Secret de polichinelle six mois avant son annonce officielle à l'E3 dernier, l'étrange cross-over entre Mario et les Lapins Crétins est disponible depuis quelques jours dans les bacs Switch, et l'heure est maintenant de dresser notre avis.

C'est donc via une rapide petite entourloupe scénaristique que les deux univers vont se rejoindre comme par magie, avec plus précisément les Lapins Crétins dans le monde de Mario qui restera la star de ce mixe vu que le jeu ne s'appelle pas Lapins Crétins + Mario mais l'inverse. Et diable, ça fonctionne en fait très bien tant le design des bestioles d'Ubisoft ne dénote à aucun moment en terme de design, ajoutant une jolie pointe d'humour sans jamais en faire trop, et sans qu'une licence ne vole la vedette à l'autre. Une bonne mayonnaise qui sait également se montrer très agréable à l'œil (même si c'est du Snowdrop, on dirait le moteur de Super Mario 3D World), bourré de petites animations, et servi en plus avec une très bonne OST signée par Grant Kirkhope, à l'origine de nombreuses partitions chez Rare et le récent Yooka Laylee. Et ça s'entend.

Lors des premiers leaks qui remontent tout de même à fin 2016, la simple évocation du cross-over laissait suggérer un jeu de plates-formes au mieux, ou un party-game au pire. Mais finalement, on a donc affaire à un pur XCOM-like avec tous les fondamentaux que cela représente, à savoir un terrain où chaque team joue chacun son tour, se déplaçant en case par case, se protégeant au mieux derrière les éléments du décors pour anticiper les problèmes adverses et usant de compétences diverses avec ici les attaques à éléments, le soin, les bonus/malus, etc. Les teams restent limités à trois personnages, avec néanmoins possibilité de switcher entre les combats sachant que vous devrez obligatoirement avoir au moins Mario et un Lapin. Malgré des arbres de compétences qui manquent parfois de différence, certains arrivent à se démarquer par des choses annexes, comme Peach et son espèce de fusil à pompe (!) ou Lapin Luigi qui va très vite bénéficier d'armes pouvant absorber les PV ennemis. Et c'est probablement le bonus le plus utile au long du jeu.



La différence avec le titre de 2K, c'est que Ubisoft a ici simplifié la formule sans pour autant rendre le jeu plus facile. Les terrains sont par exemple beaucoup plus banales (n'empêchant pas de pester devant le manque d'options de la caméra) mais fourni en tuyaux qui font toute la différence puisque quel que soit le nombre de case possible, il suffit d'entrer dans un tuyau pour bénéficier de cinq cases de déplacement supplémentaires, pouvant en l'espace d'un tour vous faire traverser le terrain. En rajoutant qu'il est possible de sauter sur un allié pour nous emmener plus loin, on peut alors bénéficier de combo surprenant, du genre Mario qui va en l'espace d'un seul tour tacler deux ennemis, sauter sur un allié, rebondir sur un troisième ennemi, se planquer derrière un muret puis pouvoir shooter celui qu'il souhaite, et actionner ensuite sa très utile compétence qui lui permet de tirer sur un ou plusieurs ennemis dans son champ de vision durant le tour adverse.

Avec ce simple exemple, il faut également comprendre que Mario + Lapins Crétins joue à fond sur l'attaque plutôt que la défense. Le jeu reste très stratégique, mais il n'y a aucun intérêt au repli à attendre que les choses bougent, et certains combats vous le font bien comprendre avec des mid-boss capables de vous toucher sans problème depuis l'autre bout du terrain, même si vous êtes planqués. Il faut donc aborder chaque combat comme un petit puzzle où il faudra se débarrasser de tout le monde le plus vite possible, ce qui d'ailleurs augmentera votre gain d'argent (= achat d'armes) si vous n'allez pas au-delà de x tours par combat, et sans allié KO.



Tout paraît donc simple dans cet univers où l'on fait même fi des pourcentages scientifiques puisqu'à chaque tir (et hormis les effets bonus qui sont à part), seules quatre données seront affichées au préalable : 100 % de chance de toucher (quand l'ennemi est bien en vue), 50 % (quand il est planqué derrière un demi-muret), 0 % (quand il est totalement caché) et « impossible » (quand un élément masque votre portée). Mais ce qui vaut pour vous vaut également pour les ennemis et s'ils ne bénéficient pas d'enchaînement d'attaques aussi nombreux que votre team, ils auront en revanche droit à la supériorité numérique et très vite, l'échec peut tomber brutalement à cause d'un simple mauvais placement. Il est d'ailleurs dommage qu'on ne puisse pas annuler un déplacement, chose rageante quand on a misérablement cliqué sur la case à coté de celle que l'on souhaitait.

Une fois compris le principe et en misant sur les bonnes compétences, on finit par s'en sortir mais c'est sans compter sur quelques pics de difficulté parfois atroces, prouvant que le jeu n'est clairement pas fait pour les plus jeunes, et ce malgré la présence d'une option « facile » avant chaque combat qui en fait se contente de vous régénérer en plus d'offrir un bonus de PV. Facultatif et toujours cool si la haine commence à se faire sentir, mais pas forcément salvateur si vous n'êtes de base pas assez préparé contre une brouette d'ennemis dont les salauds qui peuvent rendre de la vie à leurs potes.



Et c'est là qu'interviennent les petites phases d'exploration, où entre deux combats, on pourra fouiner un peu les alentours pour trouver des pièces, des orbes et faire quelques énigmes pour ouvrir des coffres. On ne pourra pas dire qu'il s'agit des passages les plus intéressants de l'aventure et il est surtout dommage que l'intérêt soit un peu limité. Certes, certains diront que ce n'est pas le coeur de l'aventure et que d'autres titres du genre ne proposent même pas d'exploration, mais quand on te file un en-cas que tu dois obligatoirement manger, autant qu'il soit bon. Ce n'est jamais désagréable mais les récompenses sont très limitées, surtout du coté des coffres car si quelques uns donnent bien l'accès à de nouvelles armes et des orbes de compétences, il y en a aussi énormément qui refourguent de quoi compléter la galerie (modèle 3D, OST…). Pas le genre de truc que l'on cherche quand on veut leveler un peu à cause d'un boss trop difficile.

Du coup, l'unique porte de sortie pour faire parfois la différence, c'est de se consacrer aux défis annexes qui se débloquent une fois une zone totalement terminée. Les gains sont toujours maigres, mais une seule compétence peut parfois changer le cours des choses, et il faut surtout avouer que ces missions livrées par des Lapins grimés en Toad sont parfois excellentes, beaucoup s'éloignant des standards, puisqu'on a surtout affaire à des sortes d'énigmes, comme tuer tout le monde en un seul tour, escorter un Toad ou atteindre une zone le plus rapidement possible. De quoi d'ailleurs booster la durée de vie, surtout que le titre nous offre derrière une brouette de défis encore plus relevés en post-game, ainsi d'ailleurs que des missions spéciales coopération à l'intérêt relatif. Il est vrai que c'est un plus de passer à la team de quatre (2 par joueurs) mais finalement, on se demande pourquoi il est obligatoire de faire ces sessions à deux.



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Les plus	Les moins
+ Le mixe très réussi + Un vrai tactical + Un vrai challenge + Joli et bourré d'animations + L'OST de Grant Kirkhope + Les défis annexes	- Difficulté en dents de scie - Scénario très banal - L'exploration simplette - Aucun effort pour les plus jeunes

Conclusion : L'annonce d'un tel cross-over laissant clairement entendre le projet opportuniste pour nourrir une Switch en début de carrière mais finalement, Ubisoft surprend au mieux avec un résultat surprenant de qualité, certes imparfait sur quelques points, mais qui mérite sans problème d'intégrer votre ludothèque à condition de savoir à quoi vous attendre coté challenge.

Et bien pour moi ça a été la grosse surprise je ne m'attendais pas à une telle qualité de jeu, c'est un vrai Tactical RPG bourré d'humour et avec un vrai challenge. Il est clair qu'il n'est pas destiné aux plus jeunes mais ça fait plaisir de rencontrer ces deux licences dans un jeu aussi abouti ! Bravo