Quand les Américains se mettent dans la peau des soumis, juste pour voir comment ça fait, ça nous donne la réalité parallèle mise au point dans Freedom Fighters. Imaginez... les Russes gagnent la guerre froide, possèdent un armement nucléaire capable de rendre le sourire à un vieux général de guerre Chilien et par la force des choses, se retrouvent à envahir les Etats-Unis en pleine aube du XXIème siècle. Et nos amis ricains de se retrouver dans une position de vaincus, similaire à la France face à l’Allemagne dans les années 40. Voilà de quoi faire vibrer la fibre patriotique de tout bon Américain ! Heureusement pour nous, tout cela est traité de façon très ironique (quoi que dans le fond...) et on évitera donc de disserter sur ce choix scénaristique pour se concentrer sur le jeu en lui même, n’est-ce-pas camarade lecteur ? D'autant que les développeurs sont... Danois (!).
Pourquoi toujours les mêmes ?
Non mais c’est vrai tout de même, si je puis me permettre d’insister encore un peu, on aurait pu craindre le pire avec un tel détournement historique. Et d‘ailleurs dans quel manichéisme primaire les développeurs nous plongent-ils ! Américains = gentils et Russes = mauvais ! Dans
Freedom Fighters, le Rouge est un être vil, sale, il mange les enfants et en plus il manque d’objectivité. Un bon Russe est donc un Russe mort. Pourtant, force est de constater que ces soviets font tout pour s’intégrer à la communauté New-Yorkaise, ainsi les niveaux du jeu sont entrecoupés de journaux télévisés présentés par une charmante animatrice au fort accent de l’Est. C’est dans ces moments que le jeu prend son ampleur cocasse, il suffit de lire les telex défilants au bas de l’écran, ou d’entendre parler de "procès équitable après execution", de couvre-feu à 21H00 sous peine d’être abbatu sans sommations, ou encore de s’informer sur le sort des anciens animateurs que les téléspectateurs se feront une joie de retrouver, je cite, «dès qu’ils auront achevés leur séjour dans nos camps de rééducation»... Charmant ! Bref, une vaste mascarade exagérérément propagandiste et foncièrement cruelle, ceci dédramatisant sans doute un peu le parfum de 3ème Guerre Mondiale.
Histoire de plombier
Parfaitement,
Freedom Fighters nous propose d’incarner un collègue de la mascotte de
Nintendo, sans la moustache, car ça fait trop communiste ici. Chris Stone, futur « fantome de la liberté » est l’homme qui sera au centre de tout. Ce Jean Moulin local, lors de l’attaque Russe du début du jeu, se rebelle à l’aide d’un compagnon d’infortune, lequel le conduira jusqu‘au centre d‘une résistance balbutiante, mais déjà bien présente. L‘action ici vous prend aux tripes. Lorsque vous déambulerez sous les lames de feu, dans un New York en plein carnage, qu‘une épaisse couche de poussière recouvre. Les images évoquants très fort la chute de l‘Empire State Building, ce qui est certainement tout sauf une coincidence, facile de faire appel à l’image collective de l’hécatombe dans les consciences américaines ! Pour ce qui est de nous, joueurs, on s’amuse. Et on s’apercevra, pendant le tutorial, qu’en soignant des blessés on gagne des points de charisme ! Diable, serions nous dans un jeu d’action matiné de RPG ? La suite nous apprendra finalement que non, le maître mot ici reste l'action.
L'union (soviétique) fait la force
Pour l’heure examinons le déroulement du jeu. Celui-ci est linéaire, mais pas trop. Chaque carte propose plusieurs lieux que vous pourrez visiter dans l’ordre de votre choix. La carte suivante se débloquant une fois tout les drapeaux plantés. Quid de ces drapeaux ? Oui, en fait dans
Freedom Fighters, outre survivre à la "pourriture communiste", le but est toujours le même ! Arracher les drapeaux russes pour y planter l’orgeuilleux voile américain, symbole de liberté et d’équité bien sûr...
