Les jeux d’action se suivent et se ressemblent parfois. Véritable Chaos Légion dans l’âme emprunt de Devil May Cry et autres jeux bien bourrin, Sword Of Etheria n’a semble t-il rien de spécial à offrir. Voyons ce qu’il en est.
Même si nous retenons encore aujourd’hui des perles comme
Brave Fencer Musashi, la précédente génération fut assez pauvre dans le genre action/beat’em all de qualité et il aura fallu attendre l’arrivée sur
Devil May Cry pour que les éditeurs s’engouffrent dans la brèche en privilégiant plus ou moins la facilité. En plus de
Capcom qui reste l’un des plus gros fournisseurs en la matière avec
Devil May Cry (évidemment),
Chaos Legion,
Devil Kings ou encore Onimusha,
Tecmo a eu l’occasion de se faire remarquer avec un
Ninja Gaiden hallucinant sans compter
Sony et son
God of War qui se classa vite comme un des meilleurs jeux de la machine. Au milieu de tout cela, on retrouve
Konami qui semble avoir de plus en plus de mal à suivre : deux
Castlevania assez mitigés, un
Nanobreaker pour le moins oubliable… Le statut de référence paraît loin et ce n’est pas
The Sword of Etheria qui changera la donne, malgré toute la sympathie qu’on pourra lui porter.
Over Zénith
Présenté lors de l’édition 2004 du Tokyo Games Show sous le nom d’OZ, celui-ci a rapidement capté l’attention des médias grâce à son action trépidante et son système de combat basé sur le rythme. Avec à sa tête l’équipe de développement de
Suikoden 3 et
Castlevania : Aria of Sorrow, la confiance était de mise et tout portait à croire que l’éditeur tenait enfin le bon bout. Le jeu débarque donc fin juin 2005 sur l’archipel et, débandade totale, le jeu passe complètement inaperçu au point de se demander en regardant les charts japonais si le jeu était vraiment sorti. Sentiment de lassitude chez les nippons ou pas,
The Sword of Etheria parvient tout de même chez nous avec la ferme intention de montrer à qui veut l’entendre qu’il n’est pas qu’un vulgaire jeu de pacotille. Détail scénaristique perturbant, le jeu reprend en quelque sorte des détails issus de l’illustre conte « Le Magicien d’Oz » comme des noms ou situations particulières. Pour autant, ne pensez pas que l’histoire n’est qu’un remake puisqu’elle offre son propre background et personnages importants dans un futur proche assez apocalyptique : dans un monde où l’Etheria représente la principale source de vie et de puissance, les dieux ont assouvi les humains en prenant le contrôle de l’esprit des Katenas, une puissante race supérieure, capable de se servir de l’Etheria comme armes ou armures. Vous incarnez Phyl, un jeune humain vivant avec sa sœur Dorothée et son chat Toto, qui ne tardera pas à comprendre qu’il est l’élu, celui que les dieux recherchent et qu’il est capable de rétablir l’équilibre sur le monde. Après l’enlèvement de votre sœur, vous n’aurez plus d’autres choix que de vous mettre en route vers le royaume des dieux, aidé par deux Katenas rebelles et Toto, qui s’avère être un démon d’Etheria.
Vous l’aurez donc compris, le scénario a le mérite d’être assez réussi pour un simple jeu d’action en plus d’être suffisamment mis en avant (un peu trop d’ailleurs) avec son lot de scènes et de rebondissements qui sauront maintenir le joueur en haleine, même si certains seront rebutés par l’aspect mythologique de l’ensemble. Les cinématiques sont d’ailleurs très réussies par leur mise en scène classieuse bien que, techniquement, on a vu mieux sur le support. A contrario il est probable que les nombreuses scènes de parlottes soient pointées du doigt par leur côté ultra mou vu qu’à l’écran, seules deux fenêtres de dialogues sont montrées, avec de temps à autre, un avatar indiquant l’humeur de tel ou tel personnage. Un bond de quelques années en arrière qui fera grincer des dents et qui démontre le manque de travail des développeurs. Pour le reste, les personnages sont suffisamment construits et tous aussi charismatiques les uns que les autres en plus d’être intéressants psychologiquement. Dommage que les voix soient aussi mauvaises, il est d’ailleurs amusant de noter à quel point la localisation a été bâclée vu que, pendant les différentes scènes, vous aurez des voix US alors qu’en plein jeu, les personnages parleront français. Consternant.
