Asano Inio (Solanin, Bonne nuit punpun, quartier de la lumière)

- Plusieurs éléments centraux :

* la tranche-de-vie
* le souci du réalisme, néanmoins parfois altéré par le fantastique
* Questions existentielles, quelquefois même une forte tournure philosophique
* Des récits tragiques, cafardeux, mornes mais teintés d'humour.
* L'humour est parfois présent, mais souvent amoindri par les tribulations qui sont toujours sérieuses
* seinen
*son dessin est léché, photo-réaliste, reconnaissable au premier coup d'oeil. On se rince littéralement les yeux, sans oublier les milliers de détails qui fourmillent dans les dessins.


Les oeuvres de Inio Asano s'adressent à un public plus exigeant que la moyenne, plus mature. Rien de foncièrement intellectuel finalement, ça se propose juste comme une alternative au marché habituel (shonen de combat, romances, policiers...).


Asano décrit avec un réalisme flippant justement la solitude, le non sens et l'ennui de la vie de tous les jours. Et il y a une sorte de poésie sombre qui se dégage de l'ensemble.


Son dernier manga en date en France : Bonne Nuit Punpun. Honnêtement ce manga doit s'adresser à 1% de la population mondiale (donc je dois sûrement être un putain de déviant mais bon ), je me demande comment ce genre d'ovni a pu être édité en manga mais qu'on est bien content de pouvoir lire.


Quelques images (qui ne reflètent évidemment pas tout le savoir faire du mangaka mais ça parlera mieux)























"Le nez au vent. Depuis tout à l'heure j'ai cette chanson dans la tête : nous sommes tous vivants.
Parce que nous sommes tous vivants, on s'aime, on se tue, on se raconte des conneries. Puis, je lève ma main vers le ciel et je laisse filtrer des rayons de soleil qui m'éblouissent. Un temps pareil, ça donne envie de chanter une chanson.

Quelque part dans un appartement d'une résidence, un jeune couple se dispute, comme toujours. Le lycéen de l'appartement voisin n°303 se prépare pour son rendez-vous. Lave-toi, lave-toi et insiste sur cet endroit-là. Et sa petite copine de l'appart 804 s'en va au lycée sans avoir pensé à mettre de jolis sous-vêtements.
Son père, lui, depuis trois semaines a perdu son emploi mais n'a encore rien dit à sa famille et sort en costume sans trop savoir où il ira. Aujourd'hui encore, les dames de la résidence vont parler pour ne rien dire et faire du commérage à volonté.

Un mangaka pressé par les délais dort, ivre mort, dans les poubelles et rêve qu'il a terminé ses planches à temps.

Sur un banc, un sans-abri est endormi comme s'il était mort.

Dans un appartement non loin, un vieillard est mort mais on croirait qu'il s'est endormi.

Au petit-déjeuner, des rires ici, un silence pesant ailleurs. Des amoureux qui se déclarent leur flamme, d'autres qui se déchirent sans ménagement. Mais surtout ce matin, l'air est frais et léger. Des draps blancs et des tee-shirts multicolores dansent aux balcons et c'est bon..."