L’objectif est donc de reprendre le pouvoir petit à petit, en s’attaquant à des points nevralgiques des positions russes : poste de police, studio TV, station essence, mairie, etc... les missions proposent également pour varier un peu, des objectifs secondaires, allant de la destruction d’héliport à la destruction de cargaison, jusqu’à la destruction de... bon d'accord c’est toujours la même chose. Eh bien malgré ça,
Freedom Fighters est un jeu plus que plaisant à parcourir.
En effet, si la jouabilité est simpliste (nous y reviendrons) le système de recrutement d’alliés est bien pensé et surtout rentre très bien dans le cadre « seuls contre tous » du jeu. Plus vous avancerez, plus il vous sera possible de prendre des citoyens improvisés soldats avec vous. A ceux-ci vous pourrez donner quelques ordres basiques tel que foncer dans le tas, rester en position, ou vous suivre bien sagement. Sachez que le nombre de troupes russes est tel que même en mode facile vous aurez bien du mal à aller loin sans user de l’aide de vos partenaires. De là à dire que
Freedom Fighters est un jeu tactique... non. On reste vraiment dans le cadre de l’action pure et dure, pour le bonheur du joueur console qui n’a de toute façon pas acheté ce jeu pour se retrouver devant un RTS.
Mais le gros point fort de cet côté resistance entre amis reste quand même l’IA du tonerre dont est dotée vos adversaires ! Mine de rien, ils se comportent réellement de façon à vous enquiquiner, et se cachent notamment fort bien en utilisant les éléments du décors, le
level-design étant un véritable bonheur. Pour terminer sur l’IA, on ne pourra pas en dire autant malheureusement de vos alliés. Il faudra souvent les rappeller à l’ordre, ou bien pire, ils n’attaqueront même pas les Russes se trouvants sous leur nez, si leur attention a été détournée par le moindre obstacle.
Les limites de la résistance
D’un point de vue technique, les graphismes sont agréables, avec des personnages bien modélisés et une animation en tout point satisfaisante. Rien de bien spéctaculaire non plus, juste de quoi se ballader gaiement, dans une ville à l'architecture génialement pensé ! Non pas qu’il y ai des tas de chemins différents à emprunter, mais les maps sont réellements vastes, intéressantes et de plus on ne se perd jamais, malgré une carte peu précise ! On évolue de façon très instinctive, ce New York virtuel assure en tout point. C’est d’ailleurs en ce sens qu’on regrette que les actions soient si limitées. Car finalement le
gameplay se résume à courir, tirer (le panel d’arme est classique, pas besoin de s’y attarder) et grimper aux corniches. Même pas une petite roulade sur le côté bien sentie, pas de sauts, nada. Le minimum syndical de ce côté là. Aucune véritable intéraction avec le décor n’est donc possible. Le principal étant que Chris se manie aisément j’en conviens. Un temps d’adaptation relativement court sera juste nécessaire pour appréhender l’inventaire, et on est lancé.
Bref, on progresse agréablement mais le
gameplay n’est pas suffisement renouvelé, il ne l’est même pas du tout en fait. Quant à la façon de jouer, elle dépendra du mode de difficulté. Tandis qu’on peut aisément foncer dans le tas en se faisant plaisir en "facile", il sera nécessaire d’y aller avec une grande précaution (voir de laisser venir !) dans un mode de difficulté avancé. La durée de vie n’est pas faramineuse, mais bien suffisante pour ne pas regretter son achat. Le système de sauvegarde est cependant un peu moyen (il s’agit des bouches d’égoûts menants au Q.G de la resistance). On aurait nettement préféré de pouvoir sauvegarder à n’importe quel moment, camarades développeurs.
Hymne to red october
Mention spéciale et finale, je voulais absolument terminer le test de ce jeu plaisant, sur une note très positive, la bande-son. Les choeurs de l’armée rouge en force, camarade ! Sérieusement, ces chants contribuent nettement à donner une ambiance de folie au jeu, on se prendrait presque au sérieux. Signalons également que le doublage français est au point, même si ça sent parfois les acteurs de seconde zone. En même temps, vu le thème...
Il serait dommage de bouder le plaisir que peut procurer ce bon petit jeu qu'est
Freedom Fighters, qui, même s’il ne constitue à aucun moment un méga hit indispensable, se veut une excellente surprise, doublée d’une aventure à l’ambiance palipitante, et dont on à du mal à décrocher.