Abandonné par sa famille comme un pauvre chien sur le coté de la route, la série
F.E.A.R. a tenté d'oublier ses joies et succès de l'époque en trouvant refuge chez
Day 1 Studios, une bonne chose pour les fans qui aimeraient bien voir le bout de ce scénario pas comme les autres. Si le développeur dont il est question a déçu dernièrement avec le moyen
Fracture, il reste quand même responsable de la version Xbox 360 du premier épisode, à laquelle on n'avait pas grand-chose à reprocher. Seulement, porter un jeu est une chose, en faire un soit même en est une autre.
Terminées les aventures de l'agent Becket, pris en main dans le second épisode.
F.E.A.R. 3 remet en avant les principaux protagonistes de la saga, à savoir Point Man, le barbu aussi bavard que Link, et son frère Paxton Fettel, sorte d'esprit qui semble ne prendre pas trop mal le fait que vous lui ayez par le passé collé une balle entre les deux yeux. Le tout reprend au moment où Alma, entité aux longs cheveux façon productions japonaises, s'apprête à accoucher d'une sorte de démon, de quoi en tout cas menacer la totalité de la planète. D'ailleurs, chaque contraction est l'occasion pour les ténèbres de progresser peu à peu dans notre monde. Autant vous prévenir de suite : malgré la présence de nombreux flashbacks pas tous très utiles, qui serviront à se remémorer l'enfance des deux frères, l'histoire s'avérera tout simplement incompréhensible pour ceux qui n'ont pas touché aux précédents opus. C'est un peu dommage, car un scénario plus explicite aurait rendu le tout plus intéressant à suivre, surtout que la fin laisse clairement suggérer un quatrième épisode.
Comme souvent dans les titres actuels, la première chose qui a tendance à frapper le joueur est l'aspect technique. Et ici, on ne peut décemment dire que le jeu est beau. Disons que ce n'est pas non plus un laideron mais jamais il n'impressionnera, quel que soit le niveau, et il ne faudra jamais se montrer exigeant concernant les textures ou la modélisation des personnages qui fait vraiment dans le classique à l'heure où de nombreux développeurs tentent par tous les moyens de repousser les limites de nos consoles. Pour ceux qui aimeraient savoir ce que donne la mise en scène signée John Carpenter, disons les choses simplement : hormis l'introduction, rien ne sort vraiment du lot. Pire, alors qu'il s'agissait sans conteste d'un des points les plus importants de la série, on ne ressent plus vraiment de peur en jouant. On devine limite à l'avance les « apparitions » et rares seront les moments qui nous feront sursauter, habitué ou pas.
Concernant le gameplay, pas de surprise lors de notre première partie. La prise en main de Point Man ne change aucunement de n'importe quel autre titre du genre, et seul la possibilité de pouvoir ralentir le temps (sur une jauge limitée) reste toujours aussi plaisant lorsqu'on est harcelé par l'ennemi. L'ennemi justement, n'a rien perdu de sa frénésie lorsqu'il s'agit de balancer des grenades à tout va, de changer de position non-stop et de nous prendre à revers. Une IA qui reste donc clairement supérieur à la normale, ce qui offrira un peu de piment dans nos échanges. En revanche, jouer avec Fettel (une fois le jeu terminé) donne un tout autre regard sur l'aventure. Esprit oblige, ce dernier ne peut pas s'équiper d'armes mais dispose de tout une panoplie de pouvoirs pour l'aider à progresser tranquillement. En plus de quelques coups au corps-à-corps, on pourra user de notre force mentale pour lancer des ondes de choc ou tout simplement utiliser la télékinésie pour envoyer des barils explosifs à la face de nos opposants. Mieux, il est tout à fait possible de rentrer dans le corps de n'importe quel adversaire ou presque pour les contrôler durant quelques secondes.
Seulement, malgré toute cette bonne volonté, les joueurs solos risquent de rechigner, et avec raison, devant le manque de renouvellement et surtout un level-design peu inspiré qui nous fait voyager à divers endroits sans grande cohérence scénaristique avec d'ailleurs la remise à zéro de notre équipement à chaque début de niveau. Et si les fans purs et durs imploreront Monolith de revenir prendre en main son bébé, les autres découvriront avec plaisir LE point fort du jeu : le mode coopération (en local comme en ligne). Car on le notera assez vite, l'ensemble du titre semble être tourné autour de cette option, ne serait-ce que pour la complémentarité des capacités de Point Man et Fettel et il est toujours plus intéressant de coordonner ses actions avec un ami plutôt qu'avec l'IA. Quelques exemples simples : Fettel pourra par exemple soulever un adversaire du sol pour que Point Man lui colle tranquillement une balle dans la tête. Indiquons aussi la capacités de notre esprit à lancer un bouclier énergétique pour rendre son frère invincible durant quelques secondes.
Et même au delà de ça, le titre dispose d'une certaine profondeur dans le gameplay qui motive à jouer à deux. Dans chaque niveau, il sera possible d'accomplir quelques « achievements » qui sont pour le moins variés : rester coller un certain nombre de secondes derrière un mur, tuer dix ennemis sans se faire toucher, faire tel nombre de tir à la tête, accumulez les actions en coopération, user la jauge de ralentissement trois fois, etc. Et ce en plus des bonus à trouver dans les niveaux, comme une poupée d'Alma ou quelques esprits à voler sur les cadavres. Le but de la chose est de grailler de l'expérience qui nous fera augmenter de niveaux avec capacités à la clé (comme les coups de pied ou une jauge de ralentissement plus conséquente) mais aussi et surtout d'obtenir un rang. En effet, à chaque fin de niveau, chacun des joueurs peut mater sa propre liste des objectifs accomplis (remise à zéro à chaque stage) et le meilleur obtient donc le titre de Fils Préféré. En fin de jeu, un bilan est fait et la dernière cinématique change en fonction du meilleur des deux frères sur l'ensemble de la partie. Un concept tout simplement bien foutu.
L'ennui, c'est que si le jeu trouve tout son intérêt en coopération, la difficulté est du coup drastiquement nivelée vers le bas puisqu'il sera possible de relever son coéquipier à terre et il ne faudra que six heures maximum en mode normal pour torcher le tout. Bien sûr, il est possible ensuite d'attaquer le mode difficile (surtout qu'on garde l'expérience accumulée dans les précédentes parties) mais on reste clairement sur notre faim. Quelques modes multijoueurs répondent à l'appel, mais sans grandes ambitions puisque limités à quatre joueurs. On a tout d'abord droit au désormais obligatoire mode survie, reprenant d'ailleurs le principe du mode
Zombies de
World at War et
Black Ops. Les âmes étant au cœur du jeu, deux modes leurs sont dédiés : le Survivant d'Âmes où le dernier survivant humain a gagné la partie (équivalent à l'Infection d'un
Halo par exemple), et le Roi des Âmes, où on incarne directement un ectoplasme qui doit à la fois récolter un maximum d'âmes tout en infectant des bots pour éviter de se faire tuer par les concurrents. Enfin, la Course Démente demandera de traverser un niveau bourré d'ennemi à toute vitesse pour ne pas se faire tuer par la brume qui progresse rapidement dans notre dos. Pas forcément original donc, de quoi prévoir une disparition de la communauté d'ici quelques semaines, surtout vu le peu de cartes offertes.
Conclusion : Après avoir perdu ses créateurs, la saga
F.E.A.R. risque d'être également mise de coté par la plupart des fans. Bien trop classique malgré quelques bonnes idées, ce troisième épisode se destine finalement aux amateurs de jeu en coopération, qui y trouveront de quoi s'amuser en campagne comme en multijoueurs.