Comme je l’indiqué l’autre jour, nous n’avons pas fini d’entendre parler du cas
Assassin’s Creed Shadows, après une pétition pour l’annulation du jeu qui a recueilli à l’heure actuelle plus de 80 000 signatures, que ce soit de joueurs japonais mais aussi d’autres pays, mais aussi des
excuses publiques d’Ubisoft pour avoir volé le drapeau d’un groupe de reconstitution historique japonais et s’être engagé de le retirer, c’est cette fois-ci un politicien japonais qui reprend le dossier et se fait le relai des personnes qui sont mécontents du traitement de la culture japonaise dans le dernier blockbuster d’Ubisoft.
Satoshi Hamada, membre de la Chambre des Conseillers, la Chambre Haute de la Diète Nationale Japonaise, s’indigne des nombreuses inexactitudes historiques présentées du dernier opus de la célèbre licence d’Ubi. Il a retweeté le message d’un utilisateur japonais de X qui résumé les nombreux problèmes de cohérence du jeu, que ce soit certains bâtiments qui ont une architecture chinoise au lieu de japonaise ou encore le fait qu’un humble serviteur puisse être vu assis au même niveau qu’
Oda Nobunaga.
Afin de donner la parole aux japonais quant à ces éléments qui font polémiques au Japon et ailleurs dans le monde,
il a proposé aux internautes de donner leur avis en envoyant leurs commentaires et suggestions :
« Nous avons reçu une consultation concernant l'altération de l'histoire japonaise par une société de jeux française. Nous partageons la consultation ci-dessous avec des images. Nous avons également cité un message qui, selon nous, met en évidence le problème du jeu en question. Nous serions heureux de recevoir vos commentaires et suggestions, y compris des demandes spécifiques. »
Hamada a également partagé une liste de préoccupations qui avait déjà été portée à son attention et qui en plus des éléments cités ci-dessus, soulignait le fait que l’importance de
Yasuke dans l’intrigue du jeu, pourrait donner l’impression qu’il aurait joué un rôle plus important dans l’histoire du Japon qu’en réalité.
24 heures après avoir proposé aux internautes de commenter ce sujet, il a remercié les participants et indiqué qu’une personne avait classifié le traitement de
Yasuke de vol et d’invasion culturelle.
Certains indiquent que ce « vol culturel de
Yasuke » allait même jusqu’aux différentes pages de Wikipédia dédiées à
Yasuke, où divers groupes tentent de prétendre que ce dernier était un samouraï à part entière, alors qu’il était en réalité un serviteur moins important mais néanmoins respecté par Oda. Un autre utilisateur a évoqué le livre
African Samurai : The True Story of Yasuke, a Legendary Black Warrior in Feudal Japan, comme étant la source principale de fausse interprétation de
Yasuke comme tant un samouraï et a accusé la conclusion de l’ouvrage comme étant
« basée sur sa propre imagination. »
Hamada a ensuite continué à partager les réponses d’autres personnes, afin de donner un aperçu de l’opinion du publique qui a pris ce sujet à cœur :
@aoi_and_holly :
« Puisqu'ils (Ubisoft) semblent dire qu'il s'agit d'un fait historique, nous devrions leur faire dire clairement qu'il s'agit d'une fiction et admettre qu'UBI est responsable du contenu. »
@Kakkazan1 :
« De plus, la société de production a refusé d'accepter toute protestation, et le compte X de la branche japonaise s'est finalement excusé pour une violation claire du droit d'auteur (ignorée dans la version anglaise et ailleurs). Les médias étrangers ont également publié des articles défendant le développement et ridiculisant les protestations, et nous pensons que ces démarches visant à dénigrer le Japon sont aussi problématiques que le jeu lui-même. »
« PS. Outre plus d'une douzaine d'autres œuvres nationales et internationales soupçonnées d'enfreindre le droit d'auteur à des fins commerciales, le vol de dessins et modèles sur des biens culturels nationaux a également été signalé. Cette réécriture historique se répand dans l'espace web et ses opposants sont accusés de racisme. Nous aimerions ajouter que même sans la question de Yasuke, cet art médiatique est très préjudiciable à la culture japonaise. »
Pour l’instant,
Hamada n’a pas indiqué s’il allait déclencher une action formelle concernant ces plaintes ou apporter le sujet devant la Diète Nationale Japonaise pour relayer la parole des joueurs qui protestent contre le traitement de la culture japonaise dans le dernier épisode de la série
Assassin’s Creed.
Bref, il semblerait que le coup de communication d’
Ubisoft qui voulait vendre son jeu comme étant respectueux de l’histoire japonaise ne se passe pas comme prévu, à vouloir encore et toujours cocher les cases pour forcer l’inclusivité là où elle est plus contreproductive que positive, cela finit forcément par leur revenir dans la gueule comme on a pu le voir dans d’autres œuvres vidéoludiques ou autres.
[Mise à Jour] : Après avoir consulté les vidéos sur la chaîne Ubisoft Japon que j’ai cité dans mon dernier commentaire, Youtube m’a proposé une vidéo réalisée par un japonais expatrié en Allemagne qui parle de l’histoire de Yasuke. Ce dernier a fait un véritable travail d’investigation en consultant les sources officielles qui ont servi de base au livre
African Samurai : The True Story of Yasuke, a Legendary Black Warrior in Feudal Japan, ainsi que les incohérences entre la version japonaise et occidentale de cette œuvre de son auteur Thomas Lockley, mais aussi le soi-disant fact cheking effectué par un historien japonais sur les éléments rapportés dans ce livre.
Personnellement j'aime aller à la source des informations que je consulte et je trouve, afin d'avoir une vision claire des différents sujets que je consulte. Je me permets donc de la partager ici pour que chacun puisse se faire son idée sur le sujet, car cette vidéo est très complète et factuelle en se basant sur les seuls textes disponibles sur la vie de
Yasuke.
Pour ceux qui ne voudraient pas regarder la vidéo qui dure une grosse demi-heure, ses conclusions sont les suivantes :
- De nombreuses informations sur
Yasuke sur Internet ou dans les livres sont ou étaient incorrectes.
- Il n’existe tout simplement pas suffisamment de sources fiables à son sujet. On ne sait pas s'il était un samouraï ou non.
- Ce n'était certainement pas un samouraï légendaire, mais ce n'était pas non plus une personne sans importance, sinon il n'y aurait plus aucune trace de lui.