Après que Capcom se soit récemment illustré dans la narration barbare du mythe des gladiateurs avec un Shadow of Rome de qualité furieusement orienté action, c’est au tour du développeur Goshow de tenter sa chance avec Colosseum : Road to Freedom, un essai plus réaliste basé sur un gameplay propre aux jeux de rôle. Bien que l’idée soit des plus adaptées, rien n’assure cependant l’avenir de ce nouveau titre… Explications.
Une fois passée la superbe cinématique d’introduction illustrant parfaitement l’ambiance du soft de
Goshow, le joueur se retrouve de suite confronté à un menu choix de deux modes de jeu disponibles: Arena et Histoire. Si le premier ne possède pas un grand intérêt, car inutile pour le joueur inexpérimenté, le second s’avère néanmoins plus attrayant puisqu’il s’avère être, comme toujours, le véritable pivot ludique du titre. Une fois lancé dans l’aventure, vous serez tout d’abord amené à répondre à un petit interrogatoire à choix multiples, sollicitant votre provenance, le métier que vous exerciez auparavant, vos croyances religieuses, le type de voie que souhaitez suivre, pour finir par votre nom. Ces importantes informations récoltées seront alors amenées à créer le profil physique de votre personnage, car ici, ce dernier ne peut être défini proprement (visuellement) par l’utilisateur… Chose d’autant plus regrettable que seulement deux ou trois charpentes humaines différentes verront le jour, et ce malgré pourtant un nombre impressionnant de combinaisons possibles suite au questionnaire : Tout simplement décevant. La débâcle de votre pauvre gars va évoluer de mal en pis, car si ce dernier se voit affliger d’un certain charisme de par un brushing mal foutu et une barbe de trois jours faisant de lui un véritable Aragorn du pauvre; il se verra très vite rasé (pour le bien de sa prestation scénique au Colisée) pour finir par devenir un vif gaillard bien bâti au visage à la limite de l’androgynie… Cela lui confère certes, de faux airs de Spartacus (Kirk Douglas), mais un aplomb inexistant.
Un seul chemin mène à Rome
N’oublions pas qu’un gladiateur est à la base un esclave possédant une bonne charpente musculaire et acheté afin de satisfaire, lors des jeux du cirque, un public cruel en demande d’adrénaline, de violence et d’hémoglobine. La seule alternative pour ce triste clown est alors de gagner, combat après combat, l’estime du peuple, ainsi que de l’argent lui permettant de finir par racheter sa vie auprès de son maître. Autant vous dire tout de suite que le chemin sera long, très, très, très long. En fait, en tant qu’esclave, votre alter ego à l’écran ne possède aucune liberté, fait les choses lorsqu’elles lui sont imposées et cela s’arrête là. Malheureusement, vu que le contrôle de ce personnage nous est attribué, on se retrouve nous même emprisonné dans ce
gameplay ultra linéaire, fade, immensément répétitif, et qui peut se tarir d’avoir la liberté d’action la plus inexistante dans le monde vidéoludique de tous les temps… peu glorieux. En effet, les journées se suivent et se ressemblent : En début de jeu vous alternerez ainsi, deux jours d’entraînements pour un jour de confrontations en public. Les phases d’entraînement qui occupent la fonction « jeu de rôle » du soft se déroulant sous la forme de mini-jeux (pompes pour améliorer les bras, abdos pour le corps, pont pour la tête, ou encore squat pour les jambes), dans lesquels il vous faudra appuyer sur les bons boutons au bon moment sous peine de perdre, ainsi, les points de compétence qui vous seront donnés par votre examinateur en fin d’exercice. On en dénombre deux par journée spécifique, très vite suivis du repas du soir qui aura pour fonction de booster vos capacités (force, endurance, dextérité, vitalité et agilité) en fonction des aliments ingurgités qu’il vous faudra donc sélectionner avec la plus grande attention. Comprenez de ce fait qu’une de ces journées ne dure pas plus d’une demi-douzaine de minutes, a contrario de la laborieuse journée de « gladiateur » qui vous attendra dès l’aube.