Une leçon de volley-ball
Lorsqu’on veut faire un bon jeu d’action, il faut avant tout trouver le petit détail niveau
gameplay qui le fera se démarquer des autres.
Devil May Cry, en plus de son background de folie, combinait facilement armes à feu et épées en tout genre, Chaos Légion permettait d’invoquer d’innombrables créatures pour nous venir en aide,
Ninja Gaiden imposait un
gameplay furieux et tactique à maîtriser obligatoirement pour venir à bout de la difficulté, etc…
The Sword of Etheria, lui, offre un système de combos assez unique vu qu’il est avant tout à base de passes. Comprenez par là que vous vous retrouverez rapidement dans l’aventure avec deux coéquipiers dirigés par l’IA et qu’il vous sera possible, après avoir assené l’ennemi de coups, de le balancer en l’air pour que votre collègue continue le combo et ainsi de suite afin d’augmenter vos points d’Etheria reçus. Cette suite de coups aura aussi pour effet d’augmenter une jauge située à droite de l’écran qui, une fois un certain pallier atteint, vous permettra de déclencher une furie seul ou combinée. Un système original dont on a malheureusement fait le tour après quelques petites missions vu qu’il n’évolue pas jusqu’à la fin du jeu, tandis que le reste du
gameplay est pour le moins classique, autant dire que l’engouement laisse vite place à l’ennui.
Les graphismes n’aident pas vraiment à empêcher cette impression de lassitude vu le manque de diversité dans les décors. Des couloirs, encore des couloirs, toujours des couloirs… Une linéarité palpable et un manque d’esthétisme flagrant qui donnerait lieu à penser que le jeu n’a vraiment été fait que pour son
gameplay, ce qui est quand même un comble vu le côté rapidement ennuyeux de ce dernier. Cela est d’autant plus dommage que les premières minutes de jeu laissaient présager du très bon avec un monde basé sur l’Etheria, puis un combat contre un boss dans un village dévasté… Et ce n’est pas le bestiaire qui aidera à démentir la chose vu qu’on affronte la plupart du temps les mêmes adversaires qui se comportent en gros de la même manière. Un mot sur le côté sonore histoire de donner quelques bons points tout de même : si, comme nous l’avons vu précédemment, le doublage est oubliable, il n’est en est pas de même concernant les magnifiques musiques signées Michiru Yamane, l’auteur de l’OST de
Castlevania : Symphony of The Night qui nous avait déjà émoustillés les oreilles à l’époque.
Pour une poignée d’Etheria…
Dernier détail,
The Sword of Etheria fonctionne comme la plupart des jeux du genre, à savoir sous forme de missions. C’est donc une vingtaine de stages qu’il vous faudra traverser avec à la fin de ceux-ci, la possibilité d’upgrader vos personnages avec l’Etheria acquise lors des niveaux : HP, force, défense… toutes les caractéristiques y passent et vous pourrez même augmenter vos attaques élémentaires ou acheter des sortes de pendentifs assez chers, mais fortement utiles vu la difficulté croissante du jeu. Il est d’ailleurs conseillé de surfer entre le mode facile et normal (vous aurez le choix à chaque début de mission) selon vos talents de combattants en recommençant s’il le faut plusieurs fois le même stage afin de récolter un maximum d’Etheria. Tout ceci pour une durée de vie satisfaisante pour ceux qui arrivent à passer outre la lassitude, on n’aurait pourtant pas été contre un mode multijoueur, surtout quand le concept même du jeu s’y prêtait allégrement. On finit alors par comprendre aujourd’hui pourquoi le jeu est passé inaperçu.