La suite de la nouvelle licence de Squaresoft vient de débarquer sur les côtes européennes à peu près un an après sa sortie nippone. Entaché d'une réputation pas tout à fait justifiée pour nous autres gaijin non japanophones (La ''faute'' à une première version japonaise du jeu ne bénéficiant pas des améliorations de l'édition occidentale et à un twist scénaristique chronophage), Bravely Default avait remis au goût du jour le J-RPG old school avec brio pour les nombreux joueurs nostalgiques de l'ère 16 bits. C'est dans les vieux pots qu'on fait les meilleures soupes dit-on, l'adage ne fut pas démenti. Fort d'un succès considérable, étonnant jusqu'à SE-Enix, une suite fut donc mise en chantier. Que vaut donc ce nouvel opus ?
Yew-pi ils sont de retour!!
Précédé d'un voile de censure fort dommageable en ce qui concerne les quêtes secondaires (Il semblerait que les conséquences négatives et interrogations liées à vos choix aient été retirées), et incompréhensible en ce qui concerne une
classe et certains costumes (Qu'on m'explique la logique entre
cette version, retirée, et certains costumes présents dans le jeu, voir la toute fin de cet avis), soyez assuré qu'au niveau des textes, elle semble bien avoir été absente (Vous me direz que des japanophones seraient plus à même de confirmer, et vous aurez raison). La localisation du titre est vraiment excellente (En anglais, la version française semble être du même
acabit), que ce soit au niveau des voix ou de la traduction, et les équipes se sont visiblement faites plaisir, comme le prouvent les petites séquences ci-dessous ou d'autres tout au long du jeu.
You don't fuck with Magnolia!

C'est blindé de références, ça ne se prend pas au sérieux malgré les sous-textes plus sombres et l'humour est bien présent tout au long du jeu. L'écriture me semble être l'un des points forts de cet opus: l'alchimie entre une substance tout aussi maligne, si ce n'est plus, que le premier épisode, jouant avec les codes vidéo-ludiques et cette légèreté dans les dialogues et relations de nos héros introduit un effet de contraste saisissant.
On pourra cependant être rebuté au bout des cinquante-soixante heures de jeu de l'aventure par une énième discussion culinaire, principal sujet de préoccupation de la troupe lorsqu'ils ne sont pas en train de sauver le monde (Elles sont cependant optionnelles pour la plupart et toutes les cinématiques peuvent être zappées).
De nombreuses séquences permettent d'introduire une vie et dynamique de groupe croissante
Au niveau du scénario, le jeu se situe 2 ans après les événements de
Bravely Default, toujours dans le monde de Luxendarc, à présent apaisé. Les forces antagonistes passées, l'Orthodoxie et Eternia (Royaume scientifique) travaillant maintenant main dans la main, ça pourrait se la couler douce mais au grand malheur d’Agnès, la nouvelle ''papesse'', un empire, dirigé par le
Kaiser et ses troupes d'élites, émerge. Ce dernier n'a bien évidemment aucune volonté de concorde tel que l'envisage les forces dominantes du premier épisode, et on assistera donc à leur défaite cinglante ainsi qu'à l'abduction de l'ex-vestale avec un assaut de ce nouvel ennemi dès la séance d'introduction du jeu, sous les yeux et l'impuissance de Yew, membre des Cavaliers de l'Orthodoxie chargé de sa protection. Héritier inexpérimenté d'une famille aristocratique, n'écoutant que son courage et son sens du devoir, le voilà donc parti sur les traces de ce mystérieux empereur masqué. Au bout de quelques heures, il sera rejoint par deux tête bien connues des joueurs du premier épisode, Edea et Tiz ainsi qu'une petite nouvelle, Magnolia, au langage exotique. S'en suivra un gros merdier, pour le plus grand bonheur des joueurs. Mais
''à cœur vaillant, rien d'impossible'', et une nouvelle fois, J-RPG ''classique'' oblige, tout s'achèvera bien, non sans quelques surprises et retournement de situations néanmoins, avec un final en rafale.
Les nouveaux protagonistes sont attachants et la dynamique de leur relation est adroitement reliée à la trame principale. Magnolia m'a personnellement beaucoup amusé avec ses expressions en français (dans la version doublée en anglais), les jeux de mots autour de son rôle et autres quiproquos dû à sa position d'étrangère. Yew n'est pas le calque d'un ancien perso et permet d'aborder des thématiques propres à son statut tout en approfondissant, dans une quête secondaire, l’histoire du premier épisode. Les deux apportent l'essentiel de la fraîcheur de ce nouvel opus.
