Otogi 2 : Immortal Warriors est un chef-d’œuvre vidéoludique imprégné d'une poésie subtile qui semble vouloir se dissimuler derrière une violence de façade. Mais comment ne pas être émerveillé devant cette beauté que l'on remarque d'abord dans les décors particuliers imprégnés du Japon ancien et dont chaque élément contribue à créer une atmosphère presque romantique, devant cette esthétique raffinée des paysages de temples japonais et de forêt verdoyante parfois colorée d'un rose de printemps qui invite à la méditation ?


Le visuel du jeu reflète ainsi parfaitement la beauté des paysages naturels japonais avec ses cascades d'eau et rochers. La magie de ces lieux inspire à l'harmonie et à la tranquillité. On est littéralement ébloui par les flocons de neige qui voltigent à la surface de l'eau, cette lourde pluie interminable plus vraie que nature, et ce fleuve voilé par un rideau de brouillard tenace qui laisse difficilement entrevoir les bateaux ennemis naviguant au loin. On arriverait presque à ressentir les parfums de cette nature idyllique. On aurait même du mal à venir déranger cette tranquillité profonde. Les graphistes numériques de chez From Software se présentent là comme de véritables peintres du Japon traditionnel. On remarquera également quelques traits artistiques empruntés à l'excellent ICO sorti sur PlayStation 2 notamment au niveau de la saturation du contraste qui permet de donner une plus grande intensité aux couleurs. Ce réalisme des graphismes donne pourtant l'impression d'un univers imaginaire, un rêve rythmé par des musiques traditionnelles japonaises jouées avec divers instruments tels que le shamisen, koto, biwa, taiko et autres flûtes de bambou. Ces musiques somptueuses et délicates qui accentuent davantage notre contemplation du calme absolu semblent vouloir finalement nous plonger dans un silence et une concentration ultime, pour trouver au plus profond de soi le sens réel de notre existence : suivre le chemin du samouraï.

« Le devoir est plus lourd que la montagne »

Développé par From Software (Armored Core) et édité par Sega, ce second volet débute juste après les événements de Otogi : Myth of Demons. Raikoh, le légendaire guerrier immortel doté d'une épée magique, ressort de sa tombe pour défendre le peuple japonais une nouvelle fois menacé par une attaque de démons qui ont refait surface pour prendre le contrôle de l'humanité. La sorcière Seimei engage quatre guerriers qui offriront leur vie dans un rituel pour ressusciter Raikoh. Pour mener à bien sa mission et détruire définitivement la horde de monstres qui sévissent dans les rues de la capitale japonaise, notre héros sera donc cette fois épaulé par cinq généraux jouables dotés de capacités propres.

Chaque personnage est caractérisé par des points forts et des points faibles. Le joueur devra donc sélectionner le guerrier avec minutie en fonction du contenu et des difficultés de chaque niveau. La sorcière Seimei cherche à protéger le Holy Orb des ennemis démoniaques et dispose du plus grand pouvoir magique de la capitale, elle est le véritable chef et guide de ce groupe de guerriers. Kintoki représente la véritable force dans l'équipe mais reste cependant handicapé par des mouvements lourds et lents. Ce puissant guerrier est effectivement incapable d'exécuter un double saut mais peut cependant projeter ses adversaires sur les murs. Kintoki a combattu dans l'armée Impériale aux côtés de Masakado, le cavalier sans tête, autrefois son ami qui deviendra par la suite le plus redoutable de ses ennemis. Suetake est certainement le plus original de tous les guerriers disponibles, il est l'un des sorciers les plus puissants de la capitale, d’ailleurs il est le seul à pouvoir employer certains sorts puissants. Suetake a volontairement renoncé à sa forme humaine et a transféré son esprit dans un arbre pour servir son pays pour l’éternité. Ce guerrier est capable de sauter indéfiniment dans les airs pour détruire ses ennemis situés dans des endroits élevés difficilement accessibles. Sadamitsu a quitté son clan très jeune pour venir rejoindre les forces militaires de la capitale. Cette brave guerrière dotée d'une grande rapidité mais d'une force moins efficace a combattu avec le grand Raikoh pour améliorer ses techniques de combats aériens. Doté d'une agilité incomparable, Tsuna est sans doute le guerrier le plus charismatique avec sa tête de loup et ses deux lames de Samouraï. Tsuna est idéal pour les affrontements physiques, il est adapté aux niveaux qui comprennent de nombreux ennemis. Enfin, le héros Raikoh semble être un bon compromis entre attaque, emploi des sorts et maniabilité.

