Premier projet de la collaboration entre Nintendo et Platinum Games, The Wonderful 101 parvient à aller au-delà du simple apéritif en attendant le plat de résistance incarné par Bayonetta 2. L'une des bonnes surprises de l'été, même si imparfaite.
De sa présentation à l'E3 2012 jusqu'à il y a quelques mois, le nouveau Kamiya était loin d'attirer tous les regards. De par un parti-pris graphique qui lui a valu une comparaison avec un « jeu indé » aux yeux de certains, et un aspect des plus brouillons au point que d'autres ont pensé au premier abord à une sorte de
Pikmin-like, le titre n'a véritablement dévoiler son potentiel qu'il y a peu, grâce à un N-Direct réussi et l'arrivée d'une démo jouable qui a permis de mettre les choses au point :
The Wonderful 101 est un jeu d'action, un vrai. Et ce malgré un pari un peu fou de placer une caméra en vue du dessus (et éloignée), qui offre pour le coup une approche totalement inédite en la matière, tout en permettant d'user d'astuces techniques. Les boss sont impressionnants, les décors variés, on apprécie de voir des dizaines d'unités à l'écran mais un simple rapprochement de caméra, rare et généralement dans les intérieurs, nous place face à des personnages modélisés un peu à l'arrache, façon Playmobils nouvelle génération.
Difficile en revanche de ne pas se réjouir en retrouvant une nouvelle dose d'humour propre au producteur qui n'avait pas autant pu se lâcher depuis
Viewtiful Joe. Nos minuscules personnages ne manquent pas de personnalité, se disputent parfois pour un rien, se vannent... le tout entre deux séquences totalement folles. Il ne pouvait en être autrement dans cet univers ou un paquet d'humains est capable de se transformer en simili-Power Rangers, prêt à défendre le planète de l'envahisseur aliens. C'est bien évidemment le cas de notre héros, ayant hérité son statut à la mort de son père (loin d'être un spoil, cette révélation intervient après 30 secondes de jeu). D'ailleurs, contrairement aux apparences, le scénario ne se montre pas aussi plat que prévu et on n'aura aucun mal à trouver notre chouchou parmi les différents protagonistes, bons ou mauvais, en notant qu'on pourra apprécier leurs nombreuses discussions avec un doublage anglais ou japonais. Cette fleur.
Ce qui fait en revanche que le titre aura bien du mal à se vendre face à une bonne partie du public, c'est sans conteste sa prise en main. Comme la plupart des jeux d'action japonais de bonne facture,
The Wonderful 101 parvient à offrir une énorme courbe de progression. La différence en revanche par rapport à un
Devil May Cry ou un
Metal Gear Rising, c'est qu'on part de rien vu qu'on a un mal fou à capter grand-chose lors des premières minutes. Trouver son chemin n'est heureusement pas dur, le jeu étant d'une linéarité évidente avec quelques petites énigmes rapides entre temps, certaine utilisant le gameplay asymétrique avec le GamePad quitte à rendre le off-screen un poil délicat même s'il est possible de s'en sortir avec la possibilité provisoire d'un double-affichage un peu bâtard sur la manette.
Si le jeu propose une poignée de personnages principaux vous rejoignant au fur et à mesure du scénario, l'essentiel de vos troupes sera constitué de simples quidam soit présent de base, soit trouvé sur la route, tous se ralliant à votre cause sans rechigner dès le moment où vous dessinez un rapide cercle autour d'eux. Ce principe revient d'ailleurs dans la progression où vous pourrez, selon les endroits, dessiner une ligne droite pour créer un pont de fortune avec vos pions, matérialiser une chaîne, créer un deltaplane... Rien de trop difficile à comprendre, excepté qu'on privilégiera le dessin au stick droit plutôt que sur l'écran du GamePad pour des soucis d'ergonomie et de rapidité. En revanche, les choses se corsent beaucoup plus en combat, point central du jeu. C'est de l'action avant tout, on le rappelle.
