description : Pour les mélomanes (et pour les autres, après tout, y'a pas de raison), venez découvrir ou (re)découvrir des merveilles musicales issues de notre loisir favoris: le jeu vidéo !
Le mot d'ordre: la variété. Hors de question de se contenter d'écouter en boucle du Final Fantasy ou du The Legend of Zelda, même si ces deux sagas légendaires seront représentées généreusement sur Video Games Music !
De la Nintendo NES à la Playstation 4, en passant par le PC et la Megadrive ou encore l'Amiga et la Xbox 360, le RPG, les jeux de baston, les jeux de course ou encore les point'n'clik et les ovni vidéoludiques se donnent rendez-vous en musique ici !
En 2007, le tout jeune studio polonais CD Projekt (la branche développement fut créée en 2002 et The Witcher fut en projet dès le début, la compagnie éditrice CD Projekt globale date cependant de 1994) ne manquait déjà pas d'ambition et s'est attaqué aux ténors de l'Action-RPG à l'américaine tels que Jade Empire, Fable et autre Elder Scroll. Aujourd'hui devenu ténor à son tour, ceux ayant prit en main l'univers du romancier fantastique Andrzej Sapkowski signent avec The Witcher III: Wild Hunt leur œuvre la plus sophistiquée. Des centaines d'articles élogieux ont été fait, des notes dithyrambiques à ne plus savoir quoi en faire ont été décernées. Inutile de tergiverser, The Witcher III est une réussite totale, magistrale, historique dans sa catégorie et dans le jeu vidéo en général.
La justesse de l'ambiance sonore fait partie des points forts du titre, il suffit de fermer les yeux pour se voir envoûter dans ce monde si vivant, si réaliste et merveilleux à la fois. L’ambiance des villes, villages, forêts, campagnes ou océans regorge de trésors pour vos oreilles. Entendre un groupe de musiciens à une rue de distance par dessus le brouhaha du marché local est une expérience suffisamment rare en jeu vidéo pour être notée, et The Witcher III propose cela !
C'est à Marcin Przybylowicz (The Vanishing of Ethan Carter, il a déjà composé sur The Witcher II et rempilera pour le prochain jeu du studio: Cyberpunk 2077) et Mikolai Stroinski que l'ont doit l'OST du jeu, et le moins que l'ont puisse dire, c'est qu'ils ont accompli un travail d'une qualité rare. Ils ont eu une façon de donner vie à l'univers musical du jeu méthodique, en proposant deux types bien distincts de musiques pour accompagner les situations du soft au mieux. Ici, nous allons voir le premier pilier de l'OST s'articulant autour de sonorités médiévales, dansantes, typiquement folkloriques des musiques d'Europe de l'Est d'antan.
Ainsi, les deux compositeurs se sont alliés au groupe folklorique Percival, spécialiste de la musique irlandaise, écossaise, polonaise et autre du genre. Groupe authentique et passionné s'il en est, Percival use d'instrument originaux et anciens tels que les Uilleann Pipe (cornemuse irlandaise), le Tin Whistle (une petite flûte anglo-irlandaise), le Bodhràn (instrument percussif), le Fiddle (violon irlandais), le Luth, la Harpe et autre joyeuseté du genre. De quoi donner une identité puissante et unique au titre de CD Projekt RED.
C'est le cas pour Widow-maker, parfait représentant de cet ensemble de composition folklorique s'accompagnant de chœurs tribaux savoureux et dépaysant. Unique, dynamique, offrant une atmosphère de caractère à The Witcher III, la facette folklorique de son OST est une réussite indéniable.
Le second pilier, la face B de la bande-son s'apparente à des musiques type médiéval-fantastique moderne comme on a l'habitude d'écouter dans les œuvres telles The Hobbit et Game of Thrones. On en reparlera plus en détail dans un prochain VGM consacré à The Witcher III.
