Prévu de base pour le lancement même de la PlayStation 4, DriveClub arrive dans les bacs avec un an de retard. L'attente en valait-elle la peine ?
Onze mois de retard pour être exact, qui auront permis au studio
Evolution de peaufiner sa nouvelle licence après s'être illustré sur PS3 avec la trilogie
MotorStorm, fleuron graphique au lancement de cette dernière avant de s'écrouler dans les charts au fil des épisodes. Comme la série précitée,
DriveClub compte bien marquer le coup de la nouvelle génération et si le gros report aura servi à améliorer la triste copie montrée en 2013, tout est loin d'être parfait. Très loin même.
C'est déjà indéniablement beau sur le plan purement technique. Les équipes n'ont jamais fait la fine bouche sur les effets de lumière, les couchers de soleil étant tout simplement somptueux, sans parler de nombreux bonus de particules au détour d'un virage. Cela se joue sur les détails, passant parfois inaperçus, mais il est plaisant de constater ces drapeaux poussés dans le sens du vent, ce public plus travaillé que la moyenne (et dont on voit les ombres en fonction du positionnement du soleil), ces reflets à la pointe sur la carrosserie, ce tableau de bord réussi, le rendu du rétroviseur bien fichu... C'est très sympa, encore plus quand certains décors y mettent du leur, tous ne se valant mais mais on ne peut que rester ébloui devant la beauté de quelques panoramas, notamment devant les tracés de Norvège. Mais voilà, sans rapport avec cette dernière zone, le jeu se montre assez froid. Moins « chaleureux » qu'un
Forza par exemple, autant dans les couleurs souvent très ternes et un véritable manque d'ambiance sur tous les aspects : menu lambda, musiques qu'il est impossible de retenir, absence de mise en scène même minime (excepté lorsqu'on entre dans son véhicule), public muet... Tout juste notera t-on un petit feu d'artifice de temps à autre pour tenter d'offrir un peu de vie à ce titre, ce qui aurait pu être pardonnable dans le cas d'une simulation pure et dire (à la
Gran Turismo), ce que
DriveClub n'est aucunement.
Car voilà, cette nouvelle exclusivité PlayStation 4 pose son cul entre deux chaises. Froideur, ambiance austère et cheminement dignes d'une simulation, mais gameplay 100 % arcade ou presque. Difficile de contenter totalement l'un des deux publics dédiés mais pour les amateurs de la facilité, le titre fait le boulot sans problème : on accélère, on freine dans les virages même à la quasi dernière minute pour faire crisser un peu le bitume ou lancer une phase de drift, seul cas où l'on peut avoir la malchance de partir en sucette si on gère mal son frein à main. Voilà, rien de plus. Pas de personnalisation du véhicule hormis quelques skins à débloquer et la sensation d'enchaîner simplement, non sans une certaine lassitude, la partie solo qui pourra être bouclé à 100 % en un 15-20h pour peu que vous ayez un minimum de skill une fois passé le premier tiers (aucun choix dans la difficulté en passant). La progression est simpliste : pas d'argent, puisqu'il suffit de grapiller de l'expérience pour augmenter de niveau (level 50 max), avec le gain de temps à autre d'un ou deux nouveaux véhicules, la conduite de chacun restant relativement proche hormis par la vitesse évidemment.
De là on peut aborder le principe de l'expérience, relativement classique là encore. Un dépassement, un bon drift, une aspiration, une session sans accroc... Tout cela permettra de faire monter votre bonus qui augmentera ainsi votre niveau. Bien entendu, il est possible d'avoir quelques pertes en cours de route : en roulant sur le bas-coté, en cognant un élément du décors (vive les murs invisibles) ou en tapant assez fort contre un concurrent. Généralement, ça monte plus vite que ça ne descend et les bourrins pourront finir avec un bon score même en cognant à tout va, sans non plus trop forcer pour éviter la pénalité du ralentissement automatique de quelques secondes, parfois assez abusée d'ailleurs. Ça fonctionne bien, c'est assez motivant, et ce serait presque motivant si l'IA n'était pas aussi aléatoire dans son comportement.
En effet, non contente de s'adapter à votre conduite (du genre à vous attendre un peu quand vous avez trop d'avance et à vous rattraper en 2-2 quand vous êtes en pôle position), l'intelligence artificielle ne vous aime pas. Entres elles, ça passe à coup de petit bim sur le pare-choc, sans grand intérêt et il est rare de voir un « accident » chez les concurrents. En revanche, vous, vous êtes l'ennemi et elle n'hésitera pas à vous rentrer dedans pour vous faire dégager de son rail comme si vous n'existiez pas. On pourra dire que tout cela à un air de déjà vu (cf.
