Le groupe d'éditeurs et de développeurs Video Games Europe a publié un communiqué vendredi our s'opposer à l'initiative populaire Stop Killing Games.
La semaine passée, la pétition "Stop Killing Games" (ou "arrêtez la destruction des jeux vidéo" en français) a atteint le seuil nécessaire du million de signatures pour potentiellement générer une discussion (et une législation) au sein du parlement européen.
"Potentiellement", car selon le créateur de l'initiative, Ross Scott, il faudrait en réalité bien plus de voix, notamment à cause de signatures invalidées (car issues de pays hors de l'Union Européenne et/ou des erreurs dans les formulaires de signature).
D'ailleurs, malgré le seuil du million de signatures atteint, la campagne continue, et ce jusqu'au 31 juillet : à l'heure où ces lignes sont écrites, un peu plus de 1,2 millions de voix ont été récoltées (et il en faudrait 1,4 million pour être à peu près sûr que la demande de l'initiative soit examinée au parlement européen).
Alors, puisque la campagne continue, certaines voix font également entendre leur désaccord. C'est le cas du groupe d'éditeurs et de développeurs de jeux, Video Games Europe.
Faux-semblants
Ce dernier a publié un communiqué vendredi, dans lequel il explique en quoi le projet serait néfaste pour l'industrie, le tout en carressant les joueurs dans le sens du poil ("nous apprécions la passion de notre communauté").
Ainsi, le groupe explique : "la décision d’interrompre des services en ligne est complexe, jamais prise à la légère, et doit rester une option pour les entreprises lorsque l’expérience en ligne n’est plus commercialement viable".
Il poursuit ensuite : "les serveurs privés ne constituent pas toujours une alternative viable pour les joueurs, car les protections que nous mettons en place pour sécuriser les données des utilisateurs, supprimer les contenus illégaux et lutter contre les contenus dangereux au sein des communautés n’existeraient pas, ce qui exposerait les ayants droit à des responsabilités juridiques.
Par ailleurs, de nombreux jeux sont conçus dès le départ pour être exclusivement en ligne ; en pratique, ces propositions limiteraient la liberté des développeurs en rendant la création de tels jeux prohibitivement coûteuse
Pour résumer, l'argument principal, c'est d'avancer que proposer des serveurs privés ou des modes solo dans des jeux dont le multijoueur en ligne est désactivé serait trop coûteux, à la fois pour les développeurs et éditeurs.
En parallèle, ouvrir ces jeux à des communautés pourrait exposer les éditeurs à des responsabilités juridiques potentielles (notamment en matière de sécurité).
Mais voilà : c'est là tout le but de l'initiative.
Les joueurs ayant payé leur jeu, il devraient avoir le droit de conserver ce qu'ils ont acheté, même si l'éditeur décide d'arrêter tout support le concernant.
D'autant que généralement, les joueurs ne sont pas remboursés en cas d'arrêt du support du jeu. Car oui, un joueur achète une licence.
Mais est-ce réellement là la perception générale ? Les joueurs ne possèdent-ils pas un droit à la consommation d'un produit acheté ?
Ou parle-t-on désormais simplement de location ?
Quoiqu'il en soit, la législation devrait se pencher sur le problème ; bonne nouvelle, c'est justement l'objectif principal de l'initiative.
Le mouvement "Stop Killing Games" ne peut pas être plus clair : "cette pratique (la commercialisation de biens conçus pour devenir injouables dès que l'éditeur le souhaite, NDLR) s’apparente à une forme d’obsolescence programmée.
Elle nuit non seulement aux consommateurs, mais rend toute tentative de préservation quasiment impossible.
Par ailleurs, sa légalité reste largement inexplorée dans de nombreux pays". Il n'est donc pas étonnant de constater que l'un des plus gros groupes européens d'éditeurs s'élève contre l'initiative : Video Games Europe, c'est, entre autres, des représentants de Warner Bros Games, d'Epic Games, d'Electronic Arts, d'Activision, d'Embracer, de Microsoft, de Nintendo of Europe, de Sony Interactive Entertainment, de Take Two, d'Ubisoft, de Square Enix... Bref : les gros de l'industrie, qui ont justement tout à gagner dans l'échec de cette pétition, et la non-promulgation d'une loi potentielle qui irait à l'encontre de leur positionnement.
https://www.gamekult.com/actualite/stop-killing-games-sans-surprise-les-gros-editeurs-s-elevent-contre-la-petition-3050864632.html