Le côté RPG a été conservé puisque le joueur a la possibilité d'améliorer les capacités techniques de chaque personnage en achetant des Orbs pour développer et accroître chacune des caractéristiques du personnage (Agilité, Vitalité, Force, Résistance, etc.), mais aussi pour débloquer des invocations magiques comme le Dragon, la Chimère ou le Cosmos. Divers accessoires peuvent être achetés comme l'amulette du serpent blanc utilisé pour repousser le feu. Le joueur a par ailleurs la possibilité de vendre ses objets pour obtenir plus d'or. Certains de ces objets peuvent ensuite être échangés entre les différents guerriers. De même, le guerrier devra vaincre un nombre suffisant de démons et récupérer leur force vitale à titre d’expérience (et l’âme du démon se transforme en or) pour augmenter de niveau et obtenir un Level-Up. Les paramètres pris en compte pour calculer ses modifications sont très variés : le nombre d’ennemis vaincus, les points de combos, la fréquence d’utilisation des sorts, le niveau de destruction, etc. Pour reconstituer son niveau de magie, le guerrier devra également purifier les démons et récupère leurs forces vitales, l’emploi des sorts consommant bien évidemment de la magie, une magie qui diminue peu à peu au fil du temps. A noter que Kintoki et Seimei sont capables d’absorber de la magie en maîtrisant les démons.

« La mort est plus légère que la plume »

Sur le plan visuel, Otogi 2 : Immortal Warriors est encore plus impressionnant que son prédécesseur. Le jeu dispose effectivement d’un nouveau moteur graphique permettant de générer des graphismes détaillés de très haute qualité avec notamment des textures de bois et de rochers plus vraies que nature dans des paysages de rêve du Japon ancien. Les effets d’eau et de lumière pénètrant les arbres de la forêt sont superbes. Mais les programmeurs n’ont malheureusement pas hésité à ajouter beaucoup d’effets graphiques simultanénement à l’écran, ce qui crée quelques petits ralentissements à certains moment du jeu, mais rien de bien méchant. Par ailleurs, le système de caméra a été revu par les développeurs pour suivre notre personnage sans aucun problème durant la partie.

Aucun problème à constater au niveau du gameplay puisque les différents guerriers répondent parfaitement aux commandes. Le joueur peut exécuter une série de combos avec chaque personnage. Par exemple, Raikoh réalisera un coup vertical, attaque slice tournoyante, botte, et attaque de sort lourde en appuyant successivement sur B, B, B et X de la manette. Rien de bien innovant cependant dans ce type de jeu. Le soft est décomposé en plusieurs phases qui correspondent à un total de 27 missions différentes que le joueur débloque au fur et à mesure de sa progression dans l'histoire. A chaque instant, le joueur a le choix entre 3 ou 4 missions en moyenne qu'il peut décider d'accomplir dans l'ordre désiré. Certains niveaux imposeront la sélection de guerriers spécifiques qui ne pourront être réutilisés ultérieurement pour les missions suivantes de la même phase, il faudra donc choisir son personnage avec beaucoup de stratégie et de méthodologie avant chaque mission pour ne pas se retrouver ensuite avec des guerriers inadaptés à la situation. Le niveau de difficulté est certainement le plus gros point faible du jeu car il peut diminuer considérablement la durée de vie. Nous avons droit ici à une difficulté élevée qui réside non seulement dans les missions en elles-mêmes, mais également au niveau de la stratégie adoptée pour le choix des personnages au début de chaque mission. Les checkpoints sont de plus inexistants, le joueur devra donc recommencer entièrement le niveau s’il venait à mourir en cours de route, ce qui peut devenir très vite agaçant surtout pour les joueurs occasionnels.