Après des brouettes de trailers pour faire monter la pression chez les fans, Ubisoft rend enfin à la disposition de tous son dernier épisode de la saga Assassin's Creed. Le dernier en date du moins.
A l'instar de
Mass Effect 3, la dernière heure d'
Assassin's Creed III était à la fois ce qui pouvait constituer le point final de la saga, ou tout simplement une gigantesque porte ouverte vers tout et n'importe quoi. Succès de la licence oblige, c'est évidemment le second cas qui fut adopté et il est tout de même surprenant de très vite constater que les équipes se sont totalement désengagés ou presque de la méta-histoire pour se consacrer désormais au contexte historique, preuve en est de l'aventure qui démarre directement en force avec une bataille navale. On va y revenir, mais il faudra en tout cas quelques dizaines de minutes avant de voir enfin le retour au présent et découvrir comment à progressé le scénario... ou presque. Car tout à désormais changé. Fini le coté mystique et la quête de vérité aux commandes de Desmond puisqu'on incarne désormais un simple employé d'Abstergo, entreprise qui, en collaboration avec Ubisoft (!), compte proposer au public la possibilité de revivre des aventures passées. Oui, assez original comme concept, et qui sert surtout de publicité à l'éditeur qui à maintenant loisir de balancer dans les locaux affiches et goodies des anciens épisodes. Très éphémères, les passages dans le monde « réel » serviront au final à gratter quelques informations via des QR codes éparpillés un peu partout, même si quelques révélations seront au programme.
Donc retour au XVIIIème siècle en prenant en main Edward Kenway, petit pirate qui, après un naufrage, va profiter du fait que Facebook n'existe pas encore pour tranquillement prendre l'identité d'un autre, histoire d'être un peu discret et surtout se refaire une bourse, surtout quand l'anglais (mort) dont il a pris l'apparence possédait une mystérieuse relique destinée à une certaine organisation. Rebondissements, mise en scène travaillée, utilisation parfaite de personnages historiques dont Barbe-Noire... On retrouve très vite les grandes qualités de la licence et l'ambiance est parfaitement au rendez-vous même si les villes seront bien plus secondaires que par le passé, les flots bleues des caraïbes constituant la principale attraction de ce nouvel épisode. Techniquement, on est à la fois au sommet de cette génération et dans le sentiment qu'il est enfin temps de passer à autre chose, la grandeur du terrain de jeu et la profusion de détails coopèrent avec aliasing et pop-up sur PS3 comme sur 360. Quelques petits ratés dans le level-design également, certes très rares, mais il nous est arrivés de devoir s'y reprendre à plusieurs fois pour grimper sur un simple poteau, celui-ci étant par exemple assez mal disposé (genre derrière un banc).
La progression n'a pas changé d'un iota et les équipes ont gardé ce principe de sans cesse améliorer la formule sans chercher à la révolutionner. Ainsi, en ville par exemple, on enchaîne missions et aspects secondaires, se résumant donc à accomplir quelques meurtres, synchroniser sa carte du haut d'une tour, fouiner pour trouver tous les coffres et autres éléments, chasser quelques bestioles pour revendre les peaux ou se fabriquer de nouvelles sacoches, et faire un petit tour à la taverne pour s'adonner à quelques mini-jeux de l'époque et discuter en vue d'apprendre l'emplacement d'une éventuelle carte au trésor. A ce propos, les cartes sont peut-être la seule et unique incarnation de « recherche » dans le jeu. En effet, comme les autres épisodes, il est souvent inutile de se balader tranquillement en espérant tomber sur des secrets cachés, la quasi-intégralité des éléments d'importance s'affichant sur la map dès lors qu'on s'en approche ou qu'on synchronise. Pas préjudiciable pour les habitués, surtout que le sentiment de découverte reste présent notamment avec les ruines, un peu plus pour ceux qui aiment trouver les choses par eux-mêmes, surtout dans ce genre de background.
