L'appel de Juarez a raisonné une nouvelle fois. Une bonne chose pour les amateurs de cow-boys, décidément bien délaissés dans le paysage vidéoludique.
C'était il y a deux ans.
Techland, une équipe de développeur bien connu pour prévoir des jeux qui mettent leurs temps à sortir, balançait dans les étalages le premier
Call of Juarez. Le jeu ne payait pas de mine, était plombé de petits défauts qui entachait le fun offert, mais donné un bon aperçu du potentiel derrière le groupe. Aujourd'hui débarque sa suite,
Call of Juarez : Bound in Blood. Plus beau, plus bourrin et mieux construit, cet opus pourrait bien donner ses lettres de noblesses au développeur qui n'avait que trop peu brillé par le passé.
Une fois n'est pas coutume dans le milieu, les développeurs ont souhaité tout reprendre à zéro. Et pour cela, quoi de mieux que d'oublier le petit faux pas du passé en retournant vingt ans en arrière dans le scénario ? C'est ainsi que nous revenons en l'an de grâce 1864, en pleine guerre de Sécession où l'on fera la connaissance des frères McCalls : Ray et Thomas. Enfin, connaissance, c'est un peu vite dit puisque ceux qui ont joué au premier épisode doivent probablement se souvenir de Ray, une espèce de prêtre qui savait jouer du colt, la bible pourtant dans l'autre main. Seulement le Ray, c'est ici un pur cow-boy de l'ouest qui n'a comme centre d'intérêt que trois choses : tuer, l'argent et les belles femmes. Alors comment et surtout pourquoi cette brute cicatrisée a fait pour rejoindre l'ordre de dieu ? Réponse à la fin du jeu. Bref, après avoir quitté précipitamment leur groupe en pleine guerre (on appelle ça déserter), les McCalls auront tôt fait de rejoindre leur petit frère tout freluquet pour partir prendre du bon temps au Mexique. De là, leur quête sera toute tracée : retrouver un légendaire trésor enterrée on ne sait où et devenir les hommes les plus riches de l'Ouest. La classe.
Contrairement au premier épisode,
Call of Juarez II joue dans la cour des grands niveau technique. C'est bien simple, on prend un énorme plaisir à évoluer dans des niveaux tous plus beaux les uns que les autres, avec des détails à foison et une ambiance une fois de plus fort aguicheuse. On pourra d'ailleurs distribuer des mentions spéciales à foison comme les mines en extérieur ou le (trop rapide) passage dans les champs où on s'accroupira pour passer outre le regard de l'ennemi. Certaines cartes sont d'ailleurs assez grandes pour proposer un peu moins de linéarité qu'à l'accoutumé. De toute manière, même dans les niveaux où le tout fait « beau couloir », les développeurs ont su suffisamment tapisser l'ensemble d'événements scriptés pour éviter que la lassitude tombe. Bon, tout n'est pas non plus parfait car si on appréciera la modélisation de l'ensemble des personnage (avec un bon plus pour Juarez et un petit moins pour William, le dernier rejeton des McCalls), il est assez dingue de voir que les cheveux sont d'une mocheté sans pareil. A croire que sur cette génération, la plupart des héros ont une fâcheuse tendance à se mettre deux pots complets de gel « effet béton » dès le réveil.
Dans les faits, coté cheminement,
Call of Juarez II se rapproche davantage d'une espèce de
Call of Duty que d'un
Grand Theft Auto avec l'univers vaste que cela implique. Le prochain
Red Dead Revolver sera d'ailleurs là pour ça. Ici, on a affaire à du classique qui se fait décidément bien efficace. On enchaîne donc la quinzaine de missions en ayant le choix d'incarner Ray et Thomas à chaque fois, sauf cas exceptionnel, pour ensuite avancer tranquillement en suivant l'histoire et en buttant généralement tout ce qui bouge (faîtes gaffe aux innocents bovins par contre). La différence entre les deux frères ? L'un, Thomas, est plutôt agile et aimera s'accrocher aux rebords avec son lasso, pour ensuite aider Ray à monter, ou se la jouera silencieux grâce à quelques lames affutées. L'autre, Ray donc, est un peu plus bourrin dans l'âme. Que ce soit dans les expressions, sa capacité à utiliser un colt dans chaque main, ou son art à tout démolir à coups de gatling, tout est fait pour satisfaire ceux qui ne font pas dans la dentelle.
Une autre des forces de ce titre, et toujours dans l'aspect de renouveler constamment l'intérêt en plein jeu, c'est la possibilité d'avoir de jolis ralentis pour anéantir un nombre conséquent d'ennemis en un temps record, et sans le moindre risque. Le premier cas vient de passage obligatoire, un peu semblable à
Army of Two finalement, où on enclenchera obligatoirement une action simultanée entre les deux frères. Généralement, le tout se présente devant une « grosse » porte qu'on poussera du pied pour enclencher le ralenti où on shootera tout à l'écran en contrôlant les deux viseurs via les deux joystick de la manette, symbolisant les deux armes de chaque cow-boy. Le plus intéressant reste cependant cette roulette de la mort qu'on remplit d'une case à chaque ennemi abattu. Une fois la roulette pleine, on peut enclencher quand on le souhaite un nouveau ralenti pour éliminer tous les ennemis visibles à l'écran, avec une approche dans le gameplay différente selon que vous jouiez Ray ou Thomas.
Ce qui fait et fera de toute manière parti définitivement des grandes forces du jeu : c'est la variété générale qui en ressort. Sans aller trop loin dans le spoiler mais tout en citant quelques unes des premières missions du jeu, vous enchaînerez guerre dans les tranchées infernales et boueuses, défense d'une base armée d'un gatling, fuite en passant de ranch en ranch à dos de cheval, duel contre le shérif du coin grâce à un système vraiment bien fichu où les réflexes priment, etc. On ne s'ennuie jamais, mais on ne sera trop vous conseiller de commencer par le mode difficile, les modes facile et normal se torchant un peu trop rapidement pour les amateurs de belles gâchettes. Dans tous les cas, le titre reste un poil court, environ huit heures pour le mode de difficulté supérieur. Heureusement, nous avons droit à un minimum de replay-value avec la possibilité de rejouer certaines missions en jouant l'autre frère, donnant accès à de nouveaux lieux, et enfin la présence après avoir vu les crédits de fin d'un mode « très difficile » pour les hommes qui en ont dans le calbute. Terminons sur le mode en ligne, qui possède pour l'heure une assez bonne communauté adorant se la jouer planqué dans les baraquements pour les séances de frags, et qui possède ses nombreux atouts comme le fait de pouvoir augmenter sa prime en tuant un maximum de personne, en prenant en compte que vous serez rapidement ensuite la cible de tous, les grosses primes rapportant davantage une fois fraggées.