C'est à ce moment là qu'on panique le plus au début tant il y a de choses à prendre en compte pour espérer s'en sortir sans trop de dommage et obtenir une médaille de fin de mission autre que « Plastique ». Le premier niveau de l'aventure est d'ailleurs une hécatombe. On comprend qu'une touche symbolise une sorte de horde de vos pions sur l'ennemi pour le ralentir, un autre servant à courir pour éviter les attaques, un autre à sauter et enfin le fameux stick droit qui permet donc de matérialiser des pouvoirs : poing en feu, griffes, pistolet, épée, chaîne... Tous seront accessibles à mesure que vous débloquez vos personnages principaux et il suffira de tracer une des formes à l'écran pour faire sortir votre pouvoir : un cercle, un trait (simple, courbé, à angle droit...)... Si bourriner est une solution pour ceux qui jouent en facile et qui aiment le plastique, les autres chercheront à choisir le bon pouvoir en fonction de la situation, le nombre d'ennemi à l'écran pouvant avoir son importance tout comme la présence de certains gros morceaux, possédant chacun leurs points faibles.
Mais voilà, si les bonnes idées sont là, des mauvaises nous sautent rapidement au visage. Et ils sont nombreux. Reprochons par exemple la caméra qui est loin d'être toujours fameuse, empêchant de voir correctement les ennemis (qui peut alors lancer une attaque bien cachée en dehors de l'écran) et qui peut parfois rendre la matérialisation difficile quand le trait de votre dessin sort de votre champ de vue. Car oui, plus vous avez de pions dans l'équipe, plus le dessin peut-être grand et ainsi démultiplier la puissance de l'attaque. Toujours concernant la caméra, le choix de la vue isométrique posent de sérieux problèmes de perspective à certains endroits où on est persuadé d'être à coté d'une plate-forme alors que... Mais le plus choquant reste peut-être que certaines bases des plus essentielles dans le gameplay se retrouve... dans la boutique d'achat (avec de l'argent in-game évidemment). Ainsi, des choses qui devraient nous être acquises comme dans n'importe quel jeu d'action existant (la garde et surtout l'esquive !) seront inaccessibles au début. Heureusement, on amasse suffisamment de pognon pour réparer rapidement cette erreur. Mais tout de même...
Cette même boutique qui offrira moult choses comme la possibilité de faire des dessins plus rapidement, d'avoir de nouveaux coups ou de vous gaver en objets de soins. De quoi rendre l'aventure plus facile au final ? Oubliez. Si les aides apporter par les achats ne se refuseront pas, le jeu reste d'une certaine difficulté en normal augmentant en avançant dans les missions. Et comme tous jeux d'action, le terminer (en une douzaine d'heures ici) ne sera que la prélude à un second rush bien plus précis pour tenter de chopper les meilleurs médailles. De ce coté, aucun secret : il faudra faire preuve d'une précision importante, de patience tout en n'hésitant pas à fouiller les niveaux qui recèlent de bonus cachés. Dommage une fois encore que la caméra puisse détruire un parcours jusqu'alors parfait. Une aventure qui reste satisfaisante au final, surtout qu'elle parvient à se renouveler un minimum par des séquences un peu particulières (et parfois un poil trop longues) et surtout des boss qui n'hésiteront pas à faire dans la démesure. On signalera tout de même pour les intéressés la présence d'un mode multijoueurs, jouable jusqu'à cinq (uniquement en local), qui consistera à faire quelques missions annexes en coopération. Pas de quoi exploser de joie à ce niveau.
Les plus | Les moins |
+ Original et drôle
+ La courbe de progression
+ Mise en scène réussie
+ L'utilisation des pouvoirs
+ Des boss impressionnants
+ Durée de vie | - La caméra
- Pas toujours facile de tracer ses traits
- Le multi anecdotique
- Devoir acheter la garde et l'esquive |
Conclusion : Pari plutôt réussi pour Platinum Games avec ce très original one-shot (?) parvenant, contrairement à ce que laisse supposer son coté esthétique, à offrir une véritable profondeur dans le gameplay. Dommage que paradoxalement, la caméra et le foutoir à l'écran empêcheront souvent de taper le score parfait, limitant l'intérêt chez les puristes.