Après le peu convaincant Shadow of Rome en début d’année, c’est au tour de Koei d’entrer dans l’arène des jeux de gladiateurs avec Colosseum : Road to Freedom. « La liberté n’a pas de prix » nous affirme un célèbre dicton. Pourtant, dans Colosseum, elle en a un : la modique somme d’un million de dollars.
Développé par Ertain,
Colosseum : Road to Freedom vous plonge dans le monde très contrasté des gladiateurs, ces hommes contraints à se battre pour leur liberté, sous les applaudissements et les huées de la foule venue assister à ce spectacle sanglant dans les arènes les plus prisées de la Rome Antique. Vous incarnez donc l’un d’entre eux, et le jeu consistera à enchaîner les batailles jusqu’à plus soif afin de récolter de l’argent, jusqu’à pouvoir rembourser la dette à votre propriétaire, Magerius, qui a évidemment dépensé une fortune pour vous acquérir. De là à dire que cela a été fait volontairement par les développeurs, il y a un fossé que je ne franchirai pas, mais il faut admettre que Road to Freedom retranscrit plutôt bien les sensations de monotonie et de répétition de la vie d’esclave. Au grand dam des joueurs que nous sommes !
Entraînement, arène, dodo
Au début du jeu, après avoir rapidement répondu à quelques questions peu évocatrices relatives à vos croyances et votre origine, on vous attribuera l’un des personnages de base qui vous suivra tout au long de l’aventure. Rapidement vendu à l’infâme Magerius, vous devrez alors passer le restant de vos jours dans le camp d’entraînement de ce brave homme, n’ayant pour activités quotidiennes que le repas, l’entraînement, et les combats aux deux arènes que propose le jeu. Il y a deux types de journées, lorsqu’on est esclave chez Magerius : les jours d’entraînement, et les jours de combat. Environ un jour sur deux, il vous sera demandé de vous entraîner au camp avec l’un des trois entraîneurs attitrés. Une dizaine d’entraînements sont proposés, où il faudra par exemple tapoter les boutons dans le bon timing pour les exercices physiques et d’esquive, lancer des couteaux sur des cibles pour vous améliorer au combat à distance, ou encore frapper des épouvantails pour le combat au corps à corps. Les entraînements servent à obtenir des points d’expérience pour augmenter les caractéristiques de votre personnage. Vous pourrez attribuer ces points d’expérience comme bon vous semble (force, résistance, intelligence, chance, etc.) après avoir effectué les deux entraînements quotidiens, à l’heure du repas. Deux entraînements ne vous prendront pas plus de 5 minutes, et les journées consacrées à cette activité vous paraîtront extrêmement courtes, comparativement à celles où l’on devra aller combattre à l’arène. A l’occasion des journées consacrées au combat, Magerius convoquera certains de ses esclaves pour aller combattre à l’arène ou au Colisée, et comme par magie, vous ferez toujours partie des hommes choisis. Bizarre tout ça.
Les choses sérieuses commencent lors de votre premier passage dans l’arène. Avant de se lancer à corps perdu dans le combat, il est bon de s’équiper avec les objets disponibles sur les tables : petite épée, bouclier et casque, vous êtes alors fin prêt pour le combat. La zone de précombat recèle aussi un coffre, dans lequel il est possible de stocker tout l’équipement reçu lors des combats ou acheté au magasin, et de le revendre. Il est déconseillé d’acheter de l’équipement, car non seulement vous en trouverez suffisamment sur les corps sans vie de vos victimes, mais surtout, car l’argent est une denrée rare pour les esclaves : selon la façon dont vous combattez, vous recevrez plus ou moins de deniers. Le guérisseur qui se trouve aussi à l’entrée de l’arène vous fera payer très cher pour vous soigner, et en cas de décès en cours du combat, il vous faudra reverser la moitié de vos gains pour être ressuscité. Jusqu’à 6 batailles sont accessibles dans la même journée, à condition de commencer par celle d’en haut (respecter l’ordre est indispensable pour pouvoir accéder à l’intégralité des combats), et elles sont classées selon un degré de difficulté. Au début de l’aventure, votre guerrier de classe inférieure n’aura pas accès à toutes les batailles. Du survival à 1 contre 10 aux combats humains contre animaux (tigres, taureaux), plusieurs styles de batailles sont accessibles et permettent de diversifier un peu l’action, suffisamment répétitive le reste du temps. Bien que les règles soient différentes d’une bataille à l’autre, on se retrouvera toujours à frapper sans relâche tout ce qui bouge, que l’ennemi soit humain ou animal.
