Legend of Kay fait encore partie de ces jeux dont on parle peu, de par le manque d’une notoriété passée des développeurs et d’une publicité souvent trop intimiste. Et pourtant JoWood, l’éditeur autrichien spécialisé dans le marché PC, comptait bien marquer les esprits avec leur nouveau titre développé par Neon Studios (mais si, souvenez-vous, ils étaient responsables du développement de Tunnel B1 sur PSOne sorti en 1996, ainsi que de moult titres Game Boy Color aussi méconnus que médiocres…). Mais aujourd’hui, en proposant un gameplay semblant novateur, au service d’un soft porté action/aventure ayant séduit le géant BigBen Interactive (transposé en distributeur par la suite), les temps semblent avoir changés. Réussite ou faux espoirs… Réponse dans ce test.
L’histoire prend place sur une île, la magnifique Yenching, peuplée de chats, de lièvres, de grenouilles et de…Pandas. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes entre ces peuplades vivant en harmonie dans un culte pseudo religieux qu’est « la voie ». Mais ce serait sans compter sur l’arrivée de « terribles assaillants ». Une cohorte d’infâmes rats sous la coupole de leur roi Tak, et de terrifiants gorilles commandés par le seigneur Shun, réduisent le peuple autochtone en esclavage et détruisent ainsi la belle harmonie qui régnait jusqu’alors sur l’atoll. Tandis que toutes les villes sont sous l’oppression ennemie, un vieux maître de Kung Fu de la Cité des chats nommé Shen continue l’enseignement de son art à deux de ses jeunes élèves prometteurs : Kay et Su Ling. Si le premier est du genre écervelé, à foncer tête baissée dans chaque combat que la vie lui procure, il n’en est pas de même pour sa ravissante sœur d’arme, plus posée et croyant fortement aux sagesses anciennes de « la voie ». Mais lorsque Tak décide de faire fermer le dojo pour cause de conspiration contre sa précieuse personne, cela n’est pas du goût de Kay qui part pour une quête vengeresse contre l’alchimiste et roi des rats…
La légende de Kay débute alors, et c’est à vous de jouer. Cette petite introduction historique vous est contée via une bande dessinée, chaque case se dévoilant au fur et à mesure par un
scrolling de l’objectif, et les bulles se voyant aussi remplacer par des dialogues doublés. Même si la qualité des illustrations habitant les vignettes n’est pas des moindres, il aurait été appréciable que des mouvements autres que des zooms ou différents effets de caméra soient utilisés pour dynamiser le tout… Certes, cette présentation est originale et plaisante au premier abord, mais une animation (même légère) proprement dite pour les personnages aurait pu donner bien plus de vie à cet ensemble finalement bien monotone.
30 millions d’ennemis ?
Tout au long de votre aventure, ce ne sont pas les énigmes qui risquent de couper court à votre avancée, mais plutôt un nombre d’ennemis s’accroissant au fil de la dizaine d’heures de jeu que compte ce soft. Ce ne sera pas insurmontable, loin de là, surtout qu’ils se payent la honte de pouvoir se compter sur les doigts d’une main ! Ainsi donc, les « méchants » que vous pourfendrez de vos lames ne seront ni plus ni moins que des rats, des tortues, des crocodiles, des ours et des gorilles… De vraies bêtes de foires ambulantes munies d’armures plus ou moins résistantes selon le niveau. Pour faire face à cette redoutable armada de zoo, Kay disposera de ses fabuleuses techniques de Kung Fu utilisables avec un sabre chinois, des griffes ou encore un marteau, chacune de ces armes disposant de trois évolutions qu’il vous faudra découvrir. Le petit chat combattant se manie plutôt aisément et il ne vous faudra que quelques minutes pour maîtriser les combos principaux et étaler vos adversaires. En dehors de la baston pure et dure, le
gameplay de ce
Legend of Kay est plutôt riche. En effet, notre héros aux oreilles de lynx peut s’accroupir, rouler, sauter, déplacer des objets, saisir des ennemis, parcourir des terrains ravagés à dos de sanglier, de loup ou encore de dragon… Un programme des plus enchanteurs, du moins sur le papier.
Car en fait, tout ceci est utilisé plutôt maladroitement. Par exemple, les courses d’obstacles en monture, servant à lier deux points de la carte ensemble, semblent n’être présentes que pour ajouter un « plus » au jeu tant l’exécution générale du niveau semble bâclée. Ainsi, l’intérêt s’en trouve amoindri au maximum, et vous ne prendrez aucun plaisir à monter ce loup plus boiteux que majestueux. Et c’est ici le gros point noir du jeu : une réalisation qui n’est pas en adéquation avec les idées de base. Les graphismes manquent sérieusement de profondeur, et des textures plus riches n’auraient pas été de trop pour améliorer l’impact visuel sur le joueur. Et ceci afin que ce dernier ne pense pas être en train de s’essayer à une version
bêta du soft, les bugs en moins. Ajoutez à cela, une bande-son désastreuse du côté des doublages ayant servis les
cut-scenes, et la pilule passe déjà moins facilement. Mais ce serait oublier le scénario qui s’avère, au final, dénué d’un quelconque sens et jouant des mélis-mélos là où l’on ne l’attend pas, et ce, sans la moindre explication... Difficile donc, dans ces conditions, de croire plus de dix secondes à cette quête dont on n’entrevoit pas le but.
La légende d’un kaykay
Malgré de bonnes idées à droite et à gauche,
Neon Studios s’embourbe dans ses idées et c’est au milieu de tout ça que le joueur se retrouve désarçonné et ne sait plus trop sur quel pied danser. Les combats sont efficaces mais les graphismes n’assurent pas, les thèmes musicaux nous transportent en Asie mais les dialogues sont risibles, le scénario est à la hauteur de sa mise en scène mais ne casse pas quatre pattes à un canard. A noter que la durée de vie est bien trop courte pour le joueur tenté de connaître le fin mot de l’histoire, qu’il ne trouvera sûrement jamais…