Peu de temps après Halo 2, Far Cry, Doom 3 et toute une tripotée de FPS plus fous les uns que les autres, il fallait oser sortir Area 51 à cette période. Et pourtant, Midway l’a fait. S’inspirant grandement de ce qui existe déjà, Area 51 semble prêt à s’offrir une petite place aux côtés des grands noms du FPS. Au jeu des chaises musicales, reste-t-il un siège pour le titre de Midway ?
Quoi de plus efficace qu’un scénario basé sur une histoire de virus qui se propage malencontreusement, suite à des tests génétiques sur un extra-terrestre découvert dans les années 1940 dans la zone 51 ? C’est d’un classicisme total, mais ça fait recette. A la manière du célèbre Virus-T d’Umbrella Corp., ce satané virus se transmet très rapidement à tous les humains qui entrent en son contact, et toujours comme dans
Resident Evil (entre autres), vous faites partie de l’équipe de forces spéciales chargée de mener à bien cette mission hors du commun, qui est de découvrir l’origine du problème et arrêter la propagation du virus. Vous êtes Ethan Cole, un soldat de cette équipe qui devra shooter du mutant du début à la fin, afin de découvrir ce qui se trame réellement sous cette expérience qui a mal tourné. Les références à d’autres jeux sont légion, et ça ne s’arrête pas au niveau des grandes lignes scénaristiques, puisque les armures des membres de l’équipe ainsi que l’arsenal d’armes rappellent étrangement ceux de
Halo : Combat Evolved. Cependant, par le biais d’une mise en scène très soignée, de cinématiques très réussies et d’une réalisation particulière,
Area 51 réussit à se créer une âme, et évite ainsi le syndrome de la pâle copie sans intérêt.
Débarrasse la zone Ethan !
L’ambiance d’Area 51 a été particulièrement soignée et mise en avant par les développeurs de chez
Midway. L’univers futuriste et le scénario, bien que très conventionnels, nous happent dès les premiers instants. D’entrée de jeu, ou presque, l’action se manifeste, et elle ne disparaîtra plus une seule seconde jusqu’au générique de fin.
Area 51, c’est de l’action ininterrompue : tel un
Doom 3, il s’agit ici de tirer, de mitrailler, de zigouiller à n’en plus finir, jusqu’à ce que les mutants soient rayés de la zone. Pour cela, notre cher Ethan possède tout un arsenal d’armes, qui a lui aussi un air de déjà-vu. Pistolet, fusil sniper, fusil à pompe et autres grenades, les armes sont tout ce qu’il y a de plus conventionnel. Le bestiaire d’Area 51 est tout sauf varié, puisque vous ne serez confrontés qu’à une poignée d’ennemis différents. La principale attraction de la première partie du jeu, ce sont les humains transformés en bestioles assoiffées de chair fraîche (une espèce de zombie). Ethan ne tardera d’ailleurs pas à se faire infecter par un de ces monstres, et il sera possible de se transformer en cette chose peu enviable après quelques heures de jeu. Outre une vision un peu spéciale (un effet de caméra bien trouvé), cette transformation conférera au héros plus de force et de résistance aux attaques ennemies.
Une fois transformé, Ethan pourra aussi lancer des attaques de petites bêtes volantes. La vérité, c’est que la possibilité d’utiliser deux armes à la fois (lorsqu’on est humain) se suffit à elle-même. Pourquoi se transformer lorsque le jeu ne le requiert pas vraiment ? L’idée était bonne, mais elle s’avère un peu sous-exploitée sur la longueur. Généralement, il vous suffira de bourriner sans penser à autre chose, et tout se passera bien. D’autant que le jeu n’est pas foncièrement difficile, les munitions et autres seringues de santé étant légion dans les différents niveaux. En parlant des niveaux justement, ici encore, le titre de
Midway n’a pas été conçu pour mettre votre cerveau à l’épreuve : la tâche vous est grandement facilitée par un pointeur vert qui vous indique toujours l’endroit où vous devez aller. Il est donc quasiment impossible de se perdre ou de ne pas savoir quoi faire. Les sauvegardes se font, elles, de manière automatique, à chaque point de passage.
Area 51 est orienté grand public, il se veut un jeu accessible, pas prise de tête, où l’ambiance et l’action prennent le pas sur tout le reste.
Pas suffisamment osé ?
Un autre détail emprunté cette fois-ci à
Retro Studios et
Metroid Prime, il s’agit du scanner intégré dans le bras d’Ethan, qui permet de scanner à peu près tout ce qui se trouve sur votre chemin, et ainsi découvrir des éléments intéressants sur certains objets ou monstres. Mais ce scanner permettra surtout de décrypter des documents confidentiels dissimulés dans le jeu, qui dévoileront des infos sur le scénario. Ça, c’est pour ceux qui veulent s’investir à fond et découvrir tout sur le scénario. La plupart des joueurs se contenteront cependant de faire ce qui est demandé, à savoir, tuer tout ce qui bouge. Il faut savoir également que lors des premières minutes de l’aventure, vos compagnons vous aideront énormément, ils feront le plus gros du boulot. Mais très rapidement, l’équipe se fera décimer, comme dans tout bon film du genre Alien, et vous serez un peu plus esseulé. Plutôt qu’à Alien, on devrait d’ailleurs comparer
Area 51 à une série américaine à la X-Files, puisque la progression du jeu est découpée en chapitres, comme dans
Doom 3 (encore lui). A ce propos, la version anglaise du jeu contenait les voix de David Duchovny, Powers Boothe et Marylin Manson. En français, aucun de ceux-là n’est présent, mais les voix sont dans l’ensemble relativement réussies. Cela me permet d’enchaîner sur l’aspect sonore, qui est tout à fait excellent. Au niveau des bruitages qui jaillissent de tous les côtés ou au niveau des voix de vos compatriotes qui hurlent à tout va, on a vraiment l’impression d’y être. Comme tout bon FPS,
Area 51 doit beaucoup à son ambiance sonore, et ce ne sont pas les musiques d’ambiance qui vont nous faire dire le contraire –même si elles passent un peu inaperçues à côté de la masse d’effets sonores. On a déjà évoqué la qualité de la mise en scène, avec notamment des cinématiques peu nombreuses mais juste sublimes. Graphiquement
Area 51 s’en tire très bien, même s’il n’atteint pas la beauté d’un Project :
Snowblind ou d’un
Doom 3 sur Xbox. Les environnements sont suffisamment variés pour des intérieurs, les textures sont détaillées, et les effets graphiques très nombreux. A part ça, le jeu est ultra fluide, et la prise en main est immédiate. Non, décidément, les seuls reproches que l’on peut formuler à l’égard du jeu de
Midway, c’est son air de déjà-vu, de déjà joué (à tous les niveaux) ainsi que sa trop grande linéarité, servie par une progression très basique, mais loin d’être handicapante pour un jeu qui se veut bourrin et facile d’accès.
Terminons enfin ce test en évoquant le mode multi. Là aussi,
Midway a fait dans le conventionnel : du
death match à 16 avec pas mal de cartes inspirées des niveaux du mode solo, du
Capture The Flag, mais aussi une possibilité de jeu en écran
splitté ou encore en ligne. En somme,
Area 51 offre tout ce que les derniers gros FPS sortis proposent eux aussi, mais là encore, il le fait plutôt bien, à défaut d’innover. Pas de mode coopération malheureusement ; on aurait bien aimé, d’autant que les 18 missions de la campagne solo se terminent assez vite (comptez une dizaine d’heures environ), et que l’envie de recommencer le jeu ne sera peut-être pas forcément au rendez-vous… Sauf pour les fanas du scanner ?