Yew, accompagné de ses deux compagnons initiaux, nouvel héros de cet épisode.

Une princesse ça va, deux princesses bonjour les dégâts!
Bien plus pertinent que ce que laisserait supposer le
design mignon du titre, le scénario arrivera à faire du neuf avec du vieux (Logique vu la philosophie et la teneur du premier me direz-vous) et à introduire des problématiques actuelles au sein de cet univers, ou une mise en abyme du scénario via certaines mécaniques de jeu. Silicon Studio, grâce aussi à l'ergonomie sans faille du titre et à ces réglages permettant de se concentrer sur le contenu plutôt que le contenant (fréquence/vitesse des combats...) qui avaient transformé la partie polémique du premier épisode en force scénaristique pour les joueurs occidentaux, arrive une nouvelle fois à critiquer le rapport jeu/joueur et ''subvertir'' l'image ''traditionnelle'' que l'on s'en fait. Le tout sans se prendre au sérieux, à l'exemple de la petite scénette vous introduisant l’option de réglage de fréquence des combats aléatoires, et ce jusqu'à la toute dernière scène, avec un clin d’œil à une autre saga vidéo-ludique bien connue.
Bravely Second, c'est ça : de la légèreté avec quelques piments au milieu du ragoût.
Rien ne se perd, rien ne crée, tout se transforme
Le jeu réutilise donc beaucoup d'environnements, de personnages issus du premier épisode étant donné que le lieu d'action reste Luxendarc. On aurait pu souhaiter un peu plus de nouveautés que de lieux déjà visités (Comptez 4 nouvelles villes, toujours aussi belles, et une poignée de nouveaux donjons, pas forcement très réussis d'ailleurs, cf les grottes geysers). Les situations étant nouvelles et le rythme de l'aventure soutenu, les dialogues bien ciselés et se moquant parfois allégrement des travers qu'avaient relevé les joueurs, la pilule a cependant tendance à passer plus facilement. La réutilisation de certains porteurs d'astérisques ou d'anciens personnages pourrait même plutôt être une force selon certains points de vue. Pour les premiers, optionnels, ils sont majoritairement abordés sous un angle humoristique, ne vous attendez donc pas à un approfondissement de leur rôle tenu dans le premier épisode.
Les interactions avec les anciens boss seront plus joviales que par le passé, mais avec bourre-pif tout de même, faut pas déconner.

D'autres personnages feront aussi leur retour...
Les joueurs attachés aux sagas ne devraient être dérangés outre mesure par tout cela et devraient même plutôt ressortir satisfaits de l'expérience proposée, car cette réutilisation de l'univers lui permet une plus grande richesse et un fond historique plus marquant pour les joueurs du premier épisode. Que les nouveaux venus ne s'affolent pas, le prologue leur récapitulera les événements de ce dernier et nul connaissance n'en est obligatoire pour apprécier le jeu. Tout au plus, quelques surprises seront moins marquantes mais les écrivains ont bien bossé et la qualité des dialogues leur permettra de saisir les interactions individuelles nécessaires.
Le ton général du jeu est bien moins sombre que le premier.
Une réalisation sans faille(s)
Encore plus beau que le premier épisode, avec une finesse accrue sur certain détails, sa palette de couleurs agréée par le comité anti-déprime et un effet 3D toujours aussi agréable, exploitant toutes les fonctionnalités de la portable, on pourra donc cependant regretter un manque de nouveautés dans les environnements. Mais le jeu fait clairement honneur à la console de Nintendo.
La prise en main est toujours aussi impeccable et a même été améliorée : on peut maintenant lancer 4 actions d'une seule touche,
sauvegarder des
patterns d'attaque (3 choix possibles) ou des compos d'équipes, les combats peuvent toujours être accélérés, etc.
Possibilité de revoir les cinématiques au bon vouloir, explication limpide des sorts, objets, équipements et autres, tout y est ! Quant on voit la qualité de l'interface et des différentes options (doublages japonais ou anglais, choix de la langue des textes disponible, pour ceux qui voudraient bosser leur coréen), je ne vois pas trop ce qu'on pourrait demander de plus. Pouvoir écouter la
Bande Originale comme bon nous chante? C'est possible via le nouveau mini-jeu (Le ''Masticage'').
Au niveau musical, c'est moins ''épique'' que le premier mais ça me semble coller avec le ton du jeu, beaucoup moins sombre.