La seconde vague casual apportée par Nintendo et leur duo DS/Wii n'a pas eu que des mauvais côtés (je dis seconde vague, car la première fut apportée par SONY et sa Playstation, vous pensez ce que vous voulez, mais c'est comme ça). En effet, quand on analyse les jeux qui sont sortis à cette période et qui se voulaient abordables et grand public, évidemment, on a eu des merdes infâmes qui prenaient tout le monde pour des abrutis comme Docteur Kawashima et sa clique, mais on a aussi eu droit à plusieurs bons jeux. Notamment des jeux de réflexion et d'enquête destinés (principalement aux femmes ?) à ceux qui n'étaient pas transportés à la vue d'un Metal Gear Solid, d'un Devil May Cry ni même d'un Final Fantasy ... Parmi ces jeux là, il y eut les Professeur Layton. Et je dois dire que ça a franchement bien fonctionné, j'ai vu ma grande sœur (de 40 ans), de base qui n'avait jamais touché ne serait-ce qu'une Gameboy, acheter une DS à Auchan pour profiter d'un Prof' Layton pendant ses vacances à la montagne ! Quand même, merde !
L'OST du premier opus de cette déjà longue saga, sous-titré l’Étrange Village en France est l’œuvre du discret Tomohito Nishiura. Discret mais pourtant disposant d'un CV déjà bien fourni, notamment chez Level-5 puisque c'est à lui qu'on doit les bande-son charmantes de Dark Cloud, Dark Chronicle et Rogue Galaxy sur Playstation 2.
Pour Ferris Wheel Park, Nishiura est à son sommet. Ce thème est excellent ! Il est d'une profondeur inimaginable, il nous emmène tout droit dans ce parc abandonné dans lequel nos héros échouent de par le fil de leurs investigations. La musique est renversante car elle réussit un tour de force surprenant : elle remémore parfaitement l'ambiance des fêtes foraines d'antan. Les manège des années 50, avec des chevaux en bois peint, et la musique qui l'accompagne, gaie et enjouée, toute d'accordéon faite. C'est la même musique employée ici pour décrire ce parc où la grande roue autrefois enchantait les enfants. La même musique...mais en bien plus mélancolique puisque les lieux sont, au moment de la visite tristement fantomatiques, vétustes, hors du temps!
Autrefois temple de la gaîté et de l'amusement, aujourd'hui à l'abandon, le parc baigne dans une ambiance délicieusement retro teintée d'un soupçon de regret, comme si le temps était passé beaucoup trop vite sans laisser les choses se faire convenablement...
C'est par ailleurs le moment du jeu qui contient l'un des passages scénaristiques les plus croustillants de ce Professeur Layton qui sent bon l'authentique.
Référence quasi inattaquable du jeu vidéo, et plus particulièrement du jeu d'aventure, The Legend of Zelda, outre une saga offrant un dépaysement incessant et un gameplay jouissif et ingénieux est aussi une ode à la belle musique. Faisant de son univers même et de son système de jeu un instrument délivrant à chaque nouvel opus une note différente, desquelles naquit une partition poétique et fantastique, la musique demeure une partie primordiale de l'identité de la série de Nintendo. En effet, il n'est pas rare de voir dans les Zelda des objets clés ou des accessoires liés à la musique, et ce n'est pas les fans de Ocarina of Time ou The Wind Waker qui me contrediront.
Une fois n'est pas coutume, pour Skyward Sword, Koji Kondo, depuis quelques temps accompagné de toute une équipe de talent divers et variés (Hajime Wakai, Shiho Fujii, Mahito Yokota et Takeshi Hama) offre à Zelda un éventail de morceaux luxuriant, mêlant une tripotée de sentiments et d'ambiances différents. L’enregistrement à l’appui d’un orchestre complet (c'est l'équipe de compositeurs qui a insisté pour bénéficier d'un véritable orchestre, au départ, Shigeru Miyamoto était contre sous prétexte qu'il ne comprenait pas l'importance d'un orchestre pour un jeu qui base tout son fonctionnement (ou presque) sur le gameplay) donne de la chaleur à des partitions offrant son heure de gloire à des instruments classiques comme toute la famille des cordes et des cuivres, mais aussi parfois surprenants et judicieux tels que les caisses de percutions et les hautbois.
Excellent échantillon de ce que peut faire de bien la bande-son de Skyward Sword, Skyloft Theme propose de la gaieté très inspirée de la musique celtique, faisant honneur à des musiques d'ambiance telles que celle du village d'Hyrule et celle de Mercantile. L'ensemble de l'OST est étonnement sensible et apporte une évolution intelligente en berçant les personnages et leurs émotions à plusieurs moments clés du jeu, jusqu'à être cent fois plus efficace qu'un quelconque dialogue (chose sur laquelle les Zelda n'ont jamais été très fort ni très généreux).