Alors que des millions de joueurs attendent impatiemment sa suite sur PS2, Kingdom Hearts se voit d’abord décliné sur Game Boy Advance avec un système de cartes. Carré d’As ou pas ? Verdict.
Sorti en 2002, et malgré un accueil plus que mitigé par la presse internationale,
Kingdom Hearts est néanmoins parvenu à émerger aux côtés de
Final Fantasy ou encore de
Dragon Quest. Cet Action/RPG, mêlant habilement les univers de Square et Disney est tout de même parvenu à joindre à sa cause toute une communauté de joueurs et ce, malgré un 50Hz outrageux dans la conversion Pal du titre. Alors que les informations concernant le second opus sont diffusées au compte-goutte,
Kingdom Hearts : Chain of Memories sur Game Boy Advance nous entraîne dans une aventure évidemment inédite, faisant immédiatement suite au premier opus PS2, et dans laquelle nous retrouvons avec joie Sora et ses compagnons. En proposant un système de cartes, les fans seront sceptiques quant au dynamisme de l’action, point fort des combats de la version console. Pourtant, même les plus réticents seront ravis de s’apercevoir que, bien que nullement exempt de défauts, ce parti pris des développeurs ajoute un côté tactique très prenant à des combats qui restent malgré tout très dynamiques. Explications.
J’ai la mémoire qui flanche, je m’souviens plus très bien
Une fois le jeu lancé, le soft propose à nos yeux ébahis une très belle cinématique d’introduction qui débute exactement là où
Kingdom Hearts s’achève. Un mystérieux homme encapuchonné informe notre héros que quelque chose dont il a besoin se trouve devant lui, mais pour cela, il devra perdre quelque chose de cher. Ce même homme amène donc le trio au manoir d’Oblivion, début de votre quête. Le hic c’est que certains souvenirs de Sora s’effaceront progressivement de sa mémoire tandis que d’autres referont surface et il en sera de même pour la plupart des personnages que vous croiserez au fil de l’aventure. A ce propos, si la trame scénaristique ravira les fans de la série qui retrouveront des lieux, des faits et des personnages déjà connus, il en sera totalement différent pour les néophytes, qui auront très certainement un mal fou à comprendre les allusions se référant très souvent à l’opus PS2. Quoiqu’il en soit, le scénario de ce
Kingdom Hearts : Chain of Memories est certainement l’un des plus aboutis sur console portable et même s’il cible un peu trop les joueurs de la première heure, les autres trouveront également leur bonheur, d’autant plus que le character design est toujours aussi éblouissant et les différents protagonistes, amis comme ennemis, possèdent un charme à toute épreuve.
La Yu-Gi-Oh Touch ?
Niveau jouabilité, les développeurs ont pris un risque énorme en bouleversant totalement le style de combat, pour proposer un système de cartes, très en vogue ces derniers temps. Toutefois, le jeu ne propose pas un système de tour par tour similaire à un
Baten Kaitos par exemple. Le jeu se déroule en 3D isométrique, et à la même manière qu’un
Paper Mario, vos ennemis seront visibles à l’écran (pas de combats aléatoires donc) et vous pourrez leur donner un coup de Keyblade pour entamer le combat avec un avantage notable, celui de l’initiative. Le décor s’affichera alors en 2D et vous déplacerez librement Sora dans la longueur et la profondeur tandis que votre deck apparaîtra en bas à gauche de l’écran. Les cartes incluses dans le deck sont divisées en plusieurs catégories : Keyblade, magie/invocation, objets et Heartless. Chaque carte demandera un certain nombre de PC pour être incluse dans votre deck ainsi, une carte invocation demandera nettement plus de PC qu’une carte attaque de base par exemple. Les cartes sont également subdivisées de 0 à 9, selon leur puissance. La touche A servira à utiliser la carte choisie tandis que la touche B permettra d’effectuer un saut, L et R permettront de faire défiler les cartes vers la droite ou la gauche et deux pressions sur la croix directionnelle permettront à Sora d’effectuer une roulade d’esquive. Une fois le deck épuisé (ou avant, si le cœur vous en dit), vous pourrez utiliser la carte noire, dite de recharge, qui vous demandera de rester appuyé un certain temps sur la touche A de manière à faire revenir votre deck. Bien entendu, plus vous ferez appel à la recharge, plus le laps de temps sera long avant de pouvoir retrouver vos cartes. Le système de combat est donc très dynamique et même si les premières joutes peuvent sembler un peu confuses, on apprend très vite les nombreuses possibilités offertes par ce système.