Equipement et super compétences
Avant d’entrer dans l’arène, il est nécessaire de bien s’équiper de la tête aux pieds, afin de ne pas finir comme Russell Crowe dans le film Gladiator… Rien n’indique au début du jeu que vous ne disposez que de 50 jours pour tenter de rembourser votre dette. Passée cette date, vous serez amené à entrer dans un combat inégal, au terme duquel vous mourrez toujours, vous obligeant à recommencer inéluctablement la partie à zéro. Un moyen détourné d’annoncer un game over, assez sournois il faut dire, car après avoir passé une bonne dizaine d’heures à faire la même chose encore et encore, on se dit que l’avertissement aurait pu être précisé en début de partie. Sans compter que recommencer l’aventure du début est une idée qui n’animera pas grand monde, malheureusement.
Les 4 boutons que sont croix, triangle, carré et rond serviront pour équiper respectivement les jambes, la tête, la main gauche et la main droite. De la même manière, presser l’un de ces quatre boutons pour frapper l’ennemi visera ses jambes avec croix, sa tête avec triangle, ou frappera horizontalement avec carré ou rond. En appuyant simultanément sur L1 et l’un de ces quatre boutons, le héros pourra, soit lancer ses armes, boucliers ou équipements (par exemple L1 + rond lancera le casque), soit les ramasser, si la partie du corps en question n’est pas équipée. Ainsi, il sera possible de récupérer un meilleur bouclier laissé par terre par le général ennemi, ou une épée plus puissante tombée des mains d’un autre gladiateur. La grande diversité d’armes et d’accessoires est sans doute l’un des (seuls ?) points forts de
Colosseum : Road to Freedom. A la fin du combat, n’oubliez pas de ramasser les équipements intéressants pour les stocker dans votre coffre ou les revendre à prix d’or. Le jeu compte plusieurs centaines d’armes et d’accessoires, ainsi que des Skills Tablets (tablettes de compétences spéciales) pour équiper votre personnage. Ces tablettes auront pour effet soit d’augmenter certaines statistiques du personnage, soit d’offrir de nouvelles attaques au pouvoir accru. Dernier point, les armes et accessoires pourront être améliorés au magasin d’armes, afin d’augmenter leur puissance brute. Les armes disponibles dans le jeu vont de la simple épée à l’énorme massue, en passant par des couteaux de lancer, des lances, haches, et autres. A vous de voir quel style arborera votre gladiateur : armes à une main, à deux mains, avec bouclier ou attaques à mains nues, plusieurs styles vous sont proposés. Les tablettes de compétences sont chacune basées sur l’un de ces styles, et l’amélioration de vos techniques se fera en fonction du style que vous utilisez le plus.
Linéarité & ennui
On parle souvent de linéarité dans les jeux d’aventure, mais s’il y a un jeu qui pourrait en être la définition exacte, c’est bien celui-ci. En plus d’être basé sur d’éternels voyages entre la chambre de sauvegarde et l’arène ou le camp d’entraînement, entre lesquels il faut arpenter des couloirs grisâtres complètement vides, et croiser d’autres gladiateurs tout aussi dégoûtés de la vie que vous, on se croirait vraiment en prison. L’intérêt s’essouffle rapidement, d’autant que les batailles sont finalement assez brouillonnes et identiques les unes aux autres. Les personnages sont relativement bien détaillés lorsqu’ils sont équipés de leurs armes et accessoires, et l’on peut même voir le sang sur les parties du corps mal en point. A ce propos, la vie du personnage est représentée via un symbole en forme d’aigle, sur lequel les différentes parties du corps sont représentées d’une couleur vert clair. Lorsque la couleur verte vire au rouge, c’est que vous êtes mal en point.
Graphiquement, les arènes sont plutôt dépouillées, et les scènes qui interrompent le jeu pour le déroulement de l’histoire manquent de dynamisme. De plus, l’ensemble est assez fade, froid, et… répétitif. Heureusement, toutes les scènes, que vous reverrez inlassablement chaque jour, peuvent être zappées, afin d’entrer dans l’action plus rapidement. Mais le fait de revoir encore et toujours les mêmes endroits et de réentendre les mêmes dialogues a tendance à fatiguer rapidement. Pourquoi faut-il chaque jour traverser des couloirs plus laids et vides les uns que les autres pour accéder à l’arène ? C’est une des questions que vous n’arrêterez pas de vous poser si vous essayez
Colosseum : Road to Freedom. Pendant les combats, la caméra peut être ajustée à l’aide du stick analogique droit, mais étant donné que les ennemis vous attaqueront de toutes parts, il arrive assez souvent que la caméra ne soit pas idéalement placée. De plus, les déplacements du gladiateur se font avec une grande peine et une rigidité peu communes. Enfin, pour en conclure avec l’aspect technique du titre de
Koei, des chutes de frame-rate spectaculaires sont à déplorer dès lors que plusieurs ennemis apparaissent à l’écran. Si l’on omet les voix plutôt ratées, le reste de la bande sonore est tout à fait correct : musiques épiques et bruitages sont bien dans le ton.
Colosseum : Road to Freedom comporte aussi un mode multijoueur complètement anecdotique, puisqu’une seule arène y est disponible, et les options y sont trop limitées.