Une génération de consoles un peu trop longue, ça permet aux éditeurs de faire preuve d'originalité avec des frais de développement à moindre coût (la plupart utilisant des moteurs largement maîtrisés), mais ça nous fait également entrer dans une période de « blasitude » où le moindre titre un poil trop classique est capable de nous faire bailler, l'argument technique n'étant plus vraiment un joker à l'heure où les machines ont montré l'étendue de leur puissance. Prenons Inversion par exemple. Dans les faits, le jeu n'est pas totalement mauvais et il aurait même pu prétendre à la tranche des « bons jeux sans plus » en début de génération. Malheureusement pour Saber Interactive, de l'eau à coulé sous les ponts depuis six ans (et même des cascades coté TPS avec la saga Gears of War) et piocher de bonnes idées chez la concurrence ne suffira pas à se faire remarquer.
Non, la seule catégorie où Inversion pourrait entrer aujourd'hui, c'est celle du « made in China ». 2012, on commence à entrevoir la prochaine génération de consoles et certains développeurs n'ont pas encore compris que l'heure n'était plus au plagiat, genre de chose qui marche à la rigueur sur smartphones avec Gameloft en tête de mire mais aucunement sur nos machines de salon. En tout cas plus beaucoup aujourd'hui, et pas avec un aspect aussi générique. Car cet énième jeu d'action n'a absolument rien pour se démarquer des ténors du genre, et surtout pas son esthétisme, ses graphismes dans la juste moyenne et son background de blockbusters moyens : deux flics font face à des créatures inconnues qui veulent réduire l'humain en esclavage, le premier cherchant à retrouver sa fille (la mère a clamsé), le second n'ayant apparemment aucune famille ni aucune vie à lui puisqu'il se contente de vous suivre tout au long du jeu. L'amitié, toujours.
Passé l'intro affichant des ennemis semblent issus de Rage, le constat manette en main est assez simple : c'est du Gears. Du copié/collé pur jus entendons-le, car passer de l'un à l'autre se fera sans le moindre problème puisque les boutons sont exactement les mêmes (même la croix pour le changement d'armes à l'écran), seul le rechargement éclair disparaît. Le tout reste un poil moins souple que dans la série d'Epic, ce qui peut paraître aberrant tant Marcus et Dom sont connus pour être des chars d'assaut. Au moins, on pourra dire que c'est parfaitement jouable, même en ce qui concerne la seule « originalité » du soft (vite fait...) : le changement de gravité.
Ces manipulations anti-Newton se font de deux manières. Tout d'abord automatiquement car affectant une zone en particulier dans le cheminement évidemment très linéaire. On se retrouve alors à évoluer soit sur le coté, soit la tête en bas, soit en flottant, l'effet étant généralement assez réussi en apportant une touche de fraîcheur, soutenue par des décors en partie destructibles, ce qui manque à d'autres gros titres de la concurrence et qu'on retrouve avec plaisir dans un jeu pourtant d'envergure moindre. Le second cas de manipulation de la gravité intervient de manière directe, c'est à dire par la propre volonté du joueur. Vous pouvez donc sous réserve d'avoir suffisamment d'énergie (vous aurez toujours au moins une dose qui se rechargera) rendre des objets ou ennemis plus léger ou plus lourd, servant de prétexte à quelques puzzles rapides et sans grand intérêt, mais également pour vous débarrasser de vos opposants plus rapidement. Trois ennemis vous tirent dessus cachés derrière un muret ? Lancez lors une inversion de gravité pour les déloger quelques secondes et leur exploser le crane. Un troupeau d'ennemi court vers vous en beuglant ? Faîtes léviter une voiture et lancer la vers eux pour faire un strike. Quelques exemples efficaces, pour des situations qui n'évoluent que trop peu.
En effet, d'un bout à l'autre de la campagne qui ne nous prendra que huit heures en mode normal, rien n'est fait pour renouveler l'expérience avec un enchaînement shoot-porte-dialogues et des idées reprises à l'infini jusqu'au final. On pourrait presque dire que c'est dommage vu que les premières minutes s'avèrent finalement les plus intéressantes avec une ambiance plus posée au cœur d'un camp de concentration, où notre équipe suivra les ordres de l'ennemi, avant de retourner à la routine classique en rejoignant un groupuscule d'humains rebelles qui a l'intention de botter le cul de ces trucs qui parlent à peine notre langue.
On conclura pas deux mauvaises idées, et une leçon que certains développeurs/éditeurs devraient retenir : lorsqu'on développe un titre qui n'a aucunement les épaules pour devenir un blockbuster, il est évident que la composante online devrait être laissé de coté tant il est probable que les amateurs retourneront voir resteront du coté des ténors en matière de multijoueurs. D'ailleurs, nous n'avons pas pu tester celui d'Inversion vu qu'après trois tentatives à différents moments de la journée, pour quinze minutes d'attente à chaque fois et zéro adversaire trouvé, il n'en fallait pas plus pour comprendre qu'il fallait faire comme si le multi n'existait pas. Et on ne remerciera pas les développeurs d'avoir offert un mode coopération pour la campagne uniquement en ligne voir en LAN.
Conclusion :Inversion est clairement le genre de titre qui se retrouvera à la première occasion dans un bac à promos/soldes, tant l'aspect générique ne lui offre aucune chance de briller aux cotés des plus grands. Le gameplay n'est pas mauvais, le jeu n'est pas moche, ni court d'ailleurs, mais ça ne va pas plus loin que du copié/collé de ce qui existe déjà, en moins bon.
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