Deux ans après un passage explosif sur Kickstarter, Yooka-Laylee sera sous peu disponible dans les bacs, incarnant une véritable lettre d'amour les fans de la Nintendo 64.
Légende du jeu vidéo, Rare a peu à peu sombré dès le début des années 2000, passant du statut de poids lourd de Nintendo à simple studio annexe de Microsoft, incapable de trouver des succès malgré une multiplication de tentatives sur tous les secteurs : un moyen Grabbed by Ghoulies, un mauvais Perfect Dark Zero, un juste bon Kameo, un étrange Banjo et une surprise avec Viva Pinata, mais qui n'a intéressé personne. Après un passage dans les abîmes à s'occuper d'avatars 360 et de jeux Kinect, le groupe attend son grand retour avec Sea of Thieves. Parallèlement, six anciens de Rare (et pas des moindres) ont fait leurs valises entre temps pour finalement pondre le studio Playtonic, dont le but avoué est de dresser la résultante d'une potentielle réalité alternative : à quoi aurait ressemblé Rare après la N64 si le groupe était devenu indépendant au lieu d'être racheté par Microsoft ?
La réponse, on l'a aujourd'hui entre les mains, même si on notera que Kickstarter a bien aidé pour poser les premiers wagons, chose qui aurait été impossible il y a 15 ans. Donc Yooka-Laylee, c'est tout simplement la suite spirituelle de Banjo Kazooie, et même le vrai Banjo 3 oseront dire certains tant le produit s'en rapproche davantage que Nuts & Bolts (et ses choix un peu douteux). Toutes les sensations d'époques sont retranscrites à l'identique, au point d'avoir le délicieux sentiment de jouer au remake d'un excellent titre N64 qui serait passé sous notre radar. Allez, tout juste pourra t-on s'attrister de ne voir aucune introduction spéciale avant le menu principal, une spécialité de Rare, mais le studio s'est depuis rattrapé sur sa chaîne Youtube :
Et dès l'introduction, la nostalgie nous saute en plein visage : level-design, choix des couleurs, chara-design au préalable étrange mais qui se montre vite attachant, voix « yaourt », musiques envoûtantes de Grant Kirkhope et David Wise, jusqu'aux personnalité des deux personnages principaux qui, ne le cachons pas, sont des reskins sans détour de Banjo et Kazooie (le premier au ton posé, l'autre qui vanne dès que possible). Le méchant est lui un mélange entre Gru et un Minion du même film, sorte de capitaliste qui avec un gros aspirateur va voler tous les livres du monde, à la fois pour le business mais également mettre la main sur un bouquin magique, qui comme par hasard appartenait de base à notre duo. Ces derniers n'auront plus qu'à récupérer les pages dissimulés un peu partout pour ouvrir toujours plus de niveaux et aller botter l'arrière train du gros moche.
Et la progression est exactement la même que dans le premier Banjo : passé la zone d'entraînement, vous vous retrouvez dans un gigantesque Hub déjà fait de multiples énigmes et de pages à récolter pour pouvoir les placer dans différents livres, qui eux-mêmes sont des niveaux à part entière. Le même principe que les pièces de puzzle donc, à ceci près qu'il n'y a que cinq niveaux (chacun à thème) mais qu'ils sont beaucoup plus grands et avec bien plus de choses à faire. La variété des situations est d'ailleurs de mise même si certains socles reviennent d'un stage à l'autre, comme les cinq fantômes à récolter (= jinjos), les plumes (= notes de musique), le passage en wagonnet qui n'est peut-être pas un grand modèle coté feeling, ou encore un Dino encore plus old-school que le reste qui vous proposera quelques parties de mini-jeux sur des bornes d'arcade dont les hommages ratissent larges, que ce soit RC Pro Am (en moins bien) ou Flappy Birds (en mieux). Le tout sans oublier évidemment la présence d'un boss par niveau.
Le titre va jusqu'à piocher les transformations propres à chaque stage, qui sont d'ailleurs toujours très simples à prendre en main (plante, hélicoptère, bateau…), ou encore les nouvelles compétences qu'il faut racheter au seul serpent au monde qui arrive à se balader en short. Si au début, les possibilités de gameplay ressemblent à mort à du Banjo, le titre va très vite proposer quelques petites features qui vont enfin lui permettre de se démarquer, dont l'invisibilité et le cris sonar servant à activer divers trucs, ainsi que la bonne utilisation de la langue de Yooka qui pourra soit absorber des éléments, soit des types d'attaques (crachat de feu, boule de glace…). Tout cela servira à résoudre de multiples épreuves dans chaque recoin vu qu'on trouve pas moins de 25 pages par niveau et qu'il va falloir suer sévèrement pour taper le 100 % vu à quel point certaines sont très bien planquées.
