Qui dit film à succès en salles obscures, dit jeu développé à la va-vite afin de correspondre avec la date de sortie du dit film. Une vérité générale quoi rencontra son lot d'exceptions avec de bonnes surprises comme King Kong ou Spiderman 2. X-Men : Le jeu officiel n'en fait aucunement partie.
Si dans une époque lointaine, nous nous contentions de pas grande chose avec des
beat'em all sans prétention nous permettant d'incarner nos héros préférés, il est évident qu'avec le temps, l'exigence a fini par s'imposer. Jeu de combat dénué d'intérêt, diablo-like poussif… Cela fait déjà bien longtemps que les X-Men n'ont pas eu droit à un réel traitement de faveur, mais les premières images du dernier titre en question laissaient envisager du bon potentiel. Après avoir squatté quelques jours la console, nous sommes heureux d'annoncer que le jeu ne rejoindra probablement pas l'étagère emplie de toiles d'araignées où dorment nombres de nos petits jeux. La corbeille, ça vous dit quelque chose ?
X-Men 2.5
Scénaristiquement parlant, lorsqu'on parle du jeu « officiel », on trouve plusieurs cas de figure souvent liés à l'ambition des développeurs. Il y a ceux qui reprennent tel quel le synopsis du film pour ne pas perturber le joueur (Peter Jackson's King Kong), ceux qui utilisent la trame globale, mais qui n'hésitent pas à rajouter boss et personnages afin que le jeu ne se termine pas en 3h (Spiderman 2) et enfin ceux qui tentent, souvent avec l'accord ou l'aide des scénaristes originaux, de proposer un
background parallèle afin de compléter l'histoire originale (Enter The Matrix). Notre intéressé reprend ce dernier concept en plaçant l'aventure entre le deuxième et le troisième film. Détail perturbant : cela ne sert à rien. En effet, les cinématiques plus bâclées qu'autre chose et pour la plupart sous forme d'images fixes (avec des visages d'une laideur pas possible) tentent de mettre en place un semblant de trame dévoilant pourquoi tel ou tel personnage n'apparaît pas dans le troisième film. Certes, on sait tous que cela est surtout du fait que le réalisateur avait déjà du mal à gérer la présence d'une quinzaine de mutants dans son film en moins de deux heures et on se laissera donc bercer par les doux prétextes qui feront revenir de vieux ennemis comme Dent-de-Sabre (mit HS dans le premier film) ou Lady DeathStrike (tuée dans le second).
Plus intéressant, la présence de Diablo qui nous avait tous marqués dans la fabuleuse intro d'X-Men 2 (et absent du 3 malheureusement) aux côtés de Wolverine et Iceman en tant que personnage jouable. L'aventure se déroule donc en une petite trentaine de missions pas forcément longues, la plupart n'excédant pas les quinze minutes, présentées sous forme d'un arbre à trois branches. Une pour chaque personnage donc et il vous faudra parfois enchaîner 3 ou 4 missions avec un même personnage avant de changer. La difficulté, réglable sur trois niveaux, se nivelle très vite vers le (très) haut et, à l'instar de certains jeux comme
Goldeneye, il vous sera impossible de faire une mission en difficile si les précédentes n'ont pas été effectuées dans cette même difficulté. La carotte de l'ensemble étant incarnée par des points d'expérience reçus pour chaque niveau (plus le niveau est dur, plus vous en recevez) que vous devrez placer dans diverses compétences liées à la puissance de vos différents coups, votre jauge d'énergie ou votre barre de furie. Une bonne idée contrecarrée par un problème de taille : un
gameplay sans goût.
Formule 3-en-1
Trois personnages, trois façons de jouer… ou presque. Wolverine est bien entendu le bourrin de service qui fonce à toute allure vers ses ennemis pour les éviscérer sans aucune pitié. C'est d'ailleurs avec lui que l'on débute l'aventure lors d'un duel au sommet contre Dent-de-Sabre et dès lors, une mauvaise impression s'installe. Peu de combos, une caméra mal placée, un trop peu de précision, que ce soit dans l'attaque ou dans la défense, et surtout cette désagréable sensation de frapper dans des ennemis en mousse, à l'instar du premier
Drakengard ou des deux beat'em all estampillés Seigneur des Anneaux. Face à des ennemis armés, se protéger ou faire des roulades ne servant strictement à rien, on est obligé de se faire tirer dessus méchamment, puis de trancher dans le vif avant d'aller se cacher pour se régénérer. Une jouabilité « pendule » qui ne permet pas à l'action de décoller et, lors de certains boss, il arrivera finalement que l'on ne se triture même plus l'esprit à chercher une stratégie (absente il faut dire) pour enchaîner les petits coups rapides avant de placer une furie. Iceman est probablement le personnage le moins agréable à jouer du fait qu'il passe son temps à surfer sur une vague de glace en tuant de misérables ennemis avec des petits pics de glace. Passons. Reste Diablo, qui combine le
gameplay de Wolverine (jusqu'à la régénération) avec ses facultés de téléportation pour des phases de plates-formes ma foi pas désagréables. On en vient à penser qu'il aurait été préférable de garder uniquement ce personnage afin de peaufiner ses capacités pour un probable meilleur résultat final.
Avec des environnements clos et monotones pour Wolverine et Diablo et des passages en plein air à vingt mètres carrés de liberté pour Iceman, l'ennui se fait rapidement sentir. Conclure qu'un jeu qui ne cherche même pas à offrir autre chose que des images fixes comme cinématique est un titre sans ambition peut paraître abusé, mais la chose semble se confirmer une fois de plus. Les textures sont assez moyennes, sans parler de l'animation parfois risible et des effets spéciaux sans saveur, hormis quelques sursauts liés aux capacités propres de chaque personnage (la furie pour Wolverine, la téléportation pour Diablo ou la vague de glace pour Iceman) mais là encore, pas de quoi casser une patte à un pauvre canard. Basique une fois de plus, côté qui se renforce avec une bande sonore pas vraiment mitigée, mais plutôt clairement médiocre : voix françaises qui manquent de vie, musiques oubliables et bruitages plus ou moins bons selon le personnage (horrible pour Wolverine par exemple). Accablant, n'est-il pas ?