Ainsi, peu à peu, on commence à saisir le système de « Cardbreak » (jouer une carte supérieure à celle de l’ennemi, de manière à le déséquilibrer quelques instants) tout comme le système de combos (L+R en simultané placera une carte en haut de l’écran, une fois trois cartes placées, appuyez sur L et R à nouveau et Sora déclenchera une attaque dévastatrice combinant les 3 cartes précédemment choisies). L’attaque combo fera bien sûr de gros dégâts dans les rangs adverses mais sachez qu’à chaque utilisation, vous perdrez l’usage de la première carte utilisée. Une attaque surpuissante certes, mais qui peut rapidement se retourner contre vous en fin de combat, prudence donc. En combinant trois attaques de feu par exemple, vous déclencherez l’attaque Brasier X, de même, en combinant trois cartes Keyblade dont la valeur est comprise entre 1 et 6, vous déclencherez l’attaque Arcanes, etc. A vous ensuite de tester diverses combinaisons pour en découvrir de nouvelles. Evidemment, les plus passionnés passeront des heures à peaufiner leur deck, ceci dans le but de rendre leur jeu le plus offensif possible ou au contraire, de privilégier les cartes de soins et de magie pour l’attaque à distance. Comme sur PS2, vous récolterez des sphères bleues pour faire monter le niveau d’expérience de Sora. A chaque niveau, vous pourrez décider d’augmenter la barre de HP, les PC ou bien encore d’apprendre un nouveau sort, qui demandera de combiner, comme nous l’avons vu précédemment, trois cartes très précises pour être réalisé. Ne vous inquiétez pas, le jeu ne vous lâchera pas sans défense en plein combat et un précieux didacticiel viendra vous aider à saisir toutes les subtilités offertes par ce système, même si c’est au fur et à mesure de l’aventure que vous maîtriserez de mieux en mieux l’art des cartes. Inutile également de vous dire que le nombre de cartes présentes dans le jeu se révèle énorme et les collectionneurs prendront un plaisir fou à tenter de toutes les réunir en brisant des objets, en tuant des ennemis ou bien en les achetant tout simplement dans un Moogle Shop. A noter également que contrairement à la version PS2, Donald et Dingo ne vous accompagneront pas pendant les combats mais apparaîtront de manière aléatoire sous forme de carte que vous pourrez utiliser durant le combat. En résumé, le système adopté par ce
Kingdom Hearts : Chain of Memories conserve le dynamisme des joutes PS2, tout en ajoutant une dose de tactique des plus réussies, et même si les Heartless qui jonchent la route sont incroyablement nombreux, c’est à chaque fois un véritable plaisir que de les affronter.
Faites vos jeux !
Chaque étage du manoir d’Oblivion renferme en fait un monde de Disney que vous désignerez à votre guise toujours grâce aux fameuses cartes. Lorsque Sora pénètre dans un nouveau monde, toutes les portes sont fermées et il faudra alors livrer quelques combats pour enfin découvrir la carte qui vous donnera accès à la pièce suivante.
Kingdom Hearts : Chain of Memories instaure un système de synthèse des plus réussis. En effet, c’est vous qui déciderez du contenu de la salle suivante selon la carte avec laquelle vous ouvrirez la porte. A vous donc d’utiliser une carte qui crée un point de sauvegarde avant le boss, une salle remplie d’ennemis pour faire grimper le niveau d’expérience ou encore une salle paisible, peuplée de quelques Heartless quasi inoffensifs, voire endormis. Cependant, certaines portes vous demanderont parfois d’utiliser des cartes supérieures ou inférieures à un certain niveau pour pouvoir les déverrouiller. Mais certaines portes essentielles au bon déroulement du scénario vous demanderont également d’utiliser une Map Card spéciale qu’il vous faudra rechercher dans le niveau. C’est ainsi que l’on passe parfois un petit moment à enchaîner les combats en espérant que la précieuse carte nous soit attribuée en fin de joute. Celle-ci étant totalement aléatoire, il n’est malheureusement pas rare de devoir enchaîner une bonne dizaine de combats avant d’obtenir enfin la Map Card désirée. Ce système de synthèse laisse donc une liberté de création sympathique même si la lassitude finit incontestablement par s’installer peu à peu. En effet, les salles visitées sont généralement minuscules et étouffantes et les donjons demandent inlassablement de suivre un même cheminement, partir d’un point A pour atteindre un point B, en passant préalablement par 2 ou 3 salles imposées, demandant les fameuses Map Cards, en occultant malheureusement au passage toute forme d’énigme. S’il est donc très agréable de terminer un monde, l’impression de déjà-vu finit par prendre le dessus dès lors que l’on tente d’enchaîner plusieurs donjons. Il est par exemple dommage de constater qu’Agrabah est constituée de salles minuscules tout comme la Ville de Traverse ou même le ventre de Monstro, et l’on aurait évidemment souhaité des aires de jeu plus vastes, mais toutes finissent inlassablement par se ressembler. L’impression de déjà-vu sera nettement plus perceptible pour les joueurs du premier opus car cet épisode GBA reprend exactement les mêmes lieux que son homologue PS2, à la différence près que certains manquent logiquement à l’appel.
Techniquement, le soft est une petite merveille. La 3D isométrique est idéalement exploitée et les quelques cinématiques qui viendront illustrer le scénario sont sublimes. Le dynamisme des combats n’est jamais perturbé par un quelconque ralentissement et même si certains effets sont plus réussis que d’autres, l’ensemble général ne peut laisser quiconque indifférent. D’autant plus que les différents thèmes enchanteurs proviennent pour la plupart directement de
Kingdom Hearts et que les mélodies des différents environnements Disney sont délicieusement parsemées le long du jeu. Les sprites sont assez gros et les personnages disposent d’une bonne quantité d’animations. Evidemment, le jeu ne propose pas de voix, uniquement un sous-titrage en français, mais quelques effets sonores viendront parfois égayer les combats, notamment lors des sorts ou l’utilisation des items.