Dans ce monde impitoyable où la nouvelle licence se doit d'être de qualité pour espérer avoir une suite, de nombreux titres se sont cassés les dents dès le lancement, et encore récemment. Signé par
InXile Entertainment à qui on ne doit à l'heure actuelle pas encore grand-chose,
Hunted : The Demon's Forge rentre dans la cour des jeux d'action à tendance RPG en proposant l'increvable duo entre le mec baraqué un peu neuneu sur les bords et la demoiselle sexy. Peu original, le titre tentera tout de même de faire valoir ses quelques atouts pour se démarquer de la masse.
Pour démarrer sur un mauvais point, ce dont on s'excuse, le background du titre s'avère clairement raté. C'est le mot. Les deux personnages n'ont absolument aucun charisme, du genre à faire tâche même dans un second rôle. Et de toute manière, le peu de personnalité que les développeurs ont voulu leur apporter explose en plein vol avec un doublage français tout simplement risible, qui rend Caddoc encore plus simple d'esprit et qui fait passer le statut de E'lara de magicienne rebelle à la pupute niaise. Tout un drame. Un constat qui revient avec les quelques personnages rencontrés comme le maire obèse qui ne voit que le pognon et la magicienne ultra mystérieuse qui semble sortie de n'importe quel jeu occidental à tendance dark fantasy. Difficile donc de s'identifier à de pareils énergumènes, et ce n'est pas le scénario qui rattrapera le tout puisqu'on se contente d'obéir plus ou moins bêtement à quelqu'un qu'on a jamais vu, en essayant en passant de détruire les démons qui envahissent de nouveau notre monde. La routine.
Si on pouvait résumer le gameplay de
Hunted : The Demon's Forge, on serait tenté de dire qu'il s'agit d'un action-RPG-TPS, ce qui ne veut absolument rien dire alors on va tenter de vous expliquer la chose. Le jeu est découpé en une demi-douzaine de chapitres, eux-mêmes découpés en plusieurs parties d'une linéarité affolante, façon couloirs-arênes à gogo où on se contentera d'éviscérer les streums sur notre passage avec nos différentes capacités. Duo oblige, les deux héros s'avèrent assez complémentaires dans les faits, avec un mâle évidemment porté sur le corps à corps et une demoiselle qui aime bien manipuler l'arc de bien belle manière, en prenant en compte que c'est le meilleur moyen d'avancer vu qu'une bonne partie des troupes adverses est composé d'archers. L'un comme l'autre pourra utiliser la magie, ce qui est assez rare dans le genre et permet ainsi de se consacrer à un personnage uniquement, les développeurs ayant eu la mauvaise idée de ne pas nous offrir l'occasion d'interchanger de héros comme on le souhaite, mais uniquement via des socles placés à certains endroits.
Façon RPG comme on l'a dit plus haut, les personnages pourront évoluer de bien des manières. Tout d'abord en ramassant des armes et boucliers (destructibles) de plus en plus puissants au fur et à mesure de notre avancée, mais également en fouillant chaque endroit du jeu à la recherche de cristaux qui permettront de gagner et booster nos capacités : trois pour l'attaque, et trois pour la magie. C'est peu, surtout que toutes ne sont pas vraiment géniales mais c'est toujours ça. On rajoute tout de même un excellent système, façon succès/trophées, qui motive à enchaîner certaines actions (tir à la tête, attaque combinée, etc.) pour améliorer nos personnages avec en vrac une jauge de santé plus importante, la possibilité de porter plus de potions, pouvoir posséder deux armes en stock au lieu d'une, etc. Un vrai bon point pour le coup. Sinon on notera que si le jeu s'avère jouable et dispose de quelques features comme le plaquage contre le mur façon
Gears of War, le tout est assez difficile à prendre en main dans les premières minutes, la faute à un prologue manquant d'explications et des textes d'aides à l'écran qui filent parfois aussi vite qu'ils sont apparus. En bref, il nous arrivera de découvrir certains détails sur le tas, comme des grands.
Un sentiment mitigé donc, d'autant que le titre est assez moche, particulièrement dans la modélisation des personnages, avec un Unreal Engine mal maîtrisé (textures tardives + aliasing). En revanche, s'il y a un point difficile à critiquer, surtout en comparaison des autres jeux d'action, c'est au niveau de sa durée de vie. Malgré sa linéarité, la progression est un appel à fouiller chaque recoin du décors pour découvrir de gros secteurs secrets et y chopper moults bonus, offrant une durée de vie pouvant aller jusqu'à la quinzaine d'heures en mode normal. On imposera d'ailleurs de se lancer directement dans le mode coopération, bien plus intéressant. On rajoutera à cela que l'argent récolté dans la campagne servira à construire ses propres donjons dans un mode dédié, à partager ensuite en ligne. Pas sûr que l'intérêt y soit vu l'absence dommageable d'expérience et de loot dans le gameplay mais l'intention y est.
Conclusion : Décevant dès qu'on jette un œil à la technique ou au background, Hunted : The Demon's Forge a au moins le mérite de proposer un gameplay intéressant, qui méritait certes d'être davantage exploité, mais qui saura nous occuper pendant quelques bonnes heures, surtout en coopération vu l'ennui ressenti en solo. On conseillera pour le coup d'attendre une petite baisse de prix pour éviter les regrets.