Gran Turismo) mais cela reste ici énervant par le fait que cela peut engendrer de gros piques de difficulté, mais également punitif. Car oui, si vous cognez sciemment un concurrent, vous avez votre malus -200xp, c'est logique. En revanche, si c'est l'IA qui vous cogne par l'arrière ou sur le coté alors que vous n'avez rien demandé, même constat. Aberrant, et surtout très rageant lorsque certaines courses mettent en place un challenge où il ne faut cogner personne.
Heureusement, devant ce constat un peu morne se dresse le online, l'indéniable gros morceau du jeu. On a évidemment droit au multi classique, qui délaisse le matchmaking pour quelque chose d'assez intéressant : de multiples épreuves qui tournent en boucle toutes les deux minutes. Il suffit alors de vous inscrire simplement à celle de votre choix pour débuter l'épreuve, si tant est qu'il y ait suffisamment de concurrent (dans le cas contraire, vous êtes automatiquement placé dans la course suivante sur la liste). Mais
DriveClub, c'est aussi ses interactions sociales avec pour commencer le besoin de créer son propre club (avec logo et skin pour les bolides) ou d'en rejoindre un au choix. Dommage qu'il n'y ait que six places dans chaque groupe mais les options ont le mérite d'être là, comme pouvoir expulser le membre que l'on souhaite en tant que président (vu qu'on peut entrer librement dans chacun), laisser son trône à un autre joueur si vous comptez abandonner le jeu quelque temps et voir les différents classements, en plus des clubs de votre ami s'ils n'ont pas souhaité rejoindre le votre.
Le Club a son propre niveau, sachant qu'il sera également possible de débloquer de nouveau véhicule mais bien évidemment, chaque pallier d'expérience sera beaucoup plus long à atteindre. Relativement du moins, vu que pouvez être six pour gratter des exploits et défier le reste du monde à loisir. Malgré un menu assez mal foutu et très bordélique, on finit peu à peu par découvrir le potentiel de cette feature qui décuple la durée de vie malgré un contenu de base assez rachitique pour le genre (seulement 50 voitures pour quasiment autant de circuits dans 5 environnements). Ne le cachons pas, il est plaisant de s'attarder sur la multitudes de défis envoyés par la communauté pour tenter tant bien que mal de grapiller la première place et ainsi faire progresser son club, encore plus lorsqu'il s'agit de club d'amis où la rivalité est susceptible d'être à son comble. Malheureusement là encore, c'est loin d'être carré ça manque encore d'options comme pouvoir visualiser directement tous les défis liés à un tracé (en gros celui où vous brillez le mieux) ou un club en particulier. Cela reste en tout cas l'une des grosses qualités du jeu, sur laquelle chacun devrait s'attarder le plus.
Note : Condition du test
Comme cela peut arriver depuis quelques années, chacun devra comprendre que notre avis tient sur la version testée sur le moment, alors que l'expérience sera à même d'évoluer par la suite, encore plus dans le cas de notre intéressé qui héritera prochainement de la gestion météorologique (dont la pluie évidemment), pouvant impacter sur la conduite. Réussite ou non, ces ajouts ne peuvent donc être prise en compte dans notre conclusion, même si on notera évidemment l'arrivée de DLC gratuits (dont quelques véhicules et circuits). Dans le même ordre d'idée, nous éviterons d'impacter notre avis avec la gestion des serveurs, très souffrants durant nos phases de test (et susceptibles de nous déconnecter carrément d'une course solo à cause de la prise en compte des challenges), mais dont nous ne pouvons qu'ignorer l'état à partir du lancement officiel.
Les plus | Les moins |
+ Le travail technique (décors, effets de lumière, reflets...)
+ Accessible
+ L'aspect social plutôt réussi
+ Le plaisir du défi constant
+ Le cycle jour/nuit
+ La classe des bolides avancés
+ Le coup de la version PS Plus
+ Des DLC gratuits à venir | - Un an de retard, et toujours pas achevé au lancement
- Faible contenu pour le genre
- Pas non plus une grosse claque
- L'IA très old-school
- Des pénalités injustes
- Aucune personnalité
- Aucune ambiance
- Le manque d'options online
- Pas de multi local
- Très classique au final |
Conclusion : Difficile de conseiller pleinement DriveClub. Une bonne année de retard aura certes servi à améliorer le jeu sur certains aspects mais pas à en faire le hit attendu pour beaucoup dû à un gameplay trop old-school pour convaincre, une IA à l'ouest, un contenu peu élevé et des features online finalement simplistes mais qui sauvent les meubles. Coincé dans une autre époque et sans personnalité pour se démarquer, le produit trouvera difficilement son public entre les fanas de simus/circuits qui préféreront jeter un œil vers Project CARS et les amateurs d'arcade brut qui se rabattront probablement vers le fun et l'open-world d'un The Crew (à condition que l'un comme l'autre soit de qualité). Reste heureusement la version PS Plus pour que chacun puisse s'y essayer « librement », même si Sony risque de ne pas y trouver son compte financièrement parlant.