Et qui dit niveau plus grand dit forcément durée de vie plus conséquente que ce à quoi on s'attendait puisqu'il sera possible de passer facilement trois heures par stage voir un peu plus selon votre envie de fouiner, et l'on est véritablement happé dans ce petit univers toujours drôle, proposant une énorme variété dans les situations au point de faire rarement deux fois la même chose. En plus des situations décrites plus haut, le jeu a toujours le don de savoir proposer un petit truc différent pour toujours éviter la redondance, jusqu'à introduire un simili-donjon en vue isométrique ou encore des séquences de quiz qui là encore nous renvoie à un certain jeu qu'on n'a plus besoin de citer. Au final, on « termine » le jeu avec un énorme plaisir et si les guillemets sont de circonstance, c'est parce qu'on parle juste des crédits de fin, ce qui vous demandera de récolter une centaine de pages sur les 145 disponibles. Car si vous voulez taper le 100 %, et c'est attirant dans ce type de jeu, les défauts vont soudainement se faire sentir.
On ne sait pas s'il y a le bon et le mauvais chasseur, mais il y a revanche un bon et un mauvais trip old-school. Par exemple, se taper un dungeon-crawler à l'ancienne, ça peut être du bon old-school. Mais tomber sur un foutu labyrinthe odieux à base de téléporteurs, ça va vite rappeler quelques heures sombres. Dans Yooka Laylee, c'est à peu près ça. La majorité du temps, tout se passe à peu près bien même si l'on sent une certaine difficulté et un jeu avant tout dédié aux trentenaires, l'absence de map et d'indication bloquant l'accès aux plus jeunes. En revanche, il arrive parfois qu'on s'énerve un peu, voir beaucoup. On loue le choix d'un effet rétro très loin des fonctions modernes prêtes à tout nous indiquer pour ne pas se prendre la tête, mais quand les développeurs cachent si bien leurs secrets qu'on tourne en rond dans un niveau pendant 1h sans savoir quoi faire à la recherche de la dernière page ou foutue plume, un début de haine commence à monter. Cela pourra se corriger avec une bonne vieille soluce à l'ancienne, mais il faudra inéluctablement faire avec un autre sentiment : la rage.
Vous vous souvenez des passages de Banjo Kazooie qui vous ont fait bouffer votre manette, du genre certaines séquences de vol ? Hé bien les voici de retour et l'on ne parle pas forcément de la même chose (encore que les passages à voler sont pas toujours bien foutus) mais il arrivera parfois que le jeu vous balance soudainement une grosse gifle avec une difficulté qui va monter de trois crans sans explication logique, avant de revenir à la normale. L'imprécision de certains passages, ce n'est pas énervant si la séquence en question est simplette mais quand on se tape le combo de la mort « roulade, plates-formes de glace, glissade, gouffres dans tous les sens, ennemis, chrono, obligé de tout faire d'un coup sans checkpoint », le poing rageur finit par sérieusement se serrer au bout de la cinquième tentative. Et ce genre de passage n'est pas le pire, vu que l'on peut mettre une belle mention à l'odieux boss du casino (encore plus difficile que le boss final, qui n'est déjà pas easy), où le gameplay manque tellement de logique qu'on est obligé de se dire que la victoire après plusieurs essais ne vient pas de votre talent mais d'une barre de vie qui a eu la chance d'être suffisamment augmentée pour résister à des assauts qui ne peuvent pas toujours être esquivés. Du mauvais old-school, même si ça ne représente qu'une minorité de l'aventure.
Les plus
Les moins
+ Le vrai Banjo 3
+ Un vrai jeu Rare
+ La variété des situations
+ L'exploration poussée
+ Les musiques
+ L'humour
+ Bonne durée de vie
+ Challenge bien dosé...
- … Mais avec des pics de difficulté parfois insupportables
- Quelques grosses imprécisions
- Caméra pas toujours au top
- Difficile de comprendre quoi faire et où aller dans certaines épreuves
Conclusion : Yooka Laylee offre le meilleur et le pire de Rare à l'époque N64. Le meilleur pour l'univers si particulier, l'exploration, le gameplay qui offre des tas de situations funs et variés. Le pire pour son coté un poil trop libre qui peut frustrer lorsqu'on passe des dizaines de minutes à retourner un niveau sans trouver le dernier collectible voulu dans la quête du 100 %, où se rajoutent de temps en temps des séquences d'une difficulté bien trop élevée laissant place à la rage.
De manière générale, le produit de Playtonic reste une réussite et un vrai bijou pour les trentenaires qui ont connu la fin des années 90. Les plus jeunes vous lanceront le jeu au visage après vous avoir demandé pourquoi c'est parfois si dur et pourquoi il n'y a aucune carte pour tout leur indiquer.
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