Lorsque vous devrez aller combattre au patelin du coin ou encore au Colisée, vous serez amené à relever différents challenges. Allant du
Survival (1 vs 10 à 30), au Duel (1 vs 1), en passant par le
Battle Royal (vs10), la séance de chasse aux tigres ou encore le
Mock Battle (bataille à thème), nul besoin de préciser que le seul but sera de combattre et qu’au final le nom de l’épreuve importe peu. Le système de combat est d’ailleurs dépouillé, usant des quatre touches principales du pad pour des coups simples en haut, en bas, de droite à gauche, et de gauche à droite, des boutons R1 et R2 pour parer ou éviter les coups, ainsi que de L2 pour déclencher des techniques spéciales, ces dernières devant être récupérées au préalable sur les corps gisants de vos ennemis. Afin d’augmenter votre défense et votre attaque, vous devrez aussi vous munir d’armures et d’armes que vous pourrez vous procurer avant chaque combat, ou tout simplement subtiliser celles de vos adversaires ou alliés morts au combat. A cet effet, une malle de stockage a été prévue, pour que vous puissiez conserver vos armes même après la compétition, toutes sorties des arènes les armes à la main étant sanctionnée par une intervention de la garde romaine, et soyez-en sûr ce sera pour vous faire rosser à n’en pas douter. Malheureusement, ce
gameplay beau sur papier ne convient pas une fois la pratique commencée. Tout d’abord, sachant qu’il est impossible de locker un ennemi, vous serez dans l’obligation de recadrer en permanence votre gladiateur, ainsi qu’une caméra, à l’instar de ce dernier, indubitablement irritante d’imprécision. De ce fait, il est alors impossible de ressortir d’un combat indemne, et c’est pour palier à ce problème qu’un médecin est mis à disposition… Cependant, le coût absolument exorbitant de ce dernier se révélera souvent plus élevé que le total des sommes remportées, a fortiori une fois arrivé dans les hauts rangs de votre classe. S’en suit une course à l’argent d’ores et déjà cyclique, qui finit par tomber dans les méandres d’une spirale de combats sans fin, sans saveur, mais avec un arrière goût très prononcé.
Une technique datant de Mathusalem
D’un niveau technique, ce
Colosseum : Road to Freedom n’éblouit pas non plus, loin de là. En effet graphiquement c’est la débandade, tout particulièrement en ce qui concerne les trois, quatre environnements qui jonchent ce soft nu de détail et tout juste enchéri par quelques textures insipides. La modélisation humaine, sans être extraordinaire, est plutôt de bonne facture, et croyez moi c’est peu, étant donné qu’elle seule habille le titre de
Goshow. L’animation se trouve décomposée de manière réaliste et donne un peu de fraîcheur à ce Colosseum, si tant est que l’on oublie les nombreuses baisses de
framerate qui, on l’espère s’amoindriront d’ici la version définitive. Côté son, ce n’est pas mieux étant donné que le soft ne possède que peu de thèmes musicaux et des bruitages absolument risibles tant ces derniers sont exacerbés. Les bugs n’ont pas été exempts lors du test de cette preview, avec en premier plan une boutade visuelle faisant que votre personnage ne sait pas descendre les escaliers en marchant… Il tombe plus qu’autre chose après une petite avancée dans le vide, pour donner un résultat du plus mauvais effet. Viennent aussi quelques problèmes liés à l’I.A. des ennemis complètement écervelés et agissant sans aucune logique apparente.
Doté d’une réalisation tout juste décente, Goshow nous propose avec ce Colosseum : Road to Freedom un titre intéressant dans ses débuts, mais très vite rébarbatif de par un gameplay répétitif et linéaire au possible. Cependant, pour les futurs joueurs intéressés (ils devront s’accrocher, c’est chose sûre), une durée de vie énorme s’annonce si tant est que les quelques bugs et chutes de frame-rate se voient rectifiés d’ici sa sortie dans les bacs, prévue pour septembre prochain.