Coté gameplay, là encore, on ne change pas une formule qui fonctionne depuis le début de la génération. La prise en main est facile, un bouton suffit à grimper sur tout et n'importe quoi et les combats gardent la même approche avec toujours un peu plus de souplesse, pour un rendu très proche des
Batman Arkham. Il reste en revanche toujours navrant pour un jeu qui mise souvent sur l'infiltration que les possibilités restent toujours aussi peu nombreuses. Quitte à revenir dans les vieux pots, on n'aurait pas refusé un cône de visualisation pour chaque ennemi plutôt que le classique « J'attends que ma jauge soit remplie pour entrer en mode alerte », obligeant à adopter les mêmes attitudes passées : je me cache dans l'herbe, je fonce vers une autre cachette, je balance un fumigène si je me fais repérer, etc. Ça fonctionne certes toujours très bien, mais rien de révolutionnaire. En combat, si on excepte certains types d'ennemis qui demanderont d'utiliser impérativement l'esquive ou le cassage de garde, les joutent restent dans l'ensemble très facile, sauf bien entendu quand de nombreux opposants sont équipés d'armes à feu. Notons que les différents types d'armes sont moins nombreux que par le passé, un défaut pour certains mais une manière de s'attarder uniquement à l'essentiel pour d'autres.
Mais si on pouvait résumer simplement
Assassin's Creed IV, ce serait en regardant du coté des batailles navales. Introduits dans le précédent épisode, ces passages sont désormais au cœur de l'aventure et proposent surtout bien plus de profondeur. Plus rythmé, incluant davantage d'adversaires quand la météo ne vient pas poser problèmes avec déferlantes et tornades, le trip à voile reste sans conteste le point fort de l'aventure avec maintenant possibilité d'aborder les navires ennemis (tuer un certain nombre d'adversaires et/ou détruire leur drapeau), offrant davantage de récompense que la destruction pure et simple de leur navire, tout en posant évidemment plus de risques. La gestion est également plus poussée, avec le besoin de recruter constamment de nouveaux matelots (qui meurt facilement), soit en allant à la taverne, soit en repêchant des naufragés. Et forcément, nos escapades dans les batailles, dans la fouille des petites îles voir dans les profondeurs plus tard dans le jeu serviront à grappiller du butin qui servira là encore à la revente ou à l'amélioration de notre navire pour le rendre toujours plus puissant et mieux armés, du boulets explosifs pour faire face à la marine aux réserves de lances pour aller chasser du requin ou de la baleine.
On l'aura compris,
Assassin's Creed IV se montre digne de ses prédécesseurs et tout simplement meilleur selon que vous adhériez ou non au background. Plus long, plus varié, plus grand et surtout plus libre que les précédents, et avec des temps de chargement très rares, l'aventure s'avale d'un bout à l'autre et se montre même plus agréables pour les amateurs du 100% avec des objectifs annexes de missions plus claires et plus simples. Reste le multijoueurs, désormais indispensable, s'incorporant très bien au contexte (il faut dire que ce n'est pas très difficile vu ce qui se passe maintenant à Abstergo) et disposant de son lot de nouveaux personnages et cartes inédites. Au programme, une demi-douzaines de mode de jeux (désormais totalement paramétrables), s'axant surtout sur l'habituel principe de chasseur/proie, tout de même accompagné d'un mode coopération à objectifs mieux travaillé et plus varié. Comme à chaque épisode depuis Brotherhood, on adhère ou non à ce genre de multi pour le moins original et tout sauf bourrin mais les fans n'auront aucun mal à accrocher à cette composante qui sera la meilleure de toute, bien aidé par la customisation de notre avatar encore plus poussée qu'à l'accoutumée.
Les plus | Les moins |
+ Edward, héros très réussi
+ La fidélité de l'époque
+ La sensation de liberté
+ Les passages en bateau
+ La carte, juste énorme
+ Des tonnes de choses à faire
+ Plus souple dans son gameplay
+ Mieux rythmé dans sa progression
+ Le multi qui s'améliore encore | - L'IA, encore un fois
- Quelques redites dans les missions
- A pied, la formule reste la même
- Il y avait matière à faire mieux du coté d'Absergo |
Conclusion : En s'émancipant de l'histoire de Desmond qui commençait à être compliquée à suivre pour ceux qui n'étaient pas là depuis le début, Ubisoft permet à la série Assassin's Creed de partir dans une nouvelle direction où le contexte historique prime sur tout le reste. Malgré un rythme d'usine, ce sixième épisode fait dans la véritable réussite, bien aidée par un contexte très attirant et offrant aux joueurs encore plus de liberté qu'auparavant et les meilleures batailles navales vécues dans l'histoire du jeu vidéo. Malgré de nombreuses redites dans la progression, on évite de fait le sentiment de copié/collé souvent ressenti dans Batman Arkham Origins, et on est désormais impatient de voir ce que donnera le prochain épisode, qui a toutes les chances d'être totalement dédié à la Next-Gen.