Plus discrète que jamais en occident, la licence Digimon continue d'essayer de s'implémenter doucement grâce aux bons soins de Bandai Namco qui nous balance aujourd'hui sa dernière adaptation en date, 100 % dédié aux nostalgiques de l'ère PS1.
Première point d'importance à signaler : Digimon World : Next Order est traduit en français (avec les voix japonaises) et a même droit à une version boîte. Deux détails qui font plaisir puisque Cyber Sleuth n'avait eu droit à aucun de ces arguments, même si l'on notera que la version PS Vita est passée à la trappe alors que le genre sied mieux aux portables. Tant pis. Et contrairement au précédent cité qui tendait à 100 % dans le RPG brut, notre intéressé du jour va lui partir dans l'élevage, ou plutôt dans une espèce de mixe puisant légèrement dans le rogue-like, ce système qui offre une part d'aléatoire, un défi constant qui fait que l'on meurt souvent, mais où l'on garde constamment certains acquis pour pouvoir progresser toujours de plus en plus loin à chaque run. Comme l'original sur la première PlayStation d'ailleurs, au point que l'on parlera presque d'un remake/reboot tant le concept est identique, mais néanmoins agrémenté de quelques bonus pour ne pas devenir aussi fou qu'à l'époque.
Dans Digimon World, on fait un peu fi du scénario qui tient en deux lignes et même des dialogues dont les plus importants seront ceux qui serviront de tuto. On parle ici d'un jeu à gameplay assez chronophage où tout est basé sur la progression et la collection. Passé l'introduction, on se retrouve donc à choisir non pas un mais deux œufs de Digimon (ce qui déjà change beaucoup de choses), avec ensuite pour but de partir à l'aventure avec nos deux bestioles pour aller en chercher d'autres, le but premier du jeu étant de reconstruire un village pas à pas, d'abord en retrouvant des habitants, puis bien plus tard dans le jeu en améliorant les structures. Mais avant d'oser arpenter les plaines, grottes, volcans & co, il faut déjà que nos deux compagnons aient suffisamment de potentiels pour ne pas se faire éclater tête contre le premier venu. Et c'est là que débarque la salle d'entraînement qui va être l'un des endroits que vous visiterez le plus dans le jeu.
Ça n'a pas l'air très fun vu comme ça mais les sessions sont suffisamment rapides pour éviter la lourdeur. Vous choisissez le type de sessions pour chacun (force, HP, MP, vitesse, etc.), vous lancez une roulette pour essayer de gratter quelques bonus en passant et voilà, votre Digimon est un peu plus puissant. Mais ce n'est pas suffisant. Donc vous en relancez une autre, puis encore une autre et, pouf, à un moment, la bestiole atteint sa première Digivolution pour enfin lui donner des caractéristiques un minimum digne et un aspect plus sympathique qu'une testicule sautillante. « Mais alors, on peut abuser du système avec le level-up infini ? » Alors oui, mais en fait non. Car effectivement, rien ne vous empêche sur le coup d'enchaîner les entraînements pour devenir de plus en plus puissant mais des barrières « naturelles » vont très vite se présenter à nous, et sachez bien que les guillemets ne sont pas innocents.
Le titre aborde un cycle jour/nuit et pour aider un peu à la progression, chaque nouvelle journée in-game, l'une des créatures du village vous donne quelques d'objets pour vous aider, dont de la bouffe. Le problème est que le stock quotidien n'est pas toujours suffisant pour nourrir ces crevards et si vous vous amusez à rester à l'entraînement au lieu d'aller parcourir les plaines et looter ce qu'il faut, vous allez manquer de bouffe, la bestiole va crever de faim et finir par MOURIR. T'entends ? Et si elle abuse de l'entraînement sans repos, elle va MOURIR. Et si tu t'acharnes dessus trop rapidement pour obtenir des badass, ils vont finir par tomber plus facilement malades et comme t'auras pas été looter suffisamment de médicaments, ils vont MOURIR. Compris là ? Et d'ailleurs ce n'est pas tout car il y a un autre détail qui fait tout le sel de l'aventure : quoi que vous fassiez, vos compagnons vont MOURIR, et ce pour la bonne et simple raison qu'ils ne sont pas éternels, qu'ils gagnent 1 an par jour, et sont très loin d'être centenaire. Lorsqu'un trophée vous demande d'atteindre les 25 ans comme si c'était un exploit, vous pouvez alors estimer le temps que vos bestiaux resteront avec vous. Ah, et ai-je dit que s'ils se font rétamer trop souvent en combat, ils finiront par MOURIR ?
C'est donc là qu'entre en compte un très bon équilibre au système. Oui, il est obligatoire de s'entraîner mais passé une première Digivolution, il vaut mieux prendre son baluchon et aller explorer les zones, looter du matériaux, combattre quelques ennemis à votre niveau, trouver de gentils Digimons qui vous demanderont à chaque fois un service pour rejoindre votre village, et surtout tout simplement progresser dans le « scénario » pour débloquer toujours plus de territoires à visiter. Outre le coté collection, tout passe donc par l'augmentation en puissance via un système bien plus profond que Pokémon puisqu'il y aura beaucoup de points à prendre en compte, une seule et même bestiole pouvant selon ses caractéristiques évoluer dans trois voir quatre formes différentes. Tout le problème étant que vous ne savez absolument pas quelle sera son évolution, en tout cas au début.
