production semble être purement occidentale, et dans le mauvais sens du terme. Ambiance militaire, dialogues badass, héros « tête de con », instants caricaturaux puissance max… Bon, c'est pas folichon, jusqu'au scénario qui semble être un mélange entre Call of Duty et Kill Bill. L'affiliation avec ce dernier est évidente d'ailleurs, entre le concept de la vengeance envers ses anciens équipiers/tueurs, le coup de l'armoire sur patte habillée façon cow-boy, le niveau « temple asiatique » avec la demoiselle-boss qui va avec… Mais on est malheureusement plus proche du Michael Bay que du Tarantino et il suffit de voir la scène de l'escadron aérien de vieillard genre « vétérans de guerre qui reviennent se sacrifier pour la nation » pour soupirer et avoir mal à son Japon.
On ne vous apprendra rien en déclarant qu'il s'agit d'un jeu d'action. En revanche, il est important d'apporter une certaine précision : contrairement à ce que l'on pouvait penser depuis l'annonce, Devil's Third n'est aucunement un jeu à l'arme blanche auquel on aurait apposé des armes à feu en supplément. C'est quasiment l'inverse et plus précisément un TPS/FPS (la vue passe en mode ironsight dès que l'on vise), avec possibilité de passer de temps à autre au corps-à-corps quand l'occasion se présente, ce qui n'est pas non plus constant. Courir vers des ennemis à la mitrailleuse avec un marteau entre les mains n'est pas la meilleure idée pour survivre, surtout en difficulté avancée, et la plupart des niveaux vous demanderont d'utiliser majoritairement une arme à feu, parfois même au détriment des armes blanches. En effet, en étant suffisamment mobile, vous aurez davantage de chances de survie en utilisant un bon fusil à pompe contre des ninjas plutôt que d'attendre qu'ils vous encerclent tranquillement l'arme au poing.
Donc on est clairement dans un jeu de « tir », ce qui l'éloigne définitivement de Ninja Gaiden. Pire encore, les combats à l'arme blanche sont à mille lieux de la série précitée, au point que l'on se demande si l'on parle bien du même producteur. Nombre de combo ultra limité, même chose concernant les mouvements, caméra susceptible de s'affoler à la moindre esquive, aucune impression d'être débordé (certains ennemis attendent dans leur coin sans bouger) et équilibre à revoir totalement. Pour ce dernier point, les circonstances ont fait qu'on s'est intéressé la première fois au corps-à-corps en étant équipé d'une hache, ce qui est une arme relativement balaise, mais odieusement lente. Et on pèse nos mots. Face à deux ennemis lambdas, il était tout simplement impossible de frapper vu que le temps d'attente entre deux pattern d'attaques était quasiment plus court que celui demandé pour lever le bras. Heureusement, on est ensuite revenu aux fondamentaux avec le katana (arme de base) et là, les choses se sont clairement arrangées pour offrir des joutes déjà bien plus nerveuses, qui ne faisait pas oublier le coté basique et cette fichue caméra qui élève à elle seule la difficulté lorsqu'on fait face à un colosse armé d'une tronçonneuse.
Ironiquement, le jeu n'est pas totalement mauvais. Ou plutôt, il est défoulant et se laisse vivre sans trop d'ennui grâce à des situations variées et une difficulté assez bien calibrée une fois que l'on a pris le jeu en main (excepté un certain passage abusé dans la mission 7 et quelques boss). Mais diable, que c'est simpliste à tous les niveaux ! Chaque stage (9) est d'une linéarité abusée, délaissant totalement le coté exploration hormis pour récupérer une poignée de secrets, et la majorité des choses à faire à déjà été vue par le passé, entre la séquence en jeep, celle en avion, le coup de la zone à prendre d'assaut en faisant gaffe à une tourelle jusqu'à se retrouver devant elle qu'il faudra utiliser pour broyer une autre vague, les passages « je dois détruire des batteries sol-air », « je dois marquer des tanks pour que le soutien aérien les explose »… C'est définitivement du Call of, mais en vue à la troisième personne, et avec des boss.
Des boss une fois encore bien en-deçà de ce que l'on pouvait attendre d'un tel producteur : le premier n'a absolument aucun intérêt, tandis que les autres optent pour une approche très corps-à-corps. Problème, le gameplay à l'arme blanche étant très secondaire comme on l'a dit et peu profond, vous devinez que le résultat est loin d'être fameux, la plupart s'expédiant en esquivant au bon moment et en répétant ensuite le même combo. Et puis bon… abordons pour terminer le point qui fâche : c'est moche ! Techniquement parlant, le jeu donne l'impression d'être revenu en début de la génération PS3/360 (qu'on aurait même là qualifier comme moyen). Modélisation basique, textures qui manquent de détails, généralement flous en extérieur quand elles ne sont parfois même pas présentes, frame-rate qui suffoque souvent sous les 30FPS (quand un Bayonetta 2 bien plus beau nous offrait du 60FPS sur le même support)… Excepté à la rigueur la modélisation des têtes d'affiche, quasiment tout fait dans le bas de gamme alors que le titre est vendu au prix fort, ce qui n'aidera pas les éventuels curieux à passer à la caisse.
Note : concernant le multijoueurs.
Ne faisons pas dans les fausses impressions tirées d'un communiqué de l'éditeur : nous n'avons pas joué au multi. Non pas par manque de temps… mais tout simplement que nous n'avons jamais réussi à lancer une partie malgré plusieurs essais vu qu'il n'y avait absolument personne en ligne. Contrairement à certains titres comme Splatoon et Mario Kart 8, Nintendo n'a pas pensé à lâcher des horaires fixes pour que la presse s'y retrouve, et vu que le titre n'est pas disponible aux USA (décembre) et qu'il a fait un flop au Japon, c'est non sans peine que l'on restait tout seul avec notre pauvre Level 1 dans le lobby à attendre indéfiniment au moins 5 autres âmes.
Évidemment, nous mettrons ce test à jour sous peu, le temps que le titre sorte pour qu'un minimum de monde débarque et pour l'heure, on se contentera de dire que cette composante multi semble en apparence faire le boulot : expérience, achat d'armes, plusieurs modes de jeu vraiment différents… Peut-être une bonne surprise tiens.
Les plus
Les moins
+ Plutôt défoulant
+ Si on aime le badass...
+ L'idée du mixe des genres
- Graphiquement, c'est pas ça…
- La patte esthétique...
- Gros manque de travail sur le corps-à-corps (combos, possibilités...)
- En résulte des boss moyens
- Pas bien long (6/7h en normal)
- Bien trop banal au final
Conclusion : Itagaki parlait de Devil's Third comme un jeu qui serait un tournant pour l'industrie (ce sont ses mots). Le producteur s'est en fait contenter de mixer un peu maladroitement les genres pour les mettre dans des séquences dignes de Call of Duty (et pas les plus récents). Pas forcément désagréable dans les faits, mais surtout générique, sans âme et en somme aucunement marquant.
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