Parce qu’on ne s’en lasse pas, la série phare de Konami se dote d’un nouvel épisode particulièrement attendu au tournant vu la déception laissée par le précédent épisode en 3D. Sortez gousses d’ail et pieux, la chasse aux vampires reprend.
Castlevania fait partie de ses séries éternelles, à l’instar de
Megaman ou
Super Robot Taisen. Le concept de base reste le même depuis le tout premier épisode, mais il est tellement parfait qu’on peut le récréer à l’infini en y apportant quelques modifications minimes, et ce, en ne lassant que trop rarement le joueur qui de toute manière tirera un sourire jusqu’aux oreilles en voyant débarquer le nouvel épisode de sa série culte qui avoisine les trente volets. Pourtant, à l’instar de
Capcom,
Konami aurait dù se cantonner éternellement à la bonne vieille 2D, capable d’offrir de véritables tableaux en guise de décors, ainsi que des sprites à foison détaillés comme jamais. Malheureusement, les acheteurs potentiels se sont restreints à un groupe de fans suffisamment grand pour se faire entendre lorsque
Konami dérape, mais pas assez pour remplir les caisses de l’éditeur, alors on suit le troupeau cherchant à satisfaire avant tout le grand public et on se retrouve avec une transposition 3D des plus douteuses. Après deux épisodes catastrophiques sur
Nintendo 64 qui n’avaient que pour eux un scénario un peu plus travaillé qu’à l'accoutumée et deux-trois bonnes idées de
gameplay (la possibilité de se transformer en loup-garou dans Legacy of Darkness !), c’est une fois de plus la PS2 qui en prend pour son matricule.
Echange Belmont contre larbin de Dracula
Malgré l’aspect technique pas vraiment exaltant qui arrivait à massacrer le chara design lors des différentes scènes,
Lament of Innocence avait plus d’un tour dans son sac et était surtout jouable (un grand pas en avant au vu des deux précédents). Malheureusement, prenant ses sources dans des jeux plus récents comme le non moins connu
Devil May Cry, le jeu s’est trop éloigné de ses origines et le fan ne retrouva pas de nombreux points qui faisaient la force de la série : l’aspect labyrinthique du château, la difficulté, la montée en expérience, etc.… Conscients d’aller en s’améliorant, les développeurs ont repris du poil de la bête et il ne faudra que peu de temps (début 2005 lors du
Konami Gamer’s Day) pour qu’ils nous dévoilent les premières images et infos de
Castlevania : Curse of Darkness. Seulement, si l’on apprend avec joie le retour du système d’expérience, ainsi que le retour des Innocent Devils (repris du meilleur épisode,
Symphony of the Night), on ne peut s’empêcher de faire la grimace au vu des screens incroyablement moches, car, hormis la modélisation relativement réussie des protagonistes, le reste semblait être issu d’un kit de développement
Nintendo 64, brouillard inclus. Quelques vidéos « bien, mais pas top » et une annonce du jeu sur Xbox rendant les graphismes encore plus désuets, c’est la peur au ventre que nous attendions fébrilement la venue de la bête. 16 février 2006, le constat peut enfin tomber.
Pour ceux qui ne le savent pas encore, les différents scénarios des
Castlevania forment un tout, retraçant le combat de la lignée des Belmont contre le comte Dracula, celui-ci ne manquant pas le moindre prétexte pour ressusciter. Pourtant, à l’instar de certains épisodes (Symphony of the Night, Dawn of Sorrow…), cet épisode ne met pas un Belmont en personnage principal et se focalise sur un nouveau venu, ici Hector. Avant de s’attarder à l’histoire de ce dernier, replaçons les choses dans leur contexte. Après un combat houleux contre le maître des vampires, Trevor Belmont est maudit et se voit contraint de retrouver les morceaux éparpillés de son ennemi afin de guérir du mal qui le ronge et de livrer une bataille finale qui, il l’espère, permettra d’en terminer définitivement avec ce combat éternel. Mais avant son nouveau trépas, Dracula lance une nouvelle malédiction sur tout le pays, plongeant l’Europe dans le chaos et la peste, et c’est dans cette joyeuse atmosphère que débute l’aventure. 1476, terre de Valachie. Hector, ex-forgeron démoniaque au service du comte, revient sur ces terres pour en terminer avec Isaac, son ancien « collègue », aujourd’hui sur le trône de Dracula et responsable de la mort de la jeune Rosalie (petite amie d’Hector…). De quoi se motiver à traverser moult endroits en prenant garde aux intentions des divers personnages secondaires, Trevor Belmont compris.
C’est moche ! C’est vieux ?
Petite surprise, nos escapades ne se feront pas uniquement dans un pauvre château miteux, mais bel et bien dans une foultitude de décors différents, dont une montagne et ce qui reste d’un village. Malgré tout, il est peu probable que vous ressentiez une quelconque impression de réelle diversité tant la plupart se ressemblent, l’aspect sombre omniprésent n’aidant pas vraiment à changer la donne en cours de route. Inutile de prendre peur en voyant exposés directement de tels points noirs, mais soyons francs, un peu d’originalité n’aurait fait de mal à personne et on se prend à rêver d’un commencement dans un village détruit par la peste où il aurait été possible de tergiverser avec plusieurs PNJ et ce, avant l’arrivée au château. Une intro qui aurait donc marqué le coup et vu le background assez apocalyptique, la déception est de mise lorsqu’on démarre le jeu directement devant une bâtisse minuscule avec pour seul but de tracer rapidement notre route en butant les divers ennemis sur notre chemin. Bref, le concept même du jeu reprend celui des épisodes 3D avec l’exploration d’endroits plus ou moins labyrinthiques (même si ici, les divers chemins secondaires restent très… secondaires) qui regorgent de monstres en tout genre afin d’élever l’expérience avant le boss de fin de niveau et ce, jusqu’à la fin du jeu. Les plus novices auront donc peu de chances de perdre leur route et pourront se focaliser sur le cœur du jeu : le
gameplay.
