C'est l'histoire d'une licence qui fut crevée dans l'œuf avant même d'avoir véritablement pris son envol. Aujourd'hui, après un épisode ayant divisé les joueurs qui étaient invités à construire un monde et un peuple de A à Z, et quelques addons vite oubliés en passant, la licence
Spore sombra dans l'oubli. Et ce ne sont pas les veines tentatives pour relancer la machine sur Wii et DS qui ont fait la différence. Mais rien n'arrête décidément
Maxis, toujours à la recherche du projet qui fera décoller une série qui n'a jamais réussi à dépasser le stade d'embryons et qui ne demande donc qu'à éclore afin de pleinement vivre sa vie. C'est un peu ce à quoi sert
Darkspore, disponible uniquement sur PC et qui emmène
Spore dans les méandres du hack'n slash, tout en en reniant pas ce qui a fait son succès.
Le titre bénéficie d'un atout de taille : la totalité des licences pouvant éventuellement exploiter le genre a pour le moment déserté le PC, l'une se faisant attendre pour encore longtemps (
Diablo 3 donc), l'autre ayant des infidélités avec la Xbox 360 (
Torchlight en l'occurence). Du coup, cet immense désert ne laisse que peu de choix aux joueurs, et qui dit choix restreint, dit surtout attitude un peu moins critique. Car oui, le fan du genre crève de faim et n'hésite pas à mettre la main sur tout et n'importe quoi pour rassasier son appétit. Dans le cas de
Darkspore, le scénario nous entraîne dans un monde où un peuple a décidé de jouer avec la science afin de créer un E-ADN, un ADN évolué, qui aura le malheur d'être instable et de créer des monstres qui détruiront toutes les planètes sur leurs passages. Mais voilà, des centaines d'années plus tard, vous êtes sorti de l'hibernation cryogénique par une I.A. vous invitant à vous repentir de cette ignoble histoire, et vous voilà donc à la recherche d'ennemis et de territoire à conquérir.
Rien de bien folichon à se mettre sous la dent, et il faudra davantage se concentrer sur le contenu plutôt que sur la forme, pour éventuellement y trouver quelque chose digne d'intérêt. Quoi qu'il en soit, le jeu vous invite à prendre le commandement d'une petite escouade répartie en cinq groupes. Chaque groupe ayant droit à des pouvoirs différents, vous disposerez de près de 100 héros pour trouver votre compte. Si cela s'avère difficile dans les premières heures de jeu, il faut quand même noter qu'après avoir eu le coup de main, on peut difficilement nier l'intérêt des cinq classes pourtant très classique. Chacune étant spécialisée dans un type de combat en particulier comme le corps à corps ou à distance. Mais gare aux abus, l'escouade ne peut être complétée que par trois héros maximum, à vous donc de switcher selon vos missions ou selon vos techniques d'attaques. Si vous avez le malheur de disposer du même type de classe que votre ennemi, vous verrez la barre de vie de vos créatures fondre comme neige au soleil. Évidemment, tout n'est pas qu'une affaire de classe, car si vous débloquez un maximum de héros en solo, chacun d'eux vous donnera accès à un bonus de groupe qui sera effectif jusqu'à ce que ce dernier perde la vie.
À chaque fin de mission, vous gagnerez des points d'ADN. À l'instar de l'expérience, ces points permettent tout simplement de débloquer des armes ou des armures supplémentaires pour vos héros.
Maxis n'a donc pas abandonné l'éditeur de personnage de
Spore puisqu'il l'a revu afin de l'adapter à
Darkspore, simple non ? Chaque classe dispose d'un nombre élevé de combinaisons possibles afin de rendre votre escouade redoutablement efficace. Évidemment, les héros sont déjà préconçus, en clair, vous ne pourrez pas modifier leur corpulence. Malgré tout, il y aura largement de quoi faire. Le mode solo est ainsi ouvert à tous en coopération. La vingtaine de missions proposées vous tiendra en haleine pendant un peu moins de 15h, ce qui est suffisant pour se faire la main. D'autant que le mode PvP lui, est un peu plus compliqué à comprendre puisque les tactiques stratégiques sont maîtresses des lieux. Malheureusement et succès d'estime du titre oblige, à l'heure où nous faisions notre test, les parties étaient trop rares pour constituer un challenge décent, le peu de schémas disponibles est aussi rédhibitoire pour le genre. 1 contre 1 ou 2 contre 2, voilà ce qui vous attend. Qui plus est, le scénario tenant sur un timbre-poste, l'intérêt de la rejouabilité sera très limité.
Et par limité, on entend un système de quête inexistant. Comprenez qu'au-delà de l'objectif principal d'une mission, vous n'aurez rien d'autre à faire, si ce n'est de dézinguer des ennemis à tout va. Le sentiment de lassitude intervient donc relativement rapidement, même en coopération où notre escouade n'aura d'autre quête que de se chercher de nouveau héros. Mais ne soyons pas mauvaises langues pour autant, car si en apparence,
Darkspore dispose d'un visuel plutôt kitch dépassé, il n'en est rien une fois en jeu. Oh, évidemment on est très, mais très loin de ce qui est prévu sur
Diablo III, mais le jeu de
Maxis a au moins le mérite d'être accessible au plus grand nombre sans bousiller son identité graphique plutôt sympathique. Certains décors, notamment en pleine jungle, sont de toute beauté. On a même droit à du sang et à des attaques aux effets dévastateurs. On ne se moque pas de nous, c'est toujours ça de pris.
Conclusion: Darkspore est un hack'n slash qui se révèle finalement plus sympathique qu'il n'en a l'air. Évidemment, qu'il ne fera sans doute pas le poids face aux ténors du genre, absents pour l'instant, mais Maxis a au moins le mérite de vouloir renouveler un peu le concept. Car en dépit d'un scénario plat comme une crêpe, le dernier bébé des créateurs des Sims offre un bon outil de personnalisation de ses combattants, et des graphismes à la hauteur de ce que l'on est en droit d'attendre en 2011.