Peu nombreux, les nouveaux environnements sont cependant aussi soignés que les anciens.
Un gameplay qui pue toujours autant la classe
Pas de nouveautés au système de jeu, on ne change pas une équipe qui gagne. Pour ceux qui auraient passés les cinq dernières années sur la Lune ou dans une dimension parallèle, les combats de
Bravely Second sont, tout comme ceux de
Bravely Default, basés sur le tour par tour.
Avec cependant un aspect novateur qui rénove ce classique: le jeu encourage à la prise de risque maîtrisée en vous octroyant la possibilité de jouer jusqu'à 4 actions en un tour (Le
brave), ce qui vous laisse bien évidemment inerte par la suite le temps que votre compteur d'action revienne à zéro (A raison d'un point par tour, hors capacités ou actions spéciales) ou bien de les stocker (Le
default, qui fait aussi office de défense).
Ajoutez à ça un système de classe à la FFV/
FF Tactics dont chacune a des capacités latentes et actives (Les premières pouvant être attribuées aux protagonistes tel que le souhaite le joueur dans la limite disponible, soit plus ou moins 5 par personnage, et les secondes dépendant de la classe principale et secondaires des susnommés, sélectionnables par le joueur) et vous obtenez un jeu avec des combinaisons à faire pâlir d'impuissance les persos les plus pétés de l'histoire du J-RPG.
Pas de changement sur ce
Bravely Second donc, on retrouvera pas mal d'anciennes classes (subtilement ''équilibrées'') et quelques nouvelles bien surpuissantes (L'exorciste, le cow-boy, le pâtissier...) et toujours autant de possibilités d'abus. Les classes magiques me semblent avoir été rehaussées cependant, du moins je n'avais pas le souvenir que les mages et invocateurs soient aussi puissants dans le premier.
Nouveauté marquante, la
possibilité d’enchaîner les combats si vous les clôturez en un tour avec un bonus multiplicateur pour l'argent, les points d’expérience et de classe à la clé. Il sera donc très aisé de faire grimper vos persos et de rouler sur le jeu en mode normal.
Les boss sont toujours aussi dingues, avec une mention spéciale pour le dernier de la quête principale ainsi que
Geist et les dialogues du félinomancien (en anglais). Pour ce qui concerne ceux du New Game +, ils sont bien
hardcore et une équipe mal préparée se fera rétamer en un tour.
Des boss gigantesques, vénères et qui one-shot en difficile ? Check
Conclusion
Belle réa', des dialogue bien écrits avec beaucoup d'humour, un
gameplay toujours aussi bon, 60h de durée de vie (en accélérant les combats), une bande-son au poil, on ne peut donc que regretter un manque d'environnements nouveaux plus importants. A vous de voir ce que vous attendez du jeu. Si le fait de revenir sur les théâtres d'exploits passés a tendance à vous irriter, le jeu risque de vous décevoir. En cas contraire, foncez et pour ceux qui aiment les J-RPG à systèmes et seraient passés à côté du premier, vous pouvez y aller les yeux fermés. Vivement
Bravely Third en tout cas, en espérant plus de nouvelles zones cette fois-ci et moins cette sensation d'extension.
Bravely:
-Scénario maboule (sur la fin) avec des quêtes secondaires bien écrites
-Beaucoup d'humour avec une localisation aux petits oignons
-Réalisation et jouabilité sans faille, utilisant toutes les fonctions de la 3DS
-Des classes et capacités toujours aussi pétées
Default:
-Peu de nouveaux environnements
-Il sort quand
Bravely Third ?
La note:
8/10 pour ceux qui découvriraient Luxendarc par cet épisode directement ou ne sont pas dérangés par le fait de repasser dans des lieux déjà connus et 7/10 pour les autres.
L'avis d'Eldren
ici
Le test de Gamekyo
là
lusso à voir avec quelqu'un qui commencerait par cet épisode mais je les ai trouvées succinctes, claires perso, et, à tort peut-être, suffisantes pour un nouveau venu. Si un de ces derniers passe dans le coin et peut commenter plus objectivement...
dinourex les éléments ''chiants'' du 1 passent mieux avec les améliorations apportées, autant la version originale a dû être lourde autant le réglage de la vitesse des combats réduit grandement le côte rébarbatif de la chose. Il y a une grosse différence de ton entre les deux, et ceux qui veulent un J-RPG plus sombre devraient favoriser le premier.
orbital