Mais avant d’aborder ce point somme toute important, parlons un peu de l’aspect technique qui, comme vous le savez, semblait légèrement horrible à la vue des images. Autant le dire de suite, c’est vraiment vilain. Le brouillard cachant un clipping de bas étage est beaucoup trop dense et rappelle les pires moments de
Dynasty Warriors, excepté le fait que la console n’a pas à gérer un millier d’ennemis. Mais s’il n’y avait que ça… Les textures sont tout sauf détaillées, la base de couleurs dont est doté le soft semble être composée uniquement de dégradés de gris, le héros est inexpressif et les ennemis manquent cruellement d’originalité. Seuls l’animation correcte et certains décors trop rares (comme les salles de sauvegarde) tentent de nous prouver que nous sommes bien sur une 128 bits mais avec un God Of War impressionnant d’un côté et un
Ninja Gaiden haletant de l’autre qui nous ont tous deux mis une grosse baffe technique sur leurs supports respectifs,
Castlevania : Curse of Darkness est une honte qui se targue d’être presque plus moche que son prédécesseur. On se demande encore ce qui a bien pu se passer dans les locaux de
Konami car, même si la popularité de la série n’est pas au beau fixe, elle n’a sans doute pas mérité un tel châtiment.
Sauvé par les innocents
Comme d’habitude lorsqu’on joue un personnage autre qu’un membre du clan des Belmont, le fouet n’est plus d’actualité et laisse sa place aux armes blanches, incluant épée, haches, lances ou diverses armes contemporaines (un gourdin par exemple). Dès le début de l’aventure, il vous faudra prendre en compte que chaque type d’arme est lié à un élément précis vu qu’en résumé, les monstres abattus pourront laisser des cristaux de différentes couleurs selon l’arme dont vous vous êtes servi pour les achever : les épées laisseront des cristaux rouges, les haches des bleus et les poings des jaunes. Les blancs resteront les plus difficiles à obtenir tant les armes auxquelles ils sont liés sont soit trop faibles, soit très longues à obtenir. Niveau
gameplay, comme tous les
Castlevania, il faudra avancer dans le jeu afin d’obtenir les différentes skills offrant quelques mouvements secondaires obligatoires pour l’avancée dans le jeu comme le double saut, le Dash ou encore la capacité de voler l’adversaire. A noter que si l’on mettait du temps à obtenir toutes les techniques dans les différents épisodes, il ne faudra ici qu’une poignée d’heures pour en avoir l’intégralité, mais fort heureusement, comme nous l’avons dit précédemment, la possibilité de refaire appel aux Innocents Devils et à toutes leurs capacités sauve le jeu d’une noyade certaine.
Les Innocents Devils sont en quelque sorte des démons issus d’œufs trouvés dans certaines salles. Véritables pokémons dans l’âme qui vous jureront fidélité à jamais, il suffira de choisir l’un d’entre eux (les autres restant dans l’inventaire) pour qu’il combatte à vos côtés comme personnage à part entière possédant sa propre barre de vie (il peut donc mourir) et la possibilité d’augmenter de niveaux en utilisant un pourcentage de vos points d’expérience gagnés. Le plus intéressant reste que cet allié se nourrira des cristaux laissés sur le champ de bataille, ce qui lui permettra une fois un certain nombre atteint d’évoluer dans une nouvelle forme et de gagner ainsi quelques nouvelles capacités. Les embranchements d’évolution sont nombreux et il faudra faire attention à l’arme utilisée pour que l’Innocent Devil se nourrisse des bons cristaux. De toute manière, une fois un bon niveau atteint, il pourra pondre un œuf afin que vous puissiez recommencer à zéro (tout en gardant la « maman » en vie bien sûr). Bref, un très bon système qui augmente incroyablement la durée de vie.
C’est bon d’être fan
Probablement meilleur que son prédécesseur,
Castlevania : Curse Of Darkness ne semble pas pour autant avoir bénéficié du même soin lors du développement. Effectuant un retour aux sources et privilégiant avant tout le
gameplay au reste,
Konami offre un jeu techniquement en retrait qui plombe véritablement l’ambiance. Gothique et froid, le jeu l’est toujours, mais impossible de retrouver l’atmosphère des épisodes 2D au point de se demander définitivement si, quels que soient les efforts fournis,
Castlevania y perdra toujours un peu de sa superbe en gagnant une dimension. Probablement boudé par le grand public qui n’y verra qu’un énième jeu d’action, moche de surcroît, avec un héros limite androgyne, le fan prendra plaisir à retrouver quelques têtes connues, une OST d’envergure et une aventure à la durée de vie honorable pour peu que l’on s’intéresse aux quêtes secondaires : explorer l’intégralité des cartes demandera un élevage intensif des Innocents Devils tant leurs capacités sont utiles, la capacité voler vous servira à substituer de précieux matériaux aux ennemis afin de créer des armes et armures bien plus puissantes qu’à l’accoutumée et surtout, les divers bonus comme l’incroyable boss caché ou la possibilité de jouer avec un nouveau personnage (que vous n’aurez sans doute aucun mal à deviner).