On l'a attendu depuis un moment, encore plus pour les vrais renseignés puisque le titre était prévu à la base sur Dreamcast, et Vanillaware a enfin fini par accoucher de son nouveau projet. Voyons voir si ce gros bébé incarne l'un des indispensables de cette fin d'année.
Comme débuter une critique sur
Dragon's Crown sans parler de sa patte esthétique ? C'est de toute manière devenu affaire de routine pour le développeur, devenu depuis le temps l'une des références absolues en terme de travail sur la 2D et notre nouvel intéressé ne fait pas défaut à cette réputation puisque, on peut le dire, il s'agit tout simplement du plus beau jeu du genre. Rien que ça. C'est bien simple : tout est sublime. Les décors sont aussi prodigieux que variés (mais peu nombreux, et on reviendra là-dessus), les personnages explosent à l'écran par leurs détails, l'animation et le design magnifique (qui ne sera pas toujours du goût de tous, comme cette chère amazone), le jeu est riche en couleurs, les ennemis sont nombreux à l'écran, les boss peuvent être énormes... Rien à redire. Ou presque. Car si la fresque n'offre aucun défaut sur PlayStation 3, les choses sont un poil plus compliquées sur PS Vita qui a parfois du mal à supporter cette débauche d'effets et se permet donc de poser quelques petits ralentissements quand l'écran est blindé, ce qui ne sera jamais dramatique. Un résultat honorable en tout cas, avec la bande-son qui avec, du coté de l'OST de qualité comme le doublage US très réussi.
Donc on a affaire à un beat'em all à l'ancienne, du moins dans les bases. Il s'agit en effet de parcourir une poignée de niveaux en bastonnant tout ce qui se présentera à nous, boss inclus. Easy. Seulement, le titre va un peu plus loin, et même beaucoup plus loin que ça en intégrant une grosse composante RPG, et ce sur l'ensemble des aspects. En premier lieu, on pourra choisir son personnage parmi six, tous incarnant une classe propre pour privilégier le corps-à-corps, la distance ou tout simplement la magie. Chacun possède également ses habituels points forts/faibles, ses attaques spéciales et son lot de compétences, sachant que ces dernières sont scindées en deux groupes : un propre à la classe (proposant de nouvelles attaques entres autres), l'autre étant le même pour chaque personnage (boost de HP, multiples esquives, etc.). Points d'expérience, niveau, argent, loot, quêtes annexes (mais fedex), secrets à découvrir en fouinant le décors avec le stick droit (ou au tactile sur Vita)... L'équipe a offert la totale pour pondre une nouvelle approche dans le genre même si le tout pourra sembler un peu lourd à certains moments.
Le beat'em all est par principe un genre répétitif, on ne va pas revenir là-dessus. Mais il faut avouer qu'entre deux donjons, on passe souvent son temps à refaire la même chose, à savoir les préparatifs. En règle générale, il faudra à chaque fois passer par l'église pour ressusciter des combattants (donc potentiels futurs alliés) à partir des os ramassés (qu'on pourra également choisir de brûler pour un bonus aléatoire), penser à aller à la guilde pour augmenter son niveau et activer de nouvelles compétences, aller ensuite au magasin pour réparer ses armes, faire examiner son matos looté inutilisable en l'état, équiper ce qu'il faut, revendre le reste, et enfin retourner à l'auberge pour refaire son équipe, les alliés revenant automatiquement à la base dès le retour en ville sans qu'on leur demande quoi que ce soit. En bref, il est rarement possible d'enchaîner deux donjons directement sans avoir besoin d'aller à droite/gauche dans l'unique bourgade, ce qui pourra s'avérer un peu chiant aux yeux de certains, particulièrement en solo.
Mais
Dragon's Crown, ce n'est justement pas que du solo. Et heureusement. Le titre est en effet jouable jusqu'à quatre en ligne sur les deux machines même s'il faudra pour cela attendre d'avoir terminé les bases de l'histoire pour se lancer, soit une demi-douzaine d'heures en ligne droite. Sinon, il reste la solution du coop local sur PS3, accessible dès le départ. Dans un cas comme dans l'autre, il faut en effet avouer que les premières heures sont très loin d'être les meilleures, avec des sessions très courtes et une relative facilité. Mais ces premières heures, qui finalement valent un « beat'em all normal » ne sont que le prélude. On passe ensuite à l'effet
Diablo III avec possibilité une fois le jeu terminé (au niveau 35 maximum) de débloquer de nouveaux palliers de difficulté et avec eux un level-cap rehaussé pour aller au fur et à mesure jusqu'au niveau 99, avec bien entendu la dose de nouvel équipement à ramasser qui va avec. En prenant en compte que les donjons, peu nombreux une fois encore, se bonifient avec le temps avec ajout de runes pour obtenir des pouvoirs et surtout chemins annexes, le titre parvient à maintenir notre intérêt durant des dizaines d'heures, un exploit pour le genre.
Les plus | Les moins |
+ Juste magnifique
+ La classe du chara-design
+ La durée de vie énorme
+ Le trip du beat'em all à l'ancienne...
+ … couplé à l'univers du RPG
+ Le multi évidemment | - Pas de traduction
- Bien moins intéressant en solo
- Sérieux manque de donjons
- Ralentissements sur Vita |
Conclusion : Vanillaware, toujours talentueux dans le domaine, prouve qu'avec Dragon's Crown, on peut réunir amateurs et réfractaires du genre beat'em all avec une aventure certes basique de prime abord mais dont l'intérêt décuple véritablement une fois passé le premier rush, pour peu bien sûr qu'on s'y attarde à plusieurs. Au final, le titre aura pris un paquet d'années à débouler, mais il a désormais les qualités requises pour squatter nos consoles un bon moment. Une réussite.