C'est là d'ailleurs que débarque l'une des différences majeures par rapport à l'original où pour connaître les conditions de telle ou telle évolution, il fallait déjà l'avoir obtenu une fois au pif. Cette fois, le système se montre un poil plus souple sans non plus faire dans la facilité. En bref, vous avez maintenant une espèce d'encyclopédie et lorsque vous avez une créature, vous pouvez voir ses possibilités d'évolutions et les indices pour les obtenir, tous masquées d'un « ??? » au départ. Mais à chaque fois que vous félicitez/grondez/ignorez vos bestioles lorsqu'elles vous parlent (généralement après un combat ou une session d'entraînement, voir parfois totalement aléatoirement), hé bien vous débloquerez alors des indices. Et c'est là qu'entre en compte tout le principe du rogue-like car même lorsque votre créature aura misérablement clamsé, vous ne repartirez pas de zéro en allant choisir un nouvel œuf. Votre encyclopédie se complétera au fur et à mesure et vous pourrez diriger vos entraînements et annexes dans le sens voulu pour obtenir les évolutions les plus utiles et importantes, avec même d'autres acquis.
Au départ, le jeu est difficile vu que le système est très flou et que vous avez peu de moyens mais plus vous progressez, plus la progression est facilitée. Outre l'encyclopédie, le simple fait de ramener de nouveaux digimons au village vous octroiera des bonus quotidiens en allant parler à chacun : bouffe de meilleure qualité, WC portable (ils font souvent caca), matériaux de soins, médicaments… Mais le plus important reste votre avatar. Il est totalement inutile en combat (on va y revenir) mais peut également grappiller de l'expérience après combats et dans les quêtes annexes pour débloquer des compétences hautement utile : augmenter la taille de son sac à dos, régénérer les HP/MP de ses bestioles en marchant, booster les specs d'un Digimon après l'éclosion d'un œuf, looter plus de matériaux rares, avoir plus souvent d'indices sur les évolutions… Encore une fois, on retrouve tout le principe du rogue-like où même lorsque nos amis passent à trépas, la prochaine session sera bien plus rapide et facilitée grâce à tout ce qu'on aura gagné entre temps.
Donc c'est hautement prenant… mais aussi très imparfait dans sa globalité. Le premier problème vient des combats qui manquent énormément de stratégies et dont la principale condition de victoire sera surtout d'avoir des bestioles très puissantes qui font mal. Le système implique d'ailleurs assez peu le joueur, et même encore moins qu'un Ni No Kuni (c'est dire) puisque votre avatar va être placée en dehors de la zone de combat et laissera ses deux compagnons combattre tranquillement, au point que dans certaines joutes faciles, vous pouvez même poser la manette vu qu'il n'y a rien à faire. Les choses se compliquent heureusement contre des adversaires plus retorses où cette fois, il faudra « soutenir verbalement » votre bestiole à des moments clés, généralement pile au moment où il se fait frapper ou lorsque lui même attaque. Vous obtiendrez alors des points pour lui ordonner de lancer une attaque, mais surtout, quand le combat perdure longtemps, avoir suffisamment de points pour ordonner une méga-attaque voir carrément (si vos deux bestioles ont une bonne relation d'amitié) les faire fusionner temporairement et faire payer le prix du sang à l'opposant.
Malgré tout, on aurait souhaité être un poil plus impliqué dans un système qui sur la longueur finit par nous offrir une belle pointe de lassitude, se rajoutant du coup à d'autres défauts. On l'a dit plus haut mais le scénario n'est pas ce qu'il y a de plus prenant et c'est pire encore pour la mise en scène ultra minimaliste et l'absence totale de personnalité de votre avatar (qui n'a même pas droit à un doublage). Forcément, portage tiré d'un jeu PS Vita, le titre fait mal sur le plan technique qui ferait rire une PS3, et on achèvera la liste des problématiques avec la présence de gros pics de difficulté parfois proches de la frustration. Lorsqu'il s'agit de revenir au bercail pour leveler, ce n'est pas forcément trop dramatique mais on peut faire face à des situations beaucoup plus ennuyeuses. Exemple simple : quelques heures après le début de l'aventure, on arrive dans un volcan avec forcément une salve d'ennemis spécialisés dans l'élément feu. Problème : le coté aléatoire du début a fait que nos deux bestioles ont évolué dans ce même élément, rendant leurs attaques peu efficace au point de dérouiller en combat pour manquer très rapidement de soins. De quoi pester et se lancer dans du farm pour obtenir une évolution supplémentaire dans un style différent, ou les voir crever pour avoir de nouveaux œufs et tenter une nouvelle orientation.
Les plus
Les moins
+ Plus de 200 Digimons
+ Purement chronophage
+ Très grosse durée de vie
+ Bien moins flou dans son système que l'original sur PS1
+ Traduit + voix japonaises
- Graphismes façon PS2 lissée
- Aucune mise en scène
- Scénario en retrait
- De grosses longueurs
- De sales pics de difficulté
- Et donc quelques frustrations
Conclusion : Cette nouvelle adaptation de Digimon se destine avant tout aux nostalgiques qui ont passé un nombre incalculable d'heures sur la version PS1, et qui savent donc très bien à quoi s'attendre en matière de longueurs et de difficulté très aléatoire, en retenant tout de même que l'expérience s'avère plus agréable qu'à l'époque. Et heureusement. L'éditeur ne rigolant pas sur le prix (60€), on conseillera aux autres d'attendre un peu car même sans connaître la licence, il y a de quoi passer un bon petit moment, en regrettant tout de même l'absence de version Vita qui aurait été à ravir